Déjà, bonjour à tous. Je n'ai que vaguement parcouru certains de vos récits, cependant, ils m'ont touché, et m'ont donné envie de partager, ou plutôt de vous faire subir mon récit, afin d'aller mieux. Ne vous inquiétez pas, si vous n'allez pas plus loin que c'est quelques lignes, j'm'en fiche, écrire me fait du bien, pas être lu.
Je m'appelle Thibaud. J'ai 19 ans. J'ai 3 frères et deux soeurs. Voilà, personnage présenté, on va planter le décor maintenant.
2007, fin décembre. Le 15. À cette époque, mes parents sont en instance de divorce, je vis avec mon père et mon petit frère depuis le mois d'août. Il est entre 2h et 5h du mat', enfin de la nuit quoi. Mon père nous appelle. Mon frère et moi ( lui 12 ans, moi 13 ), petits cons que nous étions ( et sommes encore, en moins petit, juste ), nous réveillons, mais ne descendons pas voir ce qui se passe ( tiens, j'ai zappé la visite de la maison ), parce qu'on croit qu'on a juste oublié d'éteindre la télé ou de mettre en route le lave-vaisselle. Après quelques minutes, étant le plus grand, mon petit frère se soumet à ma volonté et descend. À peine descendu, il appelle, avec une voix tremblotante. Je descends donc directement. J'arrive dans la chambre de mon père, et le retrouve assis sur le lit, plié en deux, en pyjama, une main serrant sa poitrine. Je ne panique pas. Je dis à mon frère d'attraper le téléphone et d'appeler les pompiers, ce qu'il fait. Pendant ce temps, je rassure mon père, je lui dis de s'allonger, jambes allongées, dos contre le mur. Je récupère le téléphone et papote avec la dame du standard. Je continue à parler à mon père qui a toujours une vive douleur lançante dans la poitrine. Un petit quart d'heure plus tard, les pompiers arrivent et le prennent en charge. Il part à hôpital dans la nuit. Nous restons seuls cette nuit. Génial, non ?
Mercredi 18. Notre père ( qui êtes aux cieux ... ) rentre de l'hôpital. Après un check-up complet, il apparaît que tous ses résultats sont parfaits. Ai-je oublié de vous préciser qu'il était en surpoids, qu'il fumait deux paquets par jour, et qu'il était alcoolique ? Bref, ça m'a paru bizarre, mais au fond, j'me disais que c'était cool si tout était OK.
22 décembre. Il nous rappelle. Nous dormons mal ces temps ci. On descend directement. Même position qu'une semaine plus tôt, même réaction de notre part. Sauf que...
Sauf que là, c'est différent. Il tousse. Vomit. Je me tourne alors, parce que c'est un mélange glaire/vomi. Juste le temps de détourner la tête, j'entends un boum. Je me retourne et je le vois par terre, inerte. Je lui prends la main et lui demande de bouger, de faire du bruit, enfin n'importe quoi s'il m'entend ou sent le contact de ma main. Rien. Je deboutonne son pyjama, je mets mes mains en position pour effectuer un massage cardiaque, et là...
Et là je ne fais rien. Ce n'est pas de peur, ni de la panique, ni quelque altération de mon état mental quelconque.
Depuis 6 ans, je me sens coupable. Je me dis sans cesse que j'aurai du tenter, même si ca avait peu de chance de réussir. Colère, dépression, tristesse. Tout est mélangé. Médicaments, whisky, coca, tout est mélangé aussi. Les drogues douces y passent. L'envie d'en finir n'est plus une.pulsion, c'est un sentiment, une volonté plus qu'une envie, quotidienne. Enfin bref.
Je vous parlerai sûrement une autre fois de la suite, plus en détails cette fois. Si vous m'avez jusqu'ici, bah je suppose que la politesse m'impose de vous remercier. Cimer les gars. Si vous m'avez pas lu, bah j'vous dis rien parce que vous me lirez pas ( et toc ! )
A plus tard, têtes de lard !