Auteur Sujet: Aux hommes qui ont perdu leur maman et leur papa (femmes peuvent répondre aussi)  (Lu 3704 fois)

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Bonsoir,
Je reviens ici après quelques petites années d'absence.
Je suis un homme de 63 ans et j'ai perdu ma maman en 2011 et mon papa en 2017.
Tout cela est très dur pour moi.
Je voudrais donc en discuter avec d'autres hommes, car en général ceux-ci hésitent voire répugnent à s'exprimer sur de tels sujets, sur de telles douleurs. Mais bien sûr les femmes qui vivent les mêmes douleurs sont bienvenues.
Il y a eu des périodes d'accalmie relative, mais en ce moment tout repart en vrille.
Je n'hésite pas à dire que c'est affreux à vivre, même "tant" d'années après le perte de mes parents que j'aime.
N'hésitez pas à partager avec moi vos moments de douleurs, car nous sommes bien ici pour partager.

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Je suis allé ce w-e sur la tombe de mon papa et de ma maman. Après plusieurs années "d'absence".
Sur le moment, ça apporte une certaine sérénité, même le lendemain.
Mais deux jours après, les souffrances reviennent d'abord sourdement, puis de façon de plus en plus présente ...
Je vous donnerai des détails ultérieurement sur cette visite de la tombe, que j'avais préparée à l'avance. D'autant que pour une fois je n'étais pas seul.

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Aujourd'hui, mon humeur, mon âme allaient mieux.
Très certainement parce que le temps, la météo était en correspondance avec mes sentiments.
Les nuages ont donc pleuré à ma place.
Moment de répit, de quasi sérénité, appréciable.

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Bonjour,

Je suis un homme de 39 ans et je viens de perdre ma maman.

Alors je te réponds sans encombre, j'ai perdu la personne la plus importante de ma vie, et je sais d'ores-et-déjà que plus rien ne sera comme avant, que ma souffrance sera infinie et que désormais, je n'ai plus peur de la mort à condition de pouvoir retrouver ma maman. Ca ne veut pas dire que je souhaite mourir, mais simplement que le moment où cela arrivera, je serai réconforté d'avoir l'espoir de la retrouver.

J'assume totalement de ne pas réussir à prendre le dessus pour le moment, de pleurer en public et de parler d'elle. Peut-être que ça dérange, peut-être que ça interroge, mais je crois que c'est d'une part essentiel pour moi d'extérioriser cette peine. D'autre part, je ne veux pas avoir honte de ma maman et de l'amour mutuel qu'on se portait.

Ce qui m'attriste, c'est que ton témoignage mentionne bien que la douleur persiste, même après plus de 10 ans. J'imagine bien qu'il y a des jours avec, et des jours sans.

Mais des jours de désespoir même 10 ans après me serre le cœur et ne m'encourage pas à continuer sur le chemin que je débute à peine.

La personne de la morgue m'avait conseillé, avant les funérailles, d'écrire une lettre à maman et de la glisser dans son cercueil. Une lettre pour lui dire ce que j'avais pas eu le temps de lui dire. Je l'ai fait, j'avais notamment deux petites choses à lui dire, qui aujourd'hui n'ont finalement peu d'importance, mais qui sur le moment, me meurtrissait. Et bien ça m'a apporté un soulagement sur le moment et c'est vrai que ces deux petits regrets, je ne les ai plus sur le coeur, comme si, en effet, j'avais pu communiquer à Maman.

Alors j'ai décidé de lui écrire, aujourd'hui et d'essayer de lui écrire un peu dès que j'en ai besoin. Je crois vraiment que c'est important et que ça soulage.

Alors je vais continuer ici, sur un autre registre, moins personnel, mais pour parler de moi, et tenter de soulager ma douleur, ma solitude.

Je vous souhaite bon courage et surtout, assumez votre peine, homme ou femme, quelle différence ?

Pat

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Je te remercie d'avoir répondu, car bien peu auraient osé, même ici.
Je ne répondrai ce soir qu'à certaines de tes phrases, le reste de ma réponse suivra ultérieurement.

