Auteur Sujet: Parent divorcé et désenfanté  (Lu 185812 fois)

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #750 le: 27 août 2020 à 07:18:13 »
Et merci aussi à Vol de papillon de revenir nous donner de ses nouvelles...mêmes si douloureuses.
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #751 le: 29 août 2020 à 04:12:46 »
Bonjour à vous.
5ème année de deuil....Tout un travail pour affronter l'indicible, apprendre à apprivoiser l'absence, saisir dans sa complexité la transformation psychique qu'induit "Grand Vide" en nous, traduire en actes cette restructuration d'un lien de confiance avec autrui à travers le filtre de nos nouvelles appartenances, accepter que cela sera sans fin, qu'il nous faudra, nous parents-deuil, encore et encore lutter, tant pour conserver notre fragile équilibre que pour faire croître la solidité de notre fonction, Oui, Eva, tu as vraiment raison de dire que c'est un "job" à plein temps! Maintenir une continuité psychique de nos enfants décédés, une nouvelle forme de vie pour nous, un "vous ne serez jamais plus comme avant et ne souhaiterez non plus l'être",  une lutte sans relâche, avec, au moins, un bénéfice : jamais, jamais, nous ne baisserons les bras.
Courage, mes ami(e)s.
Pascal.
« Modifié: 29 août 2020 à 06:56:41 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #752 le: 31 août 2020 à 07:27:48 »
Bonjour!
Aujourd'hui, je souhaite aborder et approfondir un peu le sujet du manque.
En préalable, lorsque douleur et souffrance crues se sont retirées, progressivement durant ces 4 années de deuil au fil de mon cheminement personnel, apparaît ce manque : de serrer en vrai, en chair et en os ma fille, augmentant au lieu de diminuer...Le temps n'aide visiblement pas à nous absoudre de ce manque, au contraire, même, dirai-je pour moi.
Comment faire avec ce truc? Je n'ai pas vraiment encore de réponses, seulement des actes qui transpirent cette difficulté. Je m'explique : féru de moto, j'en ai toujours eu une plus ou moins roulante dans un coin de mon garage. La dernière est une petite 125, chinée, restaurée et bricolée, mais sympa, une Kymco Hypster pour les connaisseurs. ça coute pas cher, ni en essence, ni en assurance et ça passe l'envie de "prendre un peu le vent", avec, bien sûr, la puissance de mes anciennes bécanes en moins (j'avais un moto Guzzy, 750, ça change!)...Et à l'époque de Javotte, vers ses 12 ans, une vielle BMW R 60. Quel plaisir ce fût de l'emmener en grande balade un jour! Elle "kiffait" grave! J'avais oublié ce moment.
Et, avant de me le rappeler, ce moment délicieux vécu avec ma fille,  en chinant sur le bon coin, je tombe "par hasard" sur une R 60, parfait état, top, réplique exacte de celle que j'avais alors, et pas trop cher (4800 quand même!)...Et une envie irrépressible de l'acquérir, je ne savais pas pourquoi, étant sagement content de ma petite 125 actuelle, suffisante à me passer l'envie quand elle me prend...ça pollue pas trop, consomme très peu et bien suffisant à manipuler question poids, quand je la range!
La clef est venue quand je me suis rappelé de ce super moment avec ma fille, comme si les objets pouvaient me restituer la teneur de ce moment....Non que ce soit interdit de se le permettre, mais le risque est là : cette soif est inextinguible et la soigner, l'abreuver par des objets risque d'être sans fin. Après l'achat (non réalisé, du coup) cela aurait été autre chose et encore autre chose....Ce manque est sans fond, ne se remplira pas de vrai, comme je le voudrai, dans cet espace de deuil bien logé dans mon inconscient....Vous connaissez ma position : quand ça émerge à la conscience, ça soulage, malgré la douleur associée, toujours présente mais bien moins "totale".
En prendre conscience m'a aidé à surmonter cette difficulté, il y en aura d'autres, mais la "consommite" ne me semble pas la bonne solution.
Allez, courage à nous toutes et tous.
Bizs.
Pascal.
« Modifié: 31 août 2020 à 07:36:00 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #753 le: 02 septembre 2020 à 08:02:28 »
Bonjour à vous!
Pardon aux personnes parent deuil d'un enfant unique, mais je souhaite défricher un sujet qui a trait aux difficultés que nous rencontrons avec nos autres enfants, frères/soeurs de notre enfant décédé.
Je crois, que malgré le temps et un apaisement aussi relatif soit-il du deuil, reste une difficulté majeure à affronter, celle du comment faire avec nos autres enfants pour les soutenir au mieux et nous soutenir nous-mêmes?
Il me semble qu'à la suite de l'impact du décès d'enfant, de ce qu'il génère en nous de peur, d'inquiétude, voire de terreur au point d'éprouver des états paniques de revivre un tel drame, la focale de notre perception parentale est biaisée...Bien sûr, soeurs et frères ont vécu un impact terrible, mais ils sont aussi plus jeunes que nous, et leur capacité d'adaptation, de résilience est plus "plastique", si j'ose le terme que la nôtre. Et notre risque est de l'oublier, avec un regard si empreint de cette inquiétude quasi latente, au point que notre capacité d'écoute de leurs demandes à nous parents est altérée : la vie continue, leur autonomie se développe, se heurte à bien des difficultés autres que le décès de leur soeur/frère et questions qui demandent des réponses adaptées...Et là, notre focal parentale a bien du mal à faire le tri, envahie par cette inquiétude quasi latente qui perdurera certainement tout le reste de notre vie. Bien évidemment, cela se comprend : comment refaire confiance à l'avenir quand on sait ce que l'on sait après décès d'enfant? Il y a, à mon avis, un travail énorme de recadrage à la réalité que nous devons opérer, et pouvoir répondre avec une focal un tant soit peu déliée du trauma et des vagues d'angoisse qu'il laisse en trace en nous....Difficile, très difficile, ce travail de recadrage tant le passage est "étroit".
Bizs à vous.
Pascal.
« Modifié: 02 septembre 2020 à 08:05:54 par résilience et silence »
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #754 le: 02 septembre 2020 à 13:28:59 »
sans oublier la phase, qui peut durer longtemps, où on est tellement effondré au fond du fond du seau.. qu'il e st difficile de se soucier réellement d'eux...
et la phase où on regretterait presque d'avoir d'autres enfants qui nous obligent à ne pas céder à la tentation d'en finir
et encore la phase où avoir d'autres enfants t'oblige à sortir de ton chagrin écrasant solitaire et où tu leur en voudrais presque d'exister...Non pas que tu envies les parents d’enfants uniques, car il y a du pire dans cette épreuve mais tu leur envies la possibilité de se consacrer uniquement et entièrement à leur chagrin, à la perte de cet enfant là...au manque... sans être distrait par les autres...
Je sais, c'est pas un discours politiquement correct.. mais le deuil est un mélange de tant d'émotions et de pensées qu'on a rarement le droit d'exprimer tant la complexité et l'ambivalence sont difficiles à entendre... à voir, même en soi...

