Auteur Sujet: Deuil très douloureux de mon papa, je n'aime pas la personne que je deviens...  (Lu 5307 fois)

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Hors ligne Maria

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Bonsoir à tous ceci est mon premier message malgré que je vous lise depuis plusieurs mois, j’ai vraiment besoin de me confier car je ne peux parler de cela à personne autour de moi. Merci à ceux qui auront le courage de me lire, je suis consciente que mon message est très long :/

Voilà j’ai 31 ans, deux filles de 2 ans et demi et 8 mois. Mon papa nous a quitté il y a 8 mois maintenant et ceci deux semaines avant que naisse ma fille, sa deuxième petite fille qu’il n’a pas connu du coup.
Il est parti d'un cancer diagnostiqué trop tardivement. Seulement 6 mois entre l'annonce du cancer et son décès. L’injustice de son départ me rend malade mon papa était jeune (62 ans) et en parfaite santé avant ce cancer, des événements heureux s’annonçaient dans les mois à venir (naissance et mon mariage) je ressens une tristesse et un manque infini j’étais très proche de mon papa.

Mon principal problème est que je suis rongée par divers sentiments que je n’arrive pas à contrôler et qui me dérangent vraiment je n’ai pas la sensation que ce soit normal dans un deuil, j’ai l’impression de devenir aigrie.
Tout d’abord je suis en colère contre le monde entier que ce cancer l’ai frappé, je l’ai même été contre mon père pendant un temps, c’était un papa exceptionnel mais il ne se surveillait pas médicalement et le cancer était évitable, je lui en ai voulu de nous imposer ça si jeune à moi et ma soeur.. En colère également pour le concours de circonstance j’aurai tant aimé qu’il voit ma fille, il était si content, j’ai accouché dans un état d’esprit horrible du coup et j’ai peur que cela ait un effet néfaste sur ma petite puce. Et mon mariage qui doit avoir lieu en août, je n’arrive pas à l’imaginer sans mon père...
Je ressens aussi de la jalousie envers les gens qui ont toujours leur parents : amis, connaissances et notamment mon conjoint qui a encore ses 4 grands parents et ses parents ainsi qu’une grande famille très présente pour lui. Moi je n’ai plus que ma mère et ma soeur et je me sens seule au monde…

D’autre part depuis quelques temps ma belle famille m’exaspère, premièrement car ils n’ont pas du tout la réaction que j’attendais de leur part c’est à dire me soutenir, ils choisissent l’ignorance, ne jamais aborder le sujet surement de peur que je fonde en larme… moi j’en souffre j’ai besoin de parler de mon père. Dès que j’en parle de moi même je sens bien qu’ils ne m’écoutent qu’à moitié et qu’ils éludent le sujet, ils sont mal à l’aise. J’ai seulement eu droit au message de condoléance le jour du décès et un message le jour de l’enterrement et depuis silence radio à ce sujet. Je sais que je ne dois pas leur en vouloir car tant qu’on ne vit pas ce drame on ne sait pas l’attitude à adopter, moi même j’aurais peut être réagi comme ça. Et ils doivent s’imaginer qu’ils me soutiennent car à part ça nous avons de bonnes relations. Malgré tout j’en attendai bien plus de leur part et cela m’éloigne d’eux inconsciemment.
Ensuite mon beau-père est à l’antipode de ce qu’était mon père en tant que personne et que grand-père. Mon père était quelqu'un de calme, tolérant, toujours à chercher à apaiser les choses. Il était complètement gaga de sa petite fille dont il s’occupait beaucoup. Il demandait à la garder, ma fille était toujours après lui quand elle était chez mes parents, il avait toujours un petit cadeau pour elle quand nous venions manger, et il s'intéressait à elle, bref un papy au top. Ils s’apportaient mutuellement beaucoup.
Mon beau père est assez passif vis à vis de ses petites filles, il fait une risette à la plus petite quand on se voit, un bonjour ça va à la plus grande et puis basta, il ne s'intéresse pas à elles, ne cherche pas à jouer avec, ne demande pas à les voir quand cela fait longtemps, les garder n’en parlons même pas! Il est même “chiant” désolé du terme parfois (c’est dans son caractère mais il pourrait être plus tolérant avec des enfants) il va râler si elles salissent leur chaise ou autre chez lui.
Bref personne n’y peut rien mais je suis effondrée de me dire que c’est ce grand père qu’elles vont le mieux connaître, je suis consciente que c’est méchant de penser ça et ça me fait souffrir, j’ai perdu toute ma bienveillance. Je ne souhaite en aucun cas du mal à ma belle famille, ça jamais! c’est aussi ma famille et celle de mes filles et je les aime beaucoup. Mais quelle injustice pour mon papa qui se donnait tant et qui adorait cela de se dire que mes filles ne vont pas se souvenir de lui, voir ne l’auront pas connu.

