Auteur Sujet: Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !  (Lu 959942 fois)

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3195 le: 18 février 2019 à 16:54:12 »
Ton message est superbe. Je le pense authentiquement. ça m'a rappelé une intervention sur le "détail" dont je te passe ce début d'article, le reste me paraissant trop "technique".Cet article, co-écrit avec Constance Eliçabe-Broca, psychanalyste, a été publié dans la revue L'Ecole des filles, éditée par la galeriste Françoise Livinec.

***
Le détail en psychanalyse

C’est Freud le premier qui a souligné l’importance du détail, des restes, des résidus des manifestations de l’inconscient dans la vie quotidienne, tels que le lapsus, les rêves, les actes manqués ; il en a fait la matière première, précieuse, d’un des ses textes princeps : Psychopathologie de la vie quotidienne.

Alors, vraiment mille bravos. :-* Yes!
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3196 le: 19 février 2019 à 12:37:50 »

J'ai trop longtemps cru qu'avec "Mes Essentiels" j'étais fort, solide, amoureux.
Ma vie était équilibrée, structurée, harmonieuse.

"DEPUIS"... mes essentiels se sont envolés... mes certitudes se sont volatilisées...
Aujourd'hui, je reconnais hélas la fragilité et la vulnérabilité de mon château de cartes ... il a volé en mille éclats !

Ce qui est "Essentiel" m'insupporte... j'abandonne... je m'éloigne... je fuis...
je n'apprécie plus que les petits détails de la vie...
tous ceux qui sont légers, éphémères... à durée limitée...
tous ceux qui ne comptent pas vraiment mais qui sont tellement importants pour survivre sans... pour vivre avec...

Le temps présent... loin du passé... l'avenir incertain !

Triste sourire mélancolique...

Federico

- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3197 le: 19 février 2019 à 14:20:15 »

Bonjour à toutes et à tous,

Bientôt..... 4 ans ! 4 ans que je suis inscrit sur ce forum "les mots du deuil" !
Quatre longues années ... très perturbées !
Ma vie n'est pas un long fleuve tranquille... mais elle est ce qu'elle est... c'est comme ça !
Pourtant j'essaie de faire toujours de mon mieux ! ça n'a jamais été facile, au contraire... ça a même été souvent très compliqué !

Il y a quatre ans ... j'étais désespéré... sans aucune voie de secours, aucune échappatoire, aucun exutoire !

Aujourd'hui, j'ai pratiquement tout perdu mais j'ai retrouvé ma Liberté !
Maintenant c'est vrai je suis libre... mais comme dit si bien la chanson :
" Mes amis, j'ai retrouvé
Aujourd'hui ma liberté
Mais à quoi sert d'être libre, dite moi
Lorsque l'on a en tout pour avenir
Rien d'autre que des souvenirs"...


Infinie tristesse, douce mélancolie... tendre sourire... lueur d'espoir !

Ce qui m'a toujours intéressé c'est ... la vérité, l'authenticité... se mettre à nu !... le don de soi !
Je fuis l'égoïsme et l'hypocrisie...

Au Forum, j'ai beaucoup lu et appris (Merci à vous) et tellement échangé, partagé et écris :
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois croire, penser ou faire ? Personne !
- J'aime les âmes sensibles sans domicile fixe

En fait, je mène une vie de couple avec ... "Les mots du deuil"...
Avoir des hauts et des bas... avoir le coeur gros... avoir des ailes... avoir du vague à l'âme...

Rire et pleurer !  :D  :'(

Je vous embrasse... toutes et tous !  :-*

Amicalement, solidairement.

Federico

- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3198 le: 19 février 2019 à 15:30:57 »

J'aime cette citation de Sénèque:

"la vie ce n'est pas attendre que les orages passent, c'est apprendre à danser sous la pluie."

J'essaie de m'en inspirer.

Federico
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3199 le: 19 février 2019 à 20:18:10 »
Je danse pas très bien sous la pluie, moi....

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3200 le: 20 février 2019 à 01:39:06 »

- E‌t toi, ta belle liberté est entière ?

- "Depuis"... ma Liberté ne peut être qu' arc-en-ciel !

Liberté rebelle, douce, anarchiste, mélancolique, humaine... Liberté d'Amitié et d'Amour ! je t'aime.

Caresse des yeux... bisou du Coeur

Federico
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3201 le: 20 février 2019 à 11:57:52 »

Cher Pascal,

C'est sûr qu'on ne peut pas plaire à tout le monde... là n'est même pas le problème pour toi et moi car notre "égo" est dans notre froc comme dit mon grand Ami Léo Ferré à propos de la lucidité !

