FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre la perte d'un parent => Discussion démarrée par: Fox le 11 mai 2024 à 11:11:23
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Ma petite Maman chérie d'Amour,
Aujourd'hui, le 11 mai 2024, il y a 80 ans que tu étais née.
En seconde position, comme tu le rappelais souvent, à la surprise de tout le monde, et tu as porté ce poids toute ta vie. Ne pas être attendue, ne pas être comprise, ne pas être vue et entendue. Tu le disais souvent.
Pourtant ma petite Maman, et tu le sais, j'ai fait tout mon possible pour te rappeler à quel point ton existence était essentielle à la mienne, et que maintenant que tu t'es envolée, le 5 avril dernier, c'est difficile pour moi de voir plus loin que l'immense vide que tu laisses dans ma vie.
On en a traversé des crises, ensemble, et la dernière, ta perte d'autonomie, durant 4 ans, aura été celle qui nous aura encore plus rapprochés.
Il y a quelques semaines, je te demandais "Alors Maman, tu aurais cru un jour atteindre les 80 ans ?!!!", tu me répondais "Ah bah non, certainement pas !" et on rigolait, forts de notre complicité et de notre Amour. Et c'est vrai que ces 4 dernières années ne t'avaient pas fait de cadeaux, entre les hospitalisations, les infections, les chutes, les angoisses. Mais à chaque fois, entre ta résistance et ton envie de me faire plaisir, et ma détermination à t'accompagner, à t'encourager, nous avions triomphé.
Mais je le sais Maman, ce combat était avant tout le mien. Celui de ne pas vouloir, de ne pas accepté de perdre sa Maman. Toi tu étais déjà sur un autre chemin depuis bien longtemps, mais tu es restée par Amour, parce que tu savais à quel point ce serait difficile pour moi de continuer seul.
Et bêtement, aujourd'hui, je m'accroche aux statistiques : une espérance de vie des femmes en France de 86 ans. Lorsqu'on atteint 80 ans, l'espérance de vie est encore de 11 ans... Alors pour moi, c'était acquis, tu ne partirais pas tout de suite, et tu attendrais que j'ai un âge acceptable pour perdre ma Maman.
Oui, car depuis tout petit, je redoutais ce moment. Pourquoi est-ce que tu m'as eu à 40 ans Maman? Je te le demandais souvent. Sous-entendu, pourquoi tu ne m'as pas eu plus tôt, ou pas eu du tout. J'ai intériorisé si tôt que je n'aurais peut-être pas ma Maman aussi longtemps que les autres, que ça en était devenu une angoisse existentielle. Je priais tous les soirs pour que Dieu te préserves et te protèges. Ma Maman chérie.
La vie est passée et le 1er janvier 2018, une prise de conscience, comme si une immense pendule s'était remise en branle pour me rappeler ton âge et la finitude de la Vie. Une énorme angoisse m'avait pris, qui a duré plusieurs mois. J'ai repris le travail en pleurant et je m'étais juré de passer le plus de temps possible avec toi.
Depuis cette date, je rentrais chaque week-end chez toi, et nous partagions de bons-moments ensemble. Un quotidien très simple mais conscient que le bonheur se trouve justement là, à cet endroit, en ce moment, avec toi.
L'année 2020 aura été la plus compliquée, avec la perte de ta sœur jumelle et puis ta lourde hospitalisation. La suite n'a été que la classique perte d'autonomie d'une personne âgée, entre ennui et résignation. J'étais là Maman, pour prendre soin de toi, m'assurer que tu aies tous les soins, toute la sécurité, tout l'amour nécessaire pour te rendre la vie moins difficile.
Mais perdre l'autonomie, le contrôle, dans une vie où tu as été si active, si soucieuse des autres, était difficile et les tensions étaient présentes. Mais toujours, dans le dialogue, dans le rire, la dérision, on arrivait à démêler les difficultés et à retrouver notre sérénité.
Après ton retour d'hospitalisation, en novembre dernier, tu étais revenue de si loin, que je pensais qu'à nous deux, nous étions invincibles. Que ni la vie, ni la maladie, ni la mort n'auraient de prise sur nous.
Pourtant, tu es partie, en toute élégance, pendant que j'étais au travail et que je devais te rejoindre en fin de journée. Un sourire, tout allait bien. Et puis l'hémorragie cérébrale.
L'horreur de l'annonce au bureau, les heures d'angoisse et de désespoir avant de te retrouver à l'hôpital, dans un état d'inconscience mais en détresse respiratoire. Comme toujours Maman, tu m'as donné la force de t'accompagner jusqu'au bout. De dépasser mes peurs et d'être présent, sans détourner le regard. C'était tellement dur Maman, mais je suis soulagé d'avoir été là toute la nuit, et de t'avoir embrassée, serrée dans les bras, parlé et chanté, autant que je pouvais.
Tu es partie vers 5h du matin. Apaisée, la tête sur le côté gauche.
Engourdi par la douleur, mais consciencieusement, j'ai prié pour que la Lumière, l'Amour et la Paix accompagne ton âme. J'ai demandé à tes 4 sœurs, à tes parents, à tes animaux tant soignés de t'accueillir et de veiller sur toi. Je t'ai visualisé dans la lumière et la douceur et je t'ai dit aurevoir, Maman chérie.
Je peine aujourd'hui à réaliser que plus d'un mois est passé. Chaque journée est lourde. Vide. Triste.
Tu me manques tellement Maman, ton caractère si particulier, tes attentions, tes remarques, tes habitudes, ton Amour.
Notre vie en commun me manque, mon organisation de ta semaine, la coordination des intervenants, les courses, nos discussions, nos balades, nos préoccupations, nos émissions, nos voisins et leurs petites vies.
Ton foyer me manque, car c'est bien le seul endroit, où en dehors de chez moi, je me sentais chez moi, le bienvenu, accueilli et chéri.
C'est tout ça que j'ai perdu, et j'essaye de me réconforter comme je peux.
Tu es partie selon moi pour cause de iatrogénie. On peut donc dire que tu as été "trop" bien soignée. Je sais que tu étais fatiguée de tous ces médicaments, tu respirais la médicamentation et tu n'en pouvais plus. J'étais le garant de ce suivi, et le Docteur, l'IDE, les intervenantes ont reconnu que je pouvais être un peu trop directif dans ce domaine. Alors évidemment je me sens responsable de ce manque de contrôle de ton INR. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'à 2 ou quelques jours près on aurait pu éviter le pire.
Mais le Docteur me l'as dit, ton corps était usé. Et qu'avec un corps usé, l'espérance de vie ne peut pas être la même que celles promises par les statistiques.
Mais quand même, Maman, 85, 86, 90 ans, ça aurait été pas mal, on aurait pu encore vivre de beaux moments, comme nos séances communes chez le kiné, mes expériences en cuisine, l'amélioration de la forme de Juk.
Je suis content de ne pas avoir cédé aux sirènes de l'EHPAD. Que tu aies pu avoir une vie de famille, même simplement à deux, mais dans ton foyer. Te réveiller, te faire ton petit déj, m'occuper de tes repas et essayé de te divertir.
Pour tes 80 ans, j'avais prévu de faire venir ton autre fils et ta fille, qui t'avaient vu, l'an passé dans un triste état à l'hôpital. Cet anniversaire était important pour moi et je vais le passer sans toi.
Comme j'ai écris ce témoignage comme une lettre que je t'adresse, je ne te dirais pas à quel point je suis triste. Tu ne l'aurais pas voulu. Alors je vais simplement te dire que je vais essayer de profiter du beau temps qu'il fait. Un soleil radieux que ce soit là où je suis, ou bien là où tu es. Il fait chaud et les oiseaux chantent, la nature est radieuse. J'en profiterai comme je peux, avec tout mon Amour pour toi dans mon cœur, à l'abri.
Je t'aime ma Maman chérie, et je te souhaite un très bon et doux anniversaire.
Pat
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J'ai lu chaque mot que tu as écrit, Pat, et cela m'a à la fois bouleversé et fait du bien. Fait du bien car au moins ta maman aura eu auprès d'elle jusqu'à la dernière seconde une personne aimante auprès d'elle : toi.
Oui, les chiffres, les stats, sont parfois pris en défaut par une réalité qui leur tord le cou en faisant disparaître prématurément des personnes que nous aimons. C'est triste, mais c'est comme ça, les stats ne sont qu'une moyenne et donc il y a ceux qui se situent au-dessus, et ceux qui sont en dessous.
Au début, lorsque j'ai perdu ma maman, je haïssais le temps qui passe, ca
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je haïssais le temps qui passe, car je me rendais bien compte que chaque semaine, chaque mois, chaque année écoulés après son départ, me séparaient de plus en plus de ses derniers instants de vie, c'était comme si je me situais sur un bateau qui s'éloignait d'elle de façon progressive, dans un mouvement irréversible, définitif, et révoltant.
Aujourd'hui, j'arrive à mieux le supporter.
La culpabilisation fait partie de ce à quoi les personnes endeuillées sont confrontées. Mais dans ton cas, étant donné ton accompagnement sans faille, je ne vois pas franchement ce que tu pourrais vraiment te reprocher.
Tu auras pu, tu auras su l'accompagner jusque dans ses dernières secondes, et ça, pour une maman, c'est tellement appréciable, tellement bon.
Je pense à toi, à ta douleur, et à ta très regrettée maman.
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Bonjour comment faire,
Je trouve ton image du bateau très juste.
J'ai fait une sortie en mer d'ailleurs hier, à l'invitation de ma famille. Je suis resté dans mon coin tout le long, sans parler. Le temps était magnifique, la mer d'huile, mais j'avais envie d'être ailleurs, j'avais envie d'être nulle part.
Je suis en effet heureux d'avoir accompagné Maman jusqu'à la fin de notre chemin. C'est une ultime leçon. moi qui n'ait pas d'enfant, j'ai du affronter les difficultés et grandir d'un coup. Faire les choses par moi-même, décider, commander, organiser et ce qui lui était destiné, m'aidait aussi moi, en même temps à grandir.
Alors je devrais pouvoir recevoir les enseignements et l'appliquer désormais à ma vie. Mais je me sens tellement arraché de mon socle, balloté entre la vie et la mort que ce n'est pas maintenant que je vais pouvoir aller de l'avant.
J'aimerais juste, poursuivre nos week-end calmes, avec ce sentiment d'accomplir mon devoir, d'être à ma place et de n'avoir besoin de rien d'autre à mon bonheur.
Bon dimanche.
Pat
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L'impasse de la situation est insupportable.
Je regarde partout, mais aucune issue. Une réalité dure, froide et implacable.
Et souvent le même cycle.
Une pause des émotions, et puis, un souvenir, une image, un sourire, une parole, heureuse ou triste.
Un moment de réconfort, balayé par l'idée que plus jamais je le vivrai.
Une tentative de redresser la barre : les arguments qui font qu'on n'est pas acteur, qu'il faut accepter, que c'est comme ça et peut-être mieux ainsi ?
Ca ne fonctionne pas, le sanglot qui monte.
Le souvenir qui revient, le même, et la tristesse de ne rien pouvoir faire pour le revivre.
Le manque et inexorablement, l'angoisse.
L'envie de ne pas être là, d'être nulle part. L'envie de partir, mais aussi de ne plus bouger.
Une journée de plus, une attente. Celle d'une solution, d'un soulagement.
Les solutions sont en moi, mais je ne suis plus là, je me suis effondré.
Je t'aime.
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Journée difficile.
Je tente de m'occuper, de ranger, d'organiser.
Mais même en pleine activité, le coup de poignard arrive.
Celui où je me rappelle que ma mère n'est plus là, et tout le manque que cela va me procurer pour le restant de mes jours.
Je pleure, c'est une douleur insupportable.
Je l'aime tant. C'est paniquant de ne pas pouvoir gérer cette douleur, ce manque et de n'avoir aucune solution.
Je pense de plus en plus à la fin de mes jours pour mettre fin à ce vide.
Au départ, j'espérais un arrêt cardiaque, si ça arrivait, parfait.
Mais de plus en plus je lis des témoignages sur le suicide. Je me demande ce qui est le plus efficace dans une mort provoquée.
Je ne pense pas passer à l'acte, il faut un courage de folie. Mais cette solution, si proche, si possible, me rassure.
La moitié d'une vie à attendre la fin, ce n'est pas possible. C'est trop difficile.
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Ton dernier message m'interpelle particulièrement.
Notre propre mort, espérée voire provoquée. Thème somme toute assez classique sur ce genre de forum.
Je n'échappe pas à la règle. C'est vrai que de pouvoir garder ça sous le coude rend la chose (le deuil et ce manque cruel) un peu plus supportable. Au moins là, on peut avoir la main sur cette saleté de grande faucheuse.
Mais toi et moi ferons certainement comme la grande majorité des gens qui envisagent cette option : "on verra plus tard ..." Mais pour être honnête : de même pour moi, si je devais partir demain d'une crise cardiaque, je pense que ça ne m'arracherai pas une larme.
Les pleurs : oui, moi aussi j'y ai droit, selon les jours, selon mon humeur. Parfois même je crie, Je peux car en ce moment je vis seul.
"S'occuper', ranger, etc : ça ne sert pas à grand chose, quand la douleur doit émerger, elle le fait, que nous soyons actifs ou que nous ne faisons rien, de toute manière si elle doit arriver et nous submerger ... elle ne se gênera pas et ne frappera pas à la porte.
Parfois, je me laisse encore prendre au piège (mais moins qu'avant) de me dire : "Tiens, ça c'est quand même quelque chose, il faut que je téléphone à maman (ou papa) pour lui en parler. Puis dans les deux secondes qui suivent : ah, mais non, ce n'est plus possible ... il / elle n'est plus là pour me répondre au téléphone. Immense déception, tristesse incontournable. C'est vraiment très difficile à vivre. Mais quand je suis chez moi, il m'arrive de leur parler, y compris à voix haute.
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Bonjour Comment faire,
Je n'ai pas ces "absences de conscience" qui m'amèneraient à avoir le réflexe d'appeler comme si Maman était encore là. J'ai bien intégré que physiquement elle n'était plus là. C'est peut-être même, de ce côté là, un soulagement. Car j'appelai plusieurs fois par jour pour m'inquiéter de savoir si sa journée se passait bien, si elle n'avait pas chutée, ou qu'elle avait bien mangé, pris ses médicaments.
Evidemment, on partageait aussi d'autres choses, mais mes appels étaient surtout des appels de vigilance, et je dois avouer que c'était assez lourd à porter, comme si aucun répit n'était possible.
Je crois qu'après cette phase, je regretterai au contraire ces appels et cette inquiétude. Car aujourd'hui, je me repose, mais demain je m'ennuierai justement de ne plus avoir cette vigilance à avoir constamment.
Ce matin, mes émotions sont off, j'essaye de ne pas penser et me concentrer sur mes tâches. Je suis fatigué, je dors avec des angoisses.
En effet, je fais des centaines de recherches par jour sur le sujet de la mort, quels sont les décès de ces derniers jours en France, comment vivent les gens, comment gèrent-ils la maladie, la fin de vie. Et cette tristesse, cette commune tristesse, m'entraîne vers le fond. Mais de cette manière, je ne me sens pas seul. Seul à vivre l'insupportable. La perte.
Pat
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Oui, chercher ailleurs des informations, des liens avec sa propre situation, pour ne pas se sentir seul, c'est ce que nous faisons tous ici.
