Bonsoir à tous ceux qui me liront, je m'excuse par avance pour la syntaxe, j'ai juste besoin de parler, de mettre à l'écrit ce qu'il se passe dans ma tête depuis le 3 avril 2019.
Voilà bientôt un an que j'ai perdu celle qui m'a donné la vie une deuxième fois, qui m'a élevé, m'a guidé sur ce chemin torturé qu'on appelle la vie......ma grand mère.
Elle est partie des suites d'un cancer de la bouche foudroyant, à l'âge de 96 ans. C'est elle qui a décidé, plus ou moins, du jour de son décès, elle a souhaité bénéficié d'une nouvelle loi lui, permettant d'être sous morphine, comme endormie, mais il n'y a plus aucun soin, aucune alimentation. C'était son choix, elle n'en pouvait plus de souffrir, je le comprends, elle voulait partir.
Pour comprendre mon état d'esprit aujourd'hui, il faut savoir que j'ai déménagé en 2017, soit un an avant le diagnostic, en Martinique, à 7237 km d'elle. J'ai toujours été très proche d'elle, à partir du jour ou je suis arrivée ici, je l'ai appelé tous les jours sans faute. Il m'est arrivée de ne pouvoir, et de me faire "gronder" le lendemain. La dernière fois que je l'ai vue c'était 3 semaines avant son décès, m'a famille m'avait informé de la dégradation de son état, de son hospitalisation, et qu'il fallait que je vienne de toute urgence. J'ai sauté dans le premier avion et suis rentrée en Métropole la voir à l'hôpital. Tous les jours, toute la journée. Le personnel de l'hôpital a été génial, et aux petits soins de ma Mamy et de nous la famille. Nous avons pu la faire sortir de l'hôpital une apres midi complète, elle voulait revoir sa maison une dernière fois. C'était un après midi de souvenirs, je me suis revue comme quand j'étais enfant, avec ma cousine, ma tante, ma meilleure amie lors du goûter d'après école. Elle était heureuse ce jour là. Elle n'a pas eu besoin de morphine pour calmer la douleur. Elle a mangé de bon appétit un éclair à la vanille, pour lequel nous avons du faire toutes les boulangeries de la ville pour en trouver un.
Le lendemain, la douleur l'a rattrapée, traitesse. J'ai du lui dire "adieu" le samedi, je devais rentrer m'occuper de mon fils, même s'il a 16 ans, il a besoin de moi. Et mon mari aussi.
Et à partir de ce jour ma descente aux enfers commence.
Le 1er mai de l'année dernière, je lui ai parlé pour la dernière fois au téléphone, le lundi elle m'avait expliqué son choix, la procédure, son soulagement. Je l'ai sentie en paix avec elle même ce jour là. Elle a eut sa sédation profonde à 17h française, il était 11h du matin pour moi. J'étais seule, toute la journée, jusqu'au soir que ma famille rentre de leurs obligations respectives, école et boulot.
Il a fallu attendre 7 jours. 7 longues et mentalement horribles journées. Malgré les paroles réconfortante de ma cousine qui a pris soin d'elle jusqu'au dernier moment, me certifiant que son souffle était paisible, comme son visage, quand on ne voit pas, on s'imagine pleins de choses, enfin moi.
Le mercredi 8 mai, jour fatidique. Mon fils me tanait depuis un moment pour aller voir un célèbre film, ironie ou non Endgame. J'ai cédé. Ce même jour, mon oncle et ma cousine lui avaient dit qu'ils reviendraient plus tard, qu'ils allaient un peu dans leurs familles. Cela faisait 7 jours qu'ils se relayaient pour ne pas la laisser seule à ce moment là. C'est celui ci qu'elle a choisit. Pour ne pas déranger, comme tout le reste de sa vie. Le plus discrètement possible.