Lorsque tu dis "homme ou femme, quelle différence ?" tu te doutes que je suis tout à fait d'accord. Sauf que en général les gens ne voient pas les choses comme cela, au contraire. Je me souviens par exemple avoir dit que la perte de ma maman avait déclenché une semi-dépression chez moi, propos que j'ai tenus face à un ami de longue date et de sa famille, et j'ai aussitôt remarqué les regards complices qui se sont échangés, voulant dire "pas possible, une si grande tristesse seulement pour la perte de sa mère ? C'est trop ballot !"
Résultat : jamais plus je ne parlerai de mes pensées pour maman en présence de cette famille.

Bref, on passe sinon pour un con, du moins pour un faible. Car là est le deuxième point à considérer : un Homme se doit d'être plus fort qu'une femme, dans tous les domaines, y compris celui du deuil.
Même pour la perte atroce d'un enfant, le Français moyen aura toujours plus de commisération pour la mère que pour le père. Alors que depuis que je lis les forums de deuil je peux te dire que les pères endeuillés qui y écrivent pètent généralement complètement les plombs eux aussi.
Notre société française est comme ça, il faut effacer un deuil le plus vite possible, mais ne surtout pas oublier, bien sûr, de rester entre 3 et 4 minutes chrono sur la tombe à la Toussaint. Puis d'en repartir aussitôt pour oublier illico telle perte douloureuse ... pour ne revenir que un an après, et rebelote. Alors, et alors seulement, on entre dans les normes de ce que les Français sont prêts à accepter.
Je trouve cela parfaitement ignoble, quand on compare cette attitude dégénérée à d'autres cultures où la place de nos disparus est tellement plus importante, parfois même au quotidien (certains pays de l'Est, et surtout certains pays asiatiques notamment).

Je pense à ta douleur, que je sais très profonde, Pat.
ps : de quelle région es-tu, si ce n'est pas indiscret ?

Hors ligne Fox

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Bonjour comment faire,

Tu sais, tu parles de "français moyens", mais les réalités sont très différentes. Je crois aussi que cela dépend de la sociologie, de la culture dans laquelle tu évolues.

Je suis dans un cadre très féminin, que ce soit au travail ou dans ma famille, mes amis. Je côtoie aussi des gens qui ont une certaine sensibilité et intelligence du coeur. Et puis je suis entouré de personnes plus âgées qui ont aussi vécu des choses difficiles.  Dans ce cadre, je me sens assez libre de parler de moi, de mes émotions et de ma relation avec ma mère.

Et puis, en ayant été proche-aidant, j'ai reçu beaucoup d'encouragements et de bienveillance de l'entourage immédiat. Beaucoup me disait que j'étais courageux et que Maman avait beaucoup de chance de m'avoir. A partir de là, tout le reste je m'en fiche totalement.

En revanche, tout comme être proche-aidant est un tabou, au même titre que la vieillesse, je découvre à quel point le deuil dérange. Il ne faut pas parler de la mort et des disparus.  Notre société est malade d'un système consumériste. Et j'en témoigne, quand j'étais proche-aidant, je n'avais aucune valeur ajoutée sur le marché de la consommation : pas le temps d'aller au ciné, au restau, de prendre des vacances, de sortir. Bref un très mauvais consommateur.  Les endeuillés sont exactement pareil. Ne pas avoir envie, de rien, est très mauvais pour la consommation, alors il faut vite soit nous donner envie de vivre (= consommer) soir nous exclure, car nous ne sommes pas dans la normalité du système capitalistique.

C'est mon analyse, et je crois qu'on doit pouvoir revendiquer un droit au deuil, réhabiliter les signes du deuil pour mériter une forme de respect des autres et des inconnus, avoir le droit de ne pas sourire, de pleurer, de se sentir à côté du monde, et recevoir, en retour, un minimum de respect, de soutien.

J'espère que ta journée se passera bien, et qu'elle ne sera pas trop lourde.
En écrivant ici, le matin, je me sens un peu mieux, puis ça peut dégringoler au fil de la journée. On verra bien.