Pour finir je suis devenue insensible plus rien ne me semble grave, quelqu’un m’annonce une rupture amoureuse, une cheville cassée, une opération etc je me dis immédiatement mais c’est rien, qu’est ce que j’aimerai qu’il m’arrive “juste” ça.
Quand on évoque le potentiel décès des grands parents de mon chéri car il sait qu’il ne sont pas éternels cela le rend très triste, je le conçois mais dans ma tête je me dis tout de suite que c’est normal comme situation et eux au moins ils auront bien vécu leur vie, moi c’est mon père jeune qui est parti. Je réagis en véritable égoïste...

Voilà en somme je suis dépassée par toutes ces émotions négatives, tous ces ressentiments cela me bouffe j’ai l’impression d’être mauvaise je ne me reconnait plus. Avez-vous déjà ressenti ce genre de chose et est-ce passé surtout? j’ai l’impression que ma vie est “foutue” dans le sens ou je ne ressentirai plus jamais ce bonheur sans nuage d’avoir une super famille à mes côtés comme quand mon papa était vivant et que je ne serai plus jamais quelqu’un de bien.

Merci à vous de m’avoir lu et bon courage à tous dans votre travail de deuil



Hors ligne katrinap

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bonjour Maria
non vous n'êtes pas égoïste et ces sentiments d'amertume peuvent faire partie de ce processus de deuil car ils sont régis par la colère et  c'est bien le premier sentiment que l'on a dans un deuil
pour le moment c'est très récent et comme vous n'avez pas eu d'espace pour pleurer, parler de votre papa, c'est comme si 8 mois après c'était arrivé hier
je vous conseille de parler de votre papa ici ici vous serez écoutée, d'aller voir un thérapeute pour évacuer et vous faire accompagner, ensuite avec les étapes du deuil vous pourrez rationnaliser, car sans doute vos beaux parents sont ils maladroits mais  vous réaliserez que pour le moment vous cristallisez en eux la souffrance de votre perte  et qu'ensuite vous déplacerez la douleur qui en effet ne leur appartient pas
enfin, en effet votre papa était un grand père à l'image de votre coeur et pour que vos filles le gardent vivant, n'hésitez pas à leur en parler régulièrement,  évoquez les beaux souvenirs, montrez leur des photos ainsi il sera avec vous et avec elles
j'ai perdu mon père il y a 4 ans c'était toute ma vie je sais le chagrin que vous avez quand elles sont bonnes les relations père fille sont un trésor
je vous soutiens Maria si vous avez besoin de parler ici ou en mp je serai là
amitié
katrin

