FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Discussions Générales => Discussion démarrée par: J.C le 25 décembre 2011 à 21:02:18
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Bonjour, je souhaite partager avec vous mon expérience car je ne trouve personne à qui me confier. Peut-être trouver une écoute parmi vous qui avez souffert la perte d'un proche, ou aider quelqu'un dans ma situation...
J'ai 26 ans. Ces deux dernières années, mes parents sont décédés subitement. Tout d'abord, ma mère est morte il y a un peu plus d'un an et demi. On lui a diagnostiqué un cancer en stade avancé. Je me suis précipitée à son chevet, et elle est morte sous mes yeux, 6 jours seulement après qu'on apprenne sa maladie. Puis, 14 mois jour pour jour après le décès de ma mère, mon père, pourtant en pleine forme, est décédé subitement d'une crise cardiaque dans son sommeil. Pour mon père, nous n'avons pas pu voir le corps, qui n'était "pas présentable" suite à une hémorragie. Je me retrouve sans aucune famille à proximité avec qui partager ma douleur. Cela fait 6 mois que mon père est parti, mais je vis dans une sorte de réalité irréelle. Je fais des cauchemars, j'ai peur de mourir moi aussi subitement. J'ai pris des anxiolytiques, j'ai consulté un psy, sans aucun résultat.
Mes amis et collègues de travail sont gentils et condescendants avec moi, mais ils disent tous que "depuis le temps" je devrais m'en être remise. Je ne me sens plus aucun lien avec les jeunes de mon âge, qui me paraissent vivre dans une bulle de rêve. Moi, à chaque moment je suis seule. Aujourd'hui c'est Noel. Je ne fais rien. Je ne pleure pas. Mais je fais beaucoup de rêves dans lesquels je parle à mon père. Je l'accuse de m'avoir abandonnée subitement. Je ne ressens pas de colère contre ma mère, mais je ressens de la colère contre mon père. Hier soir encore, j'ai rêvé que j'avais oublié d'enterrer les deux cercueils de mes parents. Puis à mon réveil je me suis souvenue qu'ils étaient morts... J'ai l'impression de ne pas être en sécurité. Prendre soin de sa santé ne suffit pas, la mort frappe qu hasard. A quand mon tour, ou celui de mon compagnon? J'ai peur. Mais personne ne veut entendre cela, personne ne veut le savoir. Cela ne se dit pas, ou les gens en ont marre de m'entendre raconter mon histoire. Mais elle ne s'arrête pas pour autant. La peine est là tous les jours, même si je me tais... :'(
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Bonsoir JC,
Je te comprends parfaitement. J'ai perdu maman il y a dix sept mois le 1er juillet 2010. Ce matin là, je l'ai quitté à 10h30 en l'embrassant tout en lui disant "à tout à l'heure dans l'après midi". A 14h00 lorsque je l'ai revue, elle était partie suite à un oedème pulmonaire, les secours SAMU-POMPIERS ont tout essayé pendant quarante cinq minutes, mais n'ont pas pu la ramener à la vie.
Je ne m'y attendais absolument pas, et pendant huit mois je n'ai pas vraiment réalisé. Puis en mars dernier, à la suite de problèmes de santé, d'un seul coup, tout est remonté et j'ai tout reçu en pleine figure ce qui s'appelle "un deuil différé" et depuis j'ai mal, maman me manque terriblement, je pleure souvent (mais un peu moins qu'au début car je prends un médicament). Pour moi, c'est une très grande perte, j'allais la voir 3 à 4 fois par semaine et d'un seul coup plus rien, maman n'existait plus : j'ai retrouvé ce jeudi un corps nerte, sans vie, mais qui reposait paisiblement.
C'est très dur, c'est la vie comme disent certains, mais nous, nous le vivons.
Essaie de voir si dans ta ville, tu trouves une association pour les personnes en deuil, qui puisse t'aider et si il y a des groupes de paroles, cela m'aide beaucoup dans mon cas.