Ce matin là, je me suis levée en me sentant pressé au niveau thoracique, je n'arrivais pas à prendre de grande inspiration, l'impression que,l'air me manquait. Cette oppression à duré jusqu'à 14h24, heure où le film a commencé exactement, et où elle a rendu son dernier souffle. A la fin du film j'ai pleuré, pour le,personnage, mais je sentais pour autre chose sans savoir le définir.
Je savais que c'était fini au moment même où j'ai rallumé mon portable à la sortie du cinéma. Je l'ai appris par sms et message vocal. Il était presque 18h ici, en Martinique, pour ma famille il était minuit, même si je savais que beaucoup ne dormait pas, je ne pouvais décemment pas appeler.
Mon mari était en déplacement jusqu'au samedi, j'étais seule avec mon fils, je lui ai fait peur ce jour là. Non pas que nous ayons, ou même risquer l'accident. Je pense plus que c'est la détresse qui a du s'afficher sur mon visage à ce moment là. Durant tout le trajet il s'est senti obligé de faire,le clown pour me faire rire. Et ça a marché, c'est la première fois que j'ai refoulée ma détresse.
Son enterrement à eu lieu le 14 mai 2019. Je n'y suis pas allée. Afin d'être présente ce jour là, j'ai écrit une lettre à ma grand mère, demandant à ce qu'elle soit lue pendant la cérémonie, lors des hommages. Ma tante m'a dit qu'elle ne serait pas lue mais imprimée et glissée dans son cercueil entre ses mains. J'ai eu la sensation d'un coup de poignard dans le dos. Je suis peut être égoïste, mais ce jour là, j'aurais crue qu'on aurait eu une petite pensée pour sa petite fille qui était si loin, si malheureuse, un petit mot. Rien, ma meilleure amie, qui adorait ma grand mère, a été la seule à me représenter. Ma famille ma lâchée.
Je n,ai pas enterré ma grand mère, personne ne m'a donné l'impression de participer à ses funérailles, donner 15 euros pour une plaque de la part de 10 petits enfants, 20 arrières et 7 arrières arrières, oui mais pour moi c'est normal, ce n'est pas un acte d'amour, de partage, c'est rappeler juste que la famille est nombreuse.
Je n'ai pas la sensation d'avoir pu partager la peine de ma famille, je sais que le desarroi est grand pour tout le monde, mais peut-être sont ils tout aussi seul que moi, malgré leur proximité géographique.
Pendant les 15 premiers jours qui ont suivi son enterrement, j'ai pleuré, hurlé, je lui ai demandé pourquoi, j'ai décroché le téléphone des nombres incalculable de fois pour l'appeler.
En juin, mon premier anniversaire sans elle, sans sa carte postale, et son appel le jour de la fête de la musqiue, toujours une journée d'avance, parce qu'elle adorait la musqiue. Et moi aussi.
Cet été, mon fils aîné m'a présenté sa fiancée, bouffée d'air frais dans ma traversé du désert. Mais la douleur est revenue plus forte que jamais après son départ. Le jour où ils sont partis, son petit frère l'a accompagné en vacances en Métropole chez ses grands parents paternel pour 2 mois, et mon époux et reparti en mission pour 1 mois. Je n'avais plus de boulot, plus de raison de me lever le matin. Un deuxième vide s'est installé. J'ai perdu tous mes points de repères. Aujourd'hui, je dois avouer qu'il me faut faire un gros effort de concentration pour me rappeler ce qu'il s'est passé depuis le décès de ma mamy/maman, jusqu'à noël.
Aujourd'hui, je déménage, je quitte la Martinique pour la Guyane, j'aurais presque envie de chanter un titre bien connu, et barbant à souhait, mais qui exprime mon état d'esprit " Libérée, délivrée " j'ai trouvé un travail la bas, j'adorae la région, et pourtant je n'arrive pas à sourire vraiment.