Hors ligne Mandy

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Bonjour
Ce message simplement pour te dire je tour ce que tu décris je l ai ressenti avec en plus de la colère mêlée de tristesse en voyant ma belle mère jouer avec mon fils. Je me suis aussi dit qu elle avait 10 ans de plus que ma mère et pourtant... Nos émotions ne sont pas toujours "belles" mais c'est en lien avec ce manque immense qui nous submerge.
Ne t en veux pas de les ressentir. Et pour l empathie un copain a eu une rupture amoureuse il y a peu et je disais à mon mari "vu le foin qu il fait il n a jamais rien du vivre de très grave dans sa vie", et pourtant j étais si empathique avant...J ai beaucoup d empathie pour les personnes malades ou endeuillés mais bcp moins pour les autres. Ça reviendra sans doute..
Je te souhaite bcp de courage

Hors ligne Maria

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Bonjour, merci beaucoup pour vos réponses, c'est ce genre de chose que j'ai besoin d'entendre et qui met un peu de baume au coeur. Effectivement je me rend bien compte que je reporte une partie de ma colère sur mes beaux-parents et qu'ils n'y sont pour rien... j'espère qu'avec le temps cela passera. J'envisage d'aller voir un thérapeute car il est vrai que mon conjoint me soutient beaucoup dans mon deuil je peux pleurer toutes les larmes de mon corps il m'écoutera et me réconfortera sur mes angoisses, d'autant qu'il ressens ma peine il était aussi très attaché à mon père. Par contre ce genre de chose je ne peux évidemment pas lui dire. Je vais essayer de prendre rdv le tout est de trouver quelqu'un de bien qui s'y connait en deuil...

Mandy je lis votre histoire depuis plusieurs mois (oui je suivais le forum sans poster ^^) et je m'y retrouvais beaucoup, notamment le fait de devoir gérer sa peine avec un enfant en bas âge, moment qu'on aimerai tant partager avec nos parents disparus.
katrinap j'ai lu votre témoignage il est vrai qu'il n'y a pas d'âge pour être effondrée par la mort d'un parent, je me disais bêtement le contraire récemment, que si mon papa était parti âgé j'aurais pu gérer ce deuil, mais c'est faux. C'est une douleur que presque tout le monde aura à vivre malheureusement :(

Merci et force à vous


Hors ligne Mandy

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Pour le thérapeute, il faut vraiment qu'il s'y "connaisse" en deuil pour ne pas te paraître complètement à côté de la plaque et n' hésite pas à changer si tu n as pas le feeling.
Pour le reste je pense que c est surtout la relation qu on entretient avec son parent qui détermine notre état après son départ et aussi notre capacité de résilience . Il y a ici des gens qui ont perdu des enfants et qui sont pourtant encore là, qui ont réussi à puiser en eux des ressources insoupçonnées face à un deuil qui est absolument intolérable, contre l ordre naturel des choses. Même si je ne commente jamais leur post je puise dans leurs témoignage de la force. J adorais ma mère mais elle a eu la chance d avoir eu une belle vie même si à mes yeux elle a été beaucoup trop courte. Elle a été aimée. Elle a eu des enfants et des petits enfants. Elle n a jamais eu de grand regret dans sa vie, de choses qu elle aurait rêvé de faire sans le pouvoir. Elle a vécu simplement et elle était heureuse de cela. Je sais que d autres n ont pas eu cette chance. Cela me permet d essayer de relativiser un peu. Et puis j'espère de toute mon âme qu elle n a pas disparu et qi elle est toujours là qq part
Beaucoup de courage

