Auteur Sujet: perdre sa mère, à 26 ans.  (Lu 7136 fois)

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anik

  • Invité
perdre sa mère, à 26 ans.
« le: 16 janvier 2013 à 04:21:14 »
Bonjour!

Je m'appelle Anik et j'ai 26 ans.  Je suis contente d'avoir trouvé ce site, parce que même si je suis entourée, j'en viens à me sentir très seule, puisque personne encore n'a vécue cette expérience douloureuse.  Je ne sais plus à qui m'adresser et je me demande si je suis normale dans mon cheminement.  JE vous raconte brièvement mon histoire.... En février 2011, ma mère a été diagnostiquée avec le cancer inflammatoire au niveau de son sein gauche.  Rapidement les traitements de chimio ont été mis en branle, qui se sont merveilleusement bien déroulés et en aout 2011 elle avait subi la mastectomie.  En décembre 2011 nous avions alors fêté le nouvel an avec l'espoir d'une nouvelle vie...
LE 7 janvier 2012, je recois l'appel de mon père, m'indiquand que maman est à l'hôpital, qu'elle ne va pas bien et que les médecins disent qu'il lui resterait environ 1 mois à vivre, qu'il n'y a rien a faire.. qu'elle a quelque chsoe d'inopérable dans le dos,... je sais également qu'elle est rendu quasi paraplégique... je suis ANÉANTIE!  N'habitant pas à proximité, je me dois de prendre un congé total à mes frais pour aller m'occuper de ma mère.  Je suis paramédic, alors j'ai l'habitude de faire ce qu'il faut, et ne pas réagir sous le coup de l'émotion.. je PENSAIS bien gérer le tout.. mon père qui est âgé et qui était un peu dépendant de ma mère, ma mère pour qui je me devais d'être forte et positive... Alors je suis allée la rejoindre, ne parlant pas anglais,je suis restée à ses cotés 1 semaine, coucher là bas avec elle pour lui éviter ce stress, tranfert d'un hopital à un autre, sans réellement connaitre sa condition, ... les médecins jouaient beaucoup avec les émotions, ahhh finalement ca s'opère, finalement non, finalement cest moins grave quon pensait, ahhh finalement cé pire... jusqu'à ce que nous aillions au bout de 3 chirurgies le diagnostic final : cancer de la moelle épinière.  A l'hopital, quand ca fait quleques jours que nous y sommes nous faisons partis des vieux meubles donc le service etait très limité, et pas question de laisser ma mère cloué a son lit, seule et sans aide pour la faire bouger. Alors moi: je suis là, pour lui faire faire ses exercices que jai lu sur internet dans le but de tenter de stimuler les muscles et tenter de laider a retrouver sa motricité.. je laide avec la marchette, je lui donne ses bains, je la mets au lit, change son lit, la met sur la chaise daisance... je l;'encourage, je la fais rire... j'amène des films, je joue aux cartes, au mot caché.. je vois ma mère rire, et elle trouvele courage de se battre... finalement on nous dit que la tumeur a presque été toute enlevée, masi que la radiothérapie va tuer le reste des petites cellules restantes.  Nous sommes déjà rendu au mois de mars.. Alors je travaille à l'extérieur de la ville de nuit, aux 2 jours lors de mes congés je reviens voir ma mère, je fais les lunches a mon père, son lavage, le ménage ... je vis le deuil d'une amie décédée et d'un autre légume suite à un accident de voiture... mon père fait une crise cardiaque du au surmenage et langoisse de l'état de ma mère.. 2 PARENTS HOSPITALISÉS.. je retrousse mes manches, je vais chercher ma mère , lamene au chevet de mon père.. je les regarde tous les 2 tellement vulnérables causés par la maladie...et moi je suis là, avec un courage que je ne peux expliquer.  6 mois plus tard, ma mère est toujours hospitalisée par contre dans un centre de réabilitation. Elle se débrouille comme un chef avec son fauteuil et fait des progrès incroyables.. elle peut meme marcher quelque pas avec sa marchette! Le médecin ne peut expliquer cela, pour lui cest un miracle! LE 11 mai 2012, elle peut enfin sortir et revennir à la maison.... Quelle joie! Je lui organise un party pour son retour, fetant en meme temps la fete des mères et la fete a mon père! Ce fut la dernère fois qu eje lai vue ''normale''. le 19 mai, mon père mappelle totalement en panique pour me dire que maman ne le reconnait plus.. jappelle lambulance... elle est immédiatement hospitalisée... cancer du cerveau. il ny a plus rien a faire. on refuse les traitements qui laurait gardé 1 mois de plus, mais à quel prix... maman a convulsée sous mes yeux.. et na eu que 2 jours de lucidité pour comprendre ce qui se passait. elle semblait résignée.. jai eu 3 semaines pour accepter le décès de ma mère....  jai réussi à ladmettre dans une maison de fin de vie ou les soins ont été incroyables.jai fait ce quil fallait. jai dormi a ses cotés je lui ai tenu la main, je lui ai dit 2-9320832 fois combien je laimais, combien jetais fiere detre sa fille, quelle avait été courageuse. je lui ai meme dit quell enavait pas a sen faire pour nous, que je moccuperais de son vieux... jai consolé mon père.. mon frère.... mais aujourdhui, 7 mois plus tard, je me sens rongée par la douleur plus que jamais.  Ma mère 55 ans... si jeune! et moi!!! 26 ans, et elle ne sera jamais là pour voir ce que moi jai accompli.. mes futurs enfants, mon mariage. Dans les moments les plus heureux, celle qui compte le plus ne sera pas là avec moi. Je pleure très souvent et dans des moments inattendus... je me sens si angoissée...Cette douleur ne partira donc t-elle jamais... j'en ai assez de me faire dire qui faut je continue de vivre... Aller consulter un psy... pour me dire quoi.? le temps arrange les choses??

