chère Serine
le choc représenté par la perte vécue toujours de manière brutale par celui ou celle qui reste provoque parfois je dirai même souvent des soucis de santé, comme une forme de 2e choc comme pour donner une raison de se battre (ou pas)
comme si aussi cela envoie des signaux que l'on est vivant et qu'on doit continuer sa vie
je suis avec vous, moi c'est un vrai cancer qui est arrivé après
mon histoire?
j'étais infiniment proche de mon père, et très proche aussi de mon second papa mari de ma mère depuis 40 ans
mon père un matin m'a appelé pour me dire qu'il n'arrivait plus à se lever et marcher il avait juste glissé de son lit et m'attendait, jusque là (88 ans) il était diminué bien sur mais allait bien
il était pâle quand je suis arrivée mais il n'y avait eu ni chute, ni trauma, je pensais que ça allait rentrer dans l'ordre
je l'ai conduit avec une ambulance à l'hopital, hopital où professait mon frère en tant que médecin et que nous avions perdu 4 ans avant d'une hémorragie foudroyante interne au cerveau à 46 ans, hôpital où je suis née aussi tout un symbôle
Il allait bien et après les urgence,s il a été admis dans un hôpital en traumatologie motrice, puis en services de suite de rééducation
là l'enfer a commencé, le SSR avec qui je suis en procès a négligé mon père, mentait sur les visites de médecin, cet établissement était désert, jamais d'astreinte physique, pas d'infirmier en vue ou il fallait se fâcher , en guise de rééducation, il voyait un éducateur sportif et faisait 3 pas dans le couloir
il a perdu 20 kgs, et commençait à délirer, il a eu deux fois des attaques de déshydratation
je suis intervenue en menaçant via les voies légales, il n'était pas rasé, dans des vêtements sentant l'urine, il n'allait pas aux toilettes
décirt ainsi cela parait un mauvais feuilleton surtout en ile de france avec les moyens de ces établissements mais tout est vrai
un soir j'avais un pressentiment que ça n'irait pas, je suis allée le voir comme tous les jours, il était dans le coma avec des spasmes lelong du bras je l'ai fait hôspitaliser en urgence, l'analyse toxicologique a démontré des sédations et traitement s anormalement élevés et très dangereux pour son pace maker
il a été admis dans un autre SSR cette fois des gens professionnels et très bienveillants
l e médecin nous a dit qu'il avait été irréversiblement abimé et ne marcherait plus, nous cherchions une maison pour lui, mais ses forces l'ont abandonné, il avait perdu 25 kgs en tout et il est mort à l'hôpital où je suis née
5 mois après ma ,mère m’appelait pour mon beau père j'ai eu le temps d'arriver et d'assister à son déchirement aortique devant nous, le lendemain mon meilleur ami est décédé d'une hémorragie au pancréas, là aussi fulgurante
c'était il y a 3,5 ans, mais c'est souvent très frais, j'ai écris un livre depuis qui m'a permis de poser la douleur, comprendre ce qui était arrivé et ne pas rester dans ma zone de choc
je l'ai écrit en 9 mois là encore que de symbôles histoire d'accoucher de ma douleur et de permettre de vivre avec le sens que j'ai pu donner à ces morts, la culpabilité de ne pas en avoir fait plus, la douleur de ne pas avoir réussi à le sauver, mon papa...
je pense bien à vous, vous êtes au début du chemin, si vous souhaitez nous pouvons aussi échanger en MP je suis toujours d'accord pour soutenir la détresse
je vous embrasse
katrin
Bonjour katrin
Je tiens à vous remercier pour votre réponse. C est pour moi la première fois que je viens sur un forum. Vous parler de double traumatisme mais en fait il y a beaucoup plus. Je n en n ai pas parlé sur mon message car après la perte de ma maman, je me dis que rien de pire ne peut plus m arrivé. En janvier, on m a diagnostiqué une tumeur cancéreuse au rectum, donc il y a eu le choc de l annonce. Les examens ont suivi et le 17 avril il y a eu l opération. On m a retiré tout le rectum avec toutes les sequelles fonctionnelles que cela entraîne. Donc j étais déjà au plus mal quand ma maman nous a quitté. Ensuite, à ma visite avec le chirurgien, il m annonce que ce n était pas cancéreux. Nouveau choc biensur mais je n étais même pas capable d être en colère par rapport à cette erreur de diagnostic tellement j étais effondrée. En fait, je ne pensais pas du tout à ma santé. J ai vécu toute cette période avec les douleurs postopératoires, la poche que je n ai jamais accepté même si elle n était que provisoire. Alors oui dans le contexte sanitaire ça faisait beaucoup de choses à affronter mais le pire c est la perte de ma maman. Ça fera 4 mois demain qu elle est partie. J ai peur du temps qui passe car il m éloigne de plus en plus du temps passé avec elle. Vous me conseille d essayer de voir les personnes qui se sont occupé d elle mais je pense que 4 mois après cela fait un peu tard, ils l ont certainement oubliée.
Pouvez-vous me parler de votre histoire ? J ai un peu de mal à m habituer à ce forum. Merci à vous