Bonjour/bonsoir à vous tous,
Cela fait maintenant trois jours que j'ai appris le décès subite de mon Papy. Il avait souffert d'un cancer mais était en rémission et se sentait bien mieux. De même pour l’Alzheimer qui n'avait pas encore eu le temps de faire tous les ravages prévus chez lui ; il luttait d'ailleurs contre la vicieuse maladie en exerçant sa mémoire du mieux possible.
Ce qui l'a emporté, c'est son coeur. Mon grand-père était cardiaque de longue date ; bien que nous n'en étions pas toujours conscients, il pouvait cesser de battre à n'importe quel moment. Mais comme je disais toujours " le mien peut battre pour deux".
Bien entendu, je suis consciente qu'il avait déjà eu une longue vie et que celle-ci fut heureuse, qu'il n'a pas souffert. Mais au-delà du grand-parent, je viens de perdre mon confident, la personne qui me consolait, celui qui me ressemblait le plus physiquement et moralement.
C'est avec lui que j'ai appris les choses qui me font tenir aujourd'hui . Petite, je détestais lire mais il m'en a donné le goût. Il m'appris aussi à écrire. Je sais maintenant que sans ces deux savoirs, je n'aurais jamais su tenir bon à des moments cruciaux de ma vie. Enfant unique, je me suis souvent inventée des héros dans des histoires que je m'écrivais à moi-même. Après, Papy les corrigeait et jouait le rôle d'une sorte de " critique littéraire". Actuellement, je viens de rentrer à l'université en septembre et j'y étudie la philologie germanique. Je suis persuadée que c'est grâce à lui que j'ai cet amour des lettres, de la poésie, des récits. Comme lui.
C'est avec lui que j'ai découvert le violon. Lorsqu'il était petit, durant la guerre, sa maman s'était procurée un instrument et voulait absolument qu'il suive des cours. Mais il n'avait jamais eu la patience de continuer. Lorsqu'il m'avait montré la première fois le violon des années 30 avec son archet aux crins disparus, lorsqu'il m'acheta dans la grande surface du coin un CD des meilleurs concertos pour violon, je su que je voulais en faire. Cela fait maintenant douze ans que je joue et cela faisait douze ans qu'il m'encourageait. Malgré les débuts laborieux et la difficulté pour un petit enfant (j'avais 6 ans et demi et nombre de fois, j'ai voulu abandonner).
Sa disparition fut subite et choquante. Nous ne nous y attendions pas. Et Noël sans lui... Lui qui aimait tant cette fête !
Je n'arrive pas à en parler à quelqu'un ; ni mon copain , ni mes meilleures amies. Et simplement le fait qu'on me répète sans cesse qu'il " faut parler car c'est libérateur" ou que " je ne dois pas hésiter à en discuter" m'agace. Même les paroles gentilles se transforment. Je déteste le fameux "sois forte" que mon copain me répète. Pourquoi être forte ? Cela fait si peu de temps, n'ai-je pas le droit à pour une fois dans ma vie, "flancher" ? Pourquoi en parler avec eux ? Je ne parviens même plus à accepter un contact physique avec lui. Or, ce n'est pas de sa faute. Mais tout ce qu'il me dit me paraît si ridicule. Aucun mot ne peut décrire cela. Aucun. Ce que je déteste le plus est son manque de tact occasionnel. Le "ça va mieux? " lorsque je parais moins accablée. Je n'ai envie de rien, pas même de le voir. Je prononce des paroles polies à son égard pour le remercier mais au fond de moi, je ne les pense pas.
Et de plus, il y a ces examens de la fac qui ont lieu en janvier. Je me dois de les réussir et me plonger avec zèle dans mes bouquins me fera oublier le reste. C'est ce que on grand-père aurait voulu, je crois. Me voir réussir malgré tout. Alors, je vais faire de mon mieux.
Et encore une fois, j'ai écrit pour tenir bon dans un moment crucial de ma vie; et cela est plus libérateur que n'importe quel son qui pourra sortir de ma bouche.
Je vous remercie d'avance de votre soutien et compréhension, et partage également votre douleur.