J’ai envie de vous raconter l’histoire de ma maman.
Au mois de février passé, on lui a diagnostiqué une leucémie chronique qui, si elle ne se réveillait pas, ne devait pas lui poser trop de soucis de santé. Il faut dire qu’elle avait déjà bien donné : en deux ans, depuis sa retraite elle a eu un infarctus, un problème de jambe qui l’a empêché de marcher tout un temps et voilà maintenant que ça lui tombait dessus.
Elle ne s’est pas laissée abattre, a recommencé à faire du sport, une vie normale jusqu’au jour où en vacances, elle s’est trouvée vraiment très faible et a souffert très fort d’un abcès.
Papa et elle sont revenus plus tôt et sont allés à l’hôpital. Les résultats ont été rapides. Ce n’était pas une leucémie chronique qu’elle avait mais une leucémie aigue et ses globules blancs flambaient. Tout de suite elle a été transférée dans un autre hôpital et a reçu sa première chimio le jour-même.
Elle était dans un hôpital à 40 minutes de chez nous. Elle a subi deux cures de chimio de 7 jours non stop avec à chaque fois, un séjour de 3 semaines supplémentaires en chambre « stérile ». La première chimio a bien fonctionné et on s’est repris à espérer. Mais déjà pendant cette première phase, nous avons cru la perdre parce qu’elle a attrapé un germe nosocomial. Elle a du subir une intervention chirurgicale pour un souci gynécologique. Déjà pendant cette première cure, on nous a prévenus une fois que le pronostic vital était engagé mais elle s’en est sortie. Durant la deuxième cure, elle a encore eu deux autres complications avec deux annonces des médecins que les heures à venir était cruciales mais elle a réussi à s’en tirer. Durant deux mois, nous nous sommes relayés auprès d’elle, lui apportant des petits plats pour qu’elle essaie de manger un peu. Son moral avait des hauts et des bas en fonction des difficultés mais ce que je retiens c’est que pendant ces deux mois (et jusqu’à la fin) elle est restée notre maman et souvent, c’était elle qui nous soutenait, nous consolait …
Le 27 août, nous avons appris que la deuxième chimio n’avait pas fonctionné. Sans entrer dans les détails, il n’y avait plus rien à faire si ce n’est offrir à maman la meilleure fin de vie possible. Elle pensait qu’elle en aurait pour quelques semaines, voire quelques mois. J’étais moins optimistes mais j’avais envie de la croire.
Maman est revenue à la maison le jeudi 29 août et s’est installée dans son lit pour ne plus jamais le quitter. Elle savait qu’elle allait partir. Nous avons cru la perdre le lendemain mais pendant le we elle a eu un sursaut de mieux-être. Bon, elle ne mangeait toujours pas, ne pouvait plus bouger sauf les jambes, on devait lui donner à boire … mais elle a pu appeler ses frères et sœurs, ses amis pour leur dire au-revoir.
A sa demande, nous avons préparé son enterrement : elle a choisi sa tenue, les musiques qu’elle voulait passer. Elle a chargé son frère de lire un texte d’adieu qu’elle a rédigé avec son aide, elle nous a partagé ses bijoux …
Nous avons vécu, mon papa, ma sœur, mon frère et moi une semaine « pour elle », en se relayant pour qu’elle ne soit pas seule, en aidant papa à s’en occuper la nuit. Sur le moment, je trouvais ces moments affreusement difficile à vivre : comment concilier le fait que profiter de quelqu’un qu’on aime tant avec la tristesse de savoir que tout va se finir d’un jour à l’autre…
Maman elle souffrait beaucoup de cette situation. Non pas physiquement mais moralement de se voir si diminuée, de savoir que la situation était sans retour. Elle avait accepté sa mort prochaine, était sereine par rapport à ça mais comme elle nous disait : « j’ai l’impression que ma valise est prête mais le taxi que j’attends n’arrive pas ».
Le vendredi 6 septembre, maman s’est endormie si profondément qu’on a plus pu la réveiller. On l’a laissée se reposer et elle a cessé de respirer le lendemain matin.
Soulagement, tristesse, ce trou dans le cœur, ce sentiment que la terre s’effondre, nous croyons que nous étions prêts mais je n’aurais jamais imaginé qu’on pouvait souffrir à ce point. Nous avons la chance d’avoir pu lui dire au-revoir. Son enterrement était très beau mais si difficile à vivre.
Voilà. Ce texte est long mais c’est la première fois que j’écris ce que je ressent sur cette fin de vie et les derniers jours avec maman.
Bravo aux courageux qui m’auront lue.