N@t,
En tout premier lieu, saches que je suis de tout coeur avec toi dans l'épreuve que tu traverses.....Aussi, me concernant, j'ai brutalement perdu mon unique enfant le 9 avril 2011, d'un arret cardiaque, à tout juste 20 ans. J'ai senti dans la seconde qui a suivi l'annonce de son décès, que je mourrai avec lui ou que quoi qu'il en soit, ma vie n'était déjà plus celle d'avant.....à jamais. A l'époque, j'exercais ma profession d'éducatrice depuis 15 ans dans le même établissement. Malgrè mon anéantissement, il me restait un soupçon de lucidité, me faisant me questionner, pour qui pourquoi, de l'avenir de ma fonction professionnelle au sein de cette structure.....Souhaitais-je poursuivre mon travail d'accompagnatrice, souhaitais-je quitter la structure et chercher du travail ailleurs, etc....? Chemin faisant, la réponse m'est venue et la décision prise, de tout quitter. Je refusais de poursuivre la même vie, dans le même espace temps, que lors du temps du vivant de mon enfant, la vie que je menais était celle-là, parce que lui y été aussi .... Alors oui, j'ai choisi de tout quitter, structure, profession, appartement, et même ville.....2 ans se sont écoulés depuis ce drame, je ne sais pas comment j'ai fais pour tenir jusqu'ici.....bien probable que mon fils y soit pour quelque chose, lui qui absent de devant mes yeux, est présent dans tout ce que j'entreprend, est présent dans tout ce que je fais, est présent partout où je vais..... J'ai quitté proprement mon emploi, en m'assurant au préalable ne pas me retrouver sur le carreau.....Mon employeur ainsi que la médecine du travail m'ont accompagné de manière très humaine et compatissante, dans la prise de cette décision....qui pour tous résultait être la meilleure. Je ne voulais en aucun cas continuer à travailler pour gagner de l'argent ou pour occuper mon temps....ma profession étant bien plus que ça. Toutefois, j'ai compris que je souffrais plus que je ne le pensais et que je souffrirais encore longtemps, ainsi, par respect pour les adultes que j'accompagnais, j'ai préféré laisser ma place à quelqu'un de solide, quelqu'un à même de pouvoir se donner corps et âme à eux, et répondre de manière adaptée à tous leurs besoins.....Ma mission à moi auprès d'eux se terminait là..... dont il a fallu les mois suivant que j'en fasse aussi et douloureuse mon deuil.....Aujourd'hui je ne regrette rien, la décision aussi douloureuse fut-elle, et difficile à prendre, est me semble la meilleure des choses que j'avais à faire.....Depuis, j'ai vécu ma première expérience professionnelle ailleurs, dans une école primaire, auprès d'une centaine d'enfant, au Sénégal.....Je remercie mon fils de me guider depuis son départ, de m'aider à me rencontrer, et de m'aider à me retrouver, et à redevenir sa Mamounette d'avant, ailleurs, autrement, et encore plus....
Je souhaite vivement que tu trouves ta réponse N@t, celle qui te semblera être la plus juste, celle qui te permettra de donner un sens à tout ce que tu feras, celle qui te fera le moins de mal...... qu'y a t-il de pire, et de plus grave dans la vie, que de perdre son enfant ? Nous avons une revanche contre la vie..... celle de la consommer doublement, jusqu'au jour où il nous sera permis de retrouver enfin, notre enfant....
Bien des choses à toi N@t et aux tiens autour de toi....