Merci beaucoup Cycy pour ton réconfort.
C'est si difficile de se faire comprendre.
Difficile quand on est si attaché à nos parents de nos vivants, on rentre dans la catégorie "vieux garçons / vieille fille"
Et désormais, orphelins, sans parents, sans enfants, sans attache.
Les ténèbres de l'automne sont désormais bien présentes. J'arrive à ne pas trop y réfléchir en occupant mon temps. Mais le moindre grain de sable, le moindre petit problème pourrait vite me faire entrer dans un terrain anxieux, la saison s'y prête.
Je ne trouve pas de réconfort dans la foi. En revanche, je trouve du réconfort dans les rites, et la sacralité. C'est très fictif car je ne crois pas au sens de ces rites. Mais me dire que l'humanité les suit depuis plusieurs siècles dans des épreuves aussi douloureuse, me rassure. Je ne crois pas en la résurrection, je vais même dire que je ne l'espère pas. Revenir sur terre, retrouver notre corps, franchement quel cadeau !?
J'aime bien l'idée hindouiste, qui veut qu'une fois l'âme prête, elle rejoint une énergie universelle ou l'individu n'existe plus, mais ce fond dans un tout. Ainsi, on ne connaît plus de manque, de rien ni de personne. Je trouve cela plus pertinent qu'une existence post mortem basée sur la poursuite d'une âme individuelle. En revanche, on peu considérer que l'emprunte que cette personne laisse, dans l'âme et le cœur de chacun, est elle, individuelle et unique.
Ce qui m'aide aussi, c'est de regarder tous les jours, les faits divers. Je vois toutes ces personnes qui décèdent, tellement nombreuses chaque jours, tellement différentes, chacun avec leur proches inconsolables, leurs univers, leur métier... La psychologue me dit que ce que je fais est une forme de rationalisation de la mort : donner une explication à quelque chose qui me paraît extraordinaire. Je réalise la banalité de la souffrance et je crois que ça me rassure. Et je me dis que toutes ces âmes, aimées, vont se retrouver dans ce tout, et que Maman est là bas aussi, dans cette force immense qu'on peut appeler Univers, Dieu, etc...
L'empreinte de Maman est de plus en plus présente. Je m'intéresse à la spiritualité qui était son sujet, alors qu'avant ce n'était pas du tout mon truc. Je fais des choses auxquelles elle tenait beaucoup comme beaucoup de gens de sa génération : avoir un intérieur et notamment une cuisine nickelle, cuisiner, avoir des vitres parfaites. J'ai l'impression qu'elle est avec moi quand je fais tout ça. Ca paraît très banal mais c'était son univers, les choses qu'elle avait à coeur, en tant que femme de la classe moyenne, qui n'a pas fait de grandes études. Mais qui pourtant était tellement éclairée, intelligente, précise. Je crois que c'est un moule générationnel qui n'existe plus.
Comme toi cycy, je crois, le plus dur est en effet, de se retrouver seul. C'est peut-être triste à dire, encore plus triste de l'extérieur, mais notre foyer, c'était notre Maman. Que ça fasse pitié ou pas, c'était une réalité qui n'existe plus aujourd'hui, tout comme une personne qui perdrait un conjoint. Le foyer n'existe pas lorsqu'on est seul. On ne rentre plus pour retrouver quelqu'un, et la lumière n'est plus allumée pour nous attendre. C'est tout ceci que nous perdons en plus de l'être aimé.
Mais comme tu dis, le chemin se poursuit de gré ou de force. Dans une torpeur de tristesse et froide, réveillée par des piques de douleurs, de manque, de regrets et de remords.
Pat