Peut-être y aura-t-il des endroits où tu sentiras une forme de présence de ta maman plus qu'ailleurs. Il faudra alors réfléchir : pourquoi ces endroits (cet endroit) plus que d'autres ?
Au risque de me répéter, ta maman aura fini sa vie d'une façon dont rêvent tellement de mères, c'est à dire avec au moins un de leurs enfants à leurs côtés. Ce n'est pas négligeable.
Et puis, t'endormir avec des angoisses est-il de mise, si ta maman, comme cela arrive si souvent, vient te rendre visite dans tes rêves ? Le seul problème, c'est qu'au matin, on ne se souvient généralement pas de ses rêves. Mais parfois , certains reviennent à la conscience. Et là, c'est beau.
Comme je ne crains pas l'absurde, des fois je me dis que parents et enfants devraient mourir en même temps...
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Bonjour comment faire,
En fin de nuit, j'ai rêvé d'elle et je lui faisais un câlin.
Depuis 2 jours, dans la journée, je ferme les écoutilles pour ne pas penser.
Mais j'ai peur de l'effet bombe à retardement.
En plus, contrôler ses pensées est épuisant.
Alors on verra ce que ça donne.
Le voile de tristesse est lui, bien là. J'essaye de m'accrocher à des projets, mais là encore, au jour le jour. Certaines heures j'arrive à me concentrer et à avancer, et puis hop, ma motivation disparaît. Je n'ai plus qu'une envie, aller dans mon lit, ne penser à rien, ne rien faire. juste attendre, attendre quoi ?
J'espère que tu as le moral de ton côté, ou au moins le moral de temps en temps.
A bientôt,
Pat
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Encore aujourd'hui, je suis sur un courant d'humeur stable.
Je m'entends, je vois des courants arrivés avec un souvenir, une émotion, qui souhaitent m'entraîner vers la consternation et l'annihilation. Mais j'arrive à ne pas y succomber, et rester sur des pensées pratiques, immédiates, efficaces.
Hier soir, avec un mal de tête un peu persistant, je me suis laissé aller à pleurer et à espérer un signe. J'avais l'impression de délirer. Je crois que j'espérais délirer. Délirer pour ne plus être ramené à la réalité. M'éloigner du monde des vivants pour un entre-deux. Etre là, mais sans être là.
Et toutes ces questions matérielles, que vais-je faire, où aller, par qui être accompagné, suis-je capable de rester seul, ne vais-je pas avoir mal, très mal de me retrouver seul, dans un endroit qui ne me convient plus et que j'ai envie de quitter.
Des questions matérielles que je souhaite suspendre pour toujours, et rester dans une inactivité relative, souhaitée plus que subie, qui me permet d'abandonner ce que je fais quand la lassitude arrive, ou de me mettre à l'écart sans qu'on me pose de question.
Le retour au travail est une grosse appréhension. Un pas en avant définitif, un retour à la normalité que je refuse, tant la perte de Maman est énorme.
J'essaye d'éloigner toujours la réflexion sur ma responsabilité. Le témoignage de Nicole me conforte dans le fait que nous ne pouvons pas être responsable d'erreur ou de légèreté médicale. Ce n'était pas notre rôle. Ce n'était pas notre responsabilité. Et qu'est-ce qui est vraiment maitrisable et maitrisé en médecine ? Peu de chose. Alors il faut s'en remettre à la fatalité, à Dieu, à la Vie, à la mort ?
Ca fait du bien de déposer ici ses réflexions, pour qu'elle partent là où elle peuvent, là où elles veulent et là où elles sont prêtent à être écoutées.
Je dois m'occuper d'autre chose pour le moment alors remettons le masque, tout en gardant en toile de fond, cette tristesse infinie.
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Le retour au travail alors que je n'y étais pas prêt, j'ai connu ça.
Au cas où ça t'intéresserait, je te glisse un "truc" que j'avais alors utilisé : je portais des lunettes noires, tu devines pourquoi, et bien je peux te dire qu'elles avaient été bien utiles...
D'ailleurs j'ai conservé cette habitude.
Se perdre dans des activités, oui cela fonctionne, mais seulement sur le moment car en fait inconsciemment la tristesse, la désespérance et les larmes se chargent dans ton esprit, tout comme on charge une batterie, et dès que tu te trouves dans une autre situation où tu peux te lâcher un tant soit peu, tout se déverse alors en un seul flot, parfois puissant. Donc avoir des activités qui détournent de la douleur j'y crois, même si c'est reculer pour mieux sauter. Mais peut-être que tu ne réagis pas comme moi, n'hésite pas à me le dire.
Peut-être pourrais tu t'inventer de petits rituels en lien avec ta maman, cela te servirait alors de canne pour avancer en boîtant un peu moins. Personnellement, les photos du passé familial prennent une place non négligeable dans ma vie, notamment durant les périodes où j'en ressens particulièrement le besoin.
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Depuis la nuit dernière et un rêve angoissant, je ne suis pas bien.
L'une de mes préoccupations pour maman était qu'elle ne soit jamais seule face à une situation difficile, et notamment ces dernières années, durant les examens ou RDV médicaux par exemple.
Et là, dans mon rêve, elle était seule. Heureusement j'arrivais pour être avec elle, et j'ai pu rester avec elle.
Et depuis j'angoisse.
Je m'étais dit, que l'âme, libérée du corps, se trouve dans la lumière, dans l'amour, dans la Paix.
J'espère que l'âme se retrouve avec toutes celles qui l'ont accompagné dans la vie physique, ou avec l'amour du créateur, que sais-je.
Mais je me demande tout d'un coup, et si ce n'est pas ça. Si l'âme est seule, face au jugement dernier ou face à des épreuves.
Et ça m'angoisse car on est impuissant. Alors on se dit qu'on peut toujours accompagner par le cœur mais est-ce suffisant.
Ca me déprime tout d'un coup.
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On ne pourra répondre de façon avisée que quand ce sera à notre tour de partir...
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Bonjour comment faire,
Oui bien sûr.
J'ai lu le témoignage de Fabienne Raoul sur son expérience de vie imminente, qui m'a rassuré quelque peu.
Depuis plusieurs jours, je refoule les pensées tristes, les souvenirs, pour essayer de me concentrer sur l'action, le présent.
Mais en fait, toutes les pensées refoulées se déversent dans mon sommeil qui devient angoissant, avec multiples réveilles,, angoisses et crispation.
La douleur a besoin de sortir et de s'exprimer.
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En perdant ma Maman, j'ai perdu aussi le rôle de proche-aidant que j'accomplissais depuis plus de 4 ans.
Je viens de me rendre compte, en écoutant un podcast sur les aidants, que je regrette beaucoup ce rôle, cette place.
Si durant ces 4 ans je n'ai pas eu droit à une seule semaine de vacances, aujourd'hui, c'est tout l'inverse. je me noie dans le temps loisible, et c'est profondément inéquitable.
Ces 4 années, intenses, difficiles, faites de questionnements, de remises en cause, de doute étaient pourtant portée par l'énergie de l'amour et par une certitude : MA PLACE EST ICI et pas ailleurs.
C'est peut-être la première fois et la seule fois dans ma vie que je me suis senti dans mon rôle et à ma place. J'avais beaucoup d'honneur et de reconnaissance, de la part de ma mère évidemment, mais aussi des soignants, des voisins, de toute la petite communauté autour de nous. "Quelle chance vous avez d'avoir un fils comme lui".
C'est finalement dans ce rôle que je me suis épanouis, et aujourd'hui orphelin, je perds aussi cette place. Je perds ces occupations, cette responsabilité, cette reconnaissance.
Alors par quoi remplacer ? Par le travail, par les loisirs, les voyages ?
Autant de choses qui me semblent bien insipides et dénuées du sens, et plus profondément surtout, du moteur "amour" qui m'a apporté toute mon énergie.
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Gros sanglots
Maman me manque.
Elle m'a toujours protégé, poussé, sorti, aidé, conseillé.
Même à la fin de sa vie sur terre, ses inquiétudes étaient justifiées, ses conseils avisés.
Je ne peux imaginer ma vie sans toi. C'est trop dur.
Je t'aime tellement Maman.
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as tu pris connaissance de mon MP ?
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Première fête des mères sans ma Maman physiquement presente. On n'en faisait pas un élément fondamental du calendrier de notre amour. On voit bien qu'il s'agit d'une fête totalement commerciale. Mais aujourd'hui, elle revêt une autre signification. Celui du rôle de maman, qu'elle a formidablement bien assumé malgré toutes les difficultés.
Je t'aime très fort Maman. Bonne fête des mères avec tout mon amour, où que tu sois.
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pe'ut ê'tre dis je des bétises
mais si vous avez un grand sens de l'aide comme je le lis, vous pourriez l'employer à aider des personnes seules ou âgées? bien sur ce ne sera pas votre maman mais avoir une empathie et bienveillance comme la votre peut peut être s'épanouir auprès d'autri
amicalement
katrin
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Pendant longtemps, la fête des mères a été difficile à supporter pour moi. Mais maintenant, petit à petit, cela se calme ...
De même les enfants à l'heure de la sortie des écoles, où je les vois accompagnés de leur maman, et où on les entend dire "Maman ... !"
Là aussi, mes sentiments de regrets immenses se sont calmés avec le temps. Car au début, je me disais avec une grande tristesse, une profonde mélancolie : quelle chance tu as, d'avoir encore ta maman... Il n'y avait peut-être pas de jalousie de ma part, mais au moins envie, celle d'être à nouveau accompagné par maman ...
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pe'ut ê'tre dis je des bétises
mais si vous avez un grand sens de l'aide comme je le lis, vous pourriez l'employer à aider des personnes seules ou âgées? bien sur ce ne sera pas votre maman mais avoir une empathie et bienveillance comme la votre peut peut être s'épanouir auprès d'autri
amicalement
katrin
Bonsoir
Oui c'est vrai que c'est ce que je souhaiterais. Il n'y a que dans l'humanité qu'on peut trouver un peu de réconfort. Mais c'est vrai aussi que l'énergie que j'ai trouvé pour porter ma maman se trouvait dans l'amour. Ce qui n'est pas la même chose avec des étrangers. Mais c'est peut être aussi une leçon justement : aimer son prochain comme un proche.
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Pendant longtemps, la fête des mères a été difficile à supporter pour moi. Mais maintenant, petit à petit, cela se calme ...
De même les enfants à l'heure de la sortie des écoles, où je les vois accompagnés de leur maman, et où on les entend dire "Maman ... !"
Là aussi, mes sentiments de regrets immenses se sont calmés avec le temps. Car au début, je me disais avec une grande tristesse, une profonde mélancolie : quelle chance tu as, d'avoir encore ta maman... Il n'y avait peut-être pas de jalousie de ma part, mais au moins envie, celle d'être à nouveau accompagné par maman ...
Oui je comprends ce sentiment. C'est très difficile à vivre.
Pour compenser je me dis que certains enfants perdent leur maman très très tôt dans la vie. Et que certaines morts sont plus violentes que d'autres. Et aussi que ceux qui ont leurs parents ne se rendent pas compte de leur bonheur et n'en profitent pas... Autant de raisons qui permettent de relativiser et chérir les moments passés avec sa maman, qui étaient des moments de pleine conscience et d' amour
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Nous sommes vendredi soir, veille de week-end ensoleillé. Ceux-là même que je passais avec Maman, en partageant des moments ensemble d'abord, j'arrivais en train le vendredi soir, maman venait me chercher en voiture. On Passait au Leclerc sur le chemin faire 3, 4 courses puis le week end s'allonger au rythme du jardinage, des sorties du chien et autres occupations classiques. Puis il y a 4 ans, je suis passé en mode aidant et je passais de long week end du mercredi puis du jeudi soir à m'occuper de maman.
A cette époque de l'année, le soleil couchant illumine la cuisine ou on entrouvre la fenêtre pour faire un courant d'air avec la porte fenêtre qui donne sur le jardin.
Je prépare à manger vers 19h en attendant l'arrivée de l'infirmière avec qui on avait toujours un brin de causette.
Le jardin respire. Le soir c'est le valet des merles avec leurs petits, des tourterelles et des ramiers que maman aimaient tant nourrir.
Il y a deux ans une famille de hérisson étaient venues dans le jardin. Une maman et 3 petits. Ils venaient boire et manger de la pâte que je mettait là.
L'an passé c'était une famille de rats. Finalement très mignon, j'avais pleuré de voir un bébé agoniser dans le jardin par empoisonnement des voisines. Maman me comprenait elle était aussi sensible que moi à la cause animale et à la douleur des autres.
Un courant d'air chaud, fait bruisser les feuilles d l'arbre devant la maison et fait danser les rayons de soleil dans la cuisine.
Il est presque l'heure de se coucher. Maman dans son lit me demande de laisser la porte de la chambre ouverte pour voir les vas et viens et profiter de ma présence. Elle se levait toujours vers 21h pour venir faire un petit tour dans le salon et me dire "bonne nuit" ou pour toute autre excuse mais avec le bonheur de me voir. J'en pleure de douleur en y pensant. Ça me manque tellement. Cette présence, cet amour, elle veillait sur moi comme je veillais sur elle.
Ce soir veille de week end. Je suis seul en ville et plus personne ne s'assure que je vais bien. Plus personne ne me souhaite bonne nuit en m'embrassant. Je suis seul et j'ai envie de la retrouver. Elle me manque tellement. Je pleure à l'idée de passer ce week end ensoleillé sans elle. Maman tu me manque terriblement. Je t'aime tellement.
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Ce matin j'ai été voté dans "ma" ville.
Ca faisait une éternité que je n'y étais pas allé.
Les derniers scrutins, je les avais passé dans le village de Maman. Les dimanches étaient toujours consacrés à Maman depuis 2018.
La dernière fois, je l'avais accompagnée, je crois que c'était pour les cantonales. Elle ne voulait pas mais c'était un but de sortie alors elle s'est forcée pour me faire plaisir.
Avec son petit fauteuil rouge on y étais allé, à la salle des fêtes.
La personne qui tenait l'urne avait eu la gentillesse de porter l'urne jusqu'au fauteuil pour éviter maman à se lever.
J'étais content.
En sortant il y avait une petite fanfare sur la place. J'avais mis maman devant à l'ombre car il faisait chaud ce jour là. Elle avait écouté l'orchestre. Et puis on était rentré avec le chien en passant par la fontaine. On s'était assis 5 min pour profiter du soleil et du bruissement de l'eau.
Une sortie tout ce qui a de plus simple mais un vrai moment de bonheur conscient.
Je suis triste de ne plus pouvoir vivre de tels moment. Maman me manque. Je t'aime.
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Tu as visiblement la chance d'avoir eu une maman formidable dans son humanité, dans sa simplicité.
Les moments les plus simples sont souvent les plus beaux.
Un de tes souvenirs chez le magasin Leclerc rejoint les miens, combien de fois y suis-je allé, tantôt au Leclerc le plus proche avec mon papa, tantôt à un Leclerc plus éloigné avec maman et une de ses copines. Combien de fois j'y ai pensé et repensé, tu ne peux t'imaginer, des moments de grâce dans leur simplicité, dans leur plus grande convivialité. Des moments de calme.
Plus personne pour s'assurer que tu vas bien, nous dis-tu. Peut-être pourrais-tu raconter des évènements qui t'ont touché dans la journée ou dans la semaine devant une (ou plusieurs) photos de ta maman. Ou bien près de sa dernière demeure.
