Auteur Sujet: Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !  (Lu 959982 fois)

0 Membres et 10 Invités sur ce sujet

Hors ligne nathT

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 462
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3075 le: 12 janvier 2019 à 09:49:38 »
Federico, Pascal,

Hier soir j'ai eu un appel de ma belle soeur; anniversaire des 9 ans de l'accident qui a emporté son fils de 20 ans .
Elle m'a bien confirmé qu'il lui a fallu des années pour 's'en remettre' : elle est parfois.... oui... parfois mais seulement parfois heureuse et oui...elle est dans un monde à part ou seuls ceux qui ont connu cette  terrible peuvent comprendre .Elle a toujours refusé obstinément de 'faire pitié' .Autour d'elle personne ne comprend et. bien ..... tant mieux pour eux.....C'est ce que tu dis Pascal....tant mieux pour ceux qui ne comprendront jamais parce qu'ils ne vivront pas ce drame absolu .

De mon côté, j'ai désormais compris que lui parler de son fils, des souvenirs que j'ai de son fils ne lui fait pas de mal bien au contraire .

Mes potes 'endeuillés :' Moonlight salue bien Junita et Cheyenne

Nath


Hors ligne loma

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 659
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3076 le: 12 janvier 2019 à 12:18:53 »
"si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le coeur, on pourra lire en lettres d'or ... je t'aime encore"  William Shakespeare

Hors ligne nathT

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 462
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3077 le: 12 janvier 2019 à 12:43:59 »
Merci Ioma

je fonce l'acheter!

Mamie Nath ,
 stylo rouge et .......Résistante .....

Je suis malheureuse , triste ..... et je ne me soigne pas !Na

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3078 le: 12 janvier 2019 à 19:02:10 »

VIVRE APRÈS LE SUICIDE D'UN PROCHE

La personne qui met fin à ses jours (plus encore s'il s'agit d'un enfant ou d'un adolescent) est submergée par des émotions violentes qui lui empêchent tout raisonnement, toute prise de conscience sur les conséquences de son acte au moment où il se produit.
Elle se trouve sous le coup de l'émotion de l'instant. Cet instant d'une insupportable souffrance à laquelle il s'agit de mettre fin pour se libérer.


Il est alors vital pour les proches de parvenir à exprimer tout leur ressenti, toute leur douleur, en pleurant, en criant, en parlant ... et de pouvoir comprendre, reconnaître qu'ils ne sont pas responsables, que la personne qui est partie ne voulait pas, ne pouvait pas leur dire son immense souffrance pour les protéger (surtout dans le cas d'adolescents hypersensibles).

Chacun le fera à sa manière, au rythme qui est le sien, en verbalisant son chagrin dans un échange avec l'autre (de préférence avec un professionnel à qui l'on pourra confier plus qu'on ne peut le faire avec un proche) ou tout autre manière d'accompagnement qui lui convient.

Il deviendra alors possible de parvenir à mettre de l'ordre dans l’innommable chaos où tous les repères ont volé en éclats et de commencer à cheminer dans le questionnement et la reconstruction.

Il sera alors aussi concevable de donner un sens à la douleur éprouvée en continuant à faire vivre, parfois à travers une cause, mais surtout dans les cœurs et les mémoires, l'être cher qui est parti.

https://laviepourleternite.blogspot.com/p/le-suicide.html
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3079 le: 12 janvier 2019 à 19:08:24 »

LE SENS DU MOT DEUIL

Le mot "DEUIL" vient du latin "dolorere" qui signifie "souffrir".

Jusqu'au Moyen Age, il s'agissait du chagrin. Mais ce sens s'est perdu au XIXème siècle et désigne alors tout ce qui se passe autour de la mort : la mort elle-même, les obsèques, comme les tentures, les vêtements noirs ...

... Les choses changent avec l'intervention de la psychanalyse et l'étude de l'inconscient révélé au XIXème siècle par Sigmund FREUD (1856 - 1939). Ce neurologue a découvert que l'être humain est agi à la fois par ce dont il est conscient et par une autre force qu'il ne maitrise pas : l'inconscient ...