Hors ligne chris

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Notre tristesse nous amène à penser tellement de choses..
J'ai perdu mon papa quand j'avais 28 ans , j'avais un petit garçon et était enceinte de 7 mois pour mon second .   Il a eu la maladie d’Alzheimer , ses premiers symptômes  ont commencé quand il avait seulement 60 ans , j'ai éprouvé un tel  désarroi  que cette maladie apparaisse  si vite chez lui alors moi aussi , j'ai été en colère et en voulait à la terre entière  .
J'étais très proche de lui , toujours dans ses bras quand j'étais petite , a joué avec lui et plus tard un pilier avec ma patience quand la maladie a commencé et que ma maman n'y arrivait pas .
Cette période a été  un tsunami pour moi , je me suis effondrée totalement à son décès . et je pense que j'ai impacté mes enfants pour certains comportements .
Mon papa était si fier de son premier petit fils quand il avait encore des moments de lucidité , il aurait été un super papi , malheureusement ils n'ont pas connu cette chance d'autant que mon beau père se contente d'un bonjour et n'a jamais créer de relation avec eux et comme vous j'ai trouvé cela injuste.
Les années ont passé et il y a presque 7 mois j'ai perdu ma maman. Elle était tout pour mes enfants , et avait noué une relation intense avec eux et j'ai la fierté de dire que même adolescents  , ils aimaient aller dormir chez leur mamie chaque semaine même en habitant à 700 mètres de chez elle  .
Et une nouvelle fois j'ai ressenti de l'injustice car ma belle maman a toujours été occupée et libre la plupart du temps pour les petits enfants du coté de sa fille mais peu  pour les miens .
Je suis venue sur ce forum pour le décès de ma maman pour arriver à évacuer toutes mes pensées et pouvoir parler ouvertement de mon chagrin alors n'hésitez pas . J'ai vu l'autre jour une émission ou justement il  soulignait  la nécessité de parler de sa peine pour un apaisement .
Amicalement
« Modifié: 18 avril 2021 à 09:22:07 par chris »

Hors ligne Bayonetta

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Bonjour Chris,

Je t'ai lue et je te comprends totalement.
Je suis exactement pareille et je me suis dit également que je devais avoir "un problème".
J'ai eu beaucoup de mal et j'en ai encore, à supporter les petites histoires de certains, car à côté "c'est rien".
Quand les gens m'annoncent un décès de quelqu'un d'âgé, je me dis que c'est dans l'ordre des choses même si c'est triste, je me dis aussi que mon frère et mon père n'ont pas mérités cela et qu'il y avait d'autres personnes avant leur tour.  J'ai moins d'empathie, je dis souvent que je n'ai pas le coeur assez grand et je suis tellement déjà dans un dilemme permanent dans ma tête que je n'ai plus envie de trop compatir à certaines situations ou d'en faire une montagne.

De plus, les gens sont mal à l'aise. Il m'arrive régulièrement justement que personne ne me parle d'eux autour, ne me demande rien, alors que j'ai besoin de parler d'eux, de remémorer des souvenirs et parfois les gens disent rien car trouvent ça gênant. Parler d'eux c'est les faire vivre un peu et sur le coup ça fait un peu de bien.

Courage !

Hors ligne Laure-Leïla

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Bonjour Maria, bonjour à tous,

J'ai l'impression en vous lisant de lire exactement ce que j'ai ressenti à la mort de mon père il y a 5 mois et demi. En plus de la tristesse et de l'épuisement, auxquels je m'attendais, j'ai moi aussi ressenti beaucoup de colère : contre mes parents, qui me laissaient fille unique (ma mère est toujours vivante, mais elle a de gros soucis psychiatriques qui ont commencé avant même le cancer de mon père et elle était à l'hôpital psychiatrique quand il est mort), contre le corps médical qui a si mal soigné mon père, contre le peu de famille que j'ai en France qui m'a laissée fêter Noël seule avec mon mari et mes filles, contre certaines amies qui n'ont pas une seconde imaginé ma douleur, contre la vie qui fait que je me retrouve quasi-orpheline après avoir énormément pris en charge mes parents (3 cancers à eux deux en l'espace de 3 ans)...J'étais comme vous, je ne comprenais pas cette colère immense. Puis en lisant sur le deuil, en écoutant des podcasts, j'ai compris que c'était une phase normale et qu'il fallait la vivre. J'ai décidé de mettre tout ça sur le papier, et écrire sur mon deuil m'a aidée. Pendant que j'écrivais, j'avais l'impression d'être avec mes parents, de revivre toute notre histoire familiale et ça m'a permis de ne plus attendre après l'écoute de certains, et de ne pas être blessée par leurs réactions à côté de la plaque.  La colère m'a quittée, je crois, mais je ne suis plus la même. Vous dites que tout vous paraît dérisoire, que les petits problèmes des autres ne vous intéresse, mais peut-être que c'est un mal pour un bien : vous allez peut-être redéfinir ce qui fait sens dans votre vie, redéfinir certaines relations (j'ai coupé les ponts avec deux amies qui n'ont jamais pris de mes nouvelles), vous rapprocher d'autres personnes...Bref, vivre après la mort d'une proche est un long processus (et je ne crois pas qu'il se termine un jour...) et la colère n'est qu'une étape par laquelle on passe tous. Vous n'êtes pas devenue méchante : vous vivez une épreuve très dure, qui chamboule absolument tous vos repères.
Je vous souhaite à tous un énorme courage pour continuer votre vie autrement...