Aujourd'hui , l'irréparable et l'irrécupérable est que tout un chacun veut égoïstement être "tête de liste" et avoir tout le protagonisme pour leur sale gueule d'enculés et de faux culs !

Absence d'humanité...  manque de respect, de solidarité... collaboration intéressée, hypocrite et mensongère... jalousie exacerbée, exécrable violence et ordurière agressivité verbale... explosion sociale généralisée !

Nous sommes cuits, nous sommes chiés !
Débandade sociétale... sauve-qui-peut !

Mon Ami,  je te lis toujours avec grand plaisir... gourmandise, délectation... toujours avec respect, attention !

Tu peux compter sur moi, je suis avec toi !
Nous essayons tous les jours de danser sous la pluie... pour Javotte... pour Raphaël...

Federico

Ps : je n'aime pas le mot "intérêt" ! ça me rappelle trop ce putain de capitalisme !
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3202 le: 20 février 2019 à 13:07:35 »

"J'ai bien saisi et compris à quel point certains de mes avis peuvent bousculer ce que nous les endeuillé(e)s devons mettre en chantier, et le mot est bien faible pour décrire cette réalité. Et je n'ai aucune leçon à donner à quiconque, simplement faire état de ce que je ressens profondément en utilisant ma pensée plutôt que de la paralyser dans un carcan qui ne me convient pas : celui d'un ordre établi qui concourt à pousser prématurément certain(e)s de nos enfants dans la tombe.
Ce n'est certes pas pour rien que Freud a associé deuil et mélancolie. En quoi un choix mélancolique pour supporter le désenfantement serait-il pathologique? De mon avis, il ne l'est absolument pas et au contraire ne fait que nous aider à supporter l'insupportable. Tout comme le déni, finalement, cela nous propose ainsi du temps. notre temps, à nous les endeuillé(e)s dont nous avons si cruellement besoin pour nous relever. Et je suis touché qu'il semble bien clair que je ne juge pas supérieure à une autre  l'économie psychique singulière, unique de chacun(e) de nous. " Pascal


YES ! YES ! YES !

Olé ! Olé ! Olé !

J'adore ! merci Pascal !

Amicalement, solidairement.
Federico

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3203 le: 20 février 2019 à 18:46:50 »


https://www.youtube.com/watch?v=C3LK5ELvZwI..... Portishead..... Roads

https://www.youtube.com/watch?v=C3LK5ELvZwI..... Portishead..... Glory Box Live

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3204 le: 20 février 2019 à 19:14:40 »
Alors là, géant Portishead glory box live! Géant et ce commentaire associé aussi :
"I suddenly want to start smocking again!!!
So am I !!!
So thunks Fedo!
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3205 le: 21 février 2019 à 23:27:47 »

Comme toujours dans la vraie vie
 
Certains soirs,
 en poésie,
 il y a des poèmes qui ne parlent plus
 fatigués par une trop longue journée de travail
 on a envie de leur dire : allez ailleurs raconter vos histoires
 de désespoir ou d’amour fou ou de n’importe quoi c’est pareil,
 allez ailleurs je suis fatigué.

Certains soirs dans la vie il y a des hommes qui ne parlent plus.

Parfois en poésie,
 on n’a plus envie
 ni d’amour ni d’espoir
 juste de fermer les yeux et dormir.

Arrive alors, en poésie
 qu’ouvrant au hasard une page
 explosent quatre vers comme un volcan,
 un sourd-muet en pleurerait
 retrouvant la parole
 un désespéré sa joie de vivre.

Il arrive que dans la vie, parfois, des hommes
 explosent.

Il est vrai que
 toujours, en poésie
 rire rêver pleurer :
 un seul et même mot.

Comme toujours.
 Dans la vraie vie.


Villebramar, 2016

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3206 le: 21 février 2019 à 23:43:26 »

Aux HOMMES de ce Forum...

Je pense à vous... Hommes, Fils, Papas, grands-pères, frères, tontons, époux, amants, amoureux, amis !
Vous qui êtes dans le chagrin, la douleur physique, la souffrance morale...
Vous qui connaissez cet état de mal-être ou une grosse boule nous nargue pour stagner au niveau de la gorge ...
Boule d'amertume, de frustration, de colère !...
Moments incommensurablement mélancoliques !
Désespérément désertiques d'affection, de tendresse, d'amour...
La solitude, le vide, le néant, les profondeurs abyssales ... de notre existence !

Amicales pensées pour vous... ESPOIR !

Bien Solidairement.

