Auteur Sujet: Deuil de ma mère à 30 ans  (Lu 5255 fois)

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Hors ligne Viv

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Deuil de ma mère à 30 ans
« le: 24 novembre 2020 à 08:13:38 »
Bonjour à toutes et à tous,

je m'appelle Vivian et j'ai perdu ma mère ce 28 février 2020 des suites d'un cancer de la peau (lymphome cutané très rare).

Hier soir, lors d'un énième moment de tristesse intérieure seul sur le lit en attendant ma compagne, j'ai cherché sur internet "je ne me remets pas de la mort de ma mère" et je suis tombé sur ce forum.
Après avoir lu quelques témoignages, je décide de me lancer aussi.

Ma mère est donc partie ce 28 février à 65 ans, j'en avais 29 à ce moment là, on savait que ça viendrait, car les 6 derniers mois, son état s'est dégradé à vue d'oeil.
Pendant ses 4 années de combat, je ne l'ai pas vue énormément (7/8 fois) car contrairement à mon frère et ma soeur, j'habite loin d'elle, j'ai surtout été la pour elle au téléphone, en soutien psychologique. 
Je n'avais pas de lien fusionnel avec elle, de par notre éducation, mais elle était aimante et attentionnée à sa façon.
Étant le petit dernier, je sais qu'elle était attentive vis a vis de mon bonheur et mon avenir.

Depuis qu'elle est partie, c'est une partie de moi et mon enfance qui s'est envolée. Malgré le lien pudique qu'on avait, savoir qu'elle était la était un équilibre depuis mon plus jeune age et j'ai du mal à faire sans.
J'ai beaucoup de flashs sur des moments de mon adolescence où nous ne vivions plus que tous les deux (frère et soeur agés de 9 & 10 ans de plus que moi), des souvenirs, des musiques, des situations et à chaque fois c'est un coup au moral.

Malgré mon apparence extérieure qui montre peu (j'ai peu pleuré depuis son départ) je me sens très fragilisé depuis tout ça. A ça s'est rajouté les confinements qui, je commence à le croire, n'aident pas à remonter la pente mais m'enfoncent jours après jours depuis quelques semaines.

J'ai lu un article sur ce forum parlant de la difficulté de perde un parent entre 20 et 30 ans, quand, à ce moment de la vie, "le meilleur reste à venir", et cette sensation , je la ressens tous les jours car 6 mois avant qu'elle parte, ma compagne et moi avons eu une magnifique petite fille que ma mère a eu le temps de ne voir qu'une seule fois, une semaine avant de partir. Les joies des progrès de ma fille sont systématiquement accompagnés d'une pointe de tristesse, tant j'aurai voulu que ma mère voit ça et tant, je sais, qu'elle aurait voulu assister à ça.

Par périodes, j'ai des montées d'angoisses vis à vis de la mort.
Tout se mélange, peur de mourir, peur que quelqu'un de mon entourage meurt, peur de la maladie, peur de "l'après".
Je pense à ma mère, à sa tombe.
En fait, sans qu'elle soit forcément accompagné d'angoisses, je pense souvent à la mort.

Je suis aussi terrorisé quand me reviennent les images de la dernière fois ou j'ai vu ma mère, une semaine avant son décès, en soins palliatifs, la peau recouverte de tumeurs. Nous n'avons pas pu l'embrasser, c'était compliqué vis a vis de ce qu'elle avait, et trop dur pour nous, psychologiquement.

Au moment de osbèques de ma mère, je me suis surpris d'être à ce moment la, assez serein, solide, mais c'est après que j'ai doucement dégringolé et c'est depuis un mois que j'ai la sensation de vraiment chuter.

Je parle beaucoup avec ma compagne, on parle ensemble de ma mère, je lui dis parfois quand je ressens du manque, elle a toujours été d'un grand soutien et en même temps, j'ai du mal à lui parler de ces angoisses, j'ai peur de l'entraîner dans cette spirale aussi que je ne souhaite à personne et je pense surtout avoir peur de craquer en me confiant vraiment, de vive voix, à quelqu'un.

Extèrieurement, je paraît triste, voire un peu déprimé, mais intérieurement c'est une tempête.
Malgré ça, j'arrive a dormir, j'arrive à parler, à sourire parfois, mais quand je suis seul, cette histoire, la peur, la tristresse, la nostalgie me rattrapent fréquemment.

Merci d'avoir pris le temps de me lire.

Hors ligne katrinap

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Re : Deuil de ma mère à 30 ans
« Réponse #1 le: 24 novembre 2020 à 09:03:39 »
bonjour Viv
bienvenue (si je peux dire) dans ce forum où nous vous écouterons parler de votre maman
c'est souvent libérateur et je vous encourage à le faire, parler d'elle et de vos souvenirs, parler librement en sachant qu'ici il n'y aura ni lassitude ni jugement peut vous aider déjà à extérioriser votre douleur
à 20 30 ans perdre son parent est dur mais je pense que ça l'est à tout âge j'avais 47 ans presque 48 à la mort de mon père j'étais comme un enfant privé de parent,  la mort de nos parents renvoie à l'enfant qu'on a été et qu'on est toujours et provoque des régressions, le deuil met du temps et vous êtes récent dans ce processus, prenez le temps de la pleurer, accordez vous des temps de repos, car un deuil épuise
votre deuil doit être compliqué de ce que vous n'étiez pas près d'elle et le choc de l'avoir vu avec ses tumeurs n'a pas aidé sans doute
vous aviez 2 images qui peut être se superposaient? celle de la maman en forme que vous connaissiez et celle malade que vous aviez sous les yeux
perdre quelqu'un encore vivant mais en passe de finir sa vie est un choc d'une violence inouïe et on peut être longtemps dans une forme de sidération, de sentiment d'irréalité
je vous soutiens dans votre parcours, car c'en est un, de passer dans la case adulte, alors qu'on aurait voulu être encore l'enfant de son parent,  venez en parler ici on sera là
amitié
katrin

