Salut Tifee, Petite fleur bleue et les autres équipierEs,
je vais essayer de suivre toutes ces belles indications mais c'est si dur de se montrer raisonnable ...
Alors ne le soit pas!
Sois déraisonnable dès que tu peux, dès que tu veux, dès que tu en ressens le besoin.
Sois déraisonnable autant que tu le souhaites et même plus
mais sans jamais oublier que tu te dois de surmonter cette épreuve. Pas pour un Dieu auquel tu crois peut-être, mais pour ton conjoint et la famille que tu vas créer avec lui, pour les moments de bonheur que tu vas avoir.
Je sais cela paraît tellement aberrant ce que j'écris mais cela est vrai.
Ma femme est morte, il y a six ans et demi. Jusqu'à ma venue ici, je n'avais plus goût à la vie, elle ne m'intéressait plus du tout et n'en voyais aucune utilité. Si je suis là encore aujourd'hui, c'est uniquement pour mon dernier enfant qui a presque quatorze ans. Tu vois, sa mère est morte lorsqu'il avait sept ans et demi.
Je pensais lorsque mes enfants seront indépendants, auront trouvé leur place dans cette maudite vie, je pourrai les laisser. Puis, l'un de mes fils m'a offert le livre du Docteur Fauré en m'indiquant que je n'étais pas obligé de le lire. Je l'ai commencé et suis venu me réfugier sur ce forum. J'y ai trouvé des paroles réconfortantes et des peines similaires à la mienne. Celles-ci m'ont incité à me dévoiler et à écrire un bout de mon histoire.
Etait-ce bien raisonnable?
Non pas du tout.
Je ne savais même pas ce que je cherchais tellement j'étais persuadé que la cause était entendue. Pourtant j'y ai trouvé tant de sincérité, vérité, sympathie, amour que cela ne m'a pas parlé à l'esprit mais au cœur directement. J'ai voulu résister et me dire que ce que je ne voulais pas écouter et comprendre de la part de mes proches, pourquoi le prendrai-je en compte de la part de personnes que je ne connais pas?
Plutôt, je croyais ne pas les connaître car, en fait, nous nous connaissons touTEs puisque nous traversons les mêmes épreuves. Alors, il s'est passé une chose à laquelle je n'osais croire. Je me suis mis à évaluer la situation sous un nouveau regard. Alors qu'avant ma venue, je me le refusais catégoriquement. Les mots lus sur ce forum m'ont permis de changer la forme mais pas le fond.
Qu'est-ce que cela signifie?
Cela veut dire que mon amour pour ma Louise est resté le même. Mieux, il s'est trouvé grandi aussi curieux que cela puisse paraître. Ca c'est le fond.
Pour ce qui est de la forme, je me suis vu me donner des défis. Pas gros, non. Tout petits même. Mais comme je n'étais plus seul à les affronter, je pouvais envisager de les réaliser. Je commence à puiser une nouvelle force dans l'amour de ma Louise et dans ce que nous avons vécu, construit ensemble pour, aujourd’hui, affronter le quotidien qui me faisait si peur.
Cet après-midi, je suis allé me promener en forêt avec mon fils pendant plus d'une heure et demi. Je lui ai parlé de sa mère, chose que je ne faisais pas parce que cela me gênait. Aujourd'hui, elle était avec nous parmi les pins, à côté des ruisseaux et du lac, dans la boue. Je me suis même dit qu'elle serait montée sur l'échelle de la palombière que nous avons trouvée et j'en était heureux.
Tu es loin de ce moment et c'est bien normal. Par contre, tu es sur ce forum qui va te permettre d'aller plus vite, beaucoup plus vite que moi. Même si tu trouves le chemin long, trop long, le temps lent, trop lent, la souffrance importante, insoutenable, la colère immense , les pleurs nombreux et répétés. Malgré tout cela, tu vas arriver à dissiper la brume qui t'empêche d'y voir clair et tu retrouveras une sérénité à laquelle tu ne crois plus.
N'aie pas peur d'être irraisonnable en t'épenchant ici ou sur l'épaule de ton conjoint. Il a besoin de savoir ce que tu vis, ressens même s'il ne comprend pas tout. Il saura te prêter ses mains pour sécher tes larmes, ses oreilles pour écouter tes paroles, son épaule pour y caler ta tête, ses bras pour t'entourer, son corps pour te protéger et surtout son cœur pour y recueillir ta douleur et panser tes plaies.
Petit à petit car la guérison ne se fera pas rapidement ni sans cicatrice. Heureusement d'ailleurs! Car ce long cheminement va te permettre de faire la part des choses et remonter à la surface. Tu es pleine de colère, de haine, de douleurs, nous le sommes aussi et ne pouvons le nier. Nous sommes tous au bas d'un escalier dont on ne voit pas le bout et à chaque fois que l'on monte trois marches, on en redescend deux, parfois plus. C'est lassant, éreintant mais il y a un moment où le nombre de marches que l'on monte est supérieur à celles que l'on redescend. On ne le réalise pas et on a toujours l'impression de ne pas monter. C'est dans ces moments qu'il faut t'appuyer sur ton conjoint ou sur l'équipage d'ici.
tu semble erre une très belle personne pleine de savoir et de sagesse et quelqu'un de vraiment généreux et gentil pour parler ainsi merci beaucoup ...