Parler de deuil aujourd'hui, c'est parler de la dimension psychologique et émotionnelle de notre réaction à la mort d'un être important émotionnellement.

Le mot "DÉCÈS " est le mot légal actuel pour parler de la mort d'une personne.

Le sens du mot "DEUIL" a donc évolué. De nos jours, il signifie la réaction individuelle psychologique à la mort d'un proche.

- Nadine BAUTHEAC -
"100 réponses aux questions sur le deuil et le chagrin"
(Éditions Albin Michel - 2010)

https://laviepourleternite.blogspot.com/p/le-deuil.html
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3080 le: 13 janvier 2019 à 00:45:47 »
peut être ma prochaine lecture :
http://www.premierparallele.fr/livre/happycratie

https://usbeketrica.com/article/happycratie-faut-il-en-finir-avec-le-developpement-personnel

moi, chuis bien dans mon "vécu dépressif" …


Merci Ioma

je fonce l'acheter!

Mamie Nath ,
 stylo rouge et .......Résistante .....

Je suis malheureuse , triste ..... et je ne me soigne pas !Na


Merci loma, j'ai bien noté les références du livre : HAPPYCRATIE... Edgar Cabannas & Eva Illouz
                                                                                                              Comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle sur nos vies !
Je compte également l'acheter afin de faire un peu descendre la pression extérieure qui pèse sur nos épaules ... et d'avoir davantage de maîtrise personnelle sur ma propre vie !


Le bonheur se construirait, s’enseignerait et s’apprendrait : telle est l’idée à laquelle la psychologie positive prétend conférer une légitimité scientifique. Il suffirait d’écouter les experts et d'appliquer leurs techniques pour devenir heureux. L’industrie du bonheur, qui brasse des milliards d’euros, affirme ainsi pouvoir façonner les individus en créatures capables de faire obstruction aux sentiments négatifs, de tirer le meilleur parti d’elles-mêmes en contrôlant totalement leurs désirs improductifs et leurs pensées défaitistes.
Mais n'aurions-nous pas affaire ici à une autre ruse destinée à nous convaincre, encore une fois, que la richesse et la pauvreté, le succès et l’échec, la santé et la maladie sont de notre seule responsabilité ?
Et si la dite science du bonheur élargissait le champ de la consommation à notre intériorité, faisant des émotions des marchandises comme les autres ?
Edgar Cabanas et Eva Illouz reconstituent ici avec brio les origines de cette nouvelle « science » et explorent les implications d’un phénomène parmi les plus captivants et inquiétants de ce début de siècle.

« Eva Illouz et Edgar Cabanas s’attaquent avec brio à la dictature du bonheur. Un livre édifiant, important et urgent pour comprendre l’emprise d’une idéologie devenue mondiale au service du pouvoir. » Marie Lemonnier, L’Obs

« Dans son dernier livre, la sociologue dénonce l’injonction qui nous est faite d’être heureux. Cette idéologie, dont la psychologie positive est le bras armé, n’a qu’un objectif : culpabiliser les individus et conforter le néolibéralisme. Une fois de plus, l’auteure veut "mettre de la sociologie là où domine la psychologie"». Virginie Bloch-Lainé, Libération

« Une lecture terrifiante et indispensable.​ » Estelle Lenartowicz, L'Express​

« On pourrait comparer Happycratie à une cellule de dégrisement, tant l’ivresse du bonheur nous a gagnés. (...) Une lecture qui déconstruit l’esprit du temps. » Elodie Maurot La Croix

« Un livre exceptionnel (...) qui montre l'aporie, l'impasse, de la société individualiste actuelle. Aujourd'hui, Socrate se baladant sur l'agora et posant ses grandes questions sur le bien, le juste, ce vers quoi on doit tendre verrait un mec arriver pour lui proposer d'être coach en développement personnel chez Google. » Raphaël Glucksmann sur France Inter (à 51'10 de l'émission Le grand face-à-face)

