Auteur Sujet: Parent divorcé et désenfanté  (Lu 184986 fois)

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #735 le: 21 juillet 2020 à 16:14:29 »
Bonjour,
je viens de regarder la vidéo postée par Qiguan. L'idée de post-croissance me convient bien comme concept. J'émets juste cette réserve : ne pas accepter la mort prématurée n'implique pas de ne pas accepter l'épreuve du deuil. Sinon, rien à ajouter, je partage. Merci du lien, Qiguan.

Pascal.
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #736 le: 22 juillet 2020 à 07:54:53 »
Bonjour.
Comme Anic, j'ai "buggé" sur l'acceptation. Le processus décrit par Frédéric Lenoir me semble juste dans sa globalité : le deuil nous conduit à la sagesse. Il nous amène à relativiser, à trier, à refuser le toxique tant dans sa transmission que dans ses multiples expressions. Là, je suis entièrement d'accord. Mais je trouve simpliste de résumer ce processus de maturation, de décantation à une acceptation. Accepter suppose et débouche sur une posture fataliste qui désincarne et défait le long travail que deuil opère. Dépasser le conflit des antagonismes "accepter où ne pas accepter" ne peut se résumer à une soumission, ne serait-ce que par un choix qui, au final, n'en est pas un.
Cette croissance post-deuil ne peut s'enraciner dans un simple dépassement économisant cause et effet, qui m'évoque plus un renoncement qu'une lutte fructueuse. Aucune mort prématurée n'est sans causes identifiables, qu'il s'agisse de folie routière, d'insuffisance de soins, de comportements criminels,  quoique ce soit qui implique de l'agir humain. Existe-t-il une mort prématurée qui n'est d'autre cause que le naturel? Quelque chose sur lequel nous ne puissions agir?  Franchement, à première approche, je n'en conçois aucune. Ce serait comme penser que le dérèglement climatique n'est en rien lié aux activités humaines et le seul fait de la Terre. La capacité du deuil à mobiliser en nous des énergies de changement demande, voire exige, certes de se délier d'anciens modes d'être, mais en aucun cas de se lier les mains avec ce que, pardonnez-moi, j'appellerai "la couleuvre de l'acceptation". Non, vraiment, celle-là, elle ne passe pas, mais elle peut se dépasser, oui, là, d'accord.
Cela ouvre, tout au moins pour moi, la frontière entre le compliqué et l'hyper complexe, l'équilibre entre la maîtrise et la non-maîtrise, la connaissance et l'inconnaissance, en somme, l'équilibre de l'instable dans lequel le vivant compose, à le fois impuissant et chargé de puissance potentielle, soit-elle constamment partielle, frustrante et inassouvie. Et c'est bien dans ce refus d'accepter que s'enracine sa sève.
Par contre, je peux admettre que cette lutte permanente ne puisse être permanente et appelle parfois des paliers, qui, sans "baisser les bras", nous permette de reprendre notre souffle.

Bizs.

Pascal.
« Modifié: 22 juillet 2020 à 08:27:18 par résilience et silence »
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #737 le: 01 août 2020 à 05:19:12 »
Bonjour.
Deuil apaisé, deuil en silence. Comme dans la musique de la vie, deuil ponctue les notes de ces espaces de silence sans les quels musique n'existerait pas...Dignité de taire l'indicible douleur de ne pas voir grandir son enfant, devenue adulte, femme de plus en plus accomplie, mère peut être. ça ne sera pas, pas comme ça, en tout cas. Autrement. ni dans la résignation ou l'acceptation mais dans la conviction, la lutte, le devoir être soi-même dans un autrement que ce qui fût. 4 ans que tu es morte, bientôt. 4 ans et je me retrouve à t'écrire ici, comme à me contraindre de ne pas parler de toi à mes proches, conscients de cet espace de vide qui t'es dévolu et que je ne sais pas comment honorer. ..Fêtes-t-on l'anniversaire d'une mort prématurée? Non. Mais il est des jours où il faut traduire l'amour par cette conviction : aimer ses enfants, le dire en soi, agir en sorte, qu'ils soient défunts ou pas. Alors, vivants et morts se rejoignent, dans un temps de silence où fleurit la continuité de ce qui est : te dire ici cet amour de Papa privé de te serrer en vrai dans ses bras, je me contenterai de ressentir ta joie de voir les nôtres heureux d'être réunis sans s'immerger dans l'atrocité du manque éprouvé.