Phases des débuts du deuil...
après ça évolue...

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #755 le: 02 septembre 2020 à 16:04:01 »
Mon mari me disait, quelques mois après le drame de la mort de notre fils aîné que, pour que la vie vaille la peine d’être vécue, il allait falloir qu’elle soit extraordinaire. J’avais trouvé ça beau à l’époque... et puis surtout, c’était le signe qu’il émergeait du fond de sa caverne où il était terré depuis la mort de Thomas. Nous n’avions pas le choix, nous avions un autre enfant, notre fille, 16 ans à l’époque du drame (automne 2016). Et je me suis fait la réflexion, récemment, que cette expression « valoir la peine » a un double sens... qu’est-ce qui « vaut la peine »? Pas forcément la peine dans le sens du travail à accomplir, mais dans le sens du chagrin ressenti... Qu’est-ce qui vaut tout ce chagrin ? Et la seule réponse que j’ai pu trouver, assez convaincante, est « mon autre enfant »... il y a sans doute aussi la mémoire de mon fils que je veux pouvoir faire vivre encore, mais je ne pense pas, à titre personnel, qu’elle suffirait à justifier « ma peine »... et paradoxalement, alors que du vivant de mon fils, je n’ai jamais rêvé de vivre longtemps, je n’ai jamais trop craint la mort, paradoxalement, alors que la vie m’est devenue si douloureuse, j’espère de tout cœur vivre le plus longtemps possible... pas que je sois masochiste, mais justement, parce que ma fille « vaut ma peine » et que je veux lui épargner, le plus longtemps possible, la peine supplémentaire que lui imposerait ma mort...
Et il y a d’ailleurs ce troisième sens du mot « peine », dans le sens « punition », qui vient mettre son grain de sel dans tout ceci : la « double peine » que j’ai prise, à devoir porter mon propre chagrin et rester debout et continuer d’avancer pour soutenir celui de ma fille...
Comme c’est compliqué tout ça... mélange de travail à accomplir, chagrin et punition...