« Un essai décapant. » Laurent Lemire, Livres Hebdo

« La sociologue Eva Illouz et le psychologue Edgar Cabanas, fins observateurs de l'usage des émotions intimes par le capitalisme, décryptent comment le bonheur est devenu un marché juteux et une idéologie aussi captivante que perverse. » Catherine Portevin, PhiloMag

« La thèse est simple et lumineuse. (...) Merci à eux de nous rappeler l'importance du travail négatif, sous peine "d'oublier la bigarrure du monde humain, si chère à Freud". » Psychologies Magazine

« Méfions-nous de ce nouvel ordre moral qui fait de la souffrance un scandale et refoule la douleur comme une maladie honteuse. » Dominique Garandet, Centre France

« Un ouvrage érudit et percutant. » Europe1

« Une lecture éclairante, qui appelle à quitter l’obsession égocentrique de l’amélioration de soi, et à combattre une tyrannie de l’optimisme. » Annabelle Laurent, Usbek & Rica

« Une somme urgente et salutaire à la fois. » Livres Critique

« Un livre passionnant. » Xavier Lambrechts, TV5 Monde

« Une critique juste de la tyrannie d'un modèle du bonheur artificialisé, dégagé de tout contexte social. » Jean-Marie Durand, Les Inrocks

« On le cultive, on le théorise, on en fait un business, des livres, des cours… Il est même le nouveau carburant de la productivité. En société et au travail, le bonheur est devenu une injonction. » Nicolas Santolaria, Le Monde

« La science du bonheur n'est-elle pas le prélude à une société ultra-individuaslite ? Le docteur en psychologie Edgar Cabanas et la sociologue Eva Illouz explorent ces questions essentielles. » We Demain

« (Pour les auteurs), le bonheur, reformaté par la « psychologie positive », est devenu non plus une promesse désirable, mais un secteur lucratif, un outil de management et un leurre politique, surtout depuis la crise de 2008. Bienvenue en "happycratie"…», Joseph Confavreux, Mediapart

« L'essai Happycratie dénonce les techniques inspirées de la pensée positive et du développement personnel, qui véhiculent une vision du monde moralement discutable. » Jean-Laurent Cassely, Slate

« Captivant et brillant. » Le Devoir

« Un livre salutaire, une élucidation passionnante de l'alliance du commerce, de la para-scientificité, et de l'idéologie par laquelle nous est proposée une redoutable injonction au bonheur. » Pierre Coutelle, librairie Mollat, Bordeaux.

« Il y a quelque chose de fort plaisant à voir démontés et exposés les divers éléments constituants la psychologie positive. Avec l'esprit d'analyse qui la caractérise, Eva Illouz, avec Edgar Cabanas, exhibe à la fois l'indigence théorique de cette industrie du bonheur et les effets qu'elle induit : produire des psytoyens. C'est-à-dire des citoyens "parfaitement heureux" qui doivent pratiquer l'implication la résilience et l'autonomie. Des entrepreneurs d'eux-mêmes, n'ayant pour seule liberté que l'amélioration de soi perpétuelle. Pour cette tendance auto-proclamée, il s'agit, en somme, de former de bons petits soldats : confusionnistes, consuméristes, conformistes. » Thierry Jobard, librairie Kléber, Strasbourg.

 
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3081 le: 14 janvier 2019 à 20:12:19 »
Combien de fois ai-je lu "Les mots du deuil" ... des centaines de fois peut être ? des milliers certainement ?

En fait il s'agit des mots de la mort MAIS soyons plus délicat je vais les renommer : Les mots des larmes !

OUI, les mots des larmes... celles de notre immense chagrin, notre douleur physique, notre souffrance morale !

OUI, les mots des larmes... celles de notre Coeur qui pleure la mort au lieu de rire à la vie de nos Amours !

Les mots des larmes pourraient être les larmes de mes mots... tellement souffrir me déchire !

Mes morts ne sont ni tristes, ni en paix ni en guerre, ni joyeux... puisqu'ils sont morts !

Les 5 sens de la vie : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher !

La réalité de la mort : Ils sont invisibles, silencieux, inodores, intouchables, muets... absents !

Et bien c'est pas ce message qui va faire remonter le moral des troupes des endeuillés du forum " Les mots du deuil".
et pourtant j'vous dis sincèrement : Haut les coeurs !

