Auteur Sujet: Comment trouver des oreilles bienveillantes...  (Lu 4499 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

nathaliemartin

  • Invité
Comment trouver des oreilles bienveillantes...
« le: 05 novembre 2013 à 11:36:38 »
Bonjour à tous,

Je viens vers vous aujourd'hui avec mon témoignage.
J'ai déjà eu l'occasion dans d'autres posts de vous dire que mon père est décédé il y a 3 ans maintenant. je vous ai aussi déjà dit à quel point, comme vous tous, j'ai vécu l'horreur, le choc, cette "plaie" au ventre quotidienne...
Aujourd'hui, je repense au sentiment de solitude que j'ai ressenti. Pire qu'une solitude, un isolement. Vous savez, le fait que personne n'ose vous parler de votre peine! Vous êtes sensé parler de la pluie ou du beau temps, tellement on a peur que vous vous mettiez à, pleurer et de se sentir mal à l'aise, démuni...
mon Dieu que j'ai ressenti de la colère au cours de moment entre amis, en famille, où personne ne me posait la question "comment tu vas?" Juste ça...

Aujourd'hui j'ai compris combien le deuil fait peur. Notre entourage ne sait pas du coup comment "prendre la bête"!Cela renvoie à tellement de peurs personnelles...
Aujourd'hui je pense qu'il est important de pouvoir parler et reparler et re-re-parler (!) de notre chagrin. Et je pense que , plutôt que d'attendre que les autres fassent le 1er pas (on sait ce que cela donne!), nous pouvons aussi ouvrir nos coeurs avec amour et fragilité.
Qui dans votre entourage vous aime et peut vous écouter, juste ça, pas parler, pas consoler, juste écouter ou même juste vous prendre dans ses bras en silence pendant que vos larmes coulent?
Qui peut faire ça pour vous? Vous avez un nom qui vous vient? Super, alors prenez les devants: allez la voir, appelez-là et dîtes-lui que vous avez envie et surtout besoin d'être avec elle et de parler de votre chagrin. Elle sera ravie de faire ça pour vous, d'avoir le sentiment de vous être utile.

Belle journée
Nathalie

Hors ligne JBNB

  • Membre Junior
  • **
  • Messages: 54
  • "elle avait le souci des autres"
Re : Comment trouver des oreilles bienveillantes...
« Réponse #1 le: 05 novembre 2013 à 18:38:53 »
Bonjour Nathalie...
Oh combien suis-je d'accord avec vous.
Oh combien ai-je senti la fuite des amis (alors que j'attendais beaucoup de leur part).
Mais, en ce qui me concerne, je ne parviens pas à forcer leur porte ; je trouve qu'il serait plus sain que ce soient eux qui viennent vers moi.

J'avais écrit un texte, là-dessus, je vous le donne en lecture.
Au plaisir de vous retrouver.
Jacques


---------------------------------------------------

SEUL dans la Vie !

Le deuil et sa douleur....
le vide en nous....
le vide autour de nous.... 


A ceux qui n'ont jamais traversé une telle épreuve, on peut dire qu’une nouvelle vie, sans conjoint, constitue une véritable souffrance, malheureusement sous-estimée par l'entourage.
La perte de son conjoint est vraiment la perte de "sa moitié" à tous les sens du terme (habitudes, tendresse, amour).

Se retrouver "seul" dans la vie, c'est, désormais, faire sans celui ou celle qui entretenait, jadis, une petite braise, le "désir de vivre".

Ce "vide" entraine un véritable bouleversement, qui, chaque fois, est un cruel déchirement : on ne met plus 2 couverts mais 1 seul ; on range ses vêtements pas très loin des effets personnels du disparu ; à table, on n'a plus à qui parler, à qui exposer son ressenti (ses joies et ses peines), avec qui échanger les souvenirs ou les projets.
On est "seul" !

Le chagrin est souvent insurmontable, la fatigue physique est là, présente, doublement pénalisante. On n'est plus qu’UN pour faire TOUT. On n'a plus la même force, le même entrain. On s'affaiblit.
Pour peu qu' un état dépressif vienne s’y ajouter, alors ça peut devenir 'catastrophique'.
"Seul", c'est encore, dans l'absence de l'être aimé, l'angoisse d'affronter la nuit qui arrive, l'hiver qui approche.

Sur le plan émotionnel, on a tendance à éprouver une certaine colère : envers tel ou tel service médical qui s'est peut-être fourvoyé, ou qui a été (très) maladroit, vers le monde social qui ne semble pas toujours fait pour ce à quoi il est destiné, envers les amis qui ne paraissent pas du tout en phase avec celui ou celle qui se retrouve "seul"...  toujours et encore : SEUL.