Federico
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3207 le: 22 février 2019 à 00:16:42 »

J’ai raté ta vie

Il y a des années, j’ai découvert le visage de Charles Bukowski sous le titre « Journal d’un vieux dégueulasse ». Les deux collaient parfaitement. J’ai pris ce livre, lu sa première phrase. Je suis allé jusqu’au bout le soir même et j’étais un autre quand je l’ai refermé. Pas tout à fait un autre non plus, n’exagérons rien, ni forcément plus dégueulasse, mais tout de même, il m’a aidé à m’assumer.

Plus rare et encore plus précieux, j’ai croisé ce regard, écouté cette voix qui ne disait rien de spécial, répondu à ce sourire sous un cerisier. Et je suis devenu celui qui m’attendait, je me suis rapproché encore plus près de ce que j’étais.

Oui, il y a des rencontres qui vous transforment ou vous révèlent. Avec un homme, une femme, un livre, un spectacle, une œuvre, une musique, un lieu...
 Et toutes ne sont pas bénéfiques non plus...

Il y a surtout les rencontres manquées, innombrables. Cette catégorie peut d’ailleurs se diviser en deux. Celles qu’on a gâché, par maladresse, manque de discernement ou pure distraction et celles qu’on aurait voulu faire et qui auraient pu vous changer.

Dans la première, je place mon premier flirt. Plus précisément ma première tentative lamentable de flirt. Je n’étais guère en avance sur ce plan, comme sur d’autres. Ça se passait dans une « boum », c’est à dire dans un garage vaguement décoré, avec une platine et des jus de fruit baignant dans une lumière rougeatre. Ça faisait des semaines que je voulais lui parler. Je me suis lancé. Elle s’était arrangée un vague chignon pour l’occasion, alors je n’ai rien trouvé de mieux que de vouloir la complimenter sur sa coiffure. Seulement, le «  il te va bien ce chignon » est sorti de mes lèvres en « Ils te vont bien ces nichons ». Elle m’a regardé bouche bée, s’est tournée vers ses copines en rougissant avant d’éclater de rire. J’ai bafouillé avant de sauter sur mon Solex en pédalant pour fuir plus vite avant de me rappeler que c’était moi qui avait organisé la « Boum » chez mes parents…

Dans la seconde catégorie, tous ceux et celles, célèbres ou anonymes, dont la rencontre vous auraient fait bifurquer, vous auraient bouleversé, dont on a raté la vie et dont l’absence même nous définit tout autant.

Francis Palluau

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3208 le: 22 février 2019 à 10:30:10 »

Salut mon Pascal-ito

Tu peux m'croire si tu veux mais on ne m'a jamais viré de l'école !
Par contre combien de fois ai-je redoublé mes classes ?
Et toujours au dernier rang !

A l'époque du temps jadis...  j'aimais déjà "danser sous la pluie et hurler comme un loup" ...
C'était mon plaisir afin de me révolter contre cette foutue tristesse nostalgique et mélancolique !
Mon Coeur est resté en Espagne !
" Et pan, 3 heures de colle, faut pas que ça rigole !"
Moi, je ne rigolais pas, j'avais besoin de "danser sous la pluie..."

Tu n' sais peut être pas Pascal... que même ici, sur ce très respectable forum,  j'ai failli me faire virer à plusieurs reprises !
J'ai plusieurs avertissements oraux et 3 avertissement écrits dans mon dossier de "membre héroïque" !
Au prochain samedi des gilets jaunes... si je déconne (trop !) "ON" me vire illico presto du forum !
Là franchement, j'ai "intérêt" à me tenir tranquille-peinard !
C'est parfois mon sale caractère et mes propos grivois qui font que je suis dans le collimateur de la Haute Autorité ! hihi !
T'inquiète... je gère, je maîtrise ! sinon c'est l'expulsion brute, pure et dure !

J'embrasse toutes celles et tous ceux qui m'aiment fort !

Federico
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3209 le: 22 février 2019 à 11:52:37 »

LA SPIRALE SUICIDAIRE

Les recherches sur le suicide (notamment celles du sociologue Émile Durkheim) parlent de ce que l'on appelle le "syndrome du désengagement" pour tenter de décrire l'état d'esprit des personnes suicidaires en train d'élaborer leur geste. Il est important de rappeler que ce modèle n'englobe pas la totalité des personnes qui ont l'intention de se tuer ; ce n'est qu'une proposition pour tenter de comprendre le vécu de la personne suicidaire.

Le terme "désengagement" traduit bien ce qui se passe : la personne est en souffrance pour une raison ou pour une autre. Elle essaie de trouver des réponses à son mal-être, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur d'elle-même. Ce n'est pas l'idée de mort qui prédomine, mais plutôt celle de l'arrêt de la souffrance, quels que soient les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.