Hors ligne Bayonetta

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Bonjour Laure-Leïla,

Je me reconnais pas mal dans ces paroles : "Vous dites que tout vous paraît dérisoire, que les petits problèmes des autres ne vous intéresse, mais peut-être que c'est un mal pour un bien : vous allez peut-être redéfinir ce qui fait sens dans votre vie, redéfinir certaines relations (j'ai coupé les ponts avec deux amies qui n'ont jamais pris de mes nouvelles), vous rapprocher d'autres personnes..."

En effet, ça m'a permis dans ces circonstances douloureuses, de redéfinir comme vous dites ce qui fait sens. Je me suis éloignée (la situation faisant) d'une amie. Je n'ai pas coupé les ponts, mais notre relation est drôlement réduite. Je me suis rapprochée d'autres personnes (qui étaient les meilleurs amis de mon frère décédé) et c'est ce qui m'a permis de souffler, mais ce n'est parfois pas suffisant.

Toutefois, je ne sais pas si comme vous écrire me ferait du bien, c'est  ce que l'on me propose et je ne l'ai jamais fait, peut-être devrais-je le faire. Malgré cela et même si c'est intime, je ressens une sorte de pudeur à le faire.

Bon courage à tous !

Hors ligne Maria

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Bonjour, je m’excuse pour les personnes qui m’ont écrit je réponds tard.

Mandy oui certaines pertes sont réellement intolérables, mais beaucoup de ces personnes trouvent tout de même la force d’aller mieux, j’ai comme vous essayer de puiser du courage dans ces témoignages, cela donne de l’espoir. Je m'intéresse aussi de plus en plus à la spiritualité, je me pose des questions sur l’existence d’un après, j’ai l’impression d’avoir eu des signes, alors qu’avant cela ne m’avait jamais traversé l’esprit… J'espère comme vous et beaucoup d’endeuillés qu’il y a bien quelque chose, je pense d’ailleurs que j’irai faire un tour sur le forum dédié ici. Votre maman a eu une belle vie effectivement, ce sont des choses qui apaisent quand on y pense :)

chris la situation que avez vécu avec votre papa ressemble à la mienne, je me sens moins seule de savoir que ces sentiments vous ont aussi traversé, c’est une situation totalement injuste et on ne peut déverser notre colère sur personne, car personne n’y peut rien. Je suis désolée pour votre maman, au moins vos enfants auront bien profité d’elle et auront tous ces souvenirs précieux toute leur vie et à transmettre.

Bayonetta, merci vous ressentez comme moi. Cela m’agace au plus haut point les maladresses des gens, je pense que même si je n’avais pas vécu de deuil je ne me serais pas permise de dire certaines choses… j’ai eu droit à des “je sais pas comment tu fais moi je serai au fond du trou” de la part de très bon amis, et puis encore une fois l’ignorance, pas un mot depuis son enterrement, de la part de personne très proches, pas un comment vas tu? rien… A l’inverse une amie dont je n’avais plus trop de nouvelles, m’a envoyé des cadeaux me contacte régulièrement par message, celle ci je sais que je peux compter sur elle désormais.