(je suis de Paris, mais j'ai accompagné Maman à côté de Lille et actuellement je suis en Bretagne pour me reposer).
Pat

Hors ligne Fox

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Bonsoir comment faire,

Tu vois par rapport à ton fil et aux commentaires que je lis sur le forum, je me rends compte à quel point, en effet, il y a une sorte de minimisation de la perte d'un parent.

Je compte à 3 remarques sur ma situation, du style : perdre un conjoint c'est tellement différent (sous-entendu, tellement pire) ou perdre un parent, c'est dans l'ordre des choses.

Je ne comprends pas ce type de remarque. Le deuil, la douleur, le vide seraient quantifiables ?
En quoi perdre une personne avec qui tu partages ta vie serait moins impactant au motif que c'est ta mère ou ton père ?
En quoi partager "l'intime" comme le disait quiguan serait plus fort que l'amour inconditionnel d'une mère.

Enfin bref, c'est assez étrange d'être mis de côté car on ne serait pas dans la même catégorie que les autres...

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Les gens ont peur de passer pour des "enfants" au sens puéril du terme s'ils se montrent trop attachés à leur(s) parent(s) en tant qu'adulte "accompli".
Et puis j'y reviens, en Europe de l'Ouest, les gens se moquent du deuil, pour eux il convient de "respecter la mémoire" des siens une fois par an, durant quelques minutes, debout devant une tombe. Puis même CINEMA l'année d'après à la Toussaint.
Si le sujet t'intéresse, et je crois qu'il le devrait, fais des recherches sur la commémoration des personnes décédées au sein des familles, selon différentes cultures. Y a pas photo : on est les plus dégueulasses dans notre mépris le plus total pour "ces choses-là".  La culture ouest-européenne a réussi à déshumaniser tellement de choses, que même celle-là n'échappe pas au phénomène. Dévier un tant soit peu de ce qu'attendent les autres vous place immédiatement parmi les f

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parmi les faibles, les immatures, les faibles d'esprit, les pôv' chouchous à leur môman, les cas psys, et j'en passe.
Pire, bien sûr, si on est un homme. Car là on devient immédiatement un sous-homme, incapable de maîtriser un deuil somme toutes très "banal", nous rendant d'autant plus suspects et dorénavant si peu dignes de confiance car jugés par trop fragiles, car au-delà des normes admises (verser deux larmes, maximum trois, au moment où on nous annonce la perte de notre parent, est considéré comme très acceptable, mais surtout ne pas dépasser ces normes...), point de salut !

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Depuis quelques temps, je me rends compte de la vanité (au sens de "vain") de certaines choses.
Maman est partie, c'est incontournable, point.
Comme elle me le disait elle-même : "Tu sais, c'est bien beau tout ça, mais une fois que tu es parti ..." et elle accompagnait sa fin de phrase muette par un geste qui signifiait : c'est irrémédiable.
Il faut dire qu'elle même a beaucoup souffert de la perte de sa maman, dont je pense elle ne s'est jamais vraiment remise.
Elle l'estimait et la révérait vraiment beaucoup. Je l'ai souvent entendu lui rendre hommage, notamment sous la forme d'anecdotes.

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Le beau temps n'arrange rien, quand ça ne va pas, ça ne va pas.
J'ai presque envie d'assimiler un deuil -un vrai- à une sale maladie ...

Maman et papa, je pense à vous quotidiennement. Je repense à ces moments très anodins qui sont devenus  des moments-souvenirs très précieux.
Papa, si tu m'entends ou si tu me lis, je me souviens avec émotion de ces très nombreuses fois où tu me menais au magasin Leclerc, devenu ensuite Auchan, j'ai même une photo de toi, que je garde très précieusement, devant l'entrée de ce supermarché. Combien de fois j'ai contemplé cette photo durant ces dernières années, c'est de la folie.
Les moments les plus simples peuvent devenir nos meilleurs souvenirs.

