Yacine,
Pour moi cette reprise , a été impossible , bien que désirée et préparée.
J'ai pris un rendez vous préalable avec la DRH, afin d'expliquer l'état dans lequel , je me trouvais,et tenter d'avoir pendant un certain temps un aménagement de poste.
je ne pouvais pas reprendre mon ancien poste, trop contraignant, trop d'humain a gérer, je ne me sentais pas la force, et mon ancienne psychologie, envolée......
Je manageais une équipe de 20 personnes, une course incessantes, des réunions, tout a faire très vite, et les demandes , les bobos du quotidien, que je savais ne pouvoir assumer, vu mon nouvel état d'esprit.....
RDV en décembre, on me conseille de rester encore chez moi, tout en me disant que l'on va me trouver un poste transitoire sans management, le temps que je reprenne pied dans l'entreprise.pour début janvier, j'accepte.
J'attends, je relance, rien, puis début février, un poste ( de manager ) qu"on me présente comme étant sans management, cela me déplait mais je prends, j'ai tenu un jour et demi, et suis partie dans un état d' hystérie, de panique, que je n'avais jamais connu., prendre les jambes à mon cou et fuir....
Le monde du travail, de l'entreprise, dans une grosse structure n'est pas adapté " aux cas particuliers", le deuil et tout le chamboulement psychologique qu'il entraine sont trop méconnus, et n ''intéresse pas, il faut vite devenir, être comme avant, hors c'est impossible....
C'est la société toute entière qu'il faudrait changer, informer, mobiliser, pour plus de compréhension, tout un chacun pour qui ce drame reste méconnu, pense que cela va passer très vite, et qu'après les obsèques, hop les vaillants petits soldats, sont prêt, que tout s’arrête là.....
Malheureusement s'est surement à ce point que tout commence, et perdure , sans que l'on puisse se maitriser, dans le temps, puisque je m'y trouve, la douleur se fait plus douce, mais toujours présente, nous changeons, nos valeurs sur la vie et le quotidien changent, cela devient alors incompatibles, avec les gestes ,les réactions les façons de faire antérieurs,
L'entreprise se trouve alors doté d'un nouveau salarié, plus fragile et plus dure à la fois, quelqu'un qui même prit par le tourbillon, ne fera plus jamais sont travail comme avant, parce qu'il sait , qu'il a compris que les vrais valeurs de la vie sont ailleurs.....
Cela ne veut pas dire que l'on devient "mauvais" et que l'on ne travaillera plus correctement, non, cela veut dire que l'on va faire de son mieux avec cette nouvelle donnée qu'est le deuil.....
Puis comme tu le dis si bien , la fatigue intense autant physique que psychologique du tout début, la colère parfois difficile à maitriser,"l'envie de na pas avoir envie", les longues périodes de mutisme, cette anesthésie globale de tout notre être, les larmes qui arrivent, sans prévenir, n'importe où , n'importe quand, une maitrise de soi quasi impossible, tout cela reste relativement incompatible avec les autres.
Dans le monde du travail d’aujourd’hui, où l'on se doit d’être de plus en plus compétitif, mordant, exemplaire, rentable, si l'on se trouve dans une petite structure " dite familiale" qui prend le temps , en donne ?cela peut la faire, mais dans une grosse machine, aux engrenages rapides, soumis à la pression intérieur et extérieur, avec des clients de visu à satisfaire, une équipe en attente, une hiérarchie toujours plus exigeante, impossible de tenir....
Pour ma part, j'ai été en arrêt de travail , plus d'un an pour accompagner mon mari, j'ai gardé des relations avec des collègues, jusqu’à son décès, puis le téléphone à cessé de sonner, définitivement de ce coté là....
Ton retour d’expérience, m 'intéresse.
Affectueusement.
zabou