Bonsoir à tous,
Touchée par nombre de vos témoignages, je me retrouve également dans beaucoup d'entre eux. Cette vie en laquelle il est très difficile, voire impossible, d'avoir encore foi, m'a arraché l'homme de ma vie, mon père, il y a près de 2 ans et demi, d'une maladie diabolique que je hais prononcer... Depuis, mon ancienne vie n'est plus. J'ai le sentiment d'être entrée dans un enfer sans nom, une vie de lutte quotidienne rythmée par des tentatives de me raccrocher à quelque chose, de donner un sens à cette misérable existence qui avant me comblait de bonheur. C'est véritablement usant, d'où le besoin de partager cela avec des personnes qui malheureusement peuvent comprendre, même si chacune de nos douleurs est unique.
Ce qui complique grandement les choses, au delà du manque évident de la lumière de notre existence, c'est la culpabilité qui nous ronge lorsque l'on a le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur, suffisamment présent et impliqué dans sa lutte contre cette put... de maladie. Avant, je n'imaginais pas que la vie pouvait être aussi cruelle, tant la souffrance supportée par mon père était inhumaine. Comment la vie peut elle nous faire traverser des épreuves aussi douloureuses sans nous briser à jamais les ailes ? Comment avancer avec cette souffrance subie qui nous hante ?
Quand la maladie a été diagnostiquée, je commençais tout juste ma vie professionnelle qui désormais n'a de sens, que celui de me donner un objectif quotidien, mes ambitions étant réduites à néant. Mon père, un homme exceptionnel, ne songeait alors qu'à protéger ses enfants de cette épreuve. Aujourd'hui que de regrets de ne pas avoir lutter chaque jour à ses côtés. C'est tout ce qu'il reste, des regrets stériles.
Il me manque tellement. Dire que maintenant, toutes les belles étapes de vie ne sont que souffrance. Quand on perd la personne qui nous a forgés avec autant d'amour et de valeurs, que l'on sait indispensable à notre existence, comment redonner un sens à quoi que ce soit ? Depuis, je fais semblant, pas le choix et beaucoup n'y voit que du feux, tant mieux, je suis au moins digne de ça. Dans notre état, on se fout d'ailleurs de ce que pensent les autres, et on relativise bien des choses, trop tard évidemment. Certains jours, j'essaie d'avoir des projets (appart, vie de famille,...) qui ne combleront jamais cet énorme vide mais la plupart du temps, c'est l'envie de partir qui règne, de me libérer de cette vie de lutte subie. Mais cette vie sadique ne risque pas de me faciliter la tâche.. qu'elle continue dans sa lancée puisque maintenant plus rien n'a véritablement d'importance. Pas d'inquiétude, je ne recherche qu'un espace où je puisse parler librement de tout cela, pas à être raisonnée au sujet d'idées noires qui nous traversent quasi tous, tant la souffrance est insoutenable.
Courage à nous tous.