Je viens de passer une semaine la bas pour visiter, et j'ai l'impression d'avoir gâchée la fin du séjour avec mon époux. Nous nous sommes un peu disputé, parce que j'étais mélancolique, alors qu'au début de la semaine j'étais plutôt euphorique. J'ai de nouveau ri de bon coeur cette semaine, je me suis émerveillée de petit rien. Un papillon, un oiseau, une fleur particulière, pour moi, mais sans plus pour les autres. Cela faisait longtemps, très longtemps que je n'avais pas pris plaisir à découvrir de nouvelles choses.
Pourtant, vendredi j'ai replongé. Sensation désagréable d'un gouffre qui s'ouvre sous vos pieds alors que dans un moment d'oubli total je me suis dit que j'allais l'appeler pour lui raconter toutes ses découvertes, lui faire partager ma joie d'avoir retrouvé du travail , lui décrire tout dans les moindres détails, et là un éclair de lucidité m'a frappé en plein coeur, plus JAMAIS je ne partagerais ces moments avec elle. Moments où même à 40 ans je me sentais encore dépendante, malgre mes 2 fils, et,mes 20 ans de mariage. J'ai encore besoin de
Son avis, elle qui nous a toujours guidée mes cousines et moi.
Je viens de relire mon texte, et je m'aperçois que je suis très brouillonne, on ne sait pas trop où je vais, mais,moi non plus. Je suis perdue, je ne sais plus trop où est ma place.
Mon mari à l'impression que je l'abandonne, tellement je me suis renfermée sur moi. Mais j'ai l'impression d'avoir tout oublier, de ne plus savoir m'occuper de ma famille, que j'ai commencé à construire il y a plus de 20 ans. Mon mari, je n'arrive plus à lui faire plaisir. Un jour il s'est plaint que je ne prenais plus soin de moi, j'ai recommencé, mais je me force encore. Je ne le fais pas spontanément.
J'ai toujours dit que dans ma tête j'avais 17 ans, que je n'avais pas la sensation d'avoir 40 ans.
La réalité vient de rattraper ma fiction, et je dis bien ma fiction. Je me suis pris 25 ans en pleine face. Choc douloureux. Mon foyer d'enfance est en vente, un nouveau vide, une nouvelle réalité dure à accepter. Pourquoi vendent ils la maison ? Je ne veux pas, mais il faut être réaliste, accepter cet état de fait. Le retour en arrière est impossible. C'est dur.
Je veux allez de l'avant, que son doux souvenir m'accompagne, me guide, mais quand je pense à elle, ce n'est encore que tristesse, je me repasse en boucle les derniers instants passés avec elle, ses paroles reconfortantes, le dernier câlin que nous avons partagé, les je t'aime, et je pleure. Je ne pensais pas pouvoir pleurer autant, si longtemps.
Et mon homme, au milieu je le sens perdu, alors je n'en parle jamais, j'essaie de le préserver, je me tais sur ma douleur, cette sensation d'être perdue, je sens qu'il ne comprend pas. Je ne sais pas comment lui expliquer.
Il comprend mon chagrin, mais n'admet pas mon inactivisme, il ne comprend pas que je puisse me sentir seule, alors qu'il est là, ainsi que nos enfants, sa famille, nos amis.
Pour lui, je ne respecte pas la mémoire de ma grand mère en "m'appittoyant" sur moi même depuis si longtemps. Qu'il faut que je redevienne actrice de ma vie, et non plus spectatrice.
un nouveau travail, une nouvelle maison, une nouvelle région m'attendent dans un mois. Je sais que je mise beaucoup dessus afin de reprendre le cours de ma vie, tant et si bien que je viens à avoir peur d'échouer, et la je replonge en pensant qu'elle n'est plus là pour m'encourager, me féliciter, me secouer quand j'en ai besoin.
Cela va t il encore durer, je suis fatiguée de ces montagnes russes émotionnelles. C'est pire que les changements hormonaux après un accouchement responsable du baby blues, parce que ca s'inscrit dans le temps, et sans hormones.
Je vous remercie d'avoir pris la peine de me lire.