En espérant qu'elle t'entende de là où elle est ...
Ce manque est terrible, je le sais.
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Oui des moments de grâce, la sécurité de la famille, du foyer. Un but, une destination. Des sentiments d'amour rassurants qui font qu'on est à sa place avec les nôtres.
J'ai beaucoup de mal à formaliser un dialogue avec maman. Pour moi elle est là et je lui parle comme je me parle. Elle est dans mon cœur. Mais j'ai du mal ce soir. Elle me manque. Plus le temps passe et plus le manque s'installe avec des pointes de grande souffrance.
A bientot sur ce chemin tellement difficile.
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Un samedi bien maussade, gros, froid pour un mois de juin. Ça ne m'arrange pas. C'est un peu le premier samedi que je passe en tête à tête avec moi même dans mon appart qui est désormais plus ou moins aménagé.
Et bien c'est l'ennui qui l'emporte, la mélancolie aussi.
Les samedis et dimanches étaient consacrés à Maman.
Je les passais chez elle. Je prenais alors en main les affaires de la maison : petit déj et repas, lessives, jardinage, courses, ménage, administratif.
Des corvées que je j'ai toujours tenu à assumer avec ténacité et rigueur. Parce que c'était la condition pour que maman vive un peu mieux sa perte d'autonomie être dans une maison propre, fraîche était une priorité pour moi et pour elle.
J'essayais aussi de faire une petite sortie, sortir le chien en fauteuil roulant ou aller dore bonjour à une voisine.
Et dans toutes ces activités je trouvais le temps d'aller à la piscine, de lire ou faire une sieste.
Aujourd'hui mon temps est infini. Et donc inutile.
Je n'ai envie de rien même si je me force.
J'ai juste e'voe de continuer à prendre soin de maman. Car moi prendre soin de moi ça va vite. Et j'en ai pas besoin.
Je ne sais pas sou réinvestir mon temps. Maman me manque.
Je vais tenter de dormir pour sortir de ce spleen qui le s'arrange pas 1u fil du temps.
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2 mois et demi à subir l'absence.
C'est vrai que l'état d'esprit se modifie. Les émotions ne sont pas les mêmes.
Mais peut-on dire que ça va mieux ? Rien n'est moins sûr.
Je suis désormais capable de faire des activités du quotidien sans m'effondrer en sanglots.
Je suis capable de me projeter sur un mois, faire des projets à court terme et m'organiser.
C'est le cas pour les vacances, même si ça reste compliqué.
C'est le cas du travail également.
Mais tout ce que je fais, je le double dans mes pensées du scénario "et si elle Maman était encore là, qu'est-ce que j'aurais fait, comment je l'aurais fait ?".
Et puis commence à pointer le manque, celui vraiment où on aimerait juste entendre sa voix, lui dire coucou comment tu vas ? Lui prendre la main, l'embrasser. Et plus qu'hier, je réalise que ce ne sera plus jamais possible.
S'installe alors une tristesse profonde. Pas celle des premières semaines qui empêche de vivre, mais une tristesse chronique, qui arrive sans crier gare et ne permet pas de profiter des choses.
Et à côté de cette tristesse, il y a l'écœurement. L'écœurement de la vie. La nausée me prend quand je pense à tout ce chemin à réaliser seul, sans le soutien de Maman. Elle me prend aussi quand je vois des personnes de mon âge parler de leurs parents et de leurs projets avec eux.
Souvent, j'arrive à atténuer ce sentiment. Car quand des quadra me parle de leurs parents, c'est pour dire qu'ils vont passer un week-end ou en coup de vent leur dire bonjour. Moi j'ai eu la chance de profiter de Maman et quasiment de vivre avec elle ces 5 dernières années. Alors je n'ai pas de regrets sur ce plan là. Mais la nausée est là.
Je ne sais pas si toute ma vie reposera sur ce sentiment, où si les choses évoluent encore.
Mais cette sensation de manque et de vide, est très sensible le dimanche. Et j'imagine même pas ce qu'il en sera à l'automne.
Hier je suis sorti avec le chien pour me forcer à bouger et changer les idées. Heureusement, ça fonctionne.
Alors il va falloir que j'occupe sérieusement mes week-end et que je programme des activités pour ne pas me retrouver seul à penser à la personne pour qui ma vie avait un sens.
Maman tu me manque. Je t'aime.
Pat
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pe'ut ê'tre dis je des bétises
mais si vous avez un grand sens de l'aide comme je le lis, vous pourriez l'employer à aider des personnes seules ou âgées? bien sur ce ne sera pas votre maman mais avoir une empathie et bienveillance comme la votre peut peut être s'épanouir auprès d'autri
amicalement
katrin
Peut-être un petit signe de la vie...
Toute cette semaine, une caravane estivale des petits frères des pauvres s'est installée en bas de chez moi. Avec une grande pancarte pour illustrer leurs actions d'accompagnements des séniors isolés.
En sortant mon chien, j'ai été approchée par une bénévole à qui j'ai raconté ma sensibilité sur le sujet.
En repartant, j'ai été rattrapé par un monsieur qui m'a raconté qu'il s'était engagé comme bénévole après le décès de sa maman dont il s'est occupé en fin de vie, elle avait alzheimer.
Nous avons tous les deux été émus en racontant nos histoires.
Il m'a raconté que depuis 3 ans, il accompagnait une personne âgée du quartier, en lui rendant visite régulièrement. Que ça lui apportait beaucoup de paix.
Je vais donc me renseigner sur les actions de l'association.
Dans la même journée, j'ai croisé un monsieur qui tenait la main de sa maman très âgée, dans la rue. Ca m'a fait pleuré. Me rappelant deux époque de ma vie. Lorsque j'étais petit et que Maman me tenait la main en ville. Et puis ces derniers mois, où je tenais la petite main de ma Maman quand on sortait, pour l'aider à garder l'équilibre. Sa petite main déformée par la polyarthrite, mais une petite main d'amour dont je me rappelle la forme, la chaleur et la douceur. La vulnérabilité aussi.
Elle me manque tellement. Ne plus pouvoir tenir sa main me fend le cœur. Je t'aime Maman <3
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Notre maman qui nous tenait la main, c'est vrai que ça fait de sacrés souvenirs.
En faisant les courses, en traversant la rue, ou lors de simples promenades.
Epoque formidable.
Je crois que c'est grâce à ma maman que j'ai toujours su marcher vite, au lieu de lambiner comme certains, car elle n'hésitait pas à me faire galoper.
Instants dont on ne se soucie guère sur le moment, mais qui remontent aujourd'hui avec d'autant plus de saveur.
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En choisissant de faire une retraite dans une abbaye, je ne pensais pas que pouvait se cacher un cadeau. J'attendais la consolation mais elle n'est pas là car ne plus t'avoir à côté de moi restera une épreuve à tout jamais.
En revanche, témoin de la beauté du monde, j'arrive à te voir dans chaque merveille. Parce que tu m'as appris à m'émerveiller devant la nature. Tu m'as appris à profiter de chaque instant. De savourer la création de Dieu et sa perfection. Tu es dans mon cœur à chaque fois que je me dis " que c'est beau". Tu es avec moi, nous sommes ensemble, dans l'émotion et la sensibilité d'un monde que tu m'as appris à observer.
Ce séjour m'a reposé. J'ai retrouvé les couleurs, les odeurs, les bruits, les mouvements, la chaleur, la douceur de cette histoire que nous avons vécue ensemble dans le sud. Tu es là maman, je suis là avec toi et je découvre aujourd'hui toute la richesse de tes enseignements et de ta spiritualité.
Je t'aime Maman chérie. Où que tu sois, veille sur moi, comme je veille sur ta mémoire, sur notre mémoire.
Pat
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Si je parviens à m'occuper, à voyager et à faire mille choses que je ne faisais pas avant, je me rends compte aujourd'hui que mon temps est occupé et que ça m'empêche de trop sentir le manque de Maman.
Mais dans le même temps, toutes ces expériences, rencontres, réflexions, s'accumulent sans que je puisse les partager avec celle qui a toujours été la gardienne de mes souvenirs. Ses points de vue, sa morale, son envie de partager et son écoute me manquent à un tel point. Que je pleure en écrivant.
Je ne sais pas quoi faire de ces nouvelles expériences de vie si je ne peux les partager avec elle et lui raconter avoir son avis. Et me dire que je vais continuer à accumuler toutes ces histoires pour le reste de ma vie sans jamais pouvoir lui raconter est un crève cœur.
Je t'aime Maman.
Pat
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Avec "un peu" de chance vous vous rencontrerez à nouveau un jour, un jour lointain.
Je dis ça mais n'en suis pas moi-même convaincu. Pour moi, cet aspect là des choses, c'est un peut-être.
On verra ça lorsque ce sera à notre tour de partir...
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Aujourd'hui je suis allé dans un magasin et j'ai refait comme je le faisais avant : à peine entré dans la première allée, j'ai dit : "Allez, viens, maman, on y va !" Et j'ai pris la main de ma maman comme on le faisait quand j'étais tout jeune.
Je lui parlais à mi-voix en faisant de temps en temps des commentaires en fonction des marchandises.
Mais contrairement aux autres fois, j'ai très vite fondu en larmes derrière mes lunettes de soleil. Elle était bien là dans mes pensées, mais elle n'était pas là en fait.
Jusqu'à présent, cela marchait plutôt bien, je me promenais dans tel ou tel magasin avec sa main dans la mienne. Mais aujourd'hui, des larmes.
Si elle m'observe de temps en temps de là où elle est, elle doit être triste de me voir si peiné de sa perte, encore tant d'années après. Mais ça, je le sais, c'est une peine que je traînerai jusqu'à la fin de ma "vie".
Tout comme elle a traîné la perte de sa propre maman qu'elle adorait...
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Bonjour à vous deux,
J’ai trouvé vos manières d’ouvrir vos cœurs magnifiques.
cela me touche et j’aimerai pouvoir vous « guider »même un tout petit peu avec un mot, un exemple.
La vie a été dure mais prenons cela comme un moyen de « grandir » et d’engranger de l’expérience.
Chacun a ses façons de faire avec un deuil et parfois quelqu’un ou quelque chose arrive et la vie prend un chemin différent.
Vous n’êtes pas ridicule en parlant à voix haute en en mimant de tenir une main,
J’aimerai échanger avec vous, vos histoires mon touchées.
Biensur je vous parlerai de mon histoire avec plaisir si je peux me permettre d’employer ce mot ::)
Merci de m’avoir lu et avec plaisir de vous écrire prochainement.
Tib
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Tib, le fait que perdre ses parents "permet" de "grandir" est un classique ... un peu trop classique.
Je ne vois vraiment pas en quoi cela peut me permettre d'être encore plus adulte ??
Parce que maintenant la balle et dans mon camp, et que le papa c'est moi ? que je suis donc sensé remplacer mon papa et ma maman sur cette Terre ? Mais cela n'a rien à voir, eux c'est eux, moi je suis moi, et mes enfants sont mes enfants. Je ne vois pas de rapport.
Une chose est sûre : si mes parents étaient encore en vie, je vivrais beaucoup mieux, je serais bien mieux.
Bref : eux c'est eux, moi c'est moi. Et cette relation fils / mère , fils / père perdurera pour toujours.
Je ne suis pas eux.
Mes enfants ne sont pas moi.
Il ne faut pas tout mélanger.
Merci toutefois d'avoir répondu à nos messages, cela prouve qu'au moins quelques personnes ici nous lisent, ça par contre c'est positif.
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Journée très douloureuse aujourd'hui. J'ai l'âge auquel Maman m'a donné naissance. J'aurais aimé qu'elle soit là pour qu'elle me raconte une fois encore le jour de ma naissance.
J'ai tenu la douleur à distance ce dernier mois, en m'occupant et en me projetant dans différents projets. Mais les dates symboliques méritent qu'on s'y arrête et qu'on y dépose toute notre peine.
La moitié de ma vie à passer sans Maman me paraît improbable. Je n'ai pas la force de combler tout ce vide. Au jour le jour, sans y réfléchir, certainement. Mais l'imaginer pour le restant de la vie, non.
Jai envie de me laisser emporter par une vague. Qui m'amènera sans douleur, dans un monde sans peine et entouré d'amour et auprès d'elle.
Au lieu de ça, la grisaille, l'ennui, la vacuité envahissent chaque instant et je me bats pour trouver un tout petit sens à tout cela.
Je prie également pour tout ceux qui perdent un proche chaque jour et dont les faits sont racontes dans les journaux. Les drames nous entourent mais nous preferont ne pa les voir.
Il y a 20 ans, Maman était aussi sur la côte d'Azur, avec ses grandes jupes plissées, toujours fraîche. Cette image m'est revenue en passant dans une ville où nous vivions, en train. J'avais l'impression qu'elle matte dait et qu'elle serait toujours là.
Tu me manques terriblement. Ce jour ne sera plus jamais un anniversaire sans celle qui m'a donné la vie.
Je t'aime.
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Ce mois d'août est interminable et je ne me doutais pas qu'il ramènerait tant de souvenirs.
J'ai toujours mis un point d'honneur à passer ce mois avec Maman, car c'est bien, avec les fêtes de fin d'années, le mois où l'ont ressent le plus la solitude, l'abandon, l'absence.
Et surtout ces dernières années, dans un village vidé, avec une chaleur parfois oppressante, c'était important d'être présent. Et à l'époque je rêvais d'être ailleurs, en vacances, à la plage. Et aujourd'hui, je tourne en rond, même en vacances, même à la plage, tout ce que je voudrais c'est continuer à m'occuper d'elle.
Ces journée lente mais confortables me manquent. Désormais je déroule le temps sans envie et sans but.
Bref, un mois d'août bien triste, ennuyeux et interminable.
Tu me manque tant.
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Après un mois d'août déjà difficile, le mois de septembre est encore pire.
J'ai même pleuré au bureau, tellement les émotions sont difficiles à supporter.
Le retour de cette routine sans Maman est insensée, douloureuse et vide de tout.
Chacun retrouve ses activités, avec motivation, envie. Moi rien de tout cela, je me demande de quoi vais-je bien pouvoir faire de tout ce temps, qui aujourd'hui ne sert à rien et que je ne partage avec personne.
Pourtant J'ai toujours aimé la rentrée, lancer de nouvelles routines, projets, activités, retrouver certaines personnes, et se projeter sur l'année à venir. Mais tout ça c'était lorsque je pouvais compter sur la présence de Maman, et que je m'en occupais. Même à deux, plus ou moins isoles, on n'est jamais seul.
Et les souvenirs heureux de l'école, et de toutes ces choses qu'on faisait ensemble au fil des années, se mêlent aux souvenirs plus douloureux. de la fin de vie, des hospitalisations.
Je n'ai plus envie de me souvenir, je n'ai plus envie d'avoir vécu, je n'ai plus envie de vivre. Tout ceci n'a aucun sens. Je comprends désormais l'importance d'avoir des enfants. C'est la continuité de la vie, de soi. Et ça permet de relever la tête, ou en tous cas de ne pas avoir l'opportunité de la baisser.
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Bonjour Fox,
Nous sommes dimanche. Il pleut. Il fait froid. Un reflet de ma météo personnelle.
Comme vous, je suis inconsolable.