Et puis, et surtout, il y a le  "j'aurais dû... j'aurais pu... si j'avais su...."
Des remords, des moments d'intense tristesse, qui font que le vide de la solitude est encore plus pénible à supporter.
Ces divers sentiments éprouvés (culpabilité, colère, angoisses), doivent faire place à un travail de reconstruction.
Or, les souvenirs sont là, présents et harcelants : les fêtes sans l'être disparu, les nouveaux évènements qu'on aurait bien aimé faire vivre à celui ou celle qui nous a quittés. Et, chaque fois, c'est le cycle infernal : l'explosion de chagrin et de douleur intense qui, à nouveau, ronge tout notre être.

L'être "seul" aurait bien besoin d'être perçu par une oreille attentive, une personne à qui il pourrait exprimer sa douleur, sans retenue.
Mais, là encore, que de difficultés ! Souvent les amis s’esquivent, n’ayant pas envie d’entendre, de voir, et/ou, de s’attarder sur une situation qu’ils redoutent déjà pour eux mêmes.
Alors, l’être seul va afficher une façade, le classique « oui oui, ça va ! »… La réalité est toute autre, la souffrance et la détresse n’étant guère perceptibles que par ceux qui ont vécu pareille galère.

Vers qui se tourner alors ?
Et bien, Il reste, peut-être, la solution de se tourner vers certains réseaux sociaux, composés de personnes dont la plaie est en train de se refermer, et sachant tendre la main aux autres.
Certaines sont formidables, et font preuve d’une immense dose d’amour et d’affection qui contribueront, un jour, au retour à l’épanouissement de l’être malheureux.

                             Jacques
                           22/10/2013
Jacques

nathaliemartin

  • Invité
Re : Comment trouver des oreilles bienveillantes...
« Réponse #2 le: 08 novembre 2013 à 16:00:58 »
Votre texte est magnifique Jacques.
Je ressens et comprends ces émotions.
Je vous souhaite beaucoup de force et d'amour autour de vous.
Bien à vous
Nathalie

caletpat

  • Invité
Re : Comment trouver des oreilles bienveillantes...
« Réponse #3 le: 09 novembre 2013 à 15:52:28 »
bonjour JACQUES

merci pour ce tres beau texte que j'ai lu avec bcp d'emotion ,tout est dit...c'est tellement ça la solitude que l'on ressent apres la perte de nos si chers disparus dont le manque est cruel et que pas grand monde comprend ....

mitzou

  • Invité
Re : Comment trouver des oreilles bienveillantes...
« Réponse #4 le: 09 novembre 2013 à 21:01:08 »
Bonjour,

La douleur et la solitude sont parentes. J'ai vu beaucoup de mes proches fuir ma douleur , c'est le réflexe de l'homme sans courage et égoïste donc sans générosité. Il fuit dans l'espace, sont petit espace plat et réduit, oui  l'homme ordinaire fuit !
Le deuil est une grotte souterraine où l'on est seul hélas ! Nos larmes de chagrin semblables aux gouttes d'eau qui suintent du plafond de cette grotte tombent très vite dans le silence... Ce sont d'abord des amis qui remontent très vite à la surface, Pour eux, la peine ne doit avoir qu'un temps ! Si notre  chagrin demeure, on se retrouve vite seuls parmi les hommes ! Ah que le bruit artificiel du monde est rassurant ! Que les bavardages des hommes sont divertissants ! Oubli, oubli viens vite !   Un être qui part fait naître une multitude de chagrins plus ou moins vifs. Les moins profonds s’atténuent les premiers et ce sont ceux-là que l’on voudra éteindre encore plus vite, encore plus tôt ! En effet, vous avez déjà  constaté - - et constaterez encore ! De la « sollicitude malveillante » à votre égard … c’est la sollicitude de l’égoïsme. Divertissons l’ami éprouvé, emmenons-le sur des chemins de l’oubli et donnons-lui du plaisir pour ne pas gâcher le nôtre !
J'ai compris tout ceci depuis longtemps depuis que j'ai perdu mon fils et mon mari mais j'aime ma solitude et je la préfère à la compagnie des autres qui souvent me fatiguent par leurs bavardages inutiles. Ma solitude me rapproche de ceux que j'aime et dont j'entretiens le souvenir parce que j'ai l'espérance de les retrouver, cette espérance qui me  fait vivre c'est tout.
Les forums ! cela permet d'exprimer un trop plein mais parfois il n'y a pas de réponse, on reste aussi sur notre faim.
Enfin chacun fait son chemin, un chemin particulier où la solitude nous tient compagnie souvent.