Auteur Sujet: Même après 5 ans c'est toujours aussi vif  (Lu 3974 fois)

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Hors ligne Fleurdelys

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Même après 5 ans c'est toujours aussi vif
« le: 12 février 2016 à 17:47:53 »
Cela fait déjà quelques temps que je viens sur ce forum et que je lis un peu les messages qui s'y trouvent.

Je n'ai pas trop osé parler de mon cas à moi, mais aujourd'hui je me lance parce que j'en ai besoin.
Perdre un grand parent ça peut sembler un peu dérisoire, pourtant moi ça me fait encore très mal. J'étais très proche de mon grand-père, on s'adorait et on se voyait souvent.

Mais j'ai traversé une période un peu difficile à un moment de ma vie et je ne l'ai pas revu pendant un an. Lorsque cette période touchait à sa fin, il m'a appris qu'il était malade, rien de bien méchant : un problème de tyrroïde, et il allait se faire hospitaliser. Pourtant ce jour là, une petite voix m'a chuchoté qu'il allait en mourir, croyez le ou non. Je n'y ai pas cru moi.


Je suis allée régulièrement le voir à l'hôpital, il était triste parce que les médecins n'arrêtaient pas de prolonger son séjour là-bas et il frôlait la dépression. Je me souviendrai toujours qu'à un moment il était tellement heureux de me voir que nous somme descendus à la caféteria de l'hopital et il m'avait offert un donut a la fraise. J'ai commencé à le manger goulument puis je me suis arrêtée et je lui ai dit "tu en veux un peu?" il avait toujours eu la dent sucrée, il m'a sourit et a fait non de la tête. Comme il était censé s'en sortir, avec mes parents nous sommes tout de même partis en vacances. Lui, a eu droit à une permission de sortie de quelques jours, il est rentré chez lui quelques temps. Un beau jour, mon père reçoit un appel, et il à l'air très tourmenté.

Comme il ne veut pas me dire de quoi il retourne, je commence à pleurer et je lui dit "il est mort c'est ça? Et tu ne veux pas  me le dire, tu es méchant". Il m'a alors expliqué que mon grand père avait fait une crise d'hypoglycémie et s'était évanoui, mais que les pompiers l'avaient pris en charge et que ça allait mieux. En revanche, retour direct à l'hôpital. Quand il était chez lui, il dormait très mal alors les nuits il se levait, ouvrait la baie vitrée, mettait le ventilateur et s'endormait comme ça. Il a attrapé une pneumonie et c'est ça qui l'a tué.

Cette fois ci il a refusé de retourner dans l'hôpital ou il était avant, alors nous l'avons placé ailleurs. Quand je suis allée l'y voir pour la toute première fois, quelque chose clochait. Je me suis rendue compte que les gens qui allaient dans la chambre voisine avaient les larmes aux yeux. J'ai regardé une des jeunes filles qui m'a rendu un regard compatissant. Je n'ai pas estimé en avoir besoin, pour moi il allait bien mon papy. Et puis je suis rentrée, et j'ai vu comme il était fatigué, amoindri. C'est la dernière fois que nous nous sommes parlé. Là encore il était très heureux de nous voir, il papotait...

Nous sommes retournés le voir le dimanche suivant, le 5 septembre 2010, à côté du stade ou l'ASM jouait le match qui allait leur offrir le bouclier. Du coup il y avait beaucoup de voitures, mes parents ont eu du mal à se garer. Comme ils avaient des choses à faire ils sont allés à Lezoux, et je suis montée voir mon grand père avec ma soeur, et ma grand mère. Ma tante qui est autiste, leur fille, n'était pas venue ce jour là. Quand je suis entrée dans la pièce, mon grand père dormait. Nous nous sommes assises près de lui. A un moment il s'est un peu agité et son masque à oxygène à glissé. Alors ma soeur l'a replacé sur son visage, et il s'est rendormi.