Vieux C... des Landes

  • Invité
Re : perdre sa mère, à 26 ans.
« Réponse #1 le: 16 janvier 2013 à 08:56:23 »
Salut Anik et les autres équipierEs,

Au vu de ton message, il semblerait que tu ne résides pas en France

Au Québec, peut-être? Et tes parents dans une province anglophone, comme l'Ontario?

Ceci n'est pas un reproche, juste une constatation pour essayer de mieux comprendre ce que tu décrits.

Ce que tu as couché dans ton message est impressionnant de courage, d'abnégation et surtout d'amour. tu dois en être fière, très fière.

mais aujourdhui, 7 mois plus tard, je me sens rongée par la douleur plus que jamais.  Ma mère 55 ans... si jeune! et moi!!! 26 ans, et elle ne sera jamais là pour voir ce que moi jai accompli.. mes futurs enfants, mon mariage. Dans les moments les plus heureux, celle qui compte le plus ne sera pas là avec moi. Je pleure très souvent et dans des moments inattendus... je me sens si angoissée...Cette douleur ne partira donc t-elle jamais... j'en ai assez de me faire dire qui faut je continue de vivre... Aller consulter un psy... pour me dire quoi.? le temps arrange les choses??
Je n'y connais pas grand chose mais ta réaction ressemble énormément à une décompression. C'est un bien. Il faut que tu évacues tout l'investissement que tu as eu. Il faut que tu arrives, je sais que c'est très facile à dire, à t'occuper de toi, à te ressourcer.

Il n'y a pas d'âge pour ressentir la douleur que cause la mort d'un parent. Une mère, un père, nous n'en avons qu'unE. Ta réaction est tout-à-fait "normale" et surtout compréhensible. 

Tu commences les étapes de ton deuil qui sont si douloureuses mais indispensables pour retrouver un apaisement et une sérénité.

Nous sommes touTEs dans ce cas ici et tu trouveras parmi tes coéquipierEs de galère, des appuis réconfortants.

Après l'amertume, l'angoisse, la douleur, tu trouveras la sérénité et ta mère sera à tes côtés tout au long du reste de ta vie. Elle participera avec toi et en toi à tous tes bonheurs et peines. Elle sera une source de force sur laquelle tu pourras t'appuyer. Plus physiquement certes, mais moralement.

