FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre la perte d'un parent => Discussion démarrée par: katrinap le 10 juillet 2018 à 09:39:07

Titre: hier cela faisait un an
Posté par: katrinap le 10 juillet 2018 à 09:39:07
hier mon second papa le mari de ma mère, 5 mois après le décès de mon père que j'aimais tant, cela a fait un an qu'il est mort, ma mère est en miettes, et j'ai fait pleins d'erreurs dans mon travail, sentiment d'être lestée par le plomb et de ne pas avancer
le deuil est une chose étrange pour moi je pense à eux chaque jour, mais je continue pour ma mère, mes 3 enfants, mon mari et un peu pour moi, et il est comme l'océan il a des ressacs, parfois on étouffe, parfois on respire un peu, ce n'est pas linéaire...
Titre: Re : hier cela faisait un an
Posté par: LaPépette le 18 juillet 2018 à 13:21:28
Coucou Katrinap

Qu'est ce qui t'a semblé plus difficile que d'habitude ?
Quelles sont tes réflexions ?  Est-ce que parce que tu as "revécu" d'une certaine façon le décès ?
J'aimerai comprendre davantage...

Est-ce que ça a été un bref moment plus dur que d'habitude ou est- ce que ça dure ?
Bises Katrin
Titre: Re : hier cela faisait un an
Posté par: katrinap le 18 juillet 2018 à 17:51:07
c'est compliqué à expliquer
tous les jours c'est douloureux parfois irréel pour moi parfois très, trop réel,  certains jours j'ai un sentiment qu'ils sont en moi et qu'ils ne sont pas partis, parfois c'est un manque terrible en vide abyssal
et en ce moment un sentiment de l'avoir abandonné, car je suis partie sur demande du médecin 20 mn avant qu'il ne meure seul, après avoir été là tout le temps
comme un rendez vous manqué tu vois? et c'était surtout celui là qu'il ne fallait pas manquer
parfois je me dis qu'il m'a attendu et après m'avoir vu il est mort apaisé, et qu'il ne voulait pas que je sois là pour ne pas être désespérée dans ce moment crucial où la personne passe de vie à mort devant toi, impuissant
Mais la réalité est que je ne saurai jamais  s'il s'est senti abandonné ou pas et ça me plombe, il a eu peur toute sa vie de mourir,  j'ai tellement de douleur à penser que peut être il a eu peur
je t'embrasse
katrin
Titre: Re : Re : hier cela faisait un an
Posté par: Catherine Th le 18 juillet 2018 à 23:49:04
parfois je me dis qu'il m'a attendu et après m'avoir vu il est mort apaisé, et qu'il ne voulait pas que je sois là pour ne pas être désespérée dans ce moment crucial où la personne passe de vie à mort devant toi, impuissant
Mais la réalité est que je ne saurai jamais  s'il s'est senti abandonné ou pas et ça me plombe

C'est bien douloureux de ne pas savoir comment, dans quel état émotionnel,  nos proches ont franchi les portes de la mort.
Mais par rapport au sentiment d'abandon que tu évoques, tu es quand même restée au près de lui au maximum.
Une collègue de boulot qui fait depuis bien longtemps de l'accompagnement bénévolement aux soins palliatifs, dit que les personnes en fin de vie "choisissent" (dans une certaine limite) le moment de leur mort : même dans de grandes souffrances, elles peuvent attendre l'arrivée d'un proche ou au contraire se laisser partir dès qu'elles sont seules etc ...

Je t'envoie de la douceur pour ce moment difficile que tu traverses
Catherine
Titre: Re : hier cela faisait un an
Posté par: katrinap le 19 juillet 2018 à 09:46:56
merci Catherine et la pépette pour vos mots de réconfort qui font du bien
tu as raison Catherine je crois que bien de nos proches choisissent de partir à leur façon, beaucoup attendent leurs proches puis souvent partent seuls,  j'espère seulement qu'il n'a pas eu peur
je ne me fie pas aux médecins qui disent qu'il n'a pas eu le temps de se voir mourir comment peuvent ils le savoir?
je ne sais pas si vos disparus ont dit cette phrase mais mon père 15 mn avant sa mort, quand je suis allée le voir m'a dit je t'aime mais c'est la fin, je suis tarabusquée par ces mots, comment savent ils que c'est la fin?
Mon second papa, mari de ma mère qui est mort 4 mois après disait depuis quelques semaines qu'il allait mourir alors que rien ne le laissait présager et la veille au soir il a demandé à ma mère de ne pas fermer la porte de leur chambre car il avait "peur de mourir" ce sont ses mots, puis est venu la voir pour lui dire qu'il lui léguait tout
c'est très troublant et pour elle très dur maintenant car elle se demande s'il ne lui a pas fait un appel au secours qu'elle n'a pas entendu
il est mort le lendemain à 8 h d'une dissection aortique le coeur s'est littéralement déchiré devant elle
qu'aurait elle pu faire avant? Rien...
et vous Catherine, la pépette comment allez vous?
plein de tendresse
katrin
Titre: Re : hier cela faisait un an
Posté par: LaPépette le 20 juillet 2018 à 17:05:47
Je te rejoins Katrinap.
J'ai appris assez récemment que ma mère avait dit à une de ses amies, qu'elle "n'irait pas plus loin" que ses 50ans. Au moment où elle a dit ça, son état de santé était assez médiocre mais pas jusqu' à suggérer une mort prochaine, ou alors je me suis voilée la face !
En tout cas, je pense qu'au fond les personnes le savent, à l'intérieur d'elles mêmes, elles prennent peut-être conscience de certaines choses dans leur corps dont nous n'avons pas connaissance ?
Et voilà du coup notre sentiment de culpabilité qui revient (si on avait su, on aurait fait ci ou ça...). C'est dur de lâcher prise... de ne plus réfléchir au passé...

Moi ces derniers jours j'ai eu envie de tout changer. Boulot, ville... je me suis posée de sérieuses questions et puis je me suis dit que c'était sûrement une tentative pour essayer d'échapper à ces souvenirs, etc.
Comme si une nouvelle vie m'empêcherait d'y penser et d'en souffrir...
Je suis en réflexion mais je ne fais rien de peur de regretter. Je me dis que c'est peut-être juste une tentative de fuite de mon petit cerveau  ::) ;)
Titre: Re : hier cela faisait un an
Posté par: nathT le 20 juillet 2018 à 20:27:13
Bonsoir,
La pépette, katrinap,mircea,

Je suis également persuadée que ceux qui vont partir le savent .....
Et OUI, je peux témoigner que chacun 'choisi' son moment pour partir .... En présence de quelqu'un ou seul ..... C'est leur choix ...Nous ne pouvons que le respecter !

Hauts les coeurs!
Nath