Federico

« Modifié: 14 janvier 2019 à 22:19:35 par Federico »
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3082 le: 14 janvier 2019 à 22:07:03 »


LE DEUIL ... DU DEUIL ?

Aussi étrange que cela puisse paraître, il n'est pas si aisé de "quitter le deuil" car le deuil accompagne chaque instant de votre existence depuis des années, au fil du temps, et contre toute attente, vous vous êtes comme "habitué" à ce vécu intérieur.

Depuis le décès, il évolue à bas bruit et vous vous êtes presque résolu à vivre avec lui jusqu'à la fin de vos jours. Vous y avez paradoxalement trouvé des repères dans votre quotidien.

Et voilà que la vie vous rappelle à son bon souvenir ! Vous ne vous y attendiez plus. Il y a bien sûr de la joie à entendre cet appel, mais n'est-ce pas sans une certaine ambivalence que vous acceptez d'y répondre ? Oui ... Faut-il à nouveau tout remettre en question, alors que vous commenciez à vous accommoder du peu que vous aviez ? Faut-il que vous preniez à nouveau le risque effrayant d'explorer l'inconnu, même si cet inconnu prend les traits d'un nouvel amour, d'un nouveau projet de vie ou plus simplement d'un futur plus paisible ?

Oui ... Ainsi, en dépit de vos doutes et du fait que cette perspective vous bouscule ou vous dérange, vous sentez bien qu'en même temps, vous n'avez plus vraiment le choix : la vie fait pression en vous pour reprendre ses droits. Ce ne sont pas les autres qui vous y poussent, ce mouvement vient de l'intérieur, même si vous n'êtes pas tout à fait d'accord, ni tout à fait prêt.

Une question s'élève ainsi : "ai-je le droit de répondre à cet appel ?" La culpabilité est toujours présente et cette proposition d'un retour à la vie véhicule parfois un vague sentiment d'indignité ou encore de trahison vis-à vis de la personne décédée. On craint de "l'oublier" si on retourne à la vie, même si on se rappelle ces jours où on n'a pas pensé à elle, sans s'être senti aussi coupable qu'autrefois ... Il y a une sorte de tristesse dans ce constat, une sorte de sourde nostalgie que vous ne vous expliquez pas. Sachez que ce questionnement fait partie du processus : c'est ce qu'on appelle le "deuil après deuil".

d'après le livre de Christophe FAURE "Après le suicide d'un proche - Vivre le deuil et se reconstruire")

https://laviepourleternite.blogspot.fr/p/le-suicide.html
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3083 le: 14 janvier 2019 à 23:36:48 »

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Charles Baudelaire (1821-1867)
Les Fleurs du Mal
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3084 le: 16 janvier 2019 à 01:00:01 »

5 leçons de sagesse massaï

Chercher et trouver sa cohérence intérieure, rester relié aux autres et à l’univers, c’est ce à quoi nous invite le peuple massaï. L’anthropologue Xavier Péron nous fait découvrir ce mode de vie dans son dernier livre, également manuel de développement personnel.

 1 / 3 
Sommaire
Ilmao : accepter la dualité
Encipaï : être dans la joie
Osina kishon : accueillir la « souffrance-don »
Eunoto : devenir un planteur
Aingoru enkitoo : rechercher le bon ordre


D’eux, on ne connaît que leur longue silhouette au port altier drapée de rouge. Les Massaïs, un peuple d’éleveurs et de guerriers, figurants photogéniques dans Out of Africa (film de Sidney Pollack, 1986) ou des documentaires sur le Kenya. Ce que l’on ignorait, jusqu’au travail de l’anthropologue Xavier Péron, c’est qu’ils se transmettent de génération en génération une spiritualité riche, vécue au quotidien, d’une portée universelle et qui conçoit l’homme comme le cocréateur de l’univers.

