Bonsoir Jean-Pierre,
A mon tour, je viens apporter ma pierre sur ce chemin si douloureux que tu as emprunté, comme nous, celui du deuil.
J'ai 57 ans, ma maman est partie à l'âge de 88 ans, il y a 8 ans maintenant.
Mon mari, lui, vient de me quitter le 14 mars dernier, à l'age de 59 ans, après avoir lutté durant 3 longues (et courtes !) années contre 3 cancers !
Ma maman, elle était tout pour moi. J'ai rencontré mon mari à 38 ans, mariée à 40. J'étais restée avec ma maman jusque-là en raison d'histoire familiale qu'il serait trop long de raconter ici et dont ce n'est pas le propos.
Ma maman, c'était ma maman, celle à qui je pouvais tout confier, ma meilleure amie, celle qui m'a tout appris.
Et pourtant, elle ne m'a pas appris la douleur du départ, si ce n'est à l'occasion du sien !
Je me suis sentie perdue moi aussi sans elle que j'allais chercher tous les dimanches qu'elle passait avec mon mari et moi, elle à qui je téléphonais tous les jours, voire 2 fois par jour.
Elle que j'ai aidé la dernière année encore plus chérie car le déclin était entamé.
Mon mari, lui, était là pour m'aider, me soutenir, et son amour m'a entouré, encadré, protégé.
J'ai "mis" malgré tout presque 6 ans pour accepter ce départ et en parler sans pleurer, avec douceur, avec tendresse.
Aujourd'hui, je suis seule. Mon mari est parti à son tour. Durant sa maladie, j'ai presque tous les jours imploré ma maman pour qu'elle me donne la force d'entourer mon mari, de l'aider dans son calvaire.
Aujourd'hui, je suis seule. Ils sont tous les deux dans la même tombe. Celle que je regagnerai un jour, pour être auprès de ces deux êtres qui m'ont tant apporté, que j'aime tant malgré les mois et les années.
Amputée, oui, je le suis ! amputée de ma racine, ma maman, amputée de ma moitié, mon cher et tendre coeur.
Je ne sais pas ce que me réserve l'avenir du deuil de mon mari, je souhaite un jour être comme pour celui de ma maman, pouvoir en parler sans amertume, sans douleur, avec tendresse, avec amour.
Tu vois, "l'objet" du deuil n'est pas le même, pourtant la douleur reste la même, présente, avec des journées sans (avec pleurs), des journées avec (sans pleurs).
Le dénuement est le même parce que l'amour que l'on donne et que l'on reçoit reste toujours l'amour, même s'il a des degrés divers du fait de la hiérarchie des individus qui s'aiment.
Mais, justement, il reste cette richesse. Celle d'avoir connu l'amour qu'il soit d'une mère, d'un conjoint.
Combien de personnes passent au travers de cette richesse ?
Continuons à aimer ceux qui ont traversé le chemin et qui continuent à marcher à nos côtés, mais de l'autre côté du chemin !
Je te souhaite calme, énergie et vaillance pour continuer ta route.
Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais ici, un coup de blues, et tu trouveras certainement un geste d'amitié qui te permettra de passer à l'étape suivante.
Catherine
"coeur"
"tenir, toujours tenir !"