Comment est ta peine? Benjamin Biolay
https://www.google.be/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjCvPiz08rrAhUECuwKHZ1nBpMQyCkwAHoECAQQAw&url=https%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3DBa7TB4QXzmU&usg=AOvVaw2VoPTV_VkeZosylnvN0LDJ
« Modifié: 02 septembre 2020 à 16:12:24 par Kiné »
« Le bonheur que l’on a vécu ou partagé nous appartient pour toujours. » Pièce Constellations de Nick Payne
❤️❤️❤️

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #756 le: 02 septembre 2020 à 17:06:21 »
Eva, Kiné. Je ne vois rien de politiquement incorrect dans ces réponses, au contraire,  justes, courageusement affrontées dans ces recoins obscurs de Grand Deuil...Qu'est ce qui vaut la peine? C'est une question que je me pose encore parfois, avec dans certains moments une immense lassitude...Puis "ça redémarre"...Et je m'efforce de regarder ce ressenti sous toutes ses facettes, quitte à oser me reconnaître ce combat de "double peine" aussi juste à mes yeux que l'ambivalence qui, parfois, aussi, resserre son étau. C'est vraiment dur tout ça et heureusement que nous pouvons en parler entre nous...Bien des personnes, aussi bien intentionnées soient-elles, se perdent dans les arcanes de notre cheminement à long terme...Et en plus, des fois, incapable de l'expliquer...Et je crains qu'à chaque marche, qu'à chaque palier franchi, d'autres questionnements découvrent leur double tranchant.
Mais pour reprendre un joli terme surgi lui-aussi de nos partage, curieusement, curieusement, nous gagnons du terrain sur le chaos, presque à notre insu...Et ça, je suis certain que ça vaut la peine malgré notre aveuglement à ces espaces outre/espace/temps. Une intime conviction, rien de plus, rien de tangible la-dedans.
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne Eva Luna

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #757 le: 02 septembre 2020 à 20:21:57 »
Bien sùr qu'en s’éloignant des débuts et du Grand Deuil si lourd,
c'est la présence de mes 2 autres enfants qui m'a aidée à rester debout...
la présence de mes petits enfants qui m'a redonné l'envie de sourire car ils méritaient de vivre une belle enfance, malgré le drame...
 c'est grâce à eux que la vie est belle aussi...
qu'un sens à ma vie d'après a pu émerger
mais ça ne suffit pas à lui donner tout son sens.
Et en un sens c'est bien que ma vie ne dépende plus totalement  d'eux et de leur vie...c'était un grand poids sur leurs épaules, et ils ont leur propre vie à tracer...