Cela ne sera possible qu'après des étapes très douloureuses où tu ne croiras plus en rien. Dans ces moments là, comme tu viens de le faire, tu passes sur le pont du bateau où nous sommes tous embarqués afin d'y trouver réconfort et assistance.

N'hésite pas, nous sommes là.

As-tu lu le livre du Docteur Fauré?

Permets-moi de déposer un doux et tendre bisou amical sur ton front.

FR

  • Invité
Re : perdre sa mère, à 26 ans.
« Réponse #2 le: 16 janvier 2013 à 11:48:06 »
Bonjpur Anik
La douleur evolue. Pas en ligne droite. Je reconnais en toi le don absolu que tu as fait de toi meme a tes parents. Au dela de ta capacite physique et emotionnelle. J'ai fait un choix, un don similaire, absolu. Il fait si froid dans les premiers jours. On s'est ouvert la poitrine et le coeur et ca met du temps a se refermer. Et le corps patit aussi, Encore une fois: la douleur evolue. Le soutien ne vient pas toujours d'ou on l'attend. Je t'embraase si tu le permets. Francoise

anik

  • Invité
Re : perdre sa mère, à 26 ans.
« Réponse #3 le: 16 janvier 2013 à 22:02:19 »
MErci, vos réponses me touche énormément!
Je suis effectivement du Québec et mes parents aussi. Les hôpitaux de l'Ontario sont plus spécialisés, c'est pourquoi ma mère y fut transférée.  Ce que j'oubliais d'écrire dans mon message, c'Est que depuis quelque temps, je gère un petit peu mal mes émotions et souvent j'ai des ''flash'' qui me reviennent... de son petit visage, ou de paroles qu'elles m'a dit avant de partir...Ces choses qui devraient me faire sourire, me font l'effet contraire et m'attriste au plus haut point!  Je téléphonais ma mère tous les jours et meme 2 fois par jour, ... parfois jai encore le réflexe de vouloir lui téléphoner quand je suis contente ou encore quand je me demande des questions sur la cuisson en cuisine!!  Ca me rassure de voir que malgré les 7 mois qui me séparent de cet événement ce soit normal detre encore aussi triste.. ou plutôt de commencer à l'être!!!
Merci encore :)

Vieux C... des Landes

  • Invité
Re : Re : perdre sa mère, à 26 ans.
« Réponse #4 le: 16 janvier 2013 à 22:44:51 »
Salut Anik, Françoise et les autres équipierEs,

c'Est que depuis quelque temps, je gère un petit peu mal mes émotions et souvent j'ai des ''flash'' qui me reviennent... de son petit visage, ou de paroles qu'elles m'a dit avant de partir...Ces choses qui devraient me faire sourire, me font l'effet contraire et m'attriste au plus haut point! 
.../...
Ca me rassure de voir que malgré les 7 mois qui me séparent de cet événement ce soit normal detre encore aussi triste.. ou plutôt de commencer à l'être!!!
Comme je l'indiquais précédemment, je pense que tu es en train de relâcher la pression. Il faut bien que cela sorte par un bout. Ton corps réagit (pleurs, angoisse...), ton esprit n'est plus sous contrôle (flash) et ton cœur déborde de tout ce qu'il a accumulé et caché.

Oui, c'est normal et c'est douloureux.

pour me dire quoi.? le temps arrange les choses??
C'est un raccourci que l'on dit mais qui est beaucoup trop réducteur. Il ne prend pas en compte le cheminement que l'on doit suivre  pour en sortir.

Tu trouveras ici des personnes pour répondre à tes interrogations, pour partager tes émotions, pour travailler sur ta situation et ainsi avancer. Si tu restes toute seule, tu risques fort de t'enliser comme je l'ai fait pendant six ans et demi avant de découvrir que j'avais les moyens de refaire surface. J'ai commencé en venant ici et me suis senti beaucoup mieux. Tout n'est pas fini, tout ne sera jamais fini mais le vide se comble jour par jour pour faire place à un soutien auquel je ne croyais pas.