Bizs à tous les parent(e)s endeuillé(e)s.

Pascal.
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #738 le: 02 août 2020 à 06:05:30 »
Bonjour.
A l'approche de cette date fatidique, le 5 août, se reproduit pour moi un apprentissage déjà enclenché l'an dernier : l'approche de la date est plus difficile à vivre que la date en elle-même. Totalement impuissant et démuni à honorer cette date d'une façon adaptée, un anniversaire de mort prématurée qui ne peut célébrer ce qu'un anniversaire normal célèbre, la vie, que faire? N'étant pas pratiquant, le recours à un rituel religieux, une messe, par ex, ne me convient pas. D'autres cultures, comme aux Mexique, consacrent une journée d'authentiques rencontres sur la tombe des défunts, en partageant un repas avec les morts, sur place, au cimetière, comme s'ils étaient vivants. Nous, athées, sommes contraints de créer/trouver une formule qui, à la fois respecte ce moment symbole sans verser dans une singularité qui n'est pas de mise. En amont, culpabilité et souffrance sont au RV pour souligner notre impuissance : ne pas leur laisser prendre pouvoir sans les ignorer revient à enraciner encore plus profondément notre transformation psychique. Cet équilibre réclame une force incroyable pour établir un contrepoids suffisant à endiguer la vague de douleur inassouvie du manque. Pas grand moyen de le contrer sinon par une volonté tenace d'oeuvrer de toutes nos forces à l'apaisement de ce monde brutal qui nous entoure. Le manque ne peut être comblé, mais adoucit par notre capacité à le contenir : l'amour du vivant prime sur l'amour des morts sans pour autant être sacrilège. Chacun est considéré dans la place qui est la sienne, honoré et considéré dans ce qu'il peut donner, recevoir et transmettre. Un passage si complexe qu'il mériterait un livre à lui seul pour mieux en comprendre les multiples facettes.

Bizs.

Pascal.
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Hors ligne Adnarag

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #739 le: 02 août 2020 à 10:09:27 »
Bonjour Pascal.

Une pensée pour ta fille.

Est-il vraiment besoin d'honorer ces dates qui ne sont plus en effet des dates anniversaires, mais, tu le dis toi même, des dates fatidiques.
Mais si le besoin s'en ressent, alors peut-être finalement as-tu pour toi même, trouvé la solution la plus adaptée.

Pas grand moyen de le contrer sinon par une volonté tenace d'oeuvrer de toutes nos forces à l'apaisement de ce monde brutal qui nous entoure.

Au delà de la mort et du deuil, et de ce monde brutal intérieur qui est devenu le nôtre : Aider d'autres personnes dans ce monde réel qui nous entoure. Et la misère du monde est si grande. Ta fille le savait.

Adnarag
« Modifié: 02 août 2020 à 10:17:46 par Adnarag »
" Qui sait, demain, vous aurez peut être dans le reflet du soleil ... de nouvelles joies qui méritent la peine."
K.

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #740 le: 02 août 2020 à 14:30:44 »
Merci, Adanarag. Ces mots que tu m'adresses me  font du bien.
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Hors ligne Eva Luna

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #741 le: 02 août 2020 à 14:31:49 »
Le manque  cruel et tranchant ... peut être adouci , oui Pascal,adouci par tout ce que tu mets en oeuvre ,en dedans et en dehors... pour vivre avec la béance de l'absence , sans la combler mais en remodelant ses contours...
et pour sentir  la présence de L'Absente ,qui irrigue ta vie , tes choix, tes projets...
En mode compte à rebours anticipant LA date fatidique, l’acmé de la souffrance se décale...et l'impuissance et la culpabilité bouillonnent et les possibles foudroyés s'invitent pour nous laisser entrevoir une vie autre, sans mort prématurée ...
Rêver quelques instants à ce qui qui aurait pu/dû être  ...
Pleurer la vie tranchée...le futur envolé...
et penser à Javotte...
A chaque jour suffit sa peine..mais celle des jours précédant le 5 emplit tout l'espace, la tête, le corps...et quelque part c'est  bien, c'est juste, c'est à la mesure de l'amour...l'amour d'un papa...