Pour les Massaïs, comme dans la spiritualité amérindienne ou le taoïsme, l’humain est avant tout un être relié. Aux autres, à son environnement et à une force intelligence qui le dépasse et qu’eux-mêmes nomment Enk’Aï, « la déesse-mère, source de toute vie, explique Xavier Péron. Elle prend différents aspects, multiplie ses manifestations, et chacun est en relation collective et individuelle avec elle, par les prières, les danses, les pensées comme par les actes. Enk’Aï envoie par exemple la pluie qui nourrit les bêtes et les hommes, mais aussi les épreuves qui leur permettent de grandir spirituellement ».

A DÉCOUVRIR
Xavier Péron
est enseignant-chercheur en anthropologie politique et expert des peuples premiers. Il est l’auteur des Neuf Leçons du guerrier massaï (Jouvence Éditions, 2013). Dans ce récit initiatique, l’auteur nous présente la spiritualité massaï et la façon de mettre en pratique ses principes au quotidien.


L’anthropologue a vécu pendant des années parmi eux, a été initié à leurs rites et, depuis trente ans, poursuit une relation spirituelle intense avec Kenny, son ami et guide massaï. « Chez eux, remarque-t-il, il n’existe ni philosophie ni dogme religieux ; ils vivent la réalité en faisant corps avec elle, tout en ayant conscience de ce qu’ils doivent apporter en tant qu’individus et membres d’une collectivité pour maintenir l’équilibre et l’harmonie dans la grande chaîne de la vie. »

Selon lui, leur spiritualité peut se traduire par ces lignes de force : vaincre ses peurs, rester relié, ne pas créer de division en soi et autour de soi, tirer parti des épreuves, faire l’expérience de ce qui est.

« C’est ce que je m’efforce de pratiquer au quotidien et qui a changé ma vie, et c’est pour cela que je me sens leur passeur en Occident. Pour les hommes séparés, dispersés, agités que nous sommes devenus, il me semble important de diffuser leur message d’appel à l’unité intérieure, à l’ouverture de la conscience, deux ferments essentiels d’un vivre-ensemble plus juste et plus humain. » C’est cette voix que nous avons eu envie de faire entendre. Non pas pour idéaliser une culture ou un mode de vie, mais plutôt pour nous nourrir et nous inspirer.

En découvrant les cinq piliers de la spiritualité massaï.


Ilmao : accepter la dualité

Le terme « massaï » provient du mot ilmao (« les jumeaux »), qui exprime la croyance selon laquelle toutes les choses sont reliées à d’autres pour former des paires d’éléments complémentaires. Comme dans le tao et sa figure du yin et du yang, les contraires existent, mais ils ne sont pas antagonistes. La dualité règne à l’extérieur, comme le jour et la nuit, la pluie et la sécheresse ; et à l’intérieur de soi, où s’entrechoquent les élans altruistes et les désirs égoïstes, la peur et le courage… La refuser est, pour les Massaïs, le meilleur moyen de souffrir et d’être en conflit avec les autres. D’où la nécessaire acceptation de la dualité du monde et des êtres. Une posture qui favorise la patience et la bienveillance.

LA PRATIQUE
Identifiez vos jumeaux intérieurs. Dressez la liste de vos qualités et corrélez chacune d’entre elles à un défaut et à des comportements qui ont pu vous conduire à des échecs ou à des conflits. Exemple : « généreux » peut aller de pair avec « inconséquent », la générosité peut aussi devenir attente de réciprocité et être source de désaccord lorsqu’elle reste à sens unique. Le but est de poser sur soi et sur les autres un regard nuancé et indulgent.

Mettez en adéquation vos mots et vos actes pour éviter les dissonances et les antagonismes, sources de déséquilibre personnel et relationnel. Actes et mots doivent être jumeaux. Aucune différence entre le dire et le faire chez les Massaïs, qui savent par expérience que cette cohérence est la garantie de relations saines et durables.