Quand elle ne trouve pas les réponses escomptées à l'extérieur, elle tente de trouver refuge à l'intérieur d'elle-même, son environnement lui semblant de moins en moins apte à répondre à son mal-être. Ainsi, progressivement, et très souvent même à son insu, elle se retire de toute interaction avec autrui. Elle semble toujours être en lien avec l'extérieur, mais c'est un lien de surface. Elle trouve de plus en plus de réconfort dans l'idée que mettre un terme à sa vie pourrait être la meilleure façon d'abréger sa souffrance.
Au début, il semble que ce repli soit relativement conscient et volontaire et que l'option du suicide ne soit qu'une modalité parmi d'autres pour arrêter de souffrir. La personne "teste" mentalement ces différentes options et ce processus mental agit comme une sorte de protection psychique visant à prendre de la distance par rapport à un environnement avec lequel elle se sent de moins en moins en phase.
Puis, avec le temps, ce qui était initialement volontaire devient automatique : sans s'en rendre compte, "l'habitude" de penser au suicide s'installe ; le nombre des options se réduit et le suicide apparait de plus en plus valide et "raisonnable" ; l'idée en devient de plus en plus familière. La personne s'enferme alors insidieusement dans la conviction que rien hormis le suicide, n'est capable d'apporter le moindre apaisement ... Les idées suicidaires avec lesquelles elle "flirtait" deviennent de plus en plus prégnantes. Elles deviennent envisageables et même logiques ou évidentes comme moyen ultime d'apaiser la souffrance.
Arrivée à ce stade, la personne suicidaire redoute qu'autrui fasse obstacle à son projet. Elle décide alors de ne plus, ou de ne pas, en parler, de peur qu'autrui tente de l'en détourner. ... Mais il ne faut rien dire à l'entourage. Il ne faut rien montrer ; non pas par défiance, mais gouverné par la conviction qu'ils sont impuissants à apaiser le mal de vivre. C'est désormais à soi de prendre la situation en main.

Et c'est là qu'un certain soulagement s'installe. En effet, il semble que le fait de prendre - enfin - la décision de se suicider apporte un énorme soulagement à cette personne qui cherche depuis si longtemps une voie d'issue. ça y est ! La décision est prise, il n'y a plus à lutter et la vie parait soudain plus douce, plus paisible. La personne vit dans l'anticipation d'un mieux-être à venir, après des mois ou des années d'errance et de confusion. Elle a enfin la clé et elle ne va laisser à personne la possibilité de la lui dérober. Alors, extérieurement, tout semble aller mieux ; elle parait plus calme ; plus rien n'a vraiment d'importance désormais et elle aborde les choses avec détachement et sérénité, même si c'est la sérénité du désespoir.
Sachant qu'elle va bientôt passer à l'acte, la personne suicidaire coupe tous les ponts et les seuls actes significatifs sont ceux des préparatifs de son départ. Plus rien d'autre ne compte.
Oui ..., mais en dépit de la pertinence de ces descriptifs du processus suicidaire, il manque toujours l'absence de réponses définitives. La vérité est que seule la personne qui s'est suicidée serait en mesure de dire pourquoi elle a fait ce geste.

Incidemment, ce qu'il y a aussi de troublant dans le suicide d'un proche, c'est que cette personne qu'on pensait tant connaitre rend manifeste, au grand jour, un mal-être qui reste une énigme, pour tous et pour toujours. Elle affirme puissamment quelque chose qui demeure à tout jamais inaccessible à son entourage, l'abandonnant à la tâche impossible de devoir interpréter le sens de son acte. Elle seule savait ce qui se tramait dans les méandres de son esprit ; elle seule pourrait expliquer pourquoi ; elle seule pourrait dire ce qui a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ...
A l'interrogation s'ajoute parfois le doute. Il y a en effet des situations peu claires où les proches se demandent si, finalement, la personne suicidée souhaitait vraiment passer à l'acte.
Seule la personne décédée détient ce secret. Et cela même, est-ce certain ? Cette personne serait-elle vraiment à même de dire ce qui l'a conduite à se suicider ?

Les personnes suicidaires affirment toujours que l'acte n'a pas pour finalité la mort - même s'il y conduit - mais le soulagement de la souffrance morale. Se tuer, c'est d'abord rechercher la paix. Le fait que le suicide plonge les proches dans une douleur indicible n'est pas nécessairement présent à l'esprit de celui qui se tue à ce moment là. La souffrance d'autrui n'est pas la priorité : on est obnubilé par la sienne propre.
Quand la personne suicidaire a atteint le point de non-retour où sa décision est définitivement prise, il semble que le moindre incident, la moindre frustration soit vécue comme une preuve supplémentaire que la vie ne vaut plus la peine d'être vécue.

D'après le livre du Docteur Christophe FAURE : "Après le suicide d'un proche, vivre le deuil et se reconstruire" -

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