Ma Mamounette s'est envolée en juillet dernier me laissant seule dans sa grande maison vide.
J'ai 50 ans et je n'ai pas d'enfant. Une vieille fille qui, à présent, vit comme un zombie.
Je lui avais promis d'être forte. Je lui avais promis que ça irait. Je lui avais promis de vivre.
Mais, il n'est pas si simple de tenir ses promesses.
Tandis qu'aujourd'hui encore, je patine dans la douleur et la tristesse, j'aimerais vous conseiller le livre de Stéphane Allix, La mort n'existe pas. Je l'ai terminé ce matin, en larmes. Peut-être résonnera-t-il en vous comme en moi.
Tout mon soutien vous accompagne.
Marina
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Je ne suis pas sûr qu'avoir des enfants résoudrait au moins en partie tes problèmes. Je parle en connaissance de cause.
Pleurer au travail, j'ai connu ça aussi. Je mettais d'ailleurs des lunettes de soleil au cas où ...
Lorsque tu dis "Même à deux, plus ou moins isoles, on n'est jamais seul.", je suis bien d'accord. Je ressens la même chose, même si papa et maman étaient très loin de moi géographiquement.
As-tu des gens autour de toi avec lesquels tu pourrais parler de ta maman (je ne dis pas, parler de ta peine, mais simplement évoquer des souvenirs de ta maman) ? Car je sais que c'est ce qui m'a beaucoup manqué, évoquer son souvenir encore et encore, oh juste quelques anecdotes, mais quand ça arrivait ça me faisait tellement de bien...
Je te le répète, pour moi le fait d'avoir mon fils par exemple, ne m'a jamais franchement aidé à quoi que ce soit dans ces douloureux problèmes de deuil. La continuité de soi, oui, certes, mais tu sais en fait chacun a SA PROPRE vie, je me suis rendu compte que ma maman avait eu la sienne, j'ai eu la mienne, et maintenant mon fils a la sienne, sans qu'il se préoccupe plus que ça de sa filiation, de moi, de sa grand-mère.
Tu es dans une mauvaise passe, puis ça ira mieux, puis il y aura encore de mauvaises passes, puis ça ira encore mieux, etc, voilà ce qui peut t'attendre. Si tel est le cas, sache profiter des moments de répit.
ps : en parlant d'enfant(s), je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais il n'est pas trop tard pour en faire ...
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Bonjour Marina, bonjour Commentfaire,
Merci pour votre soutien, qui me réconforte.
Marina, je vais m'intéresser aux livres que tu me conseilles. Pour le moment, j'essaye de comprendre la signification de la mort dans la religion, et je trouve cela un peu décevant côté chrétien. Je ne suis pas sûr de trouver du réconfort en cherchant l'après. Je crois plutôt qu'il faut se concentrer sur l'ici et le maintenant en faisant du bien autour de soi et en étant le plus en paix avec le monde. Mais que c'est difficile.
Commentfaire, merci pour ton témoignage. Je parlais d'enfants à charge, je crois que dans ce cas, ce n'est peut-être pas un réconfort, mais une obligation que te fais tourner le regard ailleurs que sur ta propre douleur. Et ça te rattache à la vie.
Mais je sais bien qu'une fois grand, et surtout pendant une période de pleine vie (je dirai de 20 à 50 ans), les enfants sont ingrats et ne s'occupent pas souvent de leurs parents. Sauf à faire des choix ou de ne pas avoir soi-même d'enfant, ce qui m'est arrivé, et comme Marina, en pleine conscience, mais sans regrets, de finir vieux-garçon.
Ce sont des schémas de vie qui se retrouvent partout et de tout temps. Alors pourquoi lutter pour s'en défaire ?
Prenez soin de vous en tous cas et j'espère que l'on pourra poursuivre nos échanges que nous allions mieux ou pas.
Pat
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Hier, en écoutant la radio, une chanson a attiré mon attention. D'abord pour la mélodie, mais en trouvant ensuite les paroles, son sens, mais aussi la mort de son chanteur, elle m'a rendu extrêmement triste et j'ai revécu des moments en même temps difficiles mais aussi plein d'amour avec Maman.
J'aurais aimé qu'elle l'écoute, et le dernier couplet met des mots sur mon ressenti actuel.
Ce mois de septembre est difficile et me retrouver seul chez moi, seul dans les rues, désœuvré me perturbe beaucoup.
Les Cowboys Fringants - Sur mon épaule
(tenir avec de la broche c'est une expression québécoise qui veut dire s'accrocher)
On vieillit, les années passent
Et chacun de nous fait comme il peut
On court, on tombe, pis on s'ramasse
On essaie d'être heureux
Toute une vie à patcher les trous
Du temps qui s'enfuit de nos poches
Dans un monde qui partout
Tient avec d'la broche
Mets ta tête sur mon épaule
Pour que mon amour te frôle
Toi qui en as tant besoin
Ça fait dix ans et des poussières
Qu'on fait face au vent d'hiver
Ensemble on n'a peur de rien
Dis-toi que ce soir ma blonde
T'es pas seule au monde
A toutes les étoiles du ciel qui veillent sur notre triste existence.
Je t'aime.
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Un nouveau cycle de tristesse cette semaine.
En particulier, dans le cadre d'une formation de sauveteur secouriste au travail.
2 jours de formation où les pratiques et mises en situation m'ont rappelé tant de situations déjà vécues.
Le rôle d'aidant, et notamment auprès de personnes âgées est notamment d'assister à des situations d'urgences (chute ou malaises, déficience) et le fait de les revivre au plus profond de moi m'a amené jusqu'au bord des larmes plusieurs fois dans la journée.
Un soulagement peut-être de ne plus avoir à vivre de telles situations, mais le souvenir de l'espoir, puis du bonheur de voir la situation s'améliorer, de se battre pour enfin prévoir le retour à la maison après l'hospitalisation. je l'ai vécu tant de fois, comme pour me préparer au jour où je rentrerai cette fois-ci tout seul.
Mais impossible de s'y préparer. Une situation partagée avec tant de proche-aidants. Un stress et dans le même temps une telle énergie d'Amour. Et puis plus rien, le silence, l'absence, le vide. Plus d'inquiétude, plus de soins, plus rien de matériel et de tangible.
Deux jours difficiles qui m'ont épuisés et qui m'ont rappelé à nouveau que je n'arriverai pas à poursuivre ainsi très longtemps. L'incompréhension et la vacuité du monde sont trop saisissants. Je ne parviens pas à la supporter. Maman seule me comprenait.
La semaine prochaine je participe à un groupe de paroles sur le deuil des proche-aidants. J'espère y rencontrer des gens compréhensifs qui savent ce que c'est.
Désormais lorsque je parle de mon mal être, de mon manque, les réponses de ma famille sont le silence. Comme un malaise et surtout, une volonté de ne pas alimenter les pensées, la parole. Juste oublier. Ce que je refuse et ce qui, à terme, m'éloignera d'eux car c'est tout simplement insupportable de nier la mémoire d'un proche, nier son existence, nier notre Amour. De la part de frère et de sœur qui ne se sont jamais soucier de prendre le relai durant 4 ans, je trouve ça tellement intolérable.
Je resterai fidèle à cette mémoire, ce souvenir d'un amour qui m'a tant nourri et porté durant 40 ans. Et sans qui je ne pourrais pas continuer à avancer. Mais qui est difficile à capter dans le moment présent et encore plus dans la projection vers le futur.
Un pas à la fois.
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Ma famille aussi (enfin ce qu'il en reste) semble bien avoir tourné la page.
Je sais qu'au début de mon deuil, le fait de ne pas pouvoir parler de maman librement à des personnes qui l'ont connue était extrêmement difficile. Parler d'elle, c'était pourtant une façon de la faire revivre.
Savoir pourquoi les gens, y compris de la famille, réagissent ainsi, est très difficile. Les motivations profondes, parfois inconscientes, d'un tel silence, d'une telle fin de non recevoir, sont vraiment trop dures à analyser, et très certainement différentes pour chacun.
Ne veulent-ils pas se replonger dans cette peine, ou bien ont-ils vraiment tourné la page, ou bien sont-ils hermétiques à la souffrance ?
Je me souviens avoir lu un témoignage il y a des années, d'une jeune femme qui avait questionné ses grands-parents sur la façon dont ils avaient vécu le deuil de leurs propres parents, aucune réponse véritable, hormis des mines défaites qui indiquaient qu'ils pouvaient en souffrir encore.
Pour certains, on est dans l'indicible. Pour d'autres, dans l'indifférence.
Va savoir...
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Bonjour commentfaire,
Dans le cas de ma famille, c'est typiquement de l'indifférence.
Quand tu ne fais pas cas d'une personne de son vivant, comment veux-tu et t'en faire à son départ ?
Comme on dit loin des yeux, loin du cœur.
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Les samedis deviennent de plus en plus difficiles à supporter au fil du temps. C'était un jour de corvées mais doux lorsque je le passais à m'occuper de Maman. Le ménage, les courses, la cuisine, tout cela avait du sens à partir du moment que c'était pour elle. La météo ne changeait pas grand chose, la chaleur du foyer et de la famille étaient là. Une lumière allumée le soir quand on rentre de la promenade du chien, un son de télé quand on rentre des courses, un regard, un sourire, un appel....
Ici plus rien, le vide, le froid, le gris, la solitude, la mort.
Plus personne à soigner, plus personne qui se soucie de moi.
Je ne ménage pas mes efforts pour m'occuper, trouver du réconfort.
Cette semaine, un groupe de paroles de proches-aidants endeuillés, un moment propice pour pleurer, écouter et être écouté. Reconnaître la particularité du deuil des proches-aidants, un amour fusionnel renforcé par la vulnérabilité de l'aidé.
une rencontre avec les responsable du catéchumène, et des échanges avec le temple pour trouver des activités, des enseignements, de la lumière là où tout semble si désolé.
Et puis les obsèques de Philippine, qui rappelle à tous à quel point nous sommes concernés par cette douleur. La séparation qui nous attend, la solitude et le manque.
Un samedi silencieux, qui me rappelle tous ceux aussi passés à l'hôpital. Les allers-retours, les heures à te veiller, à prendre soin de toi, à te chérir pour que tu reprennes des forces jusqu'à ton retour à la maison. Des moments qui me permettaient de réaliser à quel point je t'aime et que tu ne quitteras jamais mon âme.
Désolé pour ce message qui mélange le style indirect et direct, je voudrais tellement partir, les jours sont de plus en plus courts mais tout me semble si long, si long et inutile. Je me perds dans la tristesse d'une existence sans but et sans fin.
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Nous cherchons tous une canne sur laquelle nous appuyer, fût-elle dérisoire (qui rime avec illusoire...).
Vanité des choses terrestres et vacuité du temps qui passe, tel est notre lot à tous ici.
Tuer le temps pour qu'il nous attaque moins, en s'attachant à des activités parfois/souvent futiles.
Une seconde n'égale pas l'autre, une minute n'égale pas la minute d'après, nous jouons les équilibristes.
Nous oscillons dans un monde en plein mouvement, sans être pour autant en phase avec lui.
Qu'il nous faut donc du courage!
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Oui commentfaire,
Quand je pense à tout ce que j'ai fait dans cette période de proche-aidance.
Les allers-retours, les aménagements, les travaux, tout ceci dans le souci du confort et avec l'énergie de l'amour.
Et aujourd'hui, plus rien.
Et ça m'obsède. Me remémorer tout ceci, comme une fierté de l'avoir accompli, mais avec d'autant plus de désolation de ne plus avoir à accomplir. Vivre pour moi n'a pas de sens. Je suis au bureau et je ne pense qu'à partir. Reprendre mon vrai travail qui était celui d'être là face à la vieillesse, ensemble avancer pour profiter des petites choses et de la douceur d'être ensemble. Encore.
Mais il n'y a pas d'échappatoire, la réalité de la vie est implacable.
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Le changement d'heure, l'automne qui s'installe rend les fins de journées particulièrement tristes, et notamment les week-ends. Depuis plusieurs semaines j'évite les souvenirs, car ceux qui me reviennent sont mes échecs, tout ce que j'aurais pu mieux faire pour Maman. Les accidents, les chutes, les hospitalisations. J'étais là mais j'aurais pu faire mieux. Le pire sont les colères, les exaspérations. Heureusement que j'ai toujours mis un point d'honneur à ne jamais resté fâché longtemps, à toujours se réconcilier dans les heures qui suivent une crise. Je savais que tout pouvait basculer rapidement. Mais pourtant ce sont ces souvenirs qui reviennent me poignarder. Alors que je sais bien que toute relation est ponctuée de heurts, car nous sommes humains. Et tout ce qu'on doit retenir, c'est l'amour plus fort que tout.
J'expérimente aussi l'éloignement des proches. Ceux qui demandaient des nouvelles tous les jours, n'en demandent plus du tout. Je comprends, c'est pénible quelqu'un qui répond que ça ne va que moyennement, que l'ennui est là, la tristesse aussi. Mais ça révèle aussi la faiblesse de certains. Incapables d'être présent dans l'accompagnement de la maladie ou de la vieillesse, absents devant les difficultés quand l'être aimé est encore là. Alors comment pourraient ils être présents après le départ du proche ?
Je suis en colère contre ces gens qui cherchent dans la psychologie positive, la consommation, l'individualisme, l'espoir d'un bonheur qui n'existe pas fondamentalement. Maman le savait et désespérait tout le monde avec ses propos. Moi seul la comprenait et aujourd'hui je sais que c'est une vérité. Les gens fuient la vérité. Et je ne veux pas les suivre. Mais le prix ) payer est lourd, c'est celui de la solitude. Maman l'a payé, mais elle m'avait. Je suis désormais complètement seul.
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Bonjour Fox , quand je vous lis, je me retrouve beaucoup dans tout ca, le tristesse de cette période, ce temps si triste , le fait de me retrouver très très souvent voir toujours seule face au manque , a ma peine , a mes regrets de ne pas avoir fait mieux , d'avoir rater beaucoup de chose avec ma petite Maman, de ne pas comprendre pourquoi elle a tellement souffert dans sa vie , peu , voir personne autour de moi comprends ma peine , ma tristesse . alors j'en parle peu ...j 'ai que le soutien de mon jeune frère mais qui ne peux pas toujours être la , il a une famille des enfants et aussi traverser de grand malheur dans sa vie et celui de sa maman comme moi ...
Je me dis que je dois aussi le protéger pour ma maman . amis collègue etc je me rends que je n'ai quasi personne qui me comprends et puisse m apporter un peu de soutient, c 'est effectivement même pénible pour eux de voir ou savoir qu'on va pas fort ... c est très dur, très très dur. je pense toujours, chaque seconde , chaque battement de cœur a ma petite Maman. elle vit en moi , c 'est mon âme sœur , ma flamme jumelle .
Je crains cette période, ces fêtes.... je me console en me disant que Maman est la et qu'elle me donne amour force et courage .
Je me console avec les prières, la foi , je mets toujours une bougie pour ma maman, des anges près de ses photos , je lui parle beaucoup et lui écrit sur un journal, je créer des diaporamas photo musique de ma Maman .
Je cherche un chemin , mon chemin dans une vie qui me semble tellement irréelle , SI TRISTE , je suis complètement paumée, je me dis que ma Maman est la avec les signes merveilleux que j'ai eu et que l'amour est la, encore plus fort ,
que je dois trouver le chemin , le changement que je dois faire dans ma vie pour lui rendre hommage , je prie pour que ma Maman de la haut me guide vers ce que je dois faire, quel est mon chemin .