Encipaï : être dans la joie

Pour les Massaïs, la joie n’est pas un but mais un point de départ. Elle est la manifestation du lien vivant qui les unit à la déesse-mère, source de toute vie. La gratitude nourrit la joie, qui, à son tour, renforce le sentiment de gratitude. Gratitude d’être en vie, de pouvoir se nourrir, de pouvoir partager les épreuves et les réjouissances… Partager et se réjouir ensemble, mettre en lumière ce qui va bien, faire preuve d’humour sont autant de pratiques qui entretiennent chaque jour la joie de vivre. Être dans la joie est également une forme de politesse que l’on doit aux autres, elle génère un confort relationnel dont chacun profite. D’ailleurs, les Massaïs ont l’habitude d’annoncer une mauvaise nouvelle en la « coinçant » entre deux bonnes. Cette formulation met du baume au coeur de celui qui la reçoit et allège le fardeau de celui qui la transmet.

LA PRATIQUE
Cultivez la gratitude au quotidien, en commençant par prendre conscience des dons, aussi minuscules soient-ils, que vous recevez. La porte que l’on vous tient, le sourire que l’on vous adresse, le repas que vous partagez… Donnez à votre tour, en conscience, du temps, des compliments, des conseils, toutes ces petites choses qui adoucissent et embellissent les journées de ceux qui vous entourent.

Positivez en « enserrant » une pensée ou un fait négatif entre deux pensées ou faits positifs, comme le font les Massaïs.

Reconnectez-vous à l’énergie de la nature. C’est elle qui nous fait nous sentir maillons de la grande chaîne du vivant. Rien de tel que de s’adosser à un arbre et de perdre son regard dans sa frondaison jusqu’à se sentir un avec lui pour retrouver sérénité et force intérieure. Deux éléments constitutifs du bonheur d’être.

Osina kishon : accueillir la « souffrance-don »

Sans souffrance, pas d’éveil. C’est la conviction profonde des Massaïs, qui voient, dans les épreuves envoyées par Enk’Aï, l’opportunité de grandir. Un de leurs proverbes sacrés en témoigne : « La chair qui n’est pas douloureuse ne ressent rien. » Dans cette perspective, ils remercient la déesse-mère de placer l’épreuve-opportunité sur leur chemin. Leur rituel collectif consiste alors à « nouer son coeur » en faisant huit noeuds (représentant l’épreuve) sur une corde (le coeur), qu’ils vont dénouer (symbole de la résolution), montrant ainsi que, encore une fois, tout est duel et que l’on ne peut délier un problème qu’en le reconnaissant comme sien puis en affrontant la difficulté pour la résoudre.

LA PRATIQUE
Procédez comme les Massaïs, qui visualisent leurs émotions (peur, tristesse, colère, abattement, désir de vengeance…) après le rituel collectif de la corde, et les transportent vers leur coeur pour les brûler et les transformer en vive énergie, à la manière de l’alchimiste qui, dans son athanor, transforme le plomb en or.

Interrogez ensuite votre épreuve comme le Massaï qui parle à l’épreuve en ami. Que veux-tu me dire ? Quelle est ma responsabilité ? Dois-je attendre ou agir ? Quelle direction dois-je prendre ?

Notez toutes les réponses qui vous viennent spontanément sans les censurer ni les juger.

Eunoto : devenir un planteur

À la posture du constructeur, les Massaïs préfèrent celle du planteur. Alors que le premier se concentre uniquement sur la réalisation de l’objectif qu’il s’est fixé, la construction, le second plante son arbre, le soigne, mais accepte de faire avec ce qui lui échappe (le rythme de croissance, les aléas de la météo…). Concrètement, être planteur, c’est se mettre en phase avec le moment présent, s’adapter et se maintenir dans un état entre vigilance et confiance, volonté et humilité. Cette souplesse est facteur de sérénité, de patience et met à l’abri de la colère et de la déception.

LA PRATIQUE
Ancrez-vous, comme l’arbre, dans le moment présent. Les Massaïs disent : « Le passé est un pays où je n’habite plus. » Ici et maintenant, que ressentez-vous ? Comment pouvez-vous composer au mieux avec la situation et les personnes présentes ? Que charriez-vous d’inutile et de pesant du passé ? Quelles projections anxieuses vous empêchent de goûter à la saveur du présent ?

Plantez un arbre, prenez soin d’une plante. Cela vous incitera à mettre momentanément les « je veux » sur la touche et vous aidera à faire simplement avec ce qui est.