Gros bisous amicaux et solidaires, cousine de la Belle Province de la part d'un maudit Français.

anik

  • Invité
Re : perdre sa mère, à 26 ans.
« Réponse #5 le: 17 janvier 2013 à 10:53:59 »
Votre dernière phrase me fait bien rire: `Maudit Francais'  j'ai pourtant visité votre pays et adoré l'accueil! ha ha  :)
Je me souviens un jour d'avoir fait la promesse à ma mère que si elle guérissait, que nous ferions un voyages de femmes... seulement elle et moi. Elle n'avait jamais réellement voyagé, alors je me disais que celà pouvait être une source de motivation à poursuivre son combat.  A Noel 2011, je lui avais fabriqué une affiche en scrapbook avec des illustrations de New York, et des photos de nous 2... Elle ne comprenait pas trop et à l'arrière il y avait d'indiqué 4-5-6 mai 2012, elle et moi à New-York. Je lui avait offert un voyage.  Elle était folle de joie et ne pouvait croire qu'elle sortirait enfin du pays, elle pleurait de joie. Cette affiche l'a suivi jusqu'à sa mort... elle aimait la regarder.... je me demande si ce serait une bonne idée d'aller porter une partie de ses cendres là bas... et partout ou j'aurai la joie de voyager...
Vous, quels sont vos moyens pour en venir à alléger votre souffrance? Vous dites que vous vous êtes enlisé pendant plusieurs années qu'Avez-vous changé?

Vieux C... des Landes

  • Invité
Re : Re : perdre sa mère, à 26 ans.
« Réponse #6 le: 17 janvier 2013 à 14:53:04 »
Salut Anick et les autres équipierEs,

Votre dernière phrase me fait bien rire: `Maudit Francais'  j'ai pourtant visité votre pays et adoré l'accueil! ha ha  :)
Pareil pour nous lors de notre séjour dans la Belle Province qui a duré 2 ans et demi.


je me demande si ce serait une bonne idée d'aller porter une partie de ses cendres là bas... et partout ou j'aurai la joie de voyager...
Ce qui est important, et ce n'est que mon avis, est que tu le fasses dans un endroit qui te convienne et lui convienne dès l'instant où ce n'est pas dans ta chambre, salle à manger, maison ou autre lieu "commun".

Nous ne voulions pas mettre ses cendres dans une urne d'un jardin du souvenir. Nous avons décidé, ensemble, avec les enfants que nous irions vider l'urne dans l'océan, même si cela est hors la loi. Nous y sommes allés avec mes beaux-parents. Cela nous a permis de réaliser encore plus que notre fille, mère, femme était morte.

Cette décision nous satisfaisait tous car nous avions choisi l'endroit. Cela nous a permis de dissocier l'enveloppe charnelle de la personne et ce qu'elle représentait à nos yeux. Nous ne voulions pas d'un endroit réservé à cela mais de la nature dans son immensité. Nous savions que quelque soit l'endroit où ses cendres se disperseraient, sa présence serait toujours dans chacunE d'entre nous. J'indique cela en précisant que c'est notre vision et que nous respectons toute autre. L'important est de faire comme on le pense.



Vous, quels sont vos moyens pour en venir à alléger votre souffrance? Vous dites que vous vous êtes enlisé pendant plusieurs années qu'Avez-vous changé?
Je n'ai rien changé.

C'est le forum, l'échange avec les autres qui m'ont permis d'arrêter de m'enfermer et refuser les mains tendues.

Les réponses à mes messages étaient tellement sincères, amicaux et plein d'amour à partager que je m'y suis laissé séduire. Cela a rouvert mon cœur pour mon plus grand bien.

J'ai commencé à y puiser la force de notre amour qui y sommeillait. Celui-ci a de nouveau empli mon corps, mon cœur et mon esprit tout entier pour continuer cette vie que je refusais.

Ma Louise est de nouveau à mes côtés alors que je l'avais enfouie au plus profond de mon cœur pensant la protéger. En fait, je ne la protégeais pas, je l'étouffais, la séquestrais. Maintenant qu'elle est redevenue indépendante, elle est à mes côtés et me permets de rire de nouveau, avec elle.