Vous avez toujours été la pour votre chère Maman et vous lui envoyer beaucoup d'amour , je suis certaine que votre Maman le sent très fort cet amour et l'aide beaucoup , qu'elle vous envoie aussi tout l amour immense qu'elle a pour vous, je ne sais pas comment mais il faut parvenir a continuer notre chemin de vie , jusqu'à ce qu' on retrouve nos chère Maman , elle ne veulent pas nous voir triste et je suis certaine qu' elle nous envoie leur force leur courage , il faut réussir a l'accueillir, ce n'est pas facile du tout, je sais , mais il faut y croire , nos Maman ne sont pas loin et notre amour est fort et éternel.
Beaucoup de courage a vous , je vous comprends et vous rejoins sur tout .
Rester fort pour votre Maman qui continue a vous aimer♥ , courage Fox
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Merci beaucoup Cycy pour ton réconfort.
C'est si difficile de se faire comprendre.
Difficile quand on est si attaché à nos parents de nos vivants, on rentre dans la catégorie "vieux garçons / vieille fille"
Et désormais, orphelins, sans parents, sans enfants, sans attache.
Les ténèbres de l'automne sont désormais bien présentes. J'arrive à ne pas trop y réfléchir en occupant mon temps. Mais le moindre grain de sable, le moindre petit problème pourrait vite me faire entrer dans un terrain anxieux, la saison s'y prête.
Je ne trouve pas de réconfort dans la foi. En revanche, je trouve du réconfort dans les rites, et la sacralité. C'est très fictif car je ne crois pas au sens de ces rites. Mais me dire que l'humanité les suit depuis plusieurs siècles dans des épreuves aussi douloureuse, me rassure. Je ne crois pas en la résurrection, je vais même dire que je ne l'espère pas. Revenir sur terre, retrouver notre corps, franchement quel cadeau !?
J'aime bien l'idée hindouiste, qui veut qu'une fois l'âme prête, elle rejoint une énergie universelle ou l'individu n'existe plus, mais ce fond dans un tout. Ainsi, on ne connaît plus de manque, de rien ni de personne. Je trouve cela plus pertinent qu'une existence post mortem basée sur la poursuite d'une âme individuelle. En revanche, on peu considérer que l'emprunte que cette personne laisse, dans l'âme et le cœur de chacun, est elle, individuelle et unique.
Ce qui m'aide aussi, c'est de regarder tous les jours, les faits divers. Je vois toutes ces personnes qui décèdent, tellement nombreuses chaque jours, tellement différentes, chacun avec leur proches inconsolables, leurs univers, leur métier... La psychologue me dit que ce que je fais est une forme de rationalisation de la mort : donner une explication à quelque chose qui me paraît extraordinaire. Je réalise la banalité de la souffrance et je crois que ça me rassure. Et je me dis que toutes ces âmes, aimées, vont se retrouver dans ce tout, et que Maman est là bas aussi, dans cette force immense qu'on peut appeler Univers, Dieu, etc...
L'empreinte de Maman est de plus en plus présente. Je m'intéresse à la spiritualité qui était son sujet, alors qu'avant ce n'était pas du tout mon truc. Je fais des choses auxquelles elle tenait beaucoup comme beaucoup de gens de sa génération : avoir un intérieur et notamment une cuisine nickelle, cuisiner, avoir des vitres parfaites. J'ai l'impression qu'elle est avec moi quand je fais tout ça. Ca paraît très banal mais c'était son univers, les choses qu'elle avait à coeur, en tant que femme de la classe moyenne, qui n'a pas fait de grandes études. Mais qui pourtant était tellement éclairée, intelligente, précise. Je crois que c'est un moule générationnel qui n'existe plus.
Comme toi cycy, je crois, le plus dur est en effet, de se retrouver seul. C'est peut-être triste à dire, encore plus triste de l'extérieur, mais notre foyer, c'était notre Maman. Que ça fasse pitié ou pas, c'était une réalité qui n'existe plus aujourd'hui, tout comme une personne qui perdrait un conjoint. Le foyer n'existe pas lorsqu'on est seul. On ne rentre plus pour retrouver quelqu'un, et la lumière n'est plus allumée pour nous attendre. C'est tout ceci que nous perdons en plus de l'être aimé.
Mais comme tu dis, le chemin se poursuit de gré ou de force. Dans une torpeur de tristesse et froide, réveillée par des piques de douleurs, de manque, de regrets et de remords.
Pat
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Les premiers flocons. Un gros coup de blues.
Le temps passe si vite et il est en même temps si long à endurer.
La neige, ce ciel blanc. Le sentiment de vulnérabilité et de tristesse. De froid et de solitude.
Le souhait que là où nous finirons tous et où sont nos aimés, ces impressions n'existent pas.
Un Amour, une présence, une chaleur, une lumière qui me manquent tant.
Je t'aime tellement Maman.
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Ces derniers jours ont été très compliqués.
En commençant par ce groupe de paroles de proches-aidants endeuillés.
Je ne me sentais pas trop mal, mais le témoignage d'une dame ayant perdu sa Maman et qui décrivait ses derniers jours à l'hôpital m'ont fait flancher.
Il y a ensuite eu un anniversaire, le jour où il a neigé.
Je me suis rappelé de l'air "tombe de neige" d'Adamo, que Maman fredonnait ces dernières années quand les flocons arrivaient. Une chanson d'une grande tristesse, que j'ai écouté pour la 1e fois en pensant à elle.
Et puis un long week-end, vide, solitaire.
J'ai pu trouver un intermède samedi soir chez une amie. Mais ce fut un répits de courte durée dans ma solitude, et qui a mis l'accent sur le vide que Maman laisse. Cette absence de foyer, que je n'ai pas construit pour moi-même non plus.
Dimanche, je me suis occupé en allant au culte, fini en sanglots, puis courir pour m'épuiser. La journée est passée plus rapidement. Chaque week-end, je vois des jeunes gens de la trentaine mourir d'un arrêt cardiaque lors d'évènements sportifs. Ca ne sera pas pour moi cette fois-ci.
Mais ce lundi matin, la pluie, et le vide toujours là.
La lecture des actualités, des morts, encore. Accident de la route d'un père de famille aimé, d'une jeune femme de 18 ans, d'un collégien renversé par un scooter, d'un ouvrier tombé du toit, des morts dont on ne parle pas, de vieillesse, de maladie, de solitude. La vie et la mort, inextricable couple qui engendre tant de joie, d'amour et de souffrance.
Une vidéo d'une jeune fille de 16 ans qui a perdu sa maman d'un cancer, il y a 5 ans. Romane. Qui m'a soulevé le cœur, par son courage de partager son histoire, sa force de se souvenir.
Je n'ai plus l'envie de continuer. Toutes les raisons du monde ne parviennent pas, cette fois ci, à me consoler, à m'apaiser. Du temps, il faut encore du temps, mais du temps pour aller mieux, afin d'aller où ? afin de faire quoi ?
Une journée de travail qui peut-être m'occupera l'esprit, à défaut de combler mon cœur.
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Bonjour Fox,
Difficile de trouver des mots mais je voulais juste écrire que je te lis et que mes pensées sont avec toi.
Si tu le peux essaie de repenser à des moments de joie avec ta maman, n'importe quoi, même les plus petits, juste pour essayer de sourire, même si ça ne dure qu'une seconde, c'est déjà ça.
Je te partage un peu de force.
Amitiés.
Nathalie
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Bonjour NatVal,
Merci pour ton gentil message, pleine d'attention.
Certains sur ce forum considèrent et exigent une étanchéité entre les deuils. Ainsi, ils imaginent un classement de la douleur, et donc celle de perdre un parent est pour elles, tout en bas de l'échelle. J'ai été assez choqué par ces remarques, car pour moi, la douleur est universelle et ce n'est pas la nomenclature du lien (parent, enfant, conjoint) qui importe, mais bien la force du lien et des habitudes, la cohabitation, l'amour, l'accompagnement dans la maladie qui forge un manque incommensurable après le départ. Evidemment qu'il y a la notion de "l'ordre naturel des choses" qui peut justifier une différence et peut-être réconforter certains dans la perte d'un parent. Mais on ne peut pas juger les sentiments des autres. Quand tu es proche aidant, que tu t'occupes de quelqu'un la majeure partie du temps, que tu n'as pas d'autre famille, et bien, la douleur, l'absence, le vide, sont équivalent à la perte de n'importe quel proche aimé, y compris d'un conjoint.
Je fréquente un groupe de parole d'aidants endeuillés. Et que ce soit perdre un parent ou un conjoint, ces différences ne nous empêchent pas de nous comprendre, d'échanger et tenter de nous réconforter.
S'agissant des souvenirs, j'ai lu que tu arrivais à passer du fou rire aux pleurs. J'en suis incapable (pour le moment ?). Les bons souvenirs, très nombreux ne font qu'accentuer mon manque, l'absence. Alors j'évite de penser et je m'occupe. pas sûr que ce soit la bonne solution et je ne sais pas si un "déclic" existe et permet, à un moment donné, de profiter des souvenirs sans avoir cette tristesse qui nous envahis en même temps.
Merci pour l'envoi de ta force :) je t'envoie de la lumière en retour et je te remercie du partage de ton expérience sur ton fil qui permet de mesurer les chemins tellement différents mais en même temps, tellement semblables, de chacun.
En ce moment, les souvenirs de l'hôpital, de ces longs week-ends froids et tristes dans un hôpital si calme, me hantent chaque samedi et dimanche. J'essaye de les animer autrement, mais chaque répits me renvoie à ces souvenirs. Maman avait pu sortir de l'hôpital et revenir à la maison en décembre, ce qui me rappelle aussi le bonheur que j'avais eu de passer Noël avec elle et le gouffre que je ressens, une année plus tard.
Amicalement,
Pat
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Bonjour Fox,
Il ne devrait certainement pas y avoir de cloisonnement entre les deuils et encore moins de classement de la douleur. Ce qui fait mal dans le deuil c'est le manque de la personne décédée qui est proportionnel à l'attachement, à l'amour, aux liens profonds que l'on avait avec cette personne. Tu as perdu ton monde, peu importe que ce soit parent, conjoint, enfant, ça fait mal c'est tout. Ah le fameux "ordre naturel des choses"! Je connais un peu étant donné que pour certains je ne suis pas dans l'ordre "naturel". Selon ce fameux ordre, perdre un parent est "normal", perdre un enfant est le plus horrible des deuils. Chaque deuil est le plus horrible des deuils pour chaque personne qui le vit.
C'est bien que tu puisses trouver de l'échange et réconfort dans ton groupe de paroles.
Après je pense que beaucoup peuvent lire des fils sur différentes "sections" et être touchés, mais après il faut pouvoir trouver des mots de réconfort au delà de sa propre douleur.
Merci pour ta lumière. J'aimerais pouvoir trouver des mots et des conseils magiques pour que tu puisses trouver un peu d'apaisement, mais il n'y en a pas vraiment. Tout ça est en chacun de nous, c'est à chacun de trouver sa voie en quelque sorte.
Bon courage.
Amitiés.
Nathalie
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Merci de ton écoute et de ta compréhension Nathalie.
Le week-end arrive avec son calme habituel, et je l'appréhende déjà.
J'essaye de trouver ma voie, notamment avec la spiritualité.
Mais chaque religion est tellement différente dans son appréhension de la mort qu'on se dit qu'il n'y a pas de vérité.
Enfin, un jour à la fois, et à la manière des bouddhistes, essayons de lever les voiles de l'ignorance et de la souffrance pour voir le ciel bleu. C'est le travail de toute un vie, ça tombe bien, j'ai le temps. Pas sûr que ça comble mon ennui cependant.
A bientôt Nathalie,
Pat
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Bonjour Pat (je ne sais pas si tu préfères être appelé par ton pseudo ou par le nom que tu signes),
Tu sais spiritualité ne veut pas forcément dire religion. Dans le dictionnaire du Robert il y a 2 "sens". Le 2ème est bien pour "religion" : Croyances et pratiques qui concernent la vie de l'âme, la vie spirituelle. Le 1er est pour "philosophie" : Caractère de ce qui est spirituel, indépendant de la matière.
Et là, tout ce qui n'est pas matériel, ça fait un sujet bien vaste. On peut y rechercher la signification de la mort comme tu le fais dans la religion spécifiquement, mais on peut aussi chercher la signification de la vie.
Je suis actuellement dans une exploration spirituelle. Cette envie de me lancer sur ce chemin a commencé par le besoin de "croire" qu'il y a quelque chose après et pas le néant ce qui serait pour moi un véritable gâchis. Et bien-sûr, s'il y a un au-delà, de savoir si mon épouse était bien, apaisée. Mais en dehors de ce point sur la mort, je cherche aussi le sens sur la vie, parce ce que nous les endeuillés on est encore sur Terre. Et la question à un million c'est, comment on continue à vivre. Et je parle bien de vivre, pas juste survivre.
Donc je cherche. Pas LA vérité parce que d'après moi il n'y en a pas. Il y a plutôt des vérités. Les vérités de chacun, ce qui résonne le plus en soi.
Un point de réflexion, et je n'invente rien je l'ai lu à gauche à droite, c'est de chercher comment honorer les défunts, faire vivre leur mémoire. Qu'est-ce qui tenait à cœur à ta maman ? Humains, animaux ? Peut-être voir auprès d'associations qui ont besoin d'aide. J'ai lu ton fil et à un moment tu parlais de te renseigner sur du bénévolat pour des séniors isolés. As tu donné suite?
Ou ça peut-être quelque chose que ta mère aurait voulu faire et n'a jamais fait ou pu faire. Peut-être le faire pour elle (si c'est réalisable bien-sûr).
Voilà je te souhaite la meilleure 2ème partie de weekend possible.
Amitiés.
Nathalie
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Bonjour Nathalie,
Merci de répondre, ce qui m'ouvre une fenêtre de dialogue et me permets de m'interroger et réfléchir.
Pour la spiritualité, je suis bien d'accord avec toi, et actuellement, je pioche un peu de tous les côté. La sacralité des catholiques, la simplicité du protestantisme, l'apaisement et la lumière du bouddhisme, mais aussi l'hindouisme etc etc...
J'ai en même temps, le sentiment que le néant est tout aussi possible. Et pourquoi pas souhaitable ? Après tout, et au moins, il n'y aurait aucune crainte à avoir. Tout comme notre naissance vient du néant, on y retournerait donc, sans vraiment de dommages, si ce n'est le gâchis que tu évoques !
J'ai passé un week-end glacial. Et j'ai été très mal en voyant émerger une photo en faisant une recherche dans mes photo. Une photo de Maman, il y a 3 ans. Son regard, notre infinie complicité m'a manqué tout d'un coup et je me suis effondré en sanglots.
Un week-end glacial et vide. Je me rends compte qu'a part le culte du dimanche matin, et la boulangerie, je peux rester sans parler à personne, hormis mon chien, 2 ou 3 jours d'affilés. C'est affolant. Alors oui j'avais bien conscience d'être devenu un vieux garçon, et c'est la conséquence assez classique d'un amour fusionnel avec ma mère. Mais être aussi esseulé, sans réussir à avoir aucune adhésion d'aucune sorte avec personne qui s'intéresse à mon sort, je trouve ça effrayant. Je suis sans doute responsable en partie. Evidemment je suis passé à côté de la construction d'une famille, projet qui engouffre toute l'attention des gens de mon âge. Je n'ai pas non plus investi ma vie professionnelle, pas envie de travailler pour un intérêt collectif qui n'a plus de sens pour personne. je me suis construit une sécurité qui me suffisait.