Je pense à toi pensant à Javotte et j'ai l'impression de la connaitre un peu...

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #742 le: 03 août 2020 à 05:32:03 »
Content d'avoir un mot de toi, Eva. C'est si lourd le silence. Tu dis l'exact. Javotte est omniprésente même si je commence à avoir du mal à la visualiser. Je n'arrive plus qu'à me rappeler de son "aura", de ce qu'elle dégageait plus que de ses traits de visage qui ne me viennent plus à l'esprit aussi facilement qu'avant. Pourtant ils sont là, juste à portée, sans être saisissables comme ils le furent. J'ai beau me concentrer, la charge de sa présence est aussi intense mais plus diffuse. Vieillit-elle, comme nous? Se transforme-t-elle, comme nous? Mais, de façon sous-jacente, filtre sa propre paix, son "contentement" (le mot le plus exact que je puisse trouver), de nous voir joyeux d'être réunis, attentionnés à notre lien, au respect de notre quiétude intérieure....un silence d'elle adapté sans exclure nos souvenirs qui jaillissent au détour d'un partage de nos passés,  un silence très différent de l'indifférence commune, presque son contraire. Il n'y a donc aucun abandon mais plutôt une métamorphose nouvelle qui se nourrit de ce temps qui passe. Mais le pic de l'impuissance a eu son acmé avant-hier....Tu as raison. J'ai regardé la vidéo de Vanessa Springora. Ce que je partage avec elle, c'est le terme "consentement" avec tout ce qu'il comporte de travail intérieur pour affronter le trauma vécu., un viol de notre naïveté. Toutefois, Grand Univers n'a rien à voir avec la prédation. Il n'est pas dans ces registres, aussi cruel soit le destin qui frappe nos enfants, nous et les autres membres de sa vie. Cette conviction s'enracine de plus en plus profondément. Il n'y a pas eu prédation. Cela ne me paraît absolument pas être de ce registre. C'est d'une autre dimension.
Le manque reste un douloureux état à affronter, soit-il délier de colère, de refus, de déni du réel. Nouvelle période de sommeil fragmenté, en tout cas!
Mille pensées.
Pascal.
« Modifié: 03 août 2020 à 05:40:59 par résilience et silence »
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Hors ligne Anic

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #743 le: 05 août 2020 à 09:04:47 »
Bonjour Pascal,
J ai une pensee pour Javote et pour toi.
Je sais ce compte a rebour, les jours qui precedent sont obsedants, le jour j semble en apesanteur. Je viens te saluer avec ces quelques mots qui disent que le silence ne nous a pas vaincus.
Ce jour si beau de sa venue au monde est desormais une date marquee de son absence douloureuse en ce monde. Cela nous propulse au coeur des questions fondamentales.  Qu est ce qui resiste a ces temps d absence ? L amour.
Au detour d une conversation j avais dit a ma fille qu il fallait savoir etre present a distance ...
Javote est au coeur de tes questionnements, de tes cheminements, avec ton amour de papa, presente a distance.
Bien a toi Pascal.
Anic
"Gardons vivant ce que nous avons frole ensemble de plus haut" Christiane Singer

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #744 le: 05 août 2020 à 18:39:29 »
Merci Anic de tes mots attentionnés. Plusieurs appels téléphoniques aujourd'hui, synchrones de cette journée "particulière" pour reprendre le titre de ce film d'Ettore Scola". Ami(e)s qui m'appellent sans avoir forcément connectés avec la date...Et m'appellent, sont présents, discrètement et délicatement soutenant, attentifs à respecter mon apaisement. J'ai ouvert ma journée en achetant une montre identique à celle que m'offrit Javotte il y a bien des années...Elle gît au fond d'une tasse, réparée plein de fois et finalement si abîmée car jamais quittée et qu'elle est devenue irréparable. Une lotus. Pas rien comme analogie. Un temps brisé qui redémarre. J'ai "osé" rire avec mon meilleur ami hier soir au cours d'une soirée en groupe un peu arrosée. Et ça tient. Une année de croissance "post-deuil" s'enracine, je pense.
Sujet juste évoqué avec mes enfants, c'était ce qu'il fallait : retrouver le lien avec Javotte sans se focaliser sur le trauma. Et elle est là, avec nous. Peut être aussi apaisée de voir cet équilibre de respect affectueux entre nous, son homme, ses frères et son papa y compris.
Courage à nous toutes et tous pour continuer notre cheminement, quelle qu'en soit l'étape.

