Auteur Sujet: aucun chagrin à la mort de mon père  (Lu 10219 fois)

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régine5869

  • Invité
aucun chagrin à la mort de mon père
« le: 29 janvier 2017 à 19:53:24 »
Bonjour, j'ai 59 ans, et je viens de perdre mon père il y a 15 jrs et la crémation a eu lieu il y a deux jours.

Je n'ai jamais eu de bonnes relations avec mon père car il était excessif en tout, il m'a faite grandir à coup d'humiliations et de claques, et un jour vers mes 8/9 ans j'ai dit à maman : tu sais maman si un jour papa vient à mourir et ben j'aurai les yeux secs.

Depuis le 16 janvier 2017 j'attends d'avoir le coeur triste, j'attends d'avoir des larmes, j'attends de ressentir le moindre petit début de tristesse.

Mais rien. On dit que le  deuil d'un parent est au niveau 1 de l'échelle du stress. Alors est-ce que je suis un monstre ? est-ce qu'un jour je vais faire un cancer du sein ou autre maladie pour que mon corps exprime quelque chose ?

Si vous pouvez me  donner vos avis éclairés je vous en remercie d'avance.
Bien cordialement.

Régine

Laure R

  • Invité
Re : aucun chagrin à la mort de mon père
« Réponse #1 le: 29 janvier 2017 à 20:56:16 »
Régine,
Tu ne vas pas faire un cancer. Tu as 59 ans. Tu n'as pas eu l'impression d'aimer ton père.  A 8/9 ans, tu as eu cette phrase prophétique sur les yeux secs. Elle te revient. Il t'appartient de la dissoudre. Car, si je comprends bien, tu voudrais pleurer.
Si tu savais mon père combien j'ai pu à la fois le détester et l'aimer. Comment, avec les années, plusieurs années de thérapie, j'ai pardonné, gardé le beau, et même, même adulte, passé 50 berges, quand il me blessait, j'avais fait taire les vieux dossiers, j'avais capté d'où il venait, les martinets, cette violence ordinaire, patriarcale, familiale, de la guerre.
Régine, tu vas juste retrousser tes manches, chercher, au milieu de toute cette humiliation, cette déception, ce manque de reconnaissance, le tragédie de ton père, ta propre tragédie, et pardonner, à lui, à toi. N'aie pas peur, tu n'auras pas de cancer. Faut juste que tu ne laisses pas en friche toutes ces années où tu pensais que la mort de ton père ne t'affecterait pas.  Elle t'affecte, puisque tu pose la question de ta santé, de ton stress. Elle touche à ta survie. Non, tu ne le pleures pas, mais tu es inquiète pour toi.
Pleures, pleures pas, c'est pas la question. Examine toutes les valises que te lègues ton père, minutieusement.
Avec toute ma considération pour ce rude travail qui t'attend.

régine5869

  • Invité
Re : aucun chagrin à la mort de mon père
« Réponse #2 le: 30 janvier 2017 à 11:39:19 »
merci Laura j'ai effectivement l'intention d'aller discuter de tout cela avec un psy.
En fait, non je ne VEUX pas  pleurer je veux juste comprendre si je suis normale ou si je suis un monstre d'indifférence.

Comment moi qui suis une femme tendre et câline je peux à ce point ne pas aimer mon père pour ne pas être fichue d'avoir le début de commencement de chagrin.

C'est ça qui me prend le chou.

Bien à toi.
Régine

Laure R

  • Invité
Re : aucun chagrin à la mort de mon père
« Réponse #3 le: 30 janvier 2017 à 19:57:32 »
Peut-être que tu n'as vraiment pas pu l'aimer, qu'il t'a trop déçue... Y a des gens qui se sentent libérés. Même moi d'ailleurs, c'était plus une vie cet accompagnement, j'ai cessé de courir angoissée, en stress. Bon, moi j'ai pleuré, mais tout dépend des relations et du vécu avec la personne qui est décédée. Je ne pense pas que tu sois un monstre d'indifférence, tu ne te poserais pas cette question. C'est votre relation qui ne t'as pas nourrie, sans doute.
Un hug, femme caline. Prends soin de toi

