Bonjour,
Je sais bien que vous ne pourrez pas m'aider et que le temps doit faire son oeuvre, mais j'ai besoin d'en parler car je suis complètement perdue.
Ma maman de 88 ans est décédée le 19 mars, j'étais en quelque sorte son aidant familial. Elle avait fait une embolie pulmonaire il y a environ 6 ans, et un de mes frères (j'en ai 2) m'avait culpabilisée en me disant au téléphone que je devais être près d'elle. J'ai donc laissé mon appartement et je suis restée dans l'appartement où j'avais vécu toute mon enfance. Ensuite, elle a eu des difficultés à se déplacer et il a fallu un déambulateur. J'ai décidé de vendre mon appartement pour trouver une maison où elle pourrait enfin passer sa retraite tranquille avec un jardin, mais bien sûr cela m'a engagé sur un crédit jusqu'à 70 ans. J'adorais ma mère, j'ai consacré toute ma vie à elle et à mon travail, sans aucune vie sociale. Aucun de mes 2 frères ne m'a aidé comme par exemple me laisser prendre des jours de congés pour aller faire les rdv médicaux.
Je sais qu'à 88 ans, je peux dire que j'ai eu beaucoup de chance d'être avec elle aussi longtemps mais elle est morte d'un abcès vers la vésicule qui s'est infecté et comme ses reins et son coeur étaient fragiles, je l'ai quitté alors qu'elle était sous respirateur. C'était horrible mais je me devais d'être forte vis-à-vis de mon autre frère pour les formalités administratives. J'ai toujours voulu me montrer forte pour prouver à ma mère que j'étais capable de me débrouiller seule et qu'elle en soit fière. Forte à la maison, forte au travail, fragile à l'intérieur.
La veille de son enterrement, une des belle-fille a dit à l'autre que ma mère était fachée que mon frère qui me faisait culpabiliser ne soit jamais venu la voir. Lors de son embolie, ils sont même partis le jour même de sa sortie !
Je crois que j'étais là pour qu'elle se sente encore utile car elle avait toute sa tête et aimait faire à manger malgré son handicap et moi je m'efforçais de montrer que tout allait bien dans ma vie.
Bref, suite à cet aveu par une belle-soeur, l'autre s'est mise à hurler et mon frère est aller bouder dans la chambre de ma mère car ils étaient tous chez moi ces jours. C'est à ce moment que j'ai craqué, ils se disputaient alors que ma mère n'était pas encore enterrée. J'ai avalé plusieurs médicaments et on m'a dirigé à l'hopital la nuit et le jour de l'enterrement de ma mère.
Mon frère est parti le lendemain de l'enterrement tôt le matin en disant simplement au revoir lorsque je dormais car j'étais très fatiguée. Il ne m'a même pas demandé combien avait coûté l'enterrement, n'a pas repris de nouvelles depuis.
Je suis totalement vidée de toute énergie, désormais seule et l'impression d'être considérée comme un déchet. Je pleure ma mère et je suis aussi en colère (mon cousin parle de cocotte minute prête à exploser).
Si tout était à refaire, je le referai car j'adorais ma mère. Je crois qu'en plus de mon deuil, je dois gérer ce rejet alors que je n'y suis pour rien.
Tout le monde va reprendre sa vie comme avant sauf moi. Je vais adopter un chat car j'ai toujours voulu en avoir un mais c'était trop dangereux avec un déambulateur et je crois que cela me permettra d'éviter d'avoir des pensées suicidaires car j'aurai quelqu'un à protéger. Cependant je ne veux pas devenir cette vieille fille aigrie avec son chat car je sais qu'au fond de moi j'ai envie de quelque chose mais je n'ai plus la force d'agir, ni de trouver la solution. Je sais que je vais souffrir pendant très longtemps de l'absence de ma mère, voire jusqu'à la fin, mais je ne veux pas rester avec cette colère, ni pardonner à mon frère, que je rend coupable de la perte de mon énergie.
Je vous remercie pour cette longue lecture et je suis bien consciente que je ne trouverais la solution qu'à l'intérieur de moi même mais en ce moment il n'y a que du vide. J'ai repris le travail en croyant que me concentrer sur un dossier me ferait du bien mais je suis si fatiguée (les anxiolytiques y sont aussi pour quelque chose) et je me sens également moins forte au travail.
On me parle de séances de psychologie, êtes-vous passés par cela ?
merci pour votre bienveillance.
Michelle