Et tout mon temps était dévolu à construire une bulle autour de Maman, et c'est à travers ce rôle que je m'était construit une petite communauté qui m'était chère, dans un village où je connaissais les professionnels de soins, les commerçants, les voisins... On y était bien et on était jamais seuls, avec Maman.
Mais désormais, de retour à Paris, sans attache, sans habitudes, et malgré mes efforts pour être avenants et m'intéresser aux autres, personne ne m'appelle, personne ne m'invite ou rarement, et mes sorties sont sans intérêt et d'une tristesse infinie.
Alors, comme toi, je me fixe des défis sportifs. J'ai fait une courses en équipe avec des collègues, je fais un 10 km prochainement, et peut-être que je viserai un semi. Je suis sur instragram une jeune fille dont l'objectif est de devenir marathonienne suite au décès de son père. Elle avale les km pour dissoudre son chagrin.
Mais ça ne dure pas. Et la solitude revient vite, comme quand tu rentres après ta séance d'équitation. Evidemment, on s'y fait. Ca m'a rassuré de lire que certain.e, passe le réveillon de Noël seul, et s'y sont fait. Une vie seule est possible. mais quelle douleur de l'accepter.
Je crois que je ne retrouverai jamais une telle complicité et c'est ce qui me fait peur aujourd'hui.
Quand Maman était là, et les longues nuits de froid au ciel clair, comme en ce moment, je me rappelle que je fixais la lune, avec ce doux sentiment de sécurité, de chaleur, d'un foyer, exactement comme quand écoute la pluie ou qu'on voit la neige depuis un lit douillet. Et alors je pensais à Neil Armstrong, en me demandant, comment peut-on, en tant qu'humain, accepter de partir à 400 000 km de la Terre, risquer sa vie, partir dans l'univers et la solitude la plus absolue ? Je ne comprenais pas sauf que je me demandais si ce n'est finalement pas la mort de sa petite fille de 2 ans, Karen, qui l'a détaché de la terre, de son foyer, de la vie.
Et ce week-end, je regardais la lune, et ce sentiment de sécurité, de chaleur du foyer n'était plus là. Et j'ai alors pu confirmer que c'est certainement ce sentiment de manque, de perte, de vide, qui avait ouvert à Neil Armstrong la possibilité de partir, sans se retourner, au risque de sa vie pour explorer la lune.
La petite histoire raconte que sur l'une des vidéo où on le voit s'éloigner de la caméra, de dos, sans savoir ce qu'il fait et où il va, il est en fait en train de déposer le bracelet de sa fille dans un cratère. Le film "the first man" avec Ryan Gossling le montre et je trouve ça très émouvant.
Bon après les deux autres astronautes, partis avec lui, avaient sûrement d'autres raisons et motivations de partir, mais c'est ce que m'inspire cette conquête de la lune, et le froid que je ressens quand je la regarde. Et désormais, ce sentiment de ne plus tout à fait appartenir uniquement à cette terre, mais de devoir m'en détacher pour retrouver un foyer plus essentiel. Et pour ça, j'ai théoriquement de longues années à attendre.
J'ai été long à écrire, mais je crois que ça m'a fait du bien car depuis ce matin, je ressasse ce week-end avec la crainte du prochain. Heureusement, vendredi soir je suis invité et j'essayerai de faire bonne figure.
D'ailleurs, je me demande bien pourquoi il n'existe pas d'association d'"être ensemble" qui permettrait juste de trouver un lieu ou une activité à partager avec des gens dans le même mood que soit, c'est à dire, endeuillés. Sans forcément devoir en parler mais avec la liberté de ne pas avoir à sourire, et savoir que son voisin comprends les sentiments qui nous traverse. Ce pourrait être un espace du samedi avec simplement une présence. Je vais y réfléchir, mais à part une paroisse pour organiser cela, je ne vois pas trop quelle structure pourrait s'intéresser à un tel projet.
Tu vois Nathalie, tu m'as permis de m'ouvrir et d'écrire, et je t'en remercie. Parfois un simple renvoi de balle, un petit ping pong de paroles peut soulager et c'est ce qui manque sur la partie "perte d'un parent". Ce qui isole encore plus ceux qui témoignent et les font passer pour des "hypersensibles" ou des gens mal dans leur peau (ce qui n'est pas impossible en effet). Le forum "perte d'un conjoint" est plus animé et plus solidaire, alors ça rejoint notre échange sur la hiérarchie des deuils, mais heureusement, tu ne partages pas cette vision.
Je suis au travail, mais j'ai très envie de rentrer chez moi, et ne plus ressortir, je ne me sens pas la force d'être agréable ou l'énergie de faire quoique ce soit. C'est l'ennui qui me remplit actuellement, malgré tous mes efforts pour m'intéresser à bien des choses. C'est peut-être mon tempérament...
Ca me fait d'ailleurs penser à une de tes remarques : honorer les disparus en réalisant leurs envies, leurs projets. Le sujet avec Maman est difficile, car comme une ascète, elle n'avait jamais envie de rien, ni de personne, et je crois avoir hérité de cette sobriété. Maman était fatiguée de vivre, et surtout impatiente de tourner la page. Je crois que ce doit être une vraie douleur pour beaucoup de personnes qui perdent leur autonomie, leur capacité à faire ce dont ils ont envie en toute autonomie. Alors la vie se résume à une répétition de journées sans but, à attendre, à attendre, à attendre : les auxiliaire pour le levée, l'infirmière pour la toilette, l'auxiliaire pour le repas, les infos, la télé, la sieste etc...
Cet aspect là m'aidait à un moment donné, en me disant que partir était le souhait de Maman, fatiguée et las d'une vie accomplie et sans but. Et c'est la différence avec d'autres morts, qui intervient en pleine force de l'âge et bien happer des projets en cours ou à venir. Mais cette résolution ne fonctionne pas en ce moment, sûrement parce que je pense à moi, à ma solitude et à mon envie qu'elle soit là, à l'insu de son plein gré peut-être.
Je me sens un peu délesté alors je quitte mon fil en espérant avoir un peu de regain d'énergie pour faire quelque chose d'utile de ma journée.
A bientôt Nathalie,
Amicalement,
Pat
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Bonjour Pat,
Je suis bien contente de t'ouvrir une fenêtre de dialogue. C'est vrai que pour toi, poster ici s'apparente souvent à un monologue, une sorte de journal intime. Et, s'il est utile et bénéfique de pouvoir vider son sac comme on dit, c'est bien aussi d'avoir comme tu l'écris un renvoi de balle. Sache que cet échange est aussi très enrichissant pour moi. C'est ce qui me manque aussi parfois maintenant, un dialogue, un échange, une discussion. MF représentait un tout, et comme toi avec ta Maman, on se comprenait, avec bien-sûr quelques différends. On était comme 2 extraterrestres qui s'étaient trouvés et se demandaient ce qu'ils faisaient dans ce monde.
Par rapport à ce que tu écris sur l'aspect de "souhait" de partir de ta Maman par rapport à ce qu'était devenu sa vie, et que cela aide au début mais plus après et que tu souhaiterais qu'elle soit encore là malgré elle, je comprends le sentiment. C'est humain. On peut avoir tout l'amour du monde pour la personne décédée, se dire que la mort est une délivrance et qu'on ne peut pas souhaiter qu'elle continue à souffrir. Mais au bout du compte on se retrouve seul(e) et on se dit, hé ho, vous m'avez oublié ! Les premiers jours après le décès de mon épouse je "criais" intérieurement "je suis vraiment seule maintenant". Depuis j'ai pu trouver un peu d'apaisement avec tout ce travail de réflexion sur la vie qui continue et le sens à lui donner.
Pour ce qui est de la solitude, je suis quelqu'un avec un tempérament plutôt solitaire à la base, du coup ça donne quelques "armes". J'arrive à ne pas craindre la solitude, à l'apprécier à certains moments. Et à faire certaines démarches pour essayer d'avoir des ilots de socialisation. Le travail n'est pas encore fini à ce niveau là.
En fait je crois qu'une partie de ce que l'on peut ressentir en étant seul(e), à part la tristesse et le manque de l'être cher avec qui on partageait tout notre monde, est induit par une certaine pression sociale. Il ne faut pas être seul, c'est forcément triste d'être seul. Tu parles de cette fameuse expression "vieux garçon", de la construction d'une famille qui doit être le but des gens de ton âge. Tout ça c'est un moule qui nous est présenté comme quelque chose auquel on doit se conformer. Du coup, et ce n'est pas le plus facile, il peut être utile de se demander ce que l'on souhaite vraiment pour soi sans tenir compte de concepts et d'idées prédéfinis. Tout un travail.
C'est bien pour la course à pied. C'est toujours utile pour garder un peu la forme, et si on peut éviter de se rajouter des problèmes de santé aux maux que l'on a déjà c'est mieux, et puis c'est aussi un bon défouloir. Et mine de rien il faut aussi y penser comme un accomplissement. Tu es capable de faire ça, et ce n'est pas rien.
Je ne connaissais pas l'histoire de la fille de Neil Armstrong. Ca peut être une explication à cette envie d'explorer la lune malgré le risque. En fait je comprends le concept de poursuivre un rêve qui peut paraitre dangereux, sans pour autant avoir des tendances suicidaires. Et parfois tu peux rester bien tranquillement sur Terre et avoir un accident bête mais mortel. Après quand il y a des proches de l'autre côté, ce n'est pas toujours facile d'avoir un équilibre entre la personne qui veut accomplir un rêve, une passion, et l'inquiétude des proches.
Depuis enfant j'ai ce genre de rêve utopique de pouvoir voler, comme un oiseau ou comme un super-héros. Il y a quelques années on était allé à une fête foraine avec MF et quelques membres de sa famille. Il y avait un manège que j'ai tout de suite eu envie de prendre en le voyant. Il s'agissait d'une sorte de grande roue à l'horizontal qui pouvait monter et descendre le long d'un axe vertical, plutôt très haut. La roue pouvait aussi tourner. Tout au long de cette roue, à intervalles réguliers étaient attachés des câbles. Au bout de chacun des câbles on attachait des personnes qui avaient enfilé au préalable une combinaison aérodynamique genre ceux qui sautent du haut d'une montagne et planent pendant un bon moment. Il y avait 2 attaches dans le dos ce qui faisait que l'on se retrouvait à l'horizontal, face vers le sol. Quand la roue était montée et tournait, avec la force centrifuge, en écartant bras et jambes, on pouvait avoir l'impression de voler.
J'avais donc envie de prendre ce manège et MF, me connaissant, avait bien compris ça. Je lui ai demandé si je pouvais le prendre, pas pour demander une autorisation ou une permission, mais comme je savais qu'elle allait s'inquiéter, je voulais m'assurer que c'était ok, et j'ai même insisté pour qu'elle soit sûre. Elle a dit oui. Mais pendant mon tour là-haut, j'étais partagée entre le fait de profiter de la vue et des sensations et un sentiment de culpabilité en essayant de l'apercevoir tout en bas en imaginant l'inquiétude qu'elle pouvait ressentir. Je savais au fond de moi qu'elle avait dit oui par amour mais qu'au fond elle devait crier "non ne prends pas ça".
J'avais potentiellement d'autres "rêves" comme prendre des cours de pilotages par exemple. Mais, en dehors du coup financier, je ne l'ai pas fait car c'était ok pour moi de faire des compromis pour ne pas causer une inquiétude insupportable pour l'autre.
Donc je comprends les 2 points de vue qui veulent que ça peut être ok de poursuivre ses rêves, et le point de vue qui estime que quand on aime une ou des personnes, on ne prend pas de "risques inconsidérés".
Pour ton idée d'association "d'être ensemble", je trouve que c'est une bonne idée. Et je ne peux que t'encourager à creuser le concept. Je n'ai pas forcément de conseils "pratiques", peut-être peux-tu essayer d'abord sur ce forum en ouvrant un fil dans "Discussions générales" pour proposer des sorties. La région parisienne c'est assez peuplé, je me dis qu'il devrait potentiellement avoir un certain nombre de personnes concernées. Dans une note d'humour, je crois que tu as pu comprendre que j'essaie d'en placer dès que je peux, j'imaginais le "slogan" pour annoncer ce genre de sortie genre "Sourire absolument pas exigé. Bonne humeur complètement facultative. Tirage de tronche bienvenu".
Bon voilà je termine sur cette pointe d'humour.
A bientôt Pat.
Amitiés.
Nathalie
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Nous y voilà
Ce fameux Noël. Célébration de l'espoir nouveau.
Ce sera sans moi cette année. Seul, je préfère faire comme si de rien n'était car je ne peux imaginer faire semblant de festoyer alors que tout me rappelle Maman.
Ce n'était jamais grand chose. Un repas amélioré. Une coupe de champagne. Mais le plus beau des cadeaux : la conscience de vivre ce moment ensemble et de ne pas s'abandonner. Je n'ai jamais voulu être ailleurs que là avec Maman.
Est-ce une consolation aujourd'hui ? Avoir pu profiter de TOUS les moments possibles et offerts. Assurément. Et en même temps le vide abyssal que cela laisse aujourd'hui. La solitude. L'indifférence.
Dans les magasins, les rues, les gens s'affairent,heureux de retrouver leurs proches et enthousiastes de profiter de bonnes choses. J'ai jamais eu ce goût matérialiste. Mais j'avais l'essentiel, l'amour d'un foyer. Je ne l'ai même plus.
Je ne retrouve personne qui porte cela, à vue d'œil. Personne avec le regard lourd. La tristesse. Le poids de l'absence sur les épaules. L'impression d'être bien seul dans cette foule enthousiaste et joyeuse. Ça n'a pas de sens.
A la place du champagne, j'allumerai une bougie. Et j'irai me coucher tôt. Me demandant combien de Noël aussi insipides j'aurais à passer dans ma vie.
Je penserai aussi à ceux qui ont perdu une partie d'eux même cette année. Et qui discrètement, comme moi, s'écartent de la foule. Il y en a tant finalement.
Douce nuit Maman. Je t'aime.
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Dernier jour de cette douloureuse année.
Réveil en sanglot, à côté du chien que maman avait sauvé et duquel elle prenait tant soin. Une attache à la vie. A sa raison d'être qui a été de pré dire soin des autres.
Cette douleur de me souvenir d'elle soulevant la couette pour découvrir ce petit chien profitant de sa chaleur. Toute la semaine ce sont des souvenirs de ses soins, ses patte tuons permanente, sa rigueur qui me reviennent. Ce foyer toujours préparé pour ma venue. Ces draps impeccables. Ces odeurs. Ces allers et venues pour améliorer son quotidien et s'occuper.
Tous ces souvenirs me brûlent ce matin. J'ai mal. Le manque est immense. J'ai hâte de terminer cette année, et en même temps c'est s'éloigner toujours plus de son existence. Et en même temps ça n'a aucun sens, ce ne sont que des dates, ce n'est que le temps.