Bizs.

Pascal.
« Modifié: 05 août 2020 à 19:19:45 par résilience et silence »
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #745 le: 09 août 2020 à 05:23:51 »
Bonjour.
Je m'astreins à utiliser "notre" forum comme un espace permettant  à la fois d'exprimer les mots du deuil mais aussi son cheminement. Cette quatrième année s'ouvre sur la question du deuil apaisé.
Comment traduire au mieux toutes les difficultés de ce sujet tant elles sont nombreuses, non seulement sur un plan métaphysique  mais aussi sur un plan purement quotidien?
Le  meilleur fil à tirer me semble le devenir de ce bouquin écrit en début de cette année et ce qu'il soulève d'épineux. Central et essentiel pour soi-même, mode d'expression alliant déroulé du deuil et singularité du chemin choisi pour l'accomplir, un livre n'est pas un simple objet, d'autant plus qu'il ne s'appuie pas sur du fictif mais sur du réel. Un livre, à sa façon, vit son autonomie par les interactions qu'il génère, en étant lu ou pas.
J'aurais aimé que tous mes proches s'en saisissent, et m'en fasse retour. Nombre de lectrices et lecteurs m'ont interpellé, faisant état de ce que cette lecture leur amenait. Le plus souvent des pistes pour leur propre questionnement, mais principalement la "preuve" qu'il est possible de mettre des mots sur l'indicible.
Et c'est bien cette question de l'indicible qui s'ouvre dans le "segment" de chemin "deuil apaisé".
Partie de mes proches ami(e)s sont désarmés pour soutenir un deuil d'enfants. Qui l'est d'ailleurs? C'est une telle aberration. Nul n'a ces ressorts en amont, juste un rapport à la mort plus ou moins construit. Le tri qui s'opère dans les années post trauma est impitoyable. nombre d'entre nous le vive, souvent cruellement exclus d'anciennes relations qui n'ont pas sues survivre au passage traumatique. Des ami(e)s, la  famille, n'ont su faire autrement que de vous tenir à une telle distance qu'elle s'est finalement traduite par une sorte d'indifférence qui ne se nomme pas. un "chacun sa vie" et débrouillez-vous avec votre malheur". Ce fut parfois même à nous, parents-deuil de relever le moral d'autrui, tout au moins pour les liens qui ont tenu, ne serait-ce que par cette capacité qui accompagne grand deuil : relativiser et recadrer les "p'tits ennuis" de la vie dans leur place réelle. ¨Etre parent signe des emmerdements, des questions, de l'angoisse, des adaptations que nos enfants vivants ne cessent de mettre en jeu. Et, bien souvent, rappeler que ces soucis restent dans le camp du vivant fait, à mon avis, partie de notre rôle de parent-deuil. Ce rôle que destin nous assigne n'est pas simple, évidemment, puisqu'il implique de nous frotter à notre propre vide. Le manque de nos enfants défunts, le réel de leur présence n'est plus de notre compétence parentale, nous sommes dans un "autrement".
Comme chacun(e) sait ici que cet "autrement" risque de nous engloutir dans le mortifère qu'il véhicule, la question du deuil apaisé est, toujours à mon avis, lié à notre capacité de contention. Force est de constater que je ne partage pas ces écrits du forum avec mes proches, c'est du registre intime, à la fois partagé "avec vous", et reflet de cette appartenance singularisant notre nouvelle identité parentale, soit-elle partielle.
Il n'en est pas de même pour mon bouquin. J'aurais aimé que ce soit lu par toutes et tous, un "hors-forum", et ce ne fut pas le cas. Ce livre de l'indicible n'est, pour l'instant, pas accessible à plusieurs ami(e)s, et je dois ne pas en être blessé.
Et le passage est étroit entre un "faire comme si" rien n'était arrivé et un "faire avec" qui reconnaît que ce silence sur le sujet de grand deuil participe plus d'un respect profond que d'une indifférence ou un déni de notre état.
Cette frontière a ses exigences : accepter que partage et non-partage se côtoient sans pour autant s'entrechoquer. Le tri relationnel des débuts du deuil, excluant définitivement une partie de notre environnement affectif a un temps. Un autre temps s'ouvre avec deuil apaisé : celui d'engager un travail de co-habitation de grand deuil avec le normal de tout parent  légitimement plus pré-occupé du vivant que du défunt sans qu'ils s'excluent mutuellement.
C'est une première réflexion sur ce sujet, pardonnez qu'elle ne soit pas encore très claire. Je la résumerai à cette formulation : nous, parents-deuil, devons accepter que nous ne sommes pas égaux devant le dicible de la mort, que de contenir l'indicible fait partie de notre transformation.