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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #758 le: 03 septembre 2020 à 05:21:15 »
Cela rejoint ceci pour moi : nous devons "aller bien", ou travailler à aller le mieux possible, c'est plus exact de le dire ainsi, je crois, ainsi "qu'oeuvrer au bien" non seulement pour  maintenir au plus haut la trace de nos enfants décédés, mais aussi pour alléger la charge que porte nos enfants vivants comme celle des générations futures. Un "cela" et un "ceci" qui se complètent, et nous donne tresse pour nous accrocher!!!! Notre corde à nous qui fait lien pour remonter des abîmes de l'enfer.
Bizs tt plein.
Pascal.
« Modifié: 03 septembre 2020 à 06:04:46 par résilience et silence »
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #759 le: 07 septembre 2020 à 03:59:57 »
Bonjour!
J'attends la prochaine rencontre du groupe parent-deuil presque avec impatience : ça soulage d'être avec des personnes qui savent. Même si nous sommes à des segments différents de notre cheminement du deuil, nous nous comprenons, implicitement nous nous comprenons...Cette compréhension n'est pas sans me rappeler celle des poilus de 14, de retour dans la vie sociale...Ils ont connu l'enfer.
Pour autant, les 4 premières années, je ne pouvais participer à ce groupe ou un autre. Comme Anic, le cri d'un corbeau ou le murmure du vent animaient sans risque de me blesser mes grands besoins de solitude. Ils sont moindre maintenant, encore présents mais moindre. Hier, en me promenant dans celle que j'appelle avec un peu d'outrecuidance "ma forêt", j'ai ressenti le lien avec cette nature qui nous entoure. Il est moins intense, moins vital, mais bien en place...Frère des arbres, appartenance groupale inimaginable voici 6 ans, totale mise à l'index de ma famille et d'anciennes connaissances sans éprouver de rancune particulière, plutôt de la distanciation assumée, j'arrondis mes angles comme un galet qui se polit au fil du courant qui l'emporte....
Bizs.
Pascal.

Pour vous, "you will never know"  : https://youtu.be/ejNJrdlzrrY

L'une de mes belles filles, puisque je parlais de groupe, va faire partie de ce groupe pour la prochaine tournée mondiale...Trop fier!
« Modifié: 07 septembre 2020 à 07:26:50 par résilience et silence »
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #760 le: 07 septembre 2020 à 12:58:06 »
J'aime ta métaphore du galet se polissant...
Suis je  moi aussi en cours de polissage?

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #761 le: 07 septembre 2020 à 13:13:08 »
Merci à toutes deux.
Oui Eva, je crois que nos larmes polissent nos angles comme le courant qui les roule...
Adnarag, un chouette bouquin si tu as la force de lire, force qui des fois nous abandonnent et qu'il est de nous d'attendre que psyché ré-ouvre ses ailes, et nous aident à nous concentrer...Ce que me disent ces superbes sculptures...Donc le book, de serge Filippini, l'homme incendié. La vie romancé de Giordano Bruno, dit "le Nolain".
J'ai déjà vu des vidéos d'Aurélien Barrau, mais à l'époque, j'avais opté pour Etienne Klein et Philippe Bobola, ayant été viré du lycée en filière maths/physique, leur discours me correspond bien. Ce qui ne dessert en rien les idées développées par Aurélien Barrau, idées et concepts que, comme toi, je ne partage pas tous, de mémoire.
Bizs.
Pascal.
« Modifié: 07 septembre 2020 à 13:31:26 par résilience et silence »
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #762 le: 08 septembre 2020 à 05:19:03 »
Bonjour.
Pour "alléger" un peu le fil d'Adnarag, je continue ici la discussion sur le suicide et le tabou de la mort que nous explique Dom1, car je vais aborder des éléments un peu plus perso.
Il y a 35 ans maintenant, j'aurai pu mourir d'un acte à caractère suicidaire, puisque je me suis défenestré d'un 3ème étage, comme je l'explique très synthétiquement dans mon bouquin, le "chant du vide". Très sportif à l'époque, j'ai eu un bol immense de m'en sortir sans aucune lésion, ni dégâts physiques. Mais il n'en va pas de même pour les dégâts psychiques. Conduite ordalique, appel à l'aide, appelez ça comme vous voudrez, le fait est que j'aurai pu avoir moins de chance et mourir.
C'est ce passage à l'acte qui a enclenché mon long parcours analytique parmi d'autres facteurs.
Pour autant, les pulsions suicidaires que j'éprouvais ne dataient pas de ce passage à l'acte : elles étaient apparues à l'adolescence, je vous passe les détails et racines de ces pulsions, ce n'est pas le sujet ici.
Il m'a fallu bien des années de travail analytique pour que ces pulsions se transforment en  "amies", signaux d' un état de mal être qui pointait son nez...Une vigie, en quelque sorte. Et l'âge avançant, ce phénomène devenu de plus en plus  épisodique n'a jamais démordu de cette fonction : une vigie. Il est simplement devenu de moins en moins violent, invasif et prenant de plus en plus ce rôle de signe d'alerte que quelque chose n'allait pas, qu'il fallait que je cherche la cause pour rétablir ma démocratie psychique sans l'irruption de cette extrême.
Au décès de ma fille, mon premier réflexe a été de chercher un moyen rapide d'en finir...Une baie vitrée me "tendait les bras", mais j'ai une telle force de vie en moi que je me suis propulsé dans le jardin pour m'y retrouver plié en 2...j'habite une maison de plein pied, heureusement, mais j'ai authentiquement pensé à me trancher la gorge avec les bris de verre brisé. Me couper la parole définitivement en quelque sorte!!! Puis la police est intervenue et un autre cauchemar a commencé...Qui m'amène à écrire sur ce forum et à m'exprimer sur ce sujet si lourd : le deuil et ses chemins d'apaisement...en en parlant, en l'écrivant, en le vivant, en le partageant.
Vous comprendrez que la prévention du suicide ne m'est pas étrangère, même si je n'ai pas eu à souffrir de ce trauma direct d'aucun de mes proches aimés. Donc je sais parfaitement que le suicide n'est pas qu'un symptôme social mais le croisement de plusieurs facteurs dont celui-ci.
Symptôme. Un terme qui ouvre une vision complémentaire entre systémie et psychanalyse. D'allier ces 2 lorgnettes a certainement été mon meilleur processus de défense. Sinon, je serais mort car je crois que lorsque les pulsions suicidaires prennent pouvoir en vous, installent une "dictature", comme dans notre monde actuel, les démocraties ont bien du mal à résister et à subsister !!! Confère l'article de Riss dans Charlie.