Ni plus, ni moins que les autres équipierEs et toi-même. Nous ne sommes pas au même endroit du chemin, c'est tout. Et n'oublie pas que cela me fait au moins autant de bien à formaliser ma pensée que toi à la lire et y réfléchir. C'est donnant, donnant. Je n'y ai aucun mérite.
Si je peux vous aider a mon
Tour
.../...
mais suis pas certaine d'être une grande aide mais je continuerai a faire de mo
Mieux
ChacunE a son rôle dans un équipage. Le tien est aussi important qu'un autre.
Ici, il n'y a aucune hiérarchie, juste des personnes qui désirent mettre en commun leurs capacités pour atteindre un même but : soulager, se soulager, comprendre, partager.
Nous ne sommes pas dans la société que l'on veut nous imposer. Ici, nous parlons et agissons avec le cœur et rien d'autre parce que c'est le cœur qui nous fait souffrir et c'est par lui que nous y arriverons.
Et quand on fait quelque chose avec son coeur, on le fait toujours de son mieux. Ne te sens pas obligée, ne te force pas, laisse parler ton coeur, tes sentiments, ton amour. C'est ce que nous avons de meilleur et nous avons la chance de pouvoir le partager, ici.
Cela confirme tant ce que je ressens! j'avais dit lors d'une séance chez le psy quelque chose comme "mon papa sans doute me faisait confiance pour l'avenir et je me sens RICHE de lui!" et en même temps je pleurais tant je pleurais tant!
Je trouve cela très fort comme pensée :
"RICHE de lui! "C'est le plus cadeau que tu puisses lui faire.
Un parent a pour but de voir son enfant se débrouiller sans lui à ses côtés mais avec lui en son dedans.
C'est comme lorsque l'on apprend à son enfant à faire du vélo, on l'assiste, le guide, le conseille et à un moment, cet enfant que l'on protégeait, arrive à rouler tout seul. Même s'il s'en va hors de notre champ de vision, on sait qu'il se tient en équilibre grâce aux conseils qu'on lui a prodigués. Bien sûr, il ne les suit pas tous et il n'est pas certain qu'il ne dérape à un moment mais cela lui appartient. Et lorsqu'il se relève, il se souvient qu'on lui avait dit de faire attention aux gravillons dans les virages. Ce moment, il le partage avec nous même en notre absence et cela nous rend heureux qu'il ait compris grâce à nous.
Mais si à mon arrivée sur le forum j'avais la très forte envie de raconter notre histoire, je ne l'ai toujours pas fait (à part des bribes en réponse à certains de nos amis endeuillés) et je me dis qu'il faudrait que je me lance...
Raconter le choc ATROCE de l'annonce de sa mort
.../...
j'étais maman pour la première fois et je découvrais tout
et je me dis qu'il faudrait que je me lance...
Ne viens-tu pas de le faire?
Il me semble bien que si!
Et de quelle façon! Tes mots transpirent non seulement l'amour que tu lui portes mais également l'amour qu'il vous a donné à toi et tes enfants. Tes quelques phrases résumant en quelques lignes ce que vous avez partagé sont puissamment évocatrices et ne peuvent, comme je l'indiquais ci-dessus, que le conforter dans le fait que vous avez reçu tout son amour et que vous allez le faire fructifier.
Pas tout de suite car la peine est trop lourde à porter mais comme la graine d'un arbre prend des forces dans la terre avant de s'élever vers le ciel, tu vas puiser ta force dans ce vécu chaleureux qu'il a su t'offrir. Je ne pense pas m'avancer beaucoup en songeant qu'il ne souhaite qu'une chose, c'est qu'à ton tour, tu puisses élever tes enfants dans cette voie. Et n'oublie pas que même si tu es maman pour la première fois, tu es maman avant tout. La nature et surtout tes valeurs sauront t'aiguiller pour que tu sois fière de tes enfants comme ton père l'est de toi.
Depuis quelques semaines seulement j'arrive à m'adresser à lui et à lui dire au présent que je l'aime...
Je suis désolé de te dire que cela est faux.
Ce n'est pas que "
depuis quelques semaines seulement" que tu lui dis que
tu l'aimes mais
depuis toujours. Sinon comment aurait-il pu rester à tes côtés et s'occuper avec tant d'amour de ses petits-enfants?
Il y a des façons de dire "je t'aime" qui sont bien plus parlantes que les mots. Ces façons-là, tu as su les utiliser pour lui signifier la grandeur de ton amour et de ta reconnaissance. Sois persuadé qu'il est mort le cœur comblé par cette relation. Mon père est mort quand j'avais vingt ans et je n'ai pas eu le temps de partager autant avec lui. Ceci n'altère en rien l'amour réciproque que nous avions l'un pour l'autre car comme le chantait Georges Brassens :
"
Nous nous aimions tant
Qu'on n'se le disait pas"