Bonjour, douce Lucile,
Comme tes analyses sont pertinentes !
Vois-tu Lucile, j'ai été confrontée à la mort dans mon jeune âge.
Avec le temps, et bien des questionnements, je me suis aperçue que cette expérience, que je ne souhaite évidemment à personne, m'avait rendue plus forte.
Elle m'a donné une échelle de valeurs différente ; à l'échelon "le pire qui puisse m'arriver", j'ai définitivement inscrit : "la mort d'un être cher".
Elle m'a fait prendre conscience du fait que ceux que nous aimons ne sont pas immortels, qu'il faut les aimer, leur dire tout notre amour pendant qu'ils sont là ; et que chaque journée à leur côté est précieuse.
Que toute rencontre avec une belle personne doit être préservée, soignée comme une fleur très belle, très rare et très fragile.
L'amitié, l'amour....
Aussi, lorsque la vie qui m'avait donné cette leçon, a mis sur mon chemin mon amour adoré, il ne s'est pas passé un seul jour sans que je savoure, pleinement, la chance qui m'était offerte.
Envers et contre tout parfois ; malgré les difficultés que le quotidien ne manque pas de mettre sur notre route.
Je lui disais aussi à quel point il était une belle personne, et combien j'étais heureuse de vivre chaque jour, ma main dans la sienne.
Vois-tu Lucile, je crois vraiment que cette expérience, si douloureuse, de la perte d'un être tant aimé, nous change à jamais.
Certains y puisent des qualités, d'autres, uniquement de la colère, de la rancoeur...
Et comme tu l'écris si justement, l'empathie, n'est pas une qualité si fréquente. Je crois en avoir un peu, mais n'y ai aucun mérite, car je suis née ainsi ; et je sais très bien qu'il ne faut pas attendre la réciproque.
Lorsque c'est possible, alors nous sommes dans une relation d'exception. Mais lorsqu'elle n'est pas au rendez-vous, c'est la déception qui prend sa place.
Avec le temps, Lucile, j'ai le sentiment de moins attendre des autres. Et je me dis qu'avec encore quelques années, la colère, ou l'amertume s'estomperont peut-être vraiment.
J'aimerais tellement atteindre une certaine "sagesse"...
Tu te sens sans doute un peu différente de ces personnes que tu évoques, et qui t'ont déçue.
Mais tu es différente, Lucile. Il n'y a rien là que de très normal.
Ce que tu traverses, qui te fait si mal, change la personne que tu étais.
Tu connais des émotions et des éprouvés que les autres ne peuvent pas partager si la vie les a préservés de cette expérience singulière.
Tu n'es pas égoïste, Lucile, tu sais le prix des choses, et tu aimerais trouver autour de toi, un peu de cette écoute que toi, tu offres sans compter.
Allons, chère Lucile, je vois que je suis très bavarde ; trop bavarde.
Alors je vais te laisser pour le moment, mais non sans t'embrasser auparavant.
Que cette journée t'épargne le trop gros chagrin, et les larmes.
A très vite.