C'est vrai qu'avec le temps qui passe, on fatigue notre entourage et on s'entend dire : "depuis le temps.....", "à son age......", "c'est la vie", "il faut tourner la page" etc.... Mais personne ne pense à notre souffrance, notre tristesse. Mais il ne faut pas leur en vouloir, ils ne peuvent pas comprendre, sauf si ils l'ont vécu personnellement.
Reviens sur ce site aussi souvent que tu en éprouves le besoin, tu trouveras toujours quelqu'un pour te répondre.
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Merci flemming. Je comprends exactement ce que tu as vécu. C'est la même chose pour moi. Pendant tout ce temps je n'ai pas pu regarder une seule photo de mes parents, je vis comme figée dans le temps, au moment où ils étaient encore là. C'est comme si mon coeur n'avait pas encore compris qu'ils ne sont plus là. Le temps s'est arrêté dans ma vie.
Et quand j'y repensais, c'était la colère contre la vie, la peur de ce qui va m'arriver, la peur de devenir folle. Les gens autour de moi me renvoyaient vraiment l'image que j'étais folle ou malade. Je me suis beaucoup sentie coupable aussi. Je me suis demandé Pourquoi moi?
Mais en venant ici, j'ai vu que beaucoup de gens vivent la même chose. C'est réconfortant d'une certaine façon de voir que je ne suis pas la seule qui ait vécu cela, et que tout le monde ressent ces mêmes émotions...
J'ai l'impression que les mots dans ma tête ont besoin d'être dits.. Je ne sais pas s'il y a des associations dans ma ville, mais je vais faire des recherches. J'ai tant besoin de parler avec des gens qui comprennent ma souffrance.
Ce soir pour la première fois j'ai regardé les dernières photos prises avec mes parents... Beaucoup de larmes. Je m'en suis voulu de ne pas les avoir regardées avant ces photos, mais c'était trop dur :'(
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JC, je te comprends ; tu ne dois pas culpabiliser ; tes parents ont vévu leur vie ; tu n'y es pour rien dans leur décès.
Ce serait bien en effet que tu trouves une association qui te permette de parler car tu as besoin de "sortir" tout ce que tu as sur le coeur et qui est si douloureux. Il te faut une écoute. Tu peux te rendre à la mairie de la ville la plus proche où tu habites et là on te renseignera sur les associations disponibles. C'est ce que j'ai fait après le décès de mon fils et je dois avouer que cela m'a fait du bien.
Je te souhaite beaucoup de courage ; sache que tu n'es pas seule et qu'ensemble, c'est moins dur de vivre le deuil.
Avec toi
Je t'embrasse
Yuna
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Merci Yuna.
C'est vrai ce ne sont pas mes actions qui ont causé les décès de mes parents, mais je me reproche beaucoup de choses. J'ai laissé ma mère seule pendant plusieurs années lorsque j'étais partie à l'université. Et mon père, j'ai toujours été dure avec lui, je voulais arranger les choses mais je n'ai pas eu le temps....
Je comprends la relation d'un parent avec son enfant, bien que je n'en aie pas moi-même. Maintenant je ressens l'amour que mes parents avaient pour moi... mon père qui me sermonnait parce que j'étais insolente. Il faisait tout ça pour mon bien... :'(
On est vraiment aveugle quand on est enfant....
Et pour un parent perdre son enfant, j'imagine ce que ça doit être.... :'(
Je regarde la photo de mes parents, qui me souriaient ce jour là quand je les prenais en photo. Tout l'amour des parents est dans leur regard. J'ai l'impression que ça ne change pas, qu'ils soient là où non, l'amour reste toujours là...
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JC, bien sûr que l'amour est toujours là ; c'est aussi ce que je ressens et en être consciente, ça aide , c'est vrai !
Je dis toujours que l'amour est plus fort que la mort.
Courage !
Avec toi par la pensée
Yuna
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Bonjour J.C.,
Ton histoire m'a touché, et je tenais à m'inscrire pour te dire à quel point je te comprends.