Selon l'humeur, papa et maman, je place des bougies électriques devant ou derrière vos photos. Une façon de vous dire que je ne vous oublie pas. Et d'amener un peu de chaleur dans le grand froid de l'absence.

Hors ligne Fox

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Pour suivre son chemin seul rend ce dernier particulièrement long. Se souvenir des bons moments est en même temps un réconfort et une douleur. Le manque, le vide ne sont pas comblés. Certains y parviennent par leur vie propre (leurs enfants notamment) mais pour les autres, la mort d'un parent est synonyme de la mort d'un foyer, d'une famille.

Tu peux laisser les petites bougies électriques allumées je suis certain que cela fait du bien à ton cœur qui contient le souvenir de tes parents.

Je commence tout juste ce chemin et je me sens particulièrement seul et la distance de ce chemin (je n'ai que 40 ans) me paraît infinie et me donne le vertige. Comment pourquivre si longtemps sans l'amour de ses parents ?

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Fox, tu ne peux pas savoir à priori comment vont évoluer les choses pour toi au fil du temps, dans deux mois, dans six mois, dans un an, etc.
Certains effectivement semblent reprendre le dessus relativement vite, surtout s'agissant de ses parents.
Mais pour d'autres, c'est à la fois plus difficile et plus long. Cela peut dépendre de la place qu'occupaient les parents dans la vie, dans la personne même, dans son intimité, dans la construction de sa personnalité. Certains avaient déjà depuis pas mal de temps coupé le cordon ombilical. D'autres étaient tellement bien dans leur famille d'origine qu'elle était et est toujours tout, ou presque.
De toute manière, perdre une personne proche, je ne vois pas comment cela peut nous "aider à grandir", comme le prétendent certains. Tellement, mais tellement de souvenirs nous rattachent à notre maman, à notre papa, comment faire table rase de tout cela ?
Je sais maintenant par expérience que mon papa et ma maman ne se sont jamais vraiment épanchés devant moi de la perte de ceux qui les ont élevés, même si de temps en temps je voyais bien maman pleurer, c'était rare, mais elle ne disait pas pourquoi elle pleurait. Pudeur,  volonté de me protéger, ou les deux. Quant à papa, il m'a toujours dit qu'il serait toujours reconnaissant envers les grands-parents qui ont su l'élever, ça oui. Mais je ne l'ai jamais vu pleurer.

Notre maman nous manque Fox, c'est comme ça, ce sera toujours comme ça. Il va bien falloir continuer à vivre avec ça...
Quant à mon papa, c'était plutôt quelqu'un qui ne se souciait pas de ce que pensent les autres, il a su profiter de la vie à sa façon, une façon somme toute très simple. A l'époque, je le trouvais même un peu égoïste de ne pas plus se préoccuper des autres que ça, mais aujourd'hui je me rends compte qu'en fait il était tellement entier qu'il n'aurait pas fait de mal à une mouche, c'était une personne simple et gentille. Même si je n'allais pas le voir souvent, inconsciemment sa présence sur Terre était un soutien pour moi. Mais il n'est plus là.
"Je ne t'oublie pas papa, je ne t'oublie pas maman", sont des phrases que j'ai tellement prononcées depuis toutes ces années de peine, quasi quotidiennement, notamment en présence de vos photos.

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Bonne fête mon papa.
A l'époque où tu étais avec nous, je n'ai jamais oublié de te souhaiter une bonne fête des pères.

J'espère que tu es bien là où tu te trouves maintenant., en présence de personnes que tu aimes, notamment les grands parents qui t'ont élevé et auxquels tu as rendu hommage un grand nombre de fois en ma présence.
Je te souhaite beaucoup de sérénité.

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Depuis ce matin tu me manques tellement maman, je pense à toi quasiment sans arrêt.
Que la condition humaine est pénible à endosser.
C'est ça la vie d'un être humain, où plus le temps passe, plus on enterre des personnes qui nous sont proches ? C'est vraiment ça ?
Et après il nous reste quoi ? Uniquement les yeux pour pleurer ?