Bizs.

Pascal.
« Modifié: 09 août 2020 à 05:35:04 par résilience et silence »
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #746 le: 22 août 2020 à 07:23:05 »
Bonjour.
Petite réflexion matinale au sujet de la perversion...Sur ce forum, nous sommes toutes et tous personnes vulnérables, ou au moins, grandement vulnérabilisé(e)s à un moment de notre vie. L'être humain est par essence vulnérable, sans ironie, je reprends cette formule basique : la vie est à risques, d'ailleurs on en meurt. Grands traumas vécus ne sauraient occulter cette vérité, mais bien au contraire la valident. Pas pour rien que nombre d'entre nous se confrontent à la restructuration d'un lien de confiance en cherchant une nouvelle appartenance à la suite des multiples trahisons de l'environnement affectif, familial, social quand deuil prématuré frappe...L'isolement frappe aussi à notre porte dans les temps qui suivent grand trauma,  et cela demande bien des ressources psychiques pour risquer d'entamer une nouvelle capacité de confiance en autrui.
Plusieurs messages, depuis que je suis membre actif de ce forum, pardonnez l'expression, "sentent" la perversion à plein nez....Marabout qui vend ses services, publicités incongrues, et ...prêts financiers qui intrusent nos fils. Yacine et son équipe font ce qu'ils peuvent pour nous en protéger en les éliminant, mais, de fait,  nous y sommes exposé(e)s un temps, aussi court soit-il.
Comment se défendre de ce truc là autrement qu'en les ignorant? C'est la question que je me pose ce matin sans avoir de baguette magique pour la résoudre, bien heureusement/malhureusement! Mais j'avoue que j'aimerai bien sortir de mon chapeau la possibilité de leur coller une tarte pour tant de perfidie!
Misère, misère, quelles sinistres personnes!
Bon, allez, moral tout de même à toutes et à tous.
Pascal.
« Modifié: 22 août 2020 à 07:28:36 par résilience et silence »
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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #747 le: 25 août 2020 à 07:36:00 »
Bonjour!
Fréquentant depuis peu un groupe "parents-deuil", il me paraît intéressant et utile de partager mes premières impressions.
Suicide, accidents et cancer sont en première ligne des deuils prématurés affectant les participant(e)s. Plus ou moins proches, voir anciens, constat incontestable, ces deuils impactent l'existence des familles de façon extrême. Le séisme émotionnel ne se limite pas au trauma et ses suites immédiates, mais agit à long terme, l'apaisement reste le plus souvent illusoire, le seul facteur  temps ne suffisant pas à installer cet état : nombre de personnes restent à la marge d'une société qui ne sait composer avec ses membres ainsi rendu(e)s à jamais différent(e)s d'un déroulement "normal" de l'existence. Enfants décédé(e)s = chronologie temporelle dévastée. Se projeter dans un devenir ne peut plus être possible sans considérer deuil comme une permanente interrogation de la transformation qu'il implique.
L'un des obstacles majeurs me paraît directement lié à l'immense difficulté de s'accepter tel(le)s que nous sommes devenu(e)s, sans avoir de fil conducteur pour aider cette transformation profonde à enraciner ses conséquences dans un agir : avoir traversé l'enfer et vécu ce démembrement reste difficilement partageable avec qui ne l'a pas vécu. c'est donc au groupe de trouver lui-même ses ressources, sans espérer un quelconque changement de l'environnement par simple effet retour. Toutes et tous se heurtent à une résistance que je qualifie "d'homéostasie" d'un système qui se refuse à considérer les morts prématurées comme symptômes, symptômes des multiples dysfonctionnements d'une société anomique, dégradant les protections construites au fil des siècles, pour partie, au titre d'une individualisation, judiciarisation et privatisation de l'ensemble de nos règles de vie sociale.
Pour rappel
 :En effet, un « dysfonctionnement » est une anomalie de fonctionnement (d’un organe, d’une structure administrative, sociale, etc.).
Bien heureusement, la solidarité fondamentale à notre cohésion, solidarité encore existante en de nombreux espaces, (rassurons nous tout de même!) s'exprime dans ces partages à appartenance forte, comme les groupes de parents deuil...Nos partages de vécu, plus ou moins anciens, permettent de "dé-pathologiser" nos adaptations, qu'on soit sur un versant de défenses hyper-actives, dissociatives ou d'extrême repli, dans la colère, le retrait, voir la dépression et l'abandon de soi par ex.
Mon propre bilan est extrêmement positif : fréquenter un groupe de parents-deuil me permet de faciliter l'effort de contention avec nombre de proches et autres personnes, contention qui exige de taire le plus possible ou de simplement modérer mon besoin d'évoquer ma fille sous l'unique angle du trauma associé à sa mort prématurée. Il ne faut jamais oublier à quel point ce sujet est chargé d'angoisse pour autrui, je pense. Sans s'ouvrir un espace de parole collective, où s'ouvre le possible partage du dire autour de ce trauma avec lequel nous composons, l'effort me semble impossible à supporter. Comme je l'ai écrit précédemment, lorsque souffrance, culpabilité et douleur se retirent quelque peu, le manque s'amplifie et doit être affronté dans sa réalité crue. Nos enfants défunts traduiront leur présence, non plus dans leur chair, mais dans les lieux psychiques dévolus, conscients et inconscients, donc immatériels...Nous ne nous serrerons plus jamais dans nos bras...Et je ne vois aucune raison logique que le manque s'amenuise avec le temps, soit-il connexe d'un deuil apaisé.
Je ressens que le groupe de parents-deuil contribue ainsi à favoriser l'ancrage d'une solidité de l'apaisement.