Chaque jour je me force à plonger dans la souffrance des autres, appréhender à quel point la mort est partout et à chacun. Ça marche le plus souvent. Ça détourne mon attention de moi même. Mais pas ce matin. Ma souffrance est là. L'infini perte, l'infini manque, cette absence définitive est insupportable. Le "ça devait arriver un jour" ne me console pas. Pas aujourd'hui.
Je t'aime Maman.
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Il y a beaucoup plus de gens que tu ne le penses qui sont touchés par un deuil douloureux, parmi les personnes que tu croises quotidiennement par exemple en faisant tes courses.
Mais ils s'efforcent de ne pas montrer leur peine, ils "font les fiers" en présence d'autrui. Ils considèrent que les autres n'ont pas à être importunés par leurs souffrances qui, somme toute, sont intimes.
Tu n'as qu'à voir Eva Luna, qui a perdu sa fille, depuis tant d'années elle essaie de donner le change face aux autres, alors qu'elle est complètement mortifiée par la perte de sa petite.
"Ca devait arriver", et oui, c'est une chanson qu'on entend depuis qu'on est très jeunes, mais on comprend vraiment les implications de ces pertes irréparables uniquement lorsqu'on y est concrètement confrontés. C'est humain, de ne pas imaginer le pire pour ses proches.
Ces derniers mois, j'ai senti (très confusément) la présence de ma maman auprès de moi, c'est très rare (sauf quand je rêve d'elle) et relativement récent. J'essaie de croire qu'il y a une possibilité pour que l'au-delà existe, mais je ne peux pas l'affirmer, on le saura lorsque ce sera à notre tour de partir.
C'est une des raisons qui me fait te demander de mettre un bémol à ce que tu appelles une "absence définitive" car soit l'au-delà existe et tu retrouveras ta maman, soit il n'existe pas et tes souffrances (ainsi que tout autre sentiment) s'arrêteront à l'instant même où tu partiras à ton tour.
Si l'au-delà existe, je n'espère qu'une chose, c'est que nos mamans se trouvent en ce moment avec des gens qu'elles aiment.
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Jeudi 17H.
Chaque semaine, c'était le point de départ d'un blablabcar pour rentrer chez Maman, vers 19H30, et commencer un long week-end, en prenant la relève des auxiliaires.
Un moment attendu par moi, mais aussi évidemment par Maman qui pouvait souffler, se sentant enfin en sécurité avec son fils à la maison, qui assurerait une présence surtout la nuit, où l'angoisse d'être seule était souvent présente.
Jeudi 17H, c'était un moment agréable. Un trajet serein, 2h30 de discussion avec des inconnus ou de lecture, de rêveries dans le confort d'une voiture. Content de maîtriser la situation, de régler les problème, de pouvoir prendre soin de Maman tout en ménageant la partie professionnelle. Bref, la satisfaction et la plénitude d'une vie remplie.
Jeudi 17H, une respiration avant un week-end de corvées : télétravail, courses, ménage, sorties, bassins, jardinage. Mais surtout un week-end d'amour, de bienveillance, de complicité.
Il y a 9 mois, ce jeudi 17H a été le dernier. Le plus douloureux qui soit. Le doute mais sans illusion, de ce qui allait advenir.
Aujourd'hui, jeudi 17H, le vide, la solitude. La promesse de rien si ce n'est un week-end inutile de plus.
La vie d'un vieux-garçon certainement, qui n'aura pas réussi à construire sa vie et faire sa place.
Je t'aime Maman.
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Je me suis inscrit aux petits frères des pauvres, pour accompagner une personne âgée et lui éviter trop de solitude. C'est une manière de poursuivre, de façon beaucoup plus légère, mon chemin d'aidance auprès de Maman.
J'ai donc rencontré la personne que l'association m'a désignée, elle est finalement beaucoup plus jeune que ce que je pensais (67 ans), et est très gentille.
Hier je devais l'appeler pour fixer les modalités de notre sortie de dimanche. Mais je n'ai pas pu. J'ai eu un haut-le-coeur.
Cet appel que je devais passer m'a rappelé tous les appels que je n'ai plus passé à Maman depuis qu'elle est partie, et j'ai trouvé injuste de passé un appel à quelqu'un d'autre qu'à Maman.
Sentiment absurde mais que je sais partagé par tout ceux qui traversent cette épreuve. L'impression que le temps que nous ne passons plus avec nos aimés ne devrait pas être consacré à d'autres. J'ai déjà lu cela, de Mamans notamment qui ont du mal à s'occuper de leurs "autres" enfants et ce sentiment très douloureux et amère de ne plus être là pour ceux qui restent.
Un peu plus tard, j'ai réussi à appeler cette dame, elle était très contente de cette sortie. Elle n'est pas très douée avec son téléphone, et encore moins avec internet. Elle ne l'utilise pas du tout. Là encore, je n'ai pas pu m'empêcher de faire la comparaison avec Maman, qui pour son âge, se débrouillait très bien avec son smartphone.
Je fais un piètre bénévole. Mais j'en ai au moins conscience. Est-ce que je suis assez avancé dans mon deuil pour réaliser cette mission sans être dans la comparaison et l'amertume de ce temps que je ne passe pas avec Maman.
On verra bien, l'important c'est tout de même de créer des liens et d'intégrer la vie de mon quartier.
Plus globalement, le sentiment d'en vouloir à tout ceux qui ont encore leur parents, leurs enfants, ceux qui vivent au-delà de l'âge de disparition du proche, est difficile à gérer. J'évite au maximum de les voir, de les écouter. Là encore, quel sentiment d'aigreur compliqué à gérer.
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Bonjour Pat,
C'est bien d'avoir fait cette démarche. Même si pour l'instant c'est difficile avec ce sentiment de "trahir" ta maman, tu l'a fait. Tu as lancé la machine si on peut dire.
Je comprends ce sentiment de se demander si on a "droit" de faire ceci, cela avec d'autres personnes alors que l'on ne peut plus faire avec la personne disparue. Et le fait d'en "vouloir" aux autres pour avoir ce que l'on n'a plus. C'est humain et ça fait partie du deuil. Le tout c'est d'essayer de ne pas se laisser envahir complètement par ces sentiments. Mais ils sont là et il faut aussi les accepter. J'ai beaucoup lu qu'il fallait "accueillir" ses émotions. Et je pense que c'est bénéfique. La colère, la tristesse, mais aussi un peu de joie ou de sourire ou tout autre chose. Il faut les laisser s'exprimer pour pas que ça ronge de l'intérieur après.
Après il faut tout doucement arriver à te convaincre que tu peux donner de ton temps et de ta bienveillance à d'autres personnes que ta maman. Ce n'est pas la "remplacer", c'est juste partager de l'amour, et ça chacun de nous en a potentiellement une source inépuisable.
Bon courage pour la suite, et non tu n'es pas un piètre bénévole, rien que le fait d'être bénévole tout court est très bien.
Amitiés.
Nathalie
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Bonjour Nat,
Merci pour ton témoignage et ton soutien. J'espère que tu te portes le mieux possible. Tu as toujours l'air d'avoir beaucoup d'énergie, et de réussir à rebondir. Et oui, comme tu dis, j'accueille mes émotions et c'est bien pour ça que je les écris ici. Il n'y a bien qu'ici qu'on peut partager ce genre de sentiment. Pas toujours reluisants, mais sincères.
Comme toi, j'aimerais beaucoup m'investir dans le bien-être animal. Mais les refuges n'acceptent pas de bénévoles. Je pense qu'ils ont trop de demande sur Paris. Idem à la fondation Brigitte Bardot. Par contre, je vais faire les entretiens pour devenir délégué enquêteur à la SPA. Maman m'a donné sa profonde indignation envers la maltraitance animale, alors ce serait lui rendre hommage. Et je crois qu'elle n'aurait pas trop aimé que je fasse ça de son vivant, car elle aurait craint pour ma sécurité. Elle était toujours très inquiète. Mais au contraire, je pense que les interventions sont très encadrées, en binômes et que on n'est plus face aux détresses sociales qu'à une opposition violente. J'aimerais aussi intégrer des associations militantes sur le droit des animaux d'élevage et la lutte contre la maltraitance industrielle (L214). Mais je n'ai pas trouvé de porte d'entrée pour l'instant.
Et puis à côté de ça, pourquoi pas être foyer d'accueil temporaire d'un chien ou d'un chat. J'ai déjà hérité d'un chien, alors ce pourrait être une source de satisfaction et de consolation que d'accueillir, le temps qu'il faut, un autre animal. Le réconfort qu'on éprouve en s'occupant d'eux est vraiment incroyable.
Sur l'instant, tout ceci occupe c'est vrai et dessine une trame de vie. Mais le sens profond de la vie n'est toujours pas présent. Une amie qui vit le décès de son époux disait que c'est une nouvelle vie. Je l'ai corrigé pour lui dire que c'était plutôt une "autre" vie. Car cette vie n'apparaît pas pour la 1e fois, elle est imprimée malgré tout de tous les souvenirs. Et puis il n'ya pas du tout l'élan de la nouveauté. Au contraire, il faut d'abord retrouver l'énergie pour se relancer et avancer.
Un jour à la fois.
Est-ce que tu as pu accompagner l'euthanasie du petit chien esseulé de la SPA ?
J'ai assisté à l'euthanasie du chien en 2017 avec Maman. Ca a été terriblement douloureux. Nous étions tous les deux pour nous soutenir. J'ai mis plusieurs mois à m'en remettre. Jusqu'à ne plus y penser. Je me demande si c'est pareil avec nos aimés. Je ne l'espère pas. Et pourtant, ce pourrait être la même chose proportionnellement.
En tous cas, j'avais vu un appel de vétérinaires sur les réseaux sociaux qui demandaient aux maîtres de ne pas laisser leur animaux seuls face à l'euthanasie? Souvent, face à la douleur, ils préfèrent ne pas assister à cette fin. Et pourtant le vétérinaire expliquait que c'était à ce moment là, précisément, qu'ils avaient besoin de leur maître et que c'était bien la moindre des choses que de leur rendre tout leur amour en les accompagnant dans ce départ. C'est bien là qu'on doit prendre conscience que l'Amour est plus fort que la mort et que l'Amour permet de faire face à la douleur. Je ne comprends pas qu'on puisse abandonner son compagnon face à l'inconnu.
C'est peut-être cette "sensibilité" qui fait qu'aujourd'hui, le deuil est si compliqué ? Mais je ne crois pas vouloir être autrement.
Amitiés,
Pat
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Bonjour Pat,
C'est bien toutes tes pistes pour t'engager dans le bien-être animal. C'est bizarre qu'ils ne prennent pas de bénévoles où tu es. C'est vrai que moi où je vais c'est un petit refuge indépendant qui fonctionne entièrement avec des dons et des bénévoles. Donc ils ne vont pas vraiment en refuser, sauf si tu fais n'importe quoi.
Bien-sûr par rapport à toutes ces activités il ne s'agit pas de remplacer le manque, c'est irremplaçable. Mais pour moi c'est donner un sens à la vie, trouver quelque chose qui me parle et puisse me permettre de sentir que je vis et non juste survivre en attendant que...
Pour le chien euthanasié c'était un berger allemand de 7 ans, abandonné à cause de l'arrivée d'un bébé dans la famille (histoire courante hélas). Je n'ai pas connu son arrivée il y a 6 mois de ça, mais j'ai vu des photos et il était dans un état déplorable. Il a repris un peu de poil de la bête comme on dit, mais il avait des problèmes de santé, en plus de son âge. Il avait gardé aussi quelques séquelles psychologiques et c'était un chien dont tous les bénévoles ne pouvaient s'occuper car il pouvait mordre. Un peu avant son départ, j'avais voulu l'habituer un peu à moi pour que je puisse aussi m'occuper de son box. Par 2 fois avec d'autres bénévoles j'ai pu rester lorsque l'on nettoyait son box et il a accepté des friandises très délicatement et il n'a pas grogné comme il pouvait faire avec d'autres. Cela a été mes seuls vrais contacts avec lui, et je me sens honorée d'avoir pu avoir ça.
Le jour de l'euthanasie, j'étais potentiellement disponible pour être physiquement présente mais je ne suis pas allée, la journée d'avant avait été fatigante physiquement et émotionnellement. J'avais besoin d'un peu de repos. Il y a eu tout une série de messages de "soutien" sur un groupe WhatsApp utilisé par le refuge. On a été plusieurs à allumer une bougie pour lui. Je l'ai fait de mon côté. Et j'ai été un peu surprise, et en même temps pas tant que ça, par l'émotion que j'ai ressentie. Je sais que tout ça était accentué parce que je revivais la mort de mon épouse. Ce n'était pas une euthanasie dans son cas (pas encore possible en France), mais c'était une fin de vie "prévue", pas soudaine. Donc mon cerveau (cœur) faisait forcément un parallèle.
Et en plus, je me suis mise de façon tout à fait consciente et consentante, dans une situation qui va potentiellement me faire vivre une expérience de ce genre et de façon encore plus personnelle. Je me suis lancée dans un projet d'adoption d'un vieux grand loulou de 13 ans qui vient d'un refuge en Espagne. Le nouveau membre de la famille s'appelle Somi et est arrivé dimanche avec la tempête nommée par les espagnols Herminia ! Comme si c'était fait exprès :) Il est super cool, très pot de colle et est encore en bonne forme. Je sais que, en théorie, je n'aurais que peu de temps avec lui et donc je m'expose à un autre deuil. Mais, comme tu l'écris à un moment dans ton message, c'est la moindre des choses de pouvoir accompagner son reste de vie du mieux que je peux, parce que lui il a une source inépuisable d'amour pour moi, même si ça ne fait que 5 jours qu'il me connait.
Ton idée d'être famille d'accueil est chouette. C'est sûr que ça permet de leur donner de meilleurs conditions de vie que celle en box en attendant de futurs adoptants. Après je pense qu'il faut faire attention au fait que l'on va forcément s'attacher et qu'il faudra savoir les laisser partir.
Tu parles de sensibilité qui rendrait le deuil si compliqué, et tu dis aussi ne pas vouloir être autrement. Je partage également ton opinion. Je trouve que c'est bien d'avoir une "sensibilité". Bien-sûr il y a forcément le revers de la médaille qui fait que certaines situations négatives sont encore plus difficiles à vivre. Mais pour le côté "positif", ça vaut le coup.
Amitiés.
Nathalie.
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Durant ces 11 premiers mois de deuil, mais aussi durant les 4 années de fin de vie de Maman, j'ai pu compter sur une présence, une chaleur, un amour, discret mais entier. Celui d'un chien qui m'a accompagné ces 5 dernières années avec stabilité et fidélité.
Cet amour de chien, mon petit chou d'amour, est parti ce matin, rejoindre sa Maman, ses Mamans et ses amis. Ce départ est brutal et il ravive la douleur du deuil et ma solitude. Surtout il remet sur le tapis le manque de sens de toute cette mascarade. A quoi bon, si tout doit finir un jour ?
Certes ce n'était qu'un chien, mais il a été le réceptacle de mes pleurs, de ma douleurs, de mes doutes, de mes joies, de mes jeux. Tant de souvenirs à nouveaux qui se referment. Un lien, une continuité avec Maman qui se rompt. C'est insupportable.
