Hier, ce grand moment de vie que nous devions vivre ensemble, ce grand moment dont il parlait sans cesse depuis si longtemps, ce grand moment pour lequel ont été adressées ses dernières paroles, ce grand moment qu'il disait qu'il ne louperait pour rien au monde... Ce grand moment je l'ai vécu sans lui, ce fut un grand moment à la hauteur de ce qu'il avait prédit et il aurait été tellement heureux et fier de le constater... Je n'ai pu que deviner ce qu'il aurait dit et penser... Je ne peux même pas partager ma joie, ma fierté, avec lui... Pourquoi, pourquoi, pourquoi je n'ai pas pu savourer ce moment avec lui ? C'était prévu pourtant !!!  J'étais bien seule hier malgré que j'étais entourée, j'étais si seule, je suis si seule... Dire qu'il y aura tous ces week-end qui feront suite à la journée d'hier et qu'il ne sera pas là pour voir ça, quelle rage j'ai en moi, mon petit papa, tu me manque trop, c'est trop dur, trop dur, j'ai le coeur en miette, j'ai le coeur déchiré, j'ai si mal...  Je t'aime tant papa, je t'aime, je t'aime... 

Merci Romane, pensées à vous également...

Tu n'es pas curieuse, je ne le prends pas comme ça en tout cas  C'est une longue histoire, mon papa était un grand passionné de cyclisme, il a fait du cyclisme étant plus jeune. Il était fils unique mais rêvait d'avoir un garçon en espérant que celui-ci hérite de la passion du cyclisme... Il n'a pas eu de fils, mais 3 filles... Je ne peux expliquer à quand remonte ma passion pour le cyclisme mais je suis née avec je pense et très jeune, je déclarais qu'un jour je serai coureur cycliste (au féminin, lol). J'ai commencé à rouler en club à l'âge de 7 ans puis à 11 ans j'ai fait de la compétition pendant 12 ans. C'est un sport qui s'est avéré être très difficile, mon papa ne m'a jamais poussé à en faire mais ça me passionnait, j'adorais ça !!! Bref, un jour je me suis mariée à un cycliste, et nous avons eu 2 fils et j'ai mon 2e de 10 ans, qui réclamait depuis longtemps de faire du cyclisme, je refusais chaque fois, lui expliquant que je le trouvais trop jeune, puis un jour il m'a dit les larmes aux yeux que ce n'était pas juste car son frère pouvait faire les sports qu'il voulait et que lui ne pouvait pas faire de cyclisme, c'était l'an dernier en été. Ca m'a fait un déclic et j'ai cherché un club, je l'ai inscrit et il a commencé les entrainements, en sachant qu'il commencerait les compétitions en avril 2016. Mon papa était fou de joie, il sortait toutes ses collections sur le cyclisme pour les montrer à mon fils, leurs conversations tournaient autour de ça, ils étaient complices tous les 2 et se taquinaient, je retrouvais ce lien particulier que j'avais moi même avec papa... A noël, nous lui avons fait faire un vélo sur mesure et personnalisé que papa a financé avec nous, j'ai une photo où tous les 2 ils découvrent ce vélo de rêve ! Cette photo mon fils s'est promis de la mettre dans sa poche de maillot pour chacune des compétitions qu'il fera... Voilà, papa n'arrêtait pas de dire "ha vivement avril, on va retourner dans les courses, ça va être génial" ou encore "mon petit fils en  course pour rien au monde je ne louperai ça, ha non ça jamais ! " et aussi "Ho, lui ça se voit ça va être un bon coureur, il a le caractère et le tempérament pour, tu verras ce que je te dis mais il va faire parler de lui"... Bref, on a fêter nouvel an 2016, en se disant que c'était l'année magique, l'année A... Puis, même pas deux semaines après, papa nous quittait brutalement... Hier, c'était la toute 1ère compétition pour mon fils  Il a fait une course magnifique alors qu'il s'est blessé il y a un mois, qu'il a un suivi kiné et qu'il courrait contre des enfants déjà expérimentés !!! Il avait la hargne, la rage sur son vélo, il aurait fallu un ou deux tour de plus pour qu'il puisse revenir sur le 3e, il a terminé 4e mais c'est une belle performance pour une 1ère course, à une place près, il montait sur le podium !!! C'était tellement beau à voir mais voilà, j'ai vécu ça seule, bien que j'étais entourée, je me suis sentie seule car mon papa, mon complice, mon trésor n'était pas avec moi pour vivre ce grand moment, lui qui en rêvait depuis des mois et des mois, peut-être même des années, voir son petit fils en compétition...  C'est injuste, la vie n'a pas de logique, il est parti au moment où sa vie devenait intéressante, il a été longtemps triste et dépressif suite au décès de ma soeur qui n'était qu'une adolescente et là, il revivait, enfin ! il revivait !!! Ca fait vraiment, vraiment mal, je n'arrête pas d'y penser depuis hier ! Au départ, je pensais qu'il allait arriver sur la course mais non... Aujourd'hui je réalise qu'il n'est pas venu, aujourd'hui j'ai mal, aujourd'hui je hurle, il ne méritait pas ça, lui qui a tant souffert dans sa vie, il allait enfin vivre un grand bonheur mais la vie ne lui a pas laissé le temps et c'est intolérable, insoutenable, inacceptable pour moi... 

