Orchidée,
J'ai 58 ans.
Le 24 novembre, mon père de 89 ans est décédé. C'était prévisible : cancer de l'amiante, je l'ai accompagné en soin palliatifs.
Ce jour de son décès, mes enfants m'ont rejoint. Mon fils cadet m'a annoncé, ainsi qu'à ma mère, sa veuve, qu'il allait être père, et que l'enfant naitra en Juillet, mois de naissance de mon père. Nous avons rit, été heureuses, même si ma mère s'en voulait de célébrer la vie le jour de la mort de son mari.
Tout ça pour te dire qu'un mariage, c'est de l'union, de l'amour et tu as le droit de respecter le bonheur, même dans la peine, il vient. Rien n'est ni blanc, ni noir. Ton papa serait heureux que tu célèbres ton amour, n'aie crainte.
Quant à être éparpillée, je l'étais aussi à 1,5 mois. Je peinais à m'endormir et là encore, à 4 mois je peine encore, mais au moins je dors bien.
Le vide, le manque, c'est normal, tu viens de perdre un être cher, ça ne peut pas se passer sans douleur.
Par contre, j'ai été voir un médecin, qui m'a prescrit de l'Alprazolam en cas de crise d'anxiété aigüe. Médicament dont je n'ai pas abusé, mais qui m'a aidée. Et j'ai surtout parlé, laissé vivre mes émotions, vu mon ostéopathe, pris soin de moi. J'ai essayé de ne pas tomber dans l'abîme de ma peine, tout en reconnaissant ma peine. De vivre. Je l'ai même pris comme un "devoir" envers lui, et aussi envers moi, bref, un acte d'amour. "Papa, ta mort me touche, mais ne crains rien, elle ne me détruit pas". Et c'est vraiment ça qu'on se dit, pour nos enfants : que notre mort ne les détruise pas! Il y a des morts qu'on pressent, d'autres qui sont choquantes. Mais finalement, même les pressenties sont choquantes. Toute mort est un choc.
Prend soin de toi
Amicalement,
Laure