Bonsoir à tous,

Je suis en plein naufrage et je ne sais plus à quelle bouée m'accrocher...
Le 30 décembre cela fera un an que mon père est décédé.
Et il n'y a rien à faire, je n'y arrive pas! A réaliser, à accepter, c'est trop dur, c'est horrible...
Je sens bien que je "résiste" de toutes mes forces, que j'essaie de ne pas y penser.... parce que quand ça monte, cette pensée que mon père n'est plus là, j'ai l'impression de mourir de douleur....comme si on me déchirait à l'intérieur.
En fait j'ai l'impression d'être déjà en partie morte avec lui.... je suis toujours debout mais à l'intérieur c'est le chaos.
Le moment fatidique approche à grands pas.... Et pour moi c'est comme s'il allait mourir une deuxième fois....
La souffrance semble pire que l'année dernière, j'ai peur d'en devenir folle, de ne pas supporter, de ne pas réussir à la traverser...
Je me sens si seule avec tout ça.... Et tous ces gens qui me parlent des fêtes de fin d'année, s'ils savaient comme j'en ai rien à f..... !!!! Que voulez-vous que je fête? Comment puis-je avoir le coeur à rire?
Je suis en plein désespoir............. Jamais la nuit n'a été aussi noire............

Jadma

Bonjour Jadma,

J'ai perdu mon père le 2 janvier 2014 après une longue semaine d'agonie au cours de laquelle je suis restée à ses côtés et dont je garde un souvenir intense et particulièrement douloureux.
Ton message me touche beaucoup car je me suis reconnue dans chacun de tes mots. Je me dis qu'il y a donc au moins une personne qui comprend ce que je ressens. Cela me rassure et me permet de me sentir moins seule face à cette épreuve des fêtes. Moi non plus, je n'ai rien à fêter et surtout pas le décès de mon père mais je me force pour mon enfant et la famille qui me reste... Cela me fait si mal.

Cette année, j'ai tenté de ne pas y penser, j'ai nié ma douleur et j'ai réussi à faire semblant jusqu'à hier... en faisant les courses du repas de Noël, tous mes souvenirs de ces moments pénibles sont revenus d'un coup et je me suis effondrée. Ce n'était pas une bonne technique car je me rends bien compte que je me sens encore plus mal que l'année dernière. Aujourd'hui, je vais laisser couler mes larmes parce qu'il faut que ça sorte, je me dis que c'est peut-être comme ça que j'arriverai à apprivoiser mon immense chagrin.

Je veux juste te dire, tu es mon ainée dans ce deuil : pense à toi, fais toi plaisir, je ferais ça. Prends l'amour que le monde te donne. Aucun parent ne pourrait supporter son enfant dans la détresse. Entoure toi de gens qui t'aiment. De nous aussi, avec tout notre cœur.
Rendons leur hommage, témoignons notre amour, ensemble, sœurs et fières virtuels, enfants, époux, à ceux que nous aimons et qui sont morts

Bonsoir Jadma,
Si je lis ton post ce soir, c'est parce que moi aussi j'ai perdu mon papa il y a bientôt un an et à seulement 26 ans. Douloureuse semaine d'accompagnement à l'hospital.
Aujourd'hui j'ai l'impression que ma douleur est tellement forte par moment, que j'ai l'impression que je vais finir par imploser physiquement. Mais je tiens pour ma mère et mon frère qui de leur côté ont l'air de tenir le coup ... ou ne le montrent pas, comme moi d'ailleurs.
J'ai l'impression que ces nuits de souffrance ne s'arrêterons jamais.
Noel a toujours été une période magique pour moi, ou nous allions chercher le sapin, ou nous le décorions ensemble, ou nous faisions des gâteaux, ou des balades sur la plage... Cette année je fais semblant, mais j'ai l'impression que tout est sans saveur par moment. Je tente d'apprécier les moments avec les personnes qui sont encore là, mais il me manque terriblement et je ne sais pas quoi faire pour apaiser cela. L'année dernière le jour de Noel a été le dernier bon moment avec lui, dernière fois ou j'ai jouer un morceau de piano à sa demande ...
Alors te lire me permet de voir que je ne suis pas seule à essayer de "survivre" à cette épreuve. Merci pour ton témoignage. Le seul conseil que je peux te donner, c'est de profiter n'est pas de "faire la fête", moi aussi je n'ai absolument pas le coeur à cela ... mais de savourer le simple fait d'être avec ceux que tu aime.
Bien à toi
Esther

Bonsoir et merci à toutes pour vos réponses qui m'ont aidée à me sentir moins seule dans ce moment pénible.
Je me suis laissée porter par mes envies et mes non-envies, sans avoir à faire semblant ou à me forcer.
Sans trop prévoir non plus.
En fait j'ai été très malade les 2 semaines précédant la date "anniversaire" du décès de mon père. Et j'ai vécu cette période comme une mort symbolique, presque physique. Mon corps était tellement malmené que mes émotions étaient comme emprisonnées, j'avais l'impression de les avoir (involontairement) cloîtrées au sein d'un corset ou d'un étau qui me compressait la poitrine. Et j'avais complètement perdu le goût et l'odorat....
Alors j'ai juste essayé de survivre à la tempête, je ne me sentais plus maître à bord...
De profiter de plaisirs simples et tellement essentiels....Un moment de soleil, un paysage, prendre le temps de "ne rien faire", me nourrir du temps passé avec ma fille, apprécier un bon repas préparé par mon compagnon, retrouver peu à peu des saveurs gustatives.... Ce temps d'arrêt forcé m'a permis de voir les choses autrement, et tous ces moments m'ont aidée à tenir debout !!!!
Le jour de noël nous avions fait un dessin pour mon papa, et ma fille avait souhaité lui acheter un petit cadeau.... Il était "là" quelque part, dans nos coeurs, nos pensées, parmi nous.
Puis le 30 décembre est arrivé, j'avais allumé une bougie, tout me revenait en mémoire, chaque moment, chaque détail, comme si c'était hier, mais pas une seule larme, impossible de laisser couler quoi que ce soit, tout était "coincé" en moi.
Le plus difficile c'était de réaliser qu'il ne va pas revenir. Ca, pour ne pas avoir été présente au moment de son décès et après, j'ai beaucoup de mal à l'intégrer.
Je sais que les émotions et les larmes ont juste été différées. Je sais bien qu'il faudra les traverser. C'est dur de me dire que mon père ne sera plus là physiquement, que nous ne passerons plus de noëls ensemble, ou que son papi ne pourra pas emmener ma fille à l'école comme elle le réclame.
J'ai seulement réalisé que les choses ne se reproduisent jamais deux fois de la même façon. Ca peut paraître bête à dire, mais dans un deuil, même si tout revient en mémoire, et que les dates fatidiques reviennent inexorablement, le reste change. Tout change...
Pour le reste je prends soin de moi, et j'avance un pas après l'autre.
Merci pour vos témoignages et la chaleur qui s'en dégage malgré la douleur.
Laure, j'aime l'idée de poster une musique liée à mon père et pour moi c'est celle là, que j'ai écouté en boucle après son décès :
Ave Maria par Chloé Agnew.
https://www.youtube.com/watch?v=ElWK5PjzPnE

Je vous souhaite beaucoup de Lumière en ce début d'année, dans cet espace intérieur sacré qu'est notre coeur, et de retrouver un peu plus d'harmonie après le chaos....
Amicalement,

Jadma