Mercredi 30 janvier 2013 : Tu es revenu dans ta chambre à la maison ! nous avons pu te veiller 48 h ( du mercredi 15h00 au vendredi 15h00 ) et par conséquent toute la journée et toute la nuit du jeudi 31... où tu as reçu de très nombreuses visites extrêmement douloureuses mais tellement réconfortantes et bénéfiques pour tous...
Ensuite, tu es parti directement de la maison au cimetière le vendredi 1 février 2013 !
Ton "ADIEU"... magnifique... sobre, silencieux... tellement de monde... les condoléances et le recueillement ont duré plus de 4 heures... personne ne voulait partir du cimetière... quelle admirable jeunesse !
Ton cercueil a provisoirement été déposé dans un "emplacement du dépositoire municipal" avant d'être définitivement transféré le 10 juillet 2013 dans le tombeau funéraire familial dans ce même cimetière de village où nous avons dû d'abord acheter une concession puis choisir et faire réaliser ta et... notre future tombe !
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"-Veiller un mort chez soi, quel réconfort !"
Ecrit par :Jean-Christophe Gruau
Pour avoir testé ce genre de pratique (d’un autre âge ?), j’ose affirmer qu’elle présente plus d’avantages que d’inconvénients !
Mais bien sûr, chacun est libre de réserver à ses êtres chers le dernier départ de son choix (à moins que le défunt n’ait laissé concernant ce domaine des consignes très strictes !).
Aujourd’hui quand un être humain décède – à l’hôpital, généralement – ses descendants sont d’accord pour éliminer le cadavre le plus vite possible. L’éliminer de leur vue d’abord, en le plaçant deux, trois jours au funérarium ; l’éliminer de la planète terre ensuite (pour des raisons écologiques, le plus souvent) en le réduisant en cendres.
Quand mon père est mort brutalement le 1er janvier 1993, à 54 ans, pendant la nuit de la Saint Sylvestre, les choses ensuite se sont passées différemment, à l’ancienne si l’on veut, et j’aimerais dire ici que les cinq jours que nous avons passés « avec lui » chez nous, dans la maison que ma mère allait désormais occuper en solo de longues années (elle s’est remariée dix ans après cette histoire), ces cinq jours furent des moments propices au recueillement, des journées – osons le dire - « bénéfiques » car elles nous permirent – selon l’expression consacrée – de faire le deuil d’une manière que j’ose qualifier d’idéale…
Pour expliquer ce genre de pratique, il convient de signaler les points suivants :
D’abord le fait que mes parents vivaient dans une maison suffisamment grande pour accueillir les visiteurs ;
Ensuite le refus de voir mon père au funérarium, refus partagé par sa veuve et ses trois fils ;
Ensuite la culture familiale liée à la mort : en 1949, quand ma mère perdit son père alors qu’elle avait 10 ans (lui en avait 47), ce dernier attendit également son enterrement dans sa propre maison où toute sa famille put ainsi le veiller jour et nuit selon la tradition de l’époque ;
Enfin, le fait qu’un de mes deux frères était en mission humanitaire à Sarajevo quand le drame est survenu et qu’il ne pouvait pas revenir en France avant quatre jours ! Il n’était pas concevable que ce frangin, le plus jeune de nous trois, ne voie point son père une dernière fois avant d’aller prier pour son âme au cimetière de L.
Ces choses dites, il était hors de question qu’après sa mort brutale notre père soit séparé de sa femme et de ses enfants, qu’on ne puisse pas pouvoir le voir, l’approcher, le toucher (oui, le toucher !), et ceux qui souhaitaient venir lui faire un dernier adieu.
Je voudrais dire aux personnes qui considèrent ce genre de pratique comme un tantinet macabre (Comment, garder un mort sous son toit !) qu’elle permet des échanges hautement privilégiés. Il est vrai que la mort d’un tiers offre souvent, dans les heures qui suivent cette dernière, la possibilité de s’élever au dessus des contingences, D’exprimer des sentiments qu’on taisait jusqu’alors. D’être plus réceptif à certaines paroles. De tisser des liens privilégiés, etc.
De plus chaque personne qui venait voir mon père une dernière fois avait toujours un souvenir à raconter, une anecdote à partager, un point de sa personnalité à évoquer. Devant le mort ou dans la cuisine. Entre deux larmes ou deux crises de fou rire…
Oui, vraiment, ces toutes dernières journées avec mon père furent de grandes, de belles, d’inoubliables journées même si, bien sûr, (ne me faites pas dire ce que je n’ai jamais voulu dire !), on eût préféré ne jamais les connaître…
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C'est un simple témoignage... très personnel écrit par ce monsieur ! donc pas de prise de tête...
Je comprends et je sais bien que nous faisons toujours de notre mieux et comme on peux selon les circonstances de la mort...