Hors ligne Mandy

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Re : Deuil de ma mère à 30 ans
« Réponse #2 le: 24 novembre 2020 à 23:16:34 »
Bonsoir
Journée sans aujourd'hui pour ma part donc je ne vais pas être d'une très grande aide...
Maman est morte il y a un an et 2 mois bientôt. Cancer. Ou plutôt malaise lié à une métastase. On ne saura jamais précisément. J avais 33 ans. Mon fils 11mois. Elle l aura un peu vu mais si peu par rapport à ce que j imaginais. Comme vous les moments de joie avec mon enfant sont souvent accompagnés d une certaine mélancolie de ne pouvoir les partager.
Pas vraiment de conseil à donner mais vous êtes ici chez vous. Parlez de votre maman. Parlez des images qui traumatisent. Je l ai fait, cela me hante toujours mais j'arrive mieux à en parler. Parlez de votre maman à votre enfant pour qu il la connaisse. J emmène souvent mon fils sur sa tombe. Quand il voit une photo d'elle il dit mamie et quand il voit une photo de sa tombe (c'est une tombe paysagère et c est moi qui me suis occupée de la faire réaliser donc j'ai qq photos sur mon téléphone) il dit mamie. Il a compris qu elle n était plus là puisqu il ne la voit plus et je sais qu il ne se souviendra pas d elle. C'est très dur à accepter. Mais je peux faire en sorte qu il la visualise à travers moi. Qu il se dise un jour "elle avait l air super j'aurais aimé la connaitre". J en reste là pour ce soir car trop difficile.
Je suis sincèrement désolée pour vous et votre maman. Je sais quel vide on peut ressentir et ce profond sentiment de solitude. J'espère qu au bout il y aura un peu de lumière sur cette rive et dans l autre.
Je vous envoie du courage
« Modifié: 24 novembre 2020 à 23:19:48 par Mandy »

Hors ligne Julien

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Re : Deuil de ma mère à 30 ans
« Réponse #3 le: 27 novembre 2020 à 10:36:10 »
Bonjour Vivian,
Parler, parler et encore parler. Même si pour un homme on veut se montrer "à la hauteur", les larmes portent en elles le premier remède.
Si vous avez peur d'entraîner votre compagne dans cette spirale, pourquoi ne pas lui parler de cette peur ? En chacun de nous réside une force au service de l'autre.
Laissez vous du temps, cela qu'il faudra pour tout extérioriser.
Bon courage à vous
On a des mots pour une peine légère mais les grandes douleurs ne savent que se taire.

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Hors ligne LaPépette

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Re : Deuil de ma mère à 30 ans
« Réponse #4 le: 28 novembre 2020 à 23:19:40 »
Bonjour Vivian,

Beaucoup de similitudes entre ton récit et ce que j'ai pu vivre à l'époque sur le plan des ressentis.

Une maman reste un pilier, ce n'est pas parce qu'on n'a pas forcément une relation fusionnelle avec elle qu'elle n'a pas une place centrale dans notre construction et dans notre vie, enfin je suppose… donc ce que tu vis ne m'étonne guère.

Je pense que notre deuil se fait avec le temps et que chacun le traverse à sa façon, et surtout seul. Malgré le soutien de l'extérieur, personne n'est à notre place et ne ressent ce que nous vivons. Et une certaine pudeur fait que nous choisissons (consciemment ou pas) de ne pas trop nous dévoiler ni craquer devant un tiers.
Nous avons chacun une relation différente avec la personne défunte et nous tissons peu à peu un nouveau lien, par la pensée, les souvenirs… après le décès.
Je pense que le plus important n'est pas forcément que les émotions ne soient pas partagées avec autrui, mais plutôt que les émotions puissent s'exprimer librement.

Les craintes de décès d'autres personnes sont je pense légitimes. Ainsi que d'autres craintes. Avec ce choc, nous avons d'un seul coup conscience de notre condition d'humain, et la notion de la mort prend d'un coup un aspect plus concret.
Cependant, avec le temps, ces peurs s'estompent. Il faut dire que nous ne pouvons pas vivre constamment avec cette alerte permanente de la mort pour nous ou nos proches... Pour ma part, ces craintes se sont estompées avec le temps sans même que j'en ai conscience. Elles ne disparaissent pas totalement, mais je ne les ai plus en tête  de façon aussi puissantes. J'espère que cela sera ainsi également pour toi.

En ce qui concerne les images de la fin de vie, celles de ma mère n'étaient pas belles non plus. Cependant, là aussi le temps a fait son oeuvre. J'ai aujourd'hui tout un tas d'images, de belles comme de moins belles.
Accepte du mieux possible ce qui vient, et tu verras que les choses évolueront, aies confiance... le temps n'efface rien, mais estompe les douleurs horribles et les traumatismes. Courage,

Gaëlle
« Modifié: 28 novembre 2020 à 23:21:28 par LaPépette »
Je pense à toi chaque jour, Mamoune, toi que j'aimais plus que tout. Je t'aime d'un amour éternel