Auteur Sujet: À toi maman  (Lu 2726 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Hors ligne Mandy

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 888
  • Le forum d'entraide durant un deuil
À toi maman
« le: 12 novembre 2019 à 23:38:42 »
Tu es partie le 26 septembre
Depuis ma vie est en pause
Je n'arrive pas à admettre que je ne te verrai plus
Que nous n'aurons plus nos conversations téléphoniques quotidiennes
Que tu ne t'inquièteras plus pour moi
Que tu ne demanderas plus de nouvelle de ton petit Tristan
Je suis en colère

Contre moi de ne pas avoir assez profité
De ne pas t'avoir assez serrée
De ne pas t'avoir dit des mots d amour
De ne pas t'avoir montré à quel point je t admirais et comme je savais que ton combat était difficile

En colère contre la maladie
Ce putain de crabe qui prend tant de vies
Qui nous a mis une épée de damocles sur la tête pendant 6 années
Pour ensuite en un claquement de doigts nous décapiter
 
En colère contre la vie
D autoriser les oiseaux à chanter, au soleil de se lever
De permettre aux autres de continuer à profiter
Alors que pour moi tout s'est arrêté
Ma seule envie est d hurler
De t'avoir pris toi maman alors que je venais à peine d'être maman
Tu n'avais même pas 70 ans.
J'ai l impression d'être une enfant

Que je les envie les ceux qui s'éteignent dans leur sommeil avec des cheveux neige
Pourquoi n y as tu pas eu le droit aussi ? Toi qui t es tant battue, qui a tout donné pour ta famille
Tu n'avais donc pas le droit de partir sereinement ?
Dans tes derniers instants tu m'as dit je vais mourir
Tu avais peur même si nous étions autour de toi
Je ne voulais pas croire que cette ambulance ne te ramènerait pas
J'ai le cœur brisé, les jours heureux appartiennent au passé
Comment se relever toi qui était mon pilier
Tous les matins j espère avoir rêvé
Puis je me souviens de ce cercueil que j'ai vissé
Jamais je ne t'oublierai
Jamais je ne cesserai de t aimer

Maman reviens s'il te plaît






Hors ligne katrinap

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 830
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : À toi maman
« Réponse #1 le: 13 novembre 2019 à 09:49:02 »
amanda
je sens toute votre détresse, nous sommes là pour vous tous, nous qui connaissons la douleur de la perte
septembre c'est si récent, continuez à déverser votre peine, nous serons là pour la recueillir,  3 ans après pour mon père c'est toujours comme si c'était hier, je revois chaque minute de son séjour à lhôpital où il a fini par mourir lui qui aurait voulu mourir chez lui
je pense à vous, vous vivez les moments les plus aigus de cette phase de deuil si douloureux, avec un sentiment d'oppression au niveau de la respiration,  un sentiment d'irréalité, vite rattrapé par la réalité
si vous avez besoin de faire des MP n'hésitez pas
amitié
katrin

Hors ligne Mandy

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 888
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : À toi maman
« Réponse #2 le: 13 novembre 2019 à 16:11:15 »
Merci.

Tout d'abord je suis désolée pour votre papa, même si être désolée est une formule si creuse.

Ma douleur est à la hauteur de l amour que j'avais pour elle : immense. J'ai l impression d'avoir le cœur arraché.
Forcément avec un cancer on imagine toujours forcément un jour une fin malheureuse mais on ne veut tellement pas y croire qu'on chasse ce scénario de sa tête presque aussi tôt.

Mon réconfort est que ma maman a passé une belle dernière journée même si bien sûr j'en aurais plus profité si j'avais su que je ne la reverrai plus. Elle était tellement contente d être sortie de l hôpital. Elle était très fatiguée c'est vrai mais elle en avait vu d'autres m'étais je dit. Elle serait requinquée en quelques semaines et nous trouverions un nouveau traitement qui n endommagerait pas le cœur. Il le fallait.
Quelle naïveté... Quel optimisme. Quel égoïsme.
La garder à tout prix. Ma mère aussi, malgré son caractère
 pessimiste, voulait rester parmi nous. Elle râlait des traitements, du peu de répit entre les 2 cancers, des ponctions réalisées quelques jours avant qui lui avaient fait si mal. Mais elle voulait vivre.

On ne se rend pas compte de la chance qu'on a lorsque nos parents sont là. Un sentiment de sécurité, un cocon préservé. Le bonheur d'être réunis en famille.