Nandou_Guanaco

  • Invité
Re : aucun chagrin à la mort de mon père
« Réponse #4 le: 30 janvier 2017 à 20:33:41 »
Je n' ai éprouvé aucun chagrin à la mort de mon père et je ne m' étais jamais posé de question particulière à ce sujet, mon comportement ne  m' est jamais apparu comme pathologique. J' avais 44 ans, j' étais en pleine activité professionnelle, mon père est mort de vieillesse à 87 ans après deux ans de décrépitude, il voulait partir, il a fini par mourir, cela a été une délivrance pour moi.  Le soir j' ai vaqué à mes occupations et le lendemain je reprenais le travail sans que personne ne sache ce qui m' était arrivé, à l' exception d' une ou deux personnes qui avaient vu l' annonce dans le journal et avait fait le rapprochement par le nom. Je n' ai jamais entretenu de rapport rapproché avec mes parents, c' était plus de la défiance, de la méfiance de ma part à leur égard. Ma mère est morte 12 ans après mon père, en 2014, passé le moment de surprise car la veille elle était en parfaite forme, elle était allée chanter à la chorale, elle est morte dans la nuit dans son sommeil,  à deux mois de ses 90 ans, je n' en garde aucun souvenir de chagrin avéré. Puis j' ai perdu mon mari l' an dernier, et là j' ai su ce qu' était le deuil, la déstructuration de la personnalité, la souffrance, l' impression de devenir folle, la culpabilité, les regrets etc etc etc tout ce qui fait le deuil  comme chez tout le monde.

Bien sûr j' ai posé la question au psychiatre qui me suit pour baliser mon deuil, pourquoi la mort de mes parents était passée inaperçue dans ma tête ou du moins de la manière la plus banale. Il m' a expliqué que perdre ses parents est dans la normalité de la vie, le cerveau l' accepte puisque c' est dans l' ordre naturel des choses, qui plus est, ils sont morts de mort naturelle et de vieillesse, rien qui ne pouvait perturber ma vie, que de l' acceptable dans le phénomène de la roue qui tourne. Voilà, si ça peut vous rassurer,  quand je parle de mes parents j' essaie de prendre un air triste pour rester dans le contexte de la mort mais je suis parfaitement indifférente, il a fallu que je subisse la perte de mon mari pour connaître les affres du deuil.  Et aux dernières nouvelles puisque je vais chez un psychiatre, il m' a bien dit que j' allais le voir pour le deuil, que je ne relevais pas de la psychiatrie, je suis parfaitement normale et sensée.

Amitiés du sud.

Hors ligne Nora

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Re : aucun chagrin à la mort de mon père
« Réponse #5 le: 30 janvier 2017 à 22:47:57 »
Mon père est mort il y a 10 ans, et je n'ai pas non plus ressenti  de chagrin.

Il a été un père " défaillant", car autoritaire, voire tyrannique, manipulateur. Je n'ai pas su, pas pu l'aimer.

Je ne considère pas comme anormale, ni comme un monstre. Nous ne sommes pas obligés d'aimer les membres de notre famille, parents, frères, soeurs.

Je n'en ressens aucune culpabilité, seulement de l'amertume, et si je devais ressentir du chagrin , ce serait de de n'avoir pas eu un père qui m'accompagne, m'aide à grandir, à forger ma personnalité, qui m'aime et que j'aime.

Je suis sûre que cela n'a pas été sans conséquences sur ma façon d'aborder ma vie, et sur mes relations avec les autres.

Si je devais aller voir un psy à ce sujet ce serait plus dans cette voie que je m'engagerais.

Cependant, je comprends que cela puisse te tourmenter.  Mais il n'y a que toi qui puisse trouver la clé , les raisons de ce "non chagrin", et un psy pourra sans doute t'aider à décrypter tes sentiments.

Bien à toi.

Nora

régine5869

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Re : aucun chagrin à la mort de mon père
« Réponse #6 le: 01 février 2017 à 05:44:03 »
Merci à toutes pour votre soutien et votre réconfort. Merci de tout coeur. Bonne route à vous et prenez soin de vous.
Régine

Laure R

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Re : aucun chagrin à la mort de mon père
« Réponse #7 le: 02 février 2017 à 23:09:20 »
Régine,
Cesse de te poser des questions sur ton état psy. Ton psy t'accompagne très bien. Il n'y a rien de pathologique. Et tu pleures ton mari, mes plus sincères condoléances pour la perte de celui qui t'accompagnait.  Ne prends plus un air triste à propos de tes parents, au bout de deux mois et demi, je me relève de la perte de mon père...  mais tu peux dire ta douleur à propos de la perte de ton mari.
Amitiés du Sud aussi.

Hors ligne marschat

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Re : aucun chagrin à la mort de mon père
« Réponse #8 le: 03 mars 2017 à 21:25:39 »
regine
comme toi aucune tristesse ,mon geniteur etait du genre du tien ,violent sadique,avec ma mere frere sœur ,on passait apres le chien,j'ai pleure oui mais pas de tristesse ,de soulagement ,plus jamais il ne nous pourrira la vie ,40 ans plus tard j'y pense encore ,il a detruit ma sœur a jamais, je ne sais pas si je lui ai pardonne ...............J'aurais tellement aime un papa...mes larmes sont pour ceux que j'ai aime et qui sont partis