Merci pour ton message Bmylove.
Même si je préférerais que tu ailles mieux, je me sens un peu moins seule dans mon épreuve, d'une certaine façon.
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Ce soir, j'ai essayé d'aider mon papa au maximum, mais moi-même j'ai du mal à faire face. Quand je suis avec lui, je m'ouvre à sa souffrance, tout en reléguant la mienne au second plan. J'essaie de le comprendre, de lui donner quelques idées comme je peux ; et même si j'ai l'impression d'échouer lamentablement, je me dis qu'au moins je suis présente, et ma mère m'en serait reconnaissante. Et là, il est reparti, et ma souffrance me revient en pleine face.
Je ne veux parler à personne, même si je sais que j'aurais des amis pour m'écouter. Ils ne comprendraient rien, ils n'auraient rien à dire. Je préfère venir ici.
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Cette étape est peut-être nécessaire, pour avancer. Je m'en persuade, pour accepter.
Je tente de résister aux pensées stupides. Ne pas chercher à anesthésier mes émotions.
Pourtant l'idée est extrêmement tentante. Parfois je me dis que j'ai peut-être un problème psychologique ; ou alors je suis peut-être juste fragile émotionnellement. Mais comment ne pas être anéantie par le décès de celle qui m'a aimée d'un amour inconditionnel, et que j'ai aimé aussi, d'un amour inconditionnel...?
Je souris un peu, car je revois ma mère dire "on ne fait pas des enfants pour les garder avec soi". Elle n'en pensait pas un mot, ça lui déchirait les tripes quand je partais en semaine pour mes études, pire encore quand j'ai déménagé ensuite à 650km de la maison. La vérité, c'est que l'une comme l'autre, on voulait continuer à partager les bons moments de la vie, et ce le plus longtemps possible et ensemble.
Et voilà qu'on me l'enlève, alors qu'elle avait 50ans. Malade dès 41ans. Oui il y a pire, il y a toujours pire.
Cependant cette idée ne m'aide pas à relativiser ma souffrance. Car pour moi, dans ma vie elle était tout.
J'étais heureuse quand elle l'était, je souffrais de la voir souffrir. Nous nous confions beaucoup de choses, même les choses les plus inutiles de nos journées, par exemple ce qu'on avait mangé ou autre, parfois.
Ma mère était jeune dans sa tête, elle était ma maman, et mon amie aussi. Elle aurait tout donné pour nous, j'aurais tout donné pour elle. Je n'ai jamais cessé de croire qu'elle remonterait la pente, alors que je sentais les regards sceptiques, les phrases de mon entourage pour me ramener à la réalité, l'horrible réalité : j'allais la perdre, on allait tous la perdre.
J'ai fini par comprendre, et là, alors que je pensais déjà vivre un calvaire, je me suis retrouvée aspirée dans cette tourmente. La pire souffrance connue jusqu'à présent, et j'en suis sûre une des pires souffrances de ma vie, si ce n'est pas la pire...