Bonjour Cycy,
Je compatis tellement à votre chagrin, je le comprends si bien.
Les 3 premiers mois sont terribles, et il le sont d'autant plus si vous restez seule.
Je parle de mon expérience toute récente, qui ne vaut que pour moi. Mais j'ai bougé au maximum, changé mes habitudes, pour fuir le vide, le manque. Ca a été plutôt une bonne chose, de voir des gens parfois éloigné de nos soucis, mais qui nous reconnectent avec la vie. J'ai également été séjourner dans une abbaye pour recevoir de la bienveillance et me reposer. Moi qui n'ai jamais été pratiquant, ni très croyant, je trouve aujourd'hui dans l'église, un tout petit apaisement. Sans y croire forcément, je comprends désormais quel rôle peut jouer les religions : accompagner les vivants dans le mystère de l'existence, dans la douleur de la vie. Alors certaines liturgies, certaines prières et musiques peuvent apaiser. Notamment lorsqu'on pense à ces millions de personnes qui ont partagé, à travers ces prières, leurs peines à travers les siècles.
Car c'est là aussi une "technique" que j'utilise et qui m'apaise. Je ne suis pas sûr que ce soit très sain, mais je ne crois pas non plus que ce soit morbide, ni néfaste.
Chaque jour, je tape les mots "mort", "décès", "décédé", "décédée" dans google actualité, et je lis les faits divers, les morts tragiques, accidents, les avis nécrologiques des personnes décédées récemment. Et je compatis à la douleurs des proches, je constate à quelle point la mort est cruelle, elle prend des enfants, des jeunes gens, des pères, des mères. Je réalise aussi que souvent elle est provoquée par un petit rien, un manque d'attention, un manque de vigilance et j'imagine toute la culpabilité des proches dans ces moments-là (si j'étais partis 5 minutes plus tars, si je l'avais retenu, ...).
Cet exercice fastidieux m'a permis de réaliser à quel point la mort fait partie de la vie de tout à chacun. Et qu'elle est proche de chacun d'entre nous. un faux pas et nous partons. Alors quand je vais mal, je pense à cela en essayant de relativiser ma propre douleur. Je pense très souvent à ce couple qui a perdu à Noël 2023, leurs 3 enfants dans un incendie. Un défaut électrique dans une maison louée pour Noël je ne sais plus dans quel département. Et je me dis que si ce couple survit, et il le fait en essayant de trouver un sens à la mort de leurs enfants en finançant et créant des actions pour les jeunes, et bien je dois aussi trouver la force d'avancer.
Ta maman est partie trop tôt, c'est ton sentiment et c'est normal. Mais 77 ans est un âge où on commence à être fragile et le moindre petit souci peut vite devenir dramatique : une chute (Nicole Bricq, ancienne Ministre à 70 ans dans ses escaliers), une indigestion mal surveillée, un AVC, une crise cardiaque. Si ta maman était en bonne santé, valide, je comprends que le choc doit être d'autant plus grand de la perdre. Et tu ne trouveras une consolation que dans l'acceptation, et personnellement cette acceptation je commence à l'avoir en m'intéressant aux morts des autres.
Evidemment, tu peux également t'intéresser aux vivants et les aider
Les petits frères des pauvres cherchent des bénévoles pour accompagner les personnes âgées isolées. Ca peut être une belle expérience.
Et de mon côté, j'ai changé beaucoup de mes habitudes et je souhaite changer rapidement de travail. La routine de septembre commence à s'installer et je me sens mal, triste, je ressens vraiment le vide, celui de l'automne, où la douceur permet encore des balades tout en appréciant de rentrer à la maison et s'occuper de ses proches.
Tu vois, "aller mieux" n'est jamais définitif, et les vagues de mélancolie sont encore bien présente. J'envoie tout mon Amour à Maman et comme le disait la chanson d'Edith Piaf, "Dieu réunit ceux qui s'aiment".
Bon courage à toi Cycy,
Pat