Merci Frederico,
mes larmes coulent en vous lisant, j'ai l'impression que vous êtes l'une des premières personnes qui comprends à quel point cette passion nous liait, nous unissait, nous donnait cette appartenance l'un à l'autre d'une manière si particulière, c'est indescriptible mais je sent bien que vous l'avez compris... Le sport quand on est vraiment passionné, est une passion qui prend aux trippes, qui développe des émotions extrêmes et quand cette passion est partagée, tout se mêlent dans cette même force d'émotion, l'amour, la complicité, la fusion, c'est ce qui fait que mon papa, pour moi, était tout !!! C'est pour cette raison, que dimanche, c'était extrêmement douloureux pour moi, à un point que je pouvais mesurer seule, je devais partager ce grand moment avec lui et il n'était pas là...  Mon fils liait cette même relation avec lui, c'était très fort entre eux d'eux ! Il rêve de monter, un jour, sur la 1ère place du podium, non pas pour le prestige de la victoire mais davantage pour honorer son papy et aller lui déposer sur sa tombe le bouquet de sa victoire !
Merci, merci pour vos mots qui m'ont touchés au plus haut point, c'est tellement beau, alors oui, j'y penserai, si un jour mon fils gagne, nous serons 3 dans la victoire ! 
Quand à votre papa, je suis admirative, faire du vélo jusqu'à 75 ans c'est extraordinaire quand on sait à quel point ce sport est difficile et exigeant !
J'en viens à vous et votre fils, vous verrez que ce lien qui vous a uni restera à jamais très, très solide et c'est une complicité si particulière que c'est une chance exceptionnelle de vivre ça, d'ailleurs en vous écrivant cela, je me rends compte que la vie, malgré qu'elle n'ait pas été tendre avec moi, m'a fait tout de même ce cadeau, vivre ce lien si particulier avec mon papa et le vivre maintenant avec mon fils...

J'ajoute : après avoir rédigé la réponse juste au-dessus et qui vous est destinée, je me suis permise de parcourir quelques un de vos post afin de comprendre pourquoi vous êtes sur ce forum, j'ai trouvé de belles paroles, de beaux poème, puis mon sang s'est glacé, l'effroi m'a envahi, je n'ose pas comprendre ce qui vous est arrivé, je dois avoir mal interpréter... Les mots me manquent, j'ai honte de me plaindre... 

Merci Kompong speu ! Les mots peuvent tellement faire du bien parfois...

Merci, merci, merci, Federico, si vous saviez comme vos paroles sont précieuses !!! Je suis une âme sensible, je vis toujours les émotions à fond et je suis profondément touchée par vos mots... J'aimerai être aussi habile que vous en vocabulaire afin de pouvoir vous apporter cette même aide, ce même réconfort car j'ai pu voir à quel point la vie n'a pas été tendre avec vous... J'ai juste vu mon papa vivre ce que vous avez vécu lorsque ma soeur est partie, d'une autre manière que votre fils mais elle est partie, 2 semaines avant ses 18 ans, je n'oublierai jamais ce jour où je suis rentrée d'une petite ballade avec ma petite soeur et où je me suis retrouvée face à face, dans l'allée de la maison, avec mon papa d'amour... Je n'oublierai jamais son regard de souffrance et c'est un euphémisme je pense, je n'oublierai jamais son expression de douleur, son visage empli de larmes, ce jour là, il n'y a pas eu de mot à dire, pas eu d'annonce à me faire, du haut de mes 14 ans, je tenais ma petite soeur de 7 ans par la main et j'ai tout de suite compris, j'ai hurlé comme une lionne, des voisins se souviennent encore de mon cri de douleur... La suite, vous la devinez, l'horreur, le cauchemar, l'impossible... Ce jour là, j'ai perdu ma soeur mais j'ai perdu une première fois mon père aussi... Des années plus tard, je le retrouve enfin et vous connaissez la suite...  J'en veux à la vie et j'ai une sacrée revanche à prendre sur elle, je me vengerai c'est certain, je l'avais dit en perdant ma soeur que je me vengerai et j'ai réussi tout ce que j'ai entrepris grâce à cette rage et ça en sera de même dans l'avenir, je ne me laisserai pas faire !!!