@ bystander & EDMA
Je sais aussi ce que représente le "sentiment de culpabilité" ... Mon épouse Chantal, souffrant d'une dépression grave et de troubles du comportement a mis fin à ses jours le 18 avril dernier - elle avait 59 ans.
Mes enfants et moi l'entourions pratiquement 24H sur 24 et avions pris depuis des années des dispositions pour la soigner au mieux ... Psychiatres, neurologues, médecins spécialistes, les diagnostics tombaient les uns après les autres et les traitements suivaient la cadence.
Tous les moyens étaient bons pour tenter de lui redonner courage et espoir ... Rien n'y a fait, malheureusement.
Alors, j'ai eu aussi une période de culpabilité ... Et si j'avais fait ça ? Et si je n'avais pas fait ça ? Et si j'avais été consulter un autre spécialiste ? ... Autant de questions qui, bien entendu, n'avaient et n'auront jamais de réponses.
Ensuite, j'ai fait mon examen de conscience en me demandant si, humainement, j'avais fait tout ce qu'il fallait ... La réponse était évidente : on peut toujours faire plus et mieux en réfléchissant à posteriori ... Avec le recul, c'est plus facile de disséquer les choses ...
Mais j'en suis arrivé à la conclusion que, compte tenu des contraintes que j'avais vécu à ce moment-là : contraintes de mon épouse qui refusaient parfois de se soigner, contraintes médicales qui m'obligeaient à faire confiance aux spécialistes, le chagrin qui nous ravageait, l'espoir qui, parfois nous submergeait, j'avais fait vraiment ce qu'il fallait au moment où il fallait.
J'ai donc réussi à écarter ce fichu sentiment de culpabilité qui me rongeait l'existence, ce qui m'a amené doucement vers la compréhension et l'acceptation ...
Bystander, tu as fait ce qu'il fallait et comme disait EDMA, 10 jours par mois à t'occuper de ta maman pendant une si longue période, peu de gens l'auraient fait ... Oublie ce sentiment de culpabilité et donne de l'amour à ta maman qui t'a quittée, pense à elle, parle lui et tu sentiras vite que tu as fait ce qu'il fallait et qu'elle t'en est reconnaissante.
@ EDMA ... Comme ton papa, je ne suis plus que l'ombre de moi-même également ... Perdre son conjoint est un drame douloureux qui nous laisse totalement démuni comme si nous avions perdu la moitié de nous même ... On est déstabilisé et torturé par le chagrin et on a tendance à se replier sur soi-même ... Heureusement, mes 3 enfants sont là pour m'aider et me soutenir sans me juger et ils comprennent que la période que je traverse est difficile comme je comprends que le fait d'avoir perdu leur maman est extrêmement dur à gérer également.
Alors, EDMA, fais comprendre à ton papa que tu as besoin de lui ... Si nécessaire, invente toi des besoins et tu verras qu'il fera l'impossible pour t'aider ... Tu sais, je ne suis pas dupe, c'est ce que mes enfants font à mon égard ...
Je vous envoie à toutes les deux les infimes parcelles de courage qui me restent ... C'est peu, mais c'est déjà ça !
Affectueusement,
Jean-Luc