Courage!!!

Pascal.
« Modifié: 08 septembre 2020 à 05:32:42 par résilience et silence »
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Hors ligne Adnarag

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Re : Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #763 le: 08 septembre 2020 à 09:25:53 »
Merci beaucoup Pascal pour ton courageux témoignage, vraiment, du fond du coeur

Parce que j'y reconnais mieux là mon époux, même si lui n'a pas trouvé cette force d'y résister, que dans toutes autres lectures jusqu'alors ...

... car je crois que lorsque les pulsions suicidaires prennent pouvoir en vous, installent une "dictature", comme dans notre monde actuel, les démocraties ont bien du mal à résister et à subsister !!!

Adnarag
" Qui sait, demain, vous aurez peut être dans le reflet du soleil ... de nouvelles joies qui méritent la peine."
K.

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #764 le: 08 septembre 2020 à 15:06:06 »
Adnarag, je suis sincèrement content d'éclairer le suicide de ton époux à partir de mon propre vécu. Au moins cela restitue qu'il n'a pu maîtriser ce qui était logé dans les tréfonds de son inconscient, très très probablement issu d'un intergénérationnel toxique dont il a hérité sans avoir eu cette chance que j'ai eue de m'en délier. Et, de mon propre vécu, nos proches ne peuvent pas grand chose pour dénociver cette sombre alchimie qui prend pouvoir et fini par phagocyter la totalité de notre être...Et, sais-tu, parmi les thérapeutes praticiens , j'ai croisé nombre d'entre elles ou eux qui avait été pris dans ce maillage, soit d'un proche soit d'eux-mêmes. Lacan n'a-t-il pas dit que nous passons notre vie à gagner du terrain sur le chaos? Les métiers de réparation, médecins, psys, éducs, infirmiers, etc, sont souvent fondés sur des éléments de ce genre, plein de souffrance, comme le décès de nos enfants nous propulsent dans une transformation que nous n'avons jamais souhaitée. Dur, dur, mais certainement avec un sens profond qui nous échappe. Enfin, c'est ce que je crois même si je suis encore en rage d'avoir à vivre (et fait vivre) cet effroyable parcours.
« Modifié: 08 septembre 2020 à 15:12:15 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.