Bonjour à tous,
Je viens de m'inscrire sur ce forum aujourd'hui car j'ai besoin de parler, ce que je porte deviens trop lourd.
Nous avons appris en janvier 2015 que ma maman souffrait d'une tumeur cérébrale très grave et qu'il était impossible de l'opérer et de lui permettre de guérir. Elle a eu 3 séances de radiothérapie et une prise de chimiothérapie qui l'ont rendu tellement malade que nous avons du tout arrêter, sachant que cela ne l'aurait pas sauvée de toute façon.
Suite au diagnostic elle a tout de suite été hospitalisée, elle avait été emmenée aux urgences un jour où elle se sentait mal et faible et c'est comme ça que nous avons tout découverts sur sa maladie. J'avais passé un weekend normal en famille et le mercredi suivant je découvrais ma maman à l'hôpital le regard dans le vide, incapable de marcher et très affaiblie. Il était impossible de faire les choses que nous avions toujours rêvé de faire, impossible de rattraper le temps et de corriger certaines de mes erreurs.
Fille unique, j'ai 24 ans. En février j'ai mis ma vie de côté pour m'occuper d'elle à temps plein à l'hôpital. Dès que j'avais du temps libre je le passais avec elle. J'ai essayé d'être là pour elle comme elle l'avait toujours été pour moi . Il n'y a qu'en mai et juin où j'ai du me concentrer pour valider mon master et reprendre un stage. En juillet j'ai du m'absenter à nouveau afin de revenir à temps plein à l'hôpital, son état s'étant considérablement aggravé.
Elle est décédée en juillet après un peu plus de 6 mois de lutte contre son glioblastome. Nous n'avions plus de conversations normales, elle était parfois incohérente, parfois elle était totalement enfermée dans un corps qu'elle ne contrôlait plus et il était impossible d'échanger ou de savoir si elle avait conscience de notre présence. Malgré cela nous avons eu de grands moments de rire à l'hôpital, je pouvais toujours prendre sa main chaude dans la mienne et tout était parfait de cette façon.
Le 22 juillet, alors que je passais la nuit, comme souvent, avec elle à l'hôpital, j'ai entendu sa respiration devenir étrange, j'ai eu peur d'aller vers elle, mais je lui ai dit que j'étais là. Sa respiration s'est arrêtée quelques secondes plus tard, j'ai compté compté et recompté les secondes jusqu'à être obligée d'accepter ce dont j'étais témoin. J'ai allumé la lumière et j'ai du faire face, appeler l'équipe médicale...
Tout me paraissait irréel. Elle me manque terriblement, j'ai besoin d'elle, ma vie est encore instable et je pensais qu'elle serait à mes côtés encore durant des années. J'aurais voulu pouvoir partager avec elle tant de moments à venir dans ma vie de femme. Je la cherche partout, je ne sais plus quoi faire de mon temps libre, je le passais avec elle.
Ma maman était incroyablement douce, elle me permettait de tout voir à travers son filtre de douceur. Elle aimait les gens, la vie, la nature, elle aidait tout le monde. Je ne connais personne d'aussi tendre qu'elle dans tout mon entourage. Mon enfance est partie avec elle.
Je n'arrive plus à extérioriser ma tristesse. Je suis également en colère contre moi-même, j'étais parfois très rude avec elle car elle était très protectrice, je ne pourrais jamais effacer toutes les fois où je lui ai fait du mal.
Ce n'est pas le seul deuil auquel ma famille a du faire face cette année. Ma maman s'occupait à la maison de ma grand-mère qui a, par la force des choses, été placée en maison de retraite lorsque ma mère a été hospitalisée. Ma grand-mère était atteinte d’Alzheimer. Elle n'a pas du comprendre pourquoi tout d'un coup sa fille avait disparu de sa vie, pourquoi elle était dans un nouveau lieu et pourquoi elle se retrouvait soudain si seule (je n'ai pu aller la voir qu'une fois et il était trop tard, j'étais trop occupée à m'occuper de ma maman). Elle s'est laissée mourir de chagrin, elle a refusé de s'alimenter, de boire, elle arrachait ses perfusions, elle a fait un AVC et était coupée du monde. Quand je suis allée la voir je ne l'ai même pas reconnue. Elle ne réagissait pas, il m'a seulement semblé que ses yeux ont bougé lorsque je lui ai parlé de ma mère. Elle est décédée début avril.
Ma tante, la soeur de ma mère, était atteinte d'un cancer du sein qui s'était généralisé. Ma maman l'appelait tous les jours, allait chez elle pour l'aider etc... C'était une femme forte, elle vivait encore chez elle. Le fait d'apprendre la maladie de ma mère, puis par la suite le décès de ma grand-mère (sa maman) l'a beaucoup affectée. En avril son état s'est subitement dégradé et elle est décédée quelques jours plus tard. J'étais très proche d'elle, c'était un peu ma deuxième maman.
Je n'ai jamais parlé de ces décès à ma maman car cela l'aurait trop affectée. Nous lui avons caché que sa mère et sa sœur étaient décédées. Cela a été très lourd à porter.
Toutes ces pertes accumulées me paraissent également irréelles. J'ai l'impression d'avoir perdu tous mes modèles féminins, une partie de notre histoire familiale est à jamais perdu. Ma grand-mère, puis ma tante et ma maman.
Je me sens vraiment vide, inutile. Je ne sais plus vers qui aller, ma mère m'apaisait toujours et c'est la période de ma vie durant laquelle j'aurais le plus besoin d'elle. Elle me manque.