Laure-Leïla, ce que vous avez vécu est difficile, je vois que votre colère s’est un peu atténuée c’est encourageant. C’est vrai que rien que le fait d’écrire tout ça sur un forum apaise un petit peu je n’aurais pas pensé autant.
Le plus dur est de créer de nouvelles habitudes sans la personne, il était tellement présent dans nos vies. J’ai l’impression d’en démarrer une nouvelle, je regarde les photos de ces dernières années et je suis si nostalgique je me dis qu’à cette époque je n’avais aucuns soucis, c’était le bonheur tout simplement mais je ne m’en rendais pas compte…

Bises à tous

Hors ligne Laure-Leïla

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Bonjour Maria, bonjour à tous,

Ecrire est vraiment la chose qui m'a fait le plus de bien - avec la marche, qui me permet de faire le vide dans ma tête et de me reconnecter quelque part avec mon père (il adorait la nature, la marche, le ski de fond).
J'ai commencé à écrire, sur les conseils d'une psy, quand j'ai fait un sorte de burn-out il y a 4 ans. Et j'ai repris cette habitude quand ma mère est tombée dans sa grave dépression. Lancez-vous, peut-être en regardant des photos, juste pour voir si cela vous convient, si c'est le moment pour vous de faire ça ou pas. Je me suis rendu compte qu'écrire notre vie Peut-être que ça ne vous correspond pas, le deuil est quelqu'un chose de très personnel, très intime...Une amie de mes parents fait des mandalas éphémères quand elle perd un proche. Elle en a fait un magnifique pour mon père et me l'a envoyé en photo, je l'ai fait encadrer et je le regarde très souvent.
Tout cela m'aide à tenir le coup, mais comme vous il me manque tellement. Les derniers mois, j'ai passé énormément de temps avec lui à l'hôpital et malgré la douleur de le voir si faible et de le savoir condamné, j'ai aimé tous ces moments. Je pensais très naïvement que sa mort serait un soulagement pour lui et pour moi, qui étais épuisée nerveusement et physiquement de l'accompagner vers la mort. Mais non, presque 6 mois après, j'ai envie de l'appeler pour lui raconter ma vie, pour qu'il me fasse rire avec ses blagues . Je voudrais revenir en arrière, entendre sa voix, le voir jouer avec mes filles. Oui, une partie de notre vie est terminée, mais je crois vraiment qu'une autre partie commence. Moi aussi, je me suis ouverte à la spiritualité : mon père était musulman, croyant mais pas pratiquant, et j'ai vu la force que lui a donnée cette foi dans le destin, cette acceptation de ce qui nous arrive, dans ses derniers mois de vie extrêmement difficiles.  Je vois certaines coïncidences, certains signes dans mes rêves qui me troublent beaucoup...
Je nous souhaite à toutes et tous de trouver une forme d'apaisement, dans l'écriture, la spiritualité ou ailleurs. 

Hors ligne Le-Nita

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Bonjour Maria,

Je vous comprends. Je n'aime pas la personne que je deviens / suis devenue (?) depuis le décès de mon père. Comme vous, j'ai l'impression d'être moins empathique et parfois comme anesthésiée par les "petits" maux des autres. Je me surprend même parfois à ne pas être réceptive à la souffrance d'autres membres de ma famille quand ils me parlent de leur tristesse / douleur face au décès de mon père. La seule chose qui me vient à l'esprit est :"Oui, mais toi, tu as toujours ton père !".

Je suis aussi très en colère contre mon père, ma mère, mon frère, d'autres membres de ma famille, certains membres du corps médical, etc. J'en parle avec ma psy et je n'ai pas l'impression que cela se décante. Je ne pensais pas pouvoir abriter autant de colère. C'est dur à vivre.

Bref, je vous comprends ... mais je ne sais quoi vous dire pour que cela aille mieux.
Bonne journée.