Bizs à tou(te)s.

Pascal.


« Modifié: 26 août 2020 à 04:25:33 par résilience et silence »
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Hors ligne Eva Luna

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #748 le: 25 août 2020 à 22:20:34 »
Je te souhaite un chemin de partage fécond au sein de ce groupe...
je crois fort à l'entraide entre endeuillés...

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Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #749 le: 26 août 2020 à 07:12:53 »
Oui, Eva. C'est une appartenance "forte". Vraiment forte. Je ressens qu'elle fait partie de cette restructuration d'un lien de confiance qui demande bien du temps pour se reconstruire et s'enraciner. Tu vois, il m'a fallu 4 ans avec tout un trajet personnel et singulier pour m'ouvrir à ce nouveau possible. Avant, c'était impossible. Cela aurait même été "contre-productif", pour reprendre ce terme à la mode. Nos échanges sur le forum ont été un vecteur intermédiaire tout aussi fort. Je vais voir où me guide ce nouveau pas, ce qu'il produit, ce qu'il amène à vivre...Je veillerai à partager sur le forum mes impressions, que, d'ailleurs, je répercute avec  d'autres membres de ce groupe, un lien entre virtuel et réel qui ne démord pas au fil de confiance qui circule entre nous. D'ailleurs, j'aimerais bien avoir qques news de Katrinap, de Mircea, qui prennent un bol d'air, je crois!
L'occas de leurs transmettre aussi mes meilleurs pensées!
Pascal.
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