A un moment nous avons trouvé tout de même étrange qu'il ne se soit pas encore réveillé, alors j'ai touché son bras et il était froid. J'ai paniqué, et l'infirmière est venue. Elle à a son tour appelé un docteur qui a constaté son décès....

Et là, ça a été difficile à gérer. Les nerfs de ma soeur ont lâchés, je sais qu'aujourd'hui encore elle se sent responsable de sa mort car c'est quand elle lui a remis le masque qu'il s'est rendormi. J'ai du la tenir au sol le temps que les infirmières lui administrent un calmant. Ma grand mère pleurait beaucoup, c'était terrible pour elle. Après tout cet amour, toute cette histoire de fou qu'ils avaient vécue en Algérie...

Elle m'a tendu le télephone portable de ma soeur et m'a dit "appelle tes parents et dis leur".
Je ne m'en suis pas sentie capable, mais je l'ai quand même fait, à la manière d'un robot. Mon père est arrivé, déchiré de douleur. Il avait de grandes cernes qui se sont subitement creusées sous ses yeux. Et ma mère est allée voir ma soeur, mon père est allée voir ma grand mère.

J'ai des regrets. Mon grand père est parti au moment ou je traversais une période de doute et ou je me construisais. J'avais 14 ans, pour mon anniversaire il m'avait écrit une lettre disant "que la vie est un chemin parsemé d'embuches, mais tu es courageuse et tu te relevera toujours". Comme s'il avait pressenti sa fin. Alors la dernière image qu'il a eu de moi, est celle d'une gamine habillée tout en noir avec des cheveux rouges vifs, complètement immature et bête, et qui devenait un peu méchante. J'aurais aimé qu'il voie la femme que je suis devenue, tout le chemin que j'ai parcouru.

Je me suis réellement effondrée lors de l'enterrement, quand les premiers coups de cloche ont sonné. C'était trop.
Parfois quand j'y repense, comme en ce moment, je me remet à pleurer et à souffrir le martyr. J'ai déjà essayé d'aller au cimetière, mais à chaque fois aller jusqu'à sa tombe était trop difficile. Alors je vis encore dans le déni. Ma famille s'est effondrée après sa disparition et je suis partie de mon coté deux ans après.

Je n'arrive pas à faire mon deuil.
« Modifié: 14 février 2016 à 08:29:53 par Fleurdelys »

Hors ligne Bulle 777

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Re : Mon grand père
« Réponse #1 le: 12 février 2016 à 19:05:19 »
La perte de quelqu'un de cher n'est pas dérisoire...
 Ta famille effondrée...on dirait que ton grand père était un des piliers de cette famille, non?
Si oui c'est normal que la famille en prenne un coup!

Je te comprends, ma grand mère me manque aussi  terriblement !
Et c'est très très très important des grands-parents, TRES.

Je t'embrasse

Bulle





Maman, tu es partie trop brutalement !
Maman, Requiescat In Pace.

Tu as pris de l'avance au pays de la Vie.

Rom44

  • Invité
Re : Mon grand père
« Réponse #2 le: 12 février 2016 à 22:33:25 »
Bonjour Fleurdelys.

N'ais pas peur d'exprimer ta peinte.
Perdre un grand-parent, c'est aussi dur. Ce sont ton passé. C'est ce qui t'as formé. Il est normal de se sentir détruit après sa disparition.

Tu as été très forte. Ce que tu as fais est extrêmement brave. Tu as été un pillier pour soutenir ta famille. Il est probable qu'en protégeant ta soeur, en étant forte, tu t'es fragilisée. Laisse faire ton travail de Deuil. Et dis-toi que si ton grand père t'a écrit cette lettre, c'est que tu n'étais pas devenue une fille "méchante". Loin de là.
Ce que tu as fais, ce que tu écris, montre que tu es devenue une femme formidable.
Où que soit ton grand père, il est sans doute fier de toi.

Le chemin sera long, et n'hésite pas à exprimer ta douleur.
Avec toute mon amitié.

Romain.