Merci Djudju, mon amour de Juk, de toute ta gentillesse, de ton flegme, de tes câlins, lové contre moi. Je ne sais pas du tout comment gérer cette nouvelle épreuve. Les bras m'en tombent et je suis au fond du trou, épuisé. Je sais juste que tu seras accueilli et choyé par Maman, et ton âme est bénie. Car tu as été le support de mon amour, de celui de Maman, et que tu mérites d'être bien là où tu es. J'ai fait en sorte que tu ne sois pas seul, jusqu'au dernier souffle. Mort dans mes bras, encore une fois avec ta trogne irrésistible et moi en sanglot.
J'espère t'avoir apporté, malgré la maladie, un peu de confort et ce sentiment unique d'amour entre un chien et son maître. De t'avoir apporté suffisamment d'attention et de présence. Cette nuit, dans mon lit, sans t'avoir à coté de moi va être très dur. Tu attendais ce moment avec impatience et délice, te lover au chaud dans la couette pour y passer la nuit, et si possible faire la grâce mat. Mon chien, merci pour tout cela. Ce sentiment de rentrer pour quelqu'un, de t'avoir à m'attendre gentiment à la maison, sans jamais te plaindre, sans jamais rien demander, va être remplacé par un énorme vide. Je ne sais pas comment supporter ce nouveau départ. Tu m'a forcé à sortir quand les choses allaient si mal. A discuter avec des inconnus. Et là maintenant, à quoi ma vie va ressembler ?
Je t'aime Juk, je t'aime Maman. Prenez soin l'un de l'autre, où que vous soyez.
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Bonjour Pat,
Quelle triste nouvelle. Un deuil qui se rajoute à un deuil. Non ce n'était pas qu'un chien, c'était un compagnon de vie. Deux êtres très chers à toi sont maintenant réunis. Je sais que ce n'est pas forcément facile de trouver du réconfort dans ça, parce que nous pauvres êtres encore incarnés sur Terre, on se retrouve seuls maintenant. Il faut essayer de croire très fort qu'ils sont d'une autre façon toujours à tes côtés et t'entourent de leur amour.
Je pense à toi et espère par ces quelques mots t'apporter du courage et de la force.
Amitiés.
Nathalie
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Merci beaucoup Nathalie pour ton message.
Tu as tout à fait raison, le plus dur aujourd'hui, c'est de rester seul. Seul témoin du vécu de ces dernières années. Seul dans l'instant présent, et je redoute le week-end à venir sans mon petit chien qui, par ses allers et venues, ses ronflements, ses sorties, ses câlins, va me faire à nouveau gamberger comme je ne le devrais pas. Cette solitude est folle. Je savais que ce petit-père était important pour moi, je sous-estimais son importance dans mon maintien à flot.
Et puis, une nouvelle fois, ce sont tous mes repères qui sont bousculés et qu'il faut, à nouveau reconstruire. Mes petites habitudes qui disparaissent et derrière, la démotivation, le manque d'envie de recommencer, de vivre.
Juk m'avait permis aussi de rencontrer des gens du quartier, il attirait tous les autres chiens et ça permet de discuter. Là je n'ai plus ce lien. Oui, vraiment c'est très très difficile.
J'espère que tu vas bien de ton côté. Tu ne témoigne plus sur ton fil et je remarque que globalement, l'activité est calme sur le forum par rapport aux mois précédents.
Bonne journée, ici à Paris le soleil est revenu. Je dois voir le véto demain pour comprendre comment Juk est parti si vite, en 12H tout s'est déclenché. En lisant des forums, je constate que c'est assez commun. Les animaux luttent sans que le cancer ne se voient. On pense que c'est le vieillissement. Et puis du jour au lendemain, une hémorragie, une rupture provoquée par le cancer et tout s'effondre. C'est certainement mieux d'abréger cette souffrance plutôt que subir une agonie prolongée et des soins douloureux. Mais la brutalité est difficile à digérer. Je le voyais, je nous voyais vieillir ensemble encore au moins un ou deux ans. Il a 11 ans, je m'étais dit, allez on va jusqu'à 14. Mais le sort en a décidé autrement.
Ca me repose la question de l'inégalité de chacun dans sa santé. Des gens qui meurent à 100 ans et d'autres à 40.
Ce que j'ai appris c'est que 1/4 des animaux, mais aussi 1/4 des humains, décèdent d'un cancer. C'est abominable.
Sur ces tristes réflexions, je te souhaite une bonne journée.
Pat
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De tout cœur avec vous
Solidairement
Philippe
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Merci Philippe.
Le vétérinaire m'a expliqué que la tumeur du foie du Juk était de la taille d'une mandarine, sans doute maligne.
Je n'avais rien remarqué dans son comportement les semaines précédentes. Il m'a expliqué que parfois, ça passe inaperçu jusqu'à une dégradation subite : en l'occurrence, soit une pancréatite soudaine, ou bien, plus certainement, un syndrome paraneoplasique. L'avantage, si on peut dire les choses comme ça, c'est qu'il n'aura commencé à souffrir qu'une quinzaine d'heures avant de prendre la décision de l'euthanasier. Il n'a pas eu le temps d'agoniser. Mais cette perte subite est très difficile à digérer. Mais le véto m'a répété, aucun regret, il était impossible d'agir devant cette tumeur. Une fois cela dit, je me retrouve tout seul pour un long week end. Juk était vraiment ma bouée d'amour.
J'espère que tu arrives à t'occuper de ton chien souffrant, mais j'imagine à quel point cela doit être dur.
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Bonjour "Fox", je t'écris pour réagir à deux de tes pensées que tu veux bien partager avec nous, si je ne te dérange pas.
D'abord, ce sentiment négatif à l'égard de ceux qui vivent encore en couple "enfant / maman". Au début de la perte de ma maman, je ressentais les choses à l'identique. J'avais un gros, un très gros pincement au coeur par exemple dans la rue lorsque je voyais et entendais interagir un garçonnet avec sa maman. Je me disais -et lui disais intérieurement- "Toi au moins, tu as la chance d'avoir encore ta maman, ce n'est pas le cas de tout le monde. Sois sage avec elle, car une maman on n'en a qu'une, et il ne faudrait pas que tu regrettes plus tard de ne pas avoir été gentil avec elle".
Mais cette réaction a disparu à 95% si ce n'est plus, au bout "d'un certain temps".
Ensuite, tu écris "Ca me repose la question de l'inégalité de chacun dans sa santé. Des gens qui meurent à 100 ans et d'autres à 40."
La réalité hélas est encore pire que ça, certains vivent jusqu'à 112 ans et d'autres jusqu'à beaucoup, beaucoup moins que 40. Je suis allé plusieurs fois dans un hôpital qui soigne aussi des maladies très graves comme les cancers par exemple, et j'y ai vu des jeunes vraiment très jeunes y déambuler. Le coeur m'en est resté serré tellement la vie peut être injuste.
D'où la question (pour moi du moins) : Avons-nous eu de la chance de voir nos mamans vivre jusqu'à un âge tout de même respectable ?
Je pense à toi, ainsi qu'à ton irremplaçable maman, et à ton vieux compagnon maintenant parti lui aussi.
La vie n'est décidément pas une partie de plaisir pour tous. Autre inégalité n'est-ce pas.
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Bonjour Commentfaire,
Oui comme tu dis, tout ça est difficile. Mais est-ce que tout ça n'est pas programmé. Maman m'a eu à 40 ans, ce qui est tard. Et c'est vrai que déjà petit, j'éprouvais une angoisse existentielle à l'idée que Maman partirait forcément plus tôt que les autres mamans, et que j'en profiterai moins que mon frère et ma soeur.
Je sais bien qu'en réalité, j'ai profité au maximum de maman, en qualité de temps et en temps passé ensemble. Mais cette amertume est tout de même bien là. J'aurais tant aimé être venu au monde 20 ans plus tôt pour justement en profiter encore plus. Même si ça n'est une garantie de rien, en effet.
Je viens moins souvent sur le forum, que je trouve peu animé, surtout dans cette rubrique. Je me rends compte de l'importance d'avoir des retours, des échanges, au-delà d'être simplement lu. Alors je vais désormais beaucoup plus sur FB. Là encore, la majorité des témoignages sont ceux de femmes, mais peu importe, je revendique le droit à exprimer sa souffrance, sa douleur, son deuil, homme ou femme, peu importe.
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Bonsoir "Fox", oui ce forum est bien moins animé qu'avant. Mais on n'y peut rien.
Une majorité de femmes pour parler de ces problèmes si personnels, oui aussi, c'est une constante partout.
Même ici, quand on écrit à des femmes qui ont leurs profondes souffrances elles aussi (par exemple la perte d'un enfant), elles ne répondent même plus.
Et lorsque tu écris " je revendique le droit à exprimer sa souffrance, sa douleur, son deuil, homme ou femme, peu importe.", je te suis bien sûr à 100 p 100. D'ailleurs sur un autre forum (il y a bien longtemps) un distinction a même été tentée par certaines d'entre elles pour m'indiquer que leur deuil d'enfant n'était en rien comparable au mien, pour ma maman. Avec ce sous-entendu : perdre une mère, c'est normal.
Elles avaient donc tenté d'établir une hiérarchie dans nos douleurs respectives sur le forum d'alors.
Ce qu'elles ne parviennent pas à comprendre, c'est que certaines mères vivent le deuil de leur enfant durant deux ou trois ans peut-être, puis basta. Alors que d'autres personnes portent un deuil très douloureux d'un parent (mère ou père)jusqu'à la fin de leur vie.
Non au classement, à la hiérarchisation de nos douleurs d'endeuillés !!
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[Bonsoir,
Cela fait plus de 5 ans que je n'ai pas vu ma maman et ma présence se fait beaucoup plus rare sur ce forum. Les 3 premières années j'étais très souvent connectée au site et aux endeuillés mais j'ai eu besoin de prendre de la distance pour essayer de me reconnecter à la vie. Lire le chagrin des autres nous replonge et nous maintient dans le nôtre.
J'aimerais te dire qu'au bout, il y a de la lumière car la douleur finit par s'apprivoiser, on finit par interioriser l'être aimé de sorte qu'il ne sous semble plus perdu. Je vais mieux aujourd'hui qu'il y a 5 ans mais je n'irai plus jamais aussi bien qu'il y a 6 ans où maman était encore là. Il y a un avant nous et un après nous.
Parfois, tout remonte. Son malaise me revient souvent en boucle, ses mots, l'annonce à mon frère et ses hurlements de douleur au téléphone. Nos disputes, ma difficultés à exprimer mes émotions et mes peurs car comme toi, malgré son corps fatigué, je refusais ne serait ce que d'envisager que ma mère puisse mourir. Non pas elle, elle était trop forte et moi pas assez pour continuer sans elle. Alors ce soir, je pleure avec toi et avec Commentfaire.
D'ailleurs il ne faut pas en vouloir aux mamans qui perdent un enfant de hiérarchiser. Tu dis Commentfaire que certaines mamans se "remettent" rapidement du décès de leur enfant. C'est vrai, j'en connais ou plutôt j'ai l'impression d'en connaître car parfois le chagrin est insondable et pourtant bien présent. Cependant, il y a une quantité de personnes qui n'ont pas de relation avec leur mère et ne la pleurent pas quand elle part. Je pense que celles qui perdent un enfant doivent vivre en plus de tout ce qu'on vit un sentiment d'ordre des choses inversé et de profonde injustice. C'est un deuil impossible car un deuil qui ne devrait pas se produire. On sait qu'un jour on perdra sa maman ou son papa. On ne peut s'y préparer mais c'est une peur ancrée, une épée de Damocles qui un jour tombe. En revanche, et je le dis en tant que maman, il n'est pas envisageable de perdre son enfant. Ce n'est pas imaginable. Et ce n'est pas dans l'ordre des choses.
Ma maman avait 69 ans, je trouve que c'est peu quand je vois le nombre de gens bien plus âgés que moi qui ont encore leurs parents. Mais comme elle le disait, elle avait eu une belle vie. Des enfants, un mari, des plaisirs simples.
Je pense qu'il faut essayer de s'accrocher à tous ces moments qu'on a pu partager et même si je ne sais ce qu'il y a de l'autre côté du rivage, j'espère qu'un jour nous nous retrouverons.
Je vous envoie de la lumière
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Un an jour pour jour, heure pour heure, ma vie basculait.
Contrairement à beaucoup d'entre vous, je ne suis pas capable de raconter le décès de Maman. C'est comme confirmer l'inacceptable.
Déjà un an, mais seulement un an. Je n'aurais pas cru survivre. Pour autant ma vie est vide. J'essaye de la remplir pour ne pas sombrer. Mais je la remplie d'inutile et d'ennui. Elle n'a pas de sens.
Quand on accompagne la personne que l'on chérie le plus au monde dans ses dernières années de vie, un lien d'amour et de tendresse s'établit. Une alliance qui nous permet de tout supporter à deux. Un amour qui transcende tout y compris la maladie et la mort. Car mon Amour est toujours là biensur.
De l'extérieur je sais bien que les gens ne comprennent pas. Tu es jeune, tu as la vie devant toi. Construit ta famille et ta vie. Mais quand on né différent, déphasé et qu'une seule personne vous comprend. Quand seul l'amour inconditionnel d'une mère vous console d'une vie inadaptée. Comment faire ?
J'avance, oui mais désormais je vois la vie en sépia. C'était en noir et blanc les 4 premiers mois qui ont suivi le décès de Maman alors on peut dire que c'est mieux. Pour autant je sais que ce n'est plus la même vie. Ce n'est pas une nouvelle vie. C'est une autre vie où je titube, ou je boîte et où je n'entend et ne vois qu'à moitié. Car plus rien ne m'intéresse à part pour combler ce vide abyssal.
Une année sans toi Maman. Une année qui me rapproche de ma propre fin et c'est très bien comme ça. J'ai beaucoup couru cette année en espérant que mon cœur lâche. Mais il est bien accroché. J'avais encore pour but de prendre soin de ton Juk. Il est mort en février. Je n'ai plus personne avec qui partager nos souvenirs, nos joies et un peu de nos chagrins. J'en avais peu car je mesurais la chance que j'avais de t'avoir et c'était mon plus beau cadeau pour avancer et te tenir la main jusqu'à la fin.
Je t'aime du plus profond de mon cœur. J'espère avoir la force un jour de regarder nos photo. C'est encore trop dur pour moi aujourd'hui. Tu es tellement douce, tellement présente dans mes souvenirs. En évitant cette douleur, je fais comme si tu étais encore là. Tu me manques et je t'aime Maman ❤️.
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Bonjour Fox,
Je n'écris plus vraiment sur le forum pour le moment, mais je lis toujours.
Pour ce triste anniversaire, ce cap particulier des un an que je n'ai pas encore franchi, je te fais part de toute ma sympathie et t'envoies du courage. Je te souhaite de voir un peu plus de couleurs à l'avenir.
Amitiés
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Courage mon ami, pour cette première date très pénible de "un an déjà".
Attendre que le temps passe, que pouvons-nous faire d'autre ?
Espérer, espérer que quand ce sera à notre tour de partir, nous rejoindrons nos êtres aimés, sans forcément y croire dur comme fer. C'est chacun qui voit.
Les premières années de mon deuil furent dures pour moi, surtout lorsque je me rendais compte que ce maudit temps qui passe, en fait, m'éloignait de plus en plus, inexorablement, du temps où j'étais encore avec Maman.
Sachons profiter des rares instants de calme que la vie peut encore nous procurer, parfois une heure ou plus, parfois dix minutes, où on oublie ...