Les gens semblent te soutenir un certain temps, mais ensuite il faut tu reprenne la routine
alors que le deuil n'est presque pas commencé, parce qu'il y a toujours le dénis avant l'acceptation.
J'avais 24 ans quand ma mère est décédée le 9 février 2011, dans 3 jours, déjà 1 an, et je vais me replonger
dans un souffrant silence que personne comprends. Parce qu'ils ne comprennent pas les circonstances que j'ai :
Pas de père, 3 frères et 1 soeur plus jeunes... la dernière 14 ans. Pas de famille à l'entour, donc j'ai dû
faire toutes les procédures par moi-même avec un peu d'aide extérieur. Un peu de soutien du côté de mon copain.
Ma mère souffrait d'emphysème et son coeur à laché subitement, parce qu'elle se fichait d'améliorer sa santé. J'ai toujours cru que c'était un suicide lent parce qu'elle voulait partir depuis longtemps.
Je me sens responsable depuis mes 11 ans des plus jeunes, et j'envie ceux de mon âge d'être aussi léger sur l'inévitable et je les envis...
Tout ça pour dire, que je te comprends, et que malheureusement c'est juste le temps qui s'occupe de faire évaporer la douleur...
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Bonsoir Jc je comprend ta douleur et ta peine j'ai perdu ma mere d'un cancer 7 mois apres le diagnostic et mon pere invalide et en fauteuil souhaite la rejoindre ma vie est devenu un enfer je n'ai pas de famille seul mon mari qui ne m'aide pas et mes deux enfant autant te dire que je suis seul je suis sous traitement antidepresseur et anxiolitique aussi ,
je ne comprend pas l'entourage comme toi tes collegue qui te disent " que "depuis le temps" tu devrais t'en être remise " comment peut ton dire ca ! on ne se remet pas d'un deuil d'autre personne le prenne peut etre mieux que d'autre et reprenne la vie plus facilement on va dire moi ma mere est parti le 22 novembre 2011 et je suis toujours dans un vide immense , j'ai plein de photo , ses vetement , son parfum , on me dit que je suis "trop" dedans que je m'en remettrai jamais en continuant comme ca " chaque soir je l'embrasse ,
quand tu dit "personne ne veut entendre cela, personne ne veut le savoir. Cela ne se dit pas, ou les gens en ont marre de m'entendre raconter mon histoire"
je te comprend moi tout le monde fait comme si de rien etait et ne parle plus de maman et continue leur vie moi je peut pas elle me manque tant ici je peut parler d'elle et me confier il n'ya qu'ici qu'on me comprend et ne me juge pas je sombre chaque jour un peu plus et je ne sais pas comment faire pour ne plus etre si malheureuse alors je te dit courage je t'envoi de gros bisous et du reconfort
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Bonsoir JC...J'ai lu attentivement ton message et puis te dire que je me suis aussi "retrouvé" quelque part dans ce que tu écris....
Je suis comme toi "orphelin"...Papa est" parti" il y a 24 ans des suites d'une embolie pulmonaire, et maman voici 9 mois et 21 jours d'un arrêt cardiaque. Elle est quasiment décédée dans mes bras.....Je me suis occupé d'eux, surveillant tout, gérant les rv divers chez une "foule" de médecins et spécialistes, allais les voir tous les jours lorsqu'ils étaient hospitalisés....J'ai accompagné maman à chaque séance de chimiothérapie: pour moi, il ne pouvait en être autrement: il fallait que je sois près d'elle....Et puis tout s'est effondré en moi, autour de moi dès qu'elle "m'a laissé"....Je survis plus que je ne vis, je déambule dans la maison tel un automate, je ne pense plus à certaines choses, mais me focalise sur d'autres....Maman est en moi, dans ma tête et mon coeur à chaque seconde de cette vie qui a perdu tout attrait.....Je dis qu'elle qu'elle me manque, mais ce terme est encore bien faible comparativement à ce que je vis et "endure".....Je pleure et ne cesse de le faire, tant mon chagrin est immense.....
Alors, je te comprends JC.....Je te souhaite du courage.....Bien à toi. Amicalement.
Johann