Alors tous les soirs je revois son malaise dans ma tête, ses mots, sa respiration qui siffle, son acharnement à essayer de reprendre son calme pour respirer.
Elle n a pas souffert disait ma sœur. Ne plus arriver à respirer ce n'est pas ce que j appelle partir sans souffrance.
Après il est vrai que les pompiers m'ont expliqué que quand les poumons se remplissaient d'eau, rapidement le cerveau bloque la douleur. C'est vrai aussi qu elle ne serrait pas la main de ma sœur de douleur. Quand je lui ai posé la main sur la cuisse pour lui dire de respirer elle ne m'a pas agrippe. Quand son cœur s'est arrêté elle était déjà inconsciente.
Quand elle a fait son malaise elle était entourée de 2 de ses 3 enfants, de mon père, de 2 de ses petits enfants et de mon mari. Cela devrait m apaiser.
C'est vrai que ça aurait pu lui arriver en étant seule à la maison. Ou au beau milieu de la nuit à l hôpital. Elle aurait été terrifiée. Serait partie sans être entourée..
Mais serait elle partie ? Ce sont les questions qui sont toujours là dans ma tête. S'ils l'avaient sauvé aurait elle passé le reste de sa vie à l hôpital à subir ponction sur ponction? Si j'en étais persuadée sans doute serais je soulagée. Mais qui peut vraiment le savoir ? Son cancer etait supposé stabilisé. “Ne vous inquiétez pas madame votre vie n'est pas en danger“ lui avait dit son oncologue lors de sa rechute. Je lui répétais sans cesse qu elle allait s'en sortir... Le traitement ou le cancer lui avait mis de l'eau dans le cœur il y a un an et demi. On nous avait dit que c'était grave et que les médicaments pour stabiliser marchaient mal. Et pourtant l'eau semblait stabilisé. C'est fou comme l'espoir prend le pas sur le reste. On s'était dit roulez jeunesse c'est reparti pour un tour. Puis maman était essoufflée. D'après l oncologue l'eau n'avait pas bougé. D'après les urgences il n'y avait rien à signaler. Et pourtant l'eau revenait et il y en avait déjà trop lors de la ponction qui lui a cause tant de douleur. On ne pouvait pas tout enlever. Puis l'eau s'est déplacé dans les poumons 2 jours plus tard. "Vous pouvez sortir Madame, ça va". Le lendemain maman est morte.
Alors qui peut savoir pourquoi l'eau est revenue ? Un trauma lié à la ponction qui aurait pu être soigné ? Un effet du cancer ou du traitement qui ne pouvait être inversé? Je sais que le savoir ne me rendrait pas ma mère mais je me demande forcément si cela aurait pu être évité.

Ma sœur m'avait dit qu'un des 2 cardiologues n'avait pas un bon pronostic. 1 an si on fait la fenêtre. 1 an c'est si peu mais moi je ne l'ai vu qu'une journée. Finalement 1 an n'était pas si mal. L'autre cardiologue qui dit qu'on ne peut pas savoir, qu'il n'y a pas tant d eau, qu'il faut revoir l oncologue pour changer le traitement. Ce fichu espoir qui revient...

Je ressasse et ressasse encore. La maladie, les faux espoirs, la mort. Mais les souvenirs aussi. D enfance, d adolescence... Les instants avec mon bébé.

J ai mis des photos d elle partout. Je l appelle pour l'avoir dans mon journal d'appels sur mon téléphone, qu elle reste mon numéro favori... Pour entendre sa voix. Elle ne peut pas ne plus être là... Je pleure beaucoup sur moi. C'est très égoïste le deuil. Je ne pleure pas parce que ma mère ne me verra plus mais parce que moi je ne la verrai plus. Que la douleur des moments perdus m'est insupportable.

Je vais rencontrer un psy vendredi pour voir s'il peut m'aider. Il n'est pas magicien mais peut être que cela me fera un peu de bien.

Est ce qu'on arrive un jour à avancer ?
Vous qui avez perdu votre papa il y a 3 ans êtes vous plus apaisée ? Arrivez vous à voir des vidéos ou des photos sans pleurer ?
Connaissez vous de nouveaux moments de bonheur ?
J'ai mon fils de 1 an, il commence à essayer de marcher. Cela met un peu de baume à mon cœur même si j'ai parfois l impression de ne plus rien ressentir.

Merci de m'avoir répondu en tout cas.

Vous pouvez me répondre en mp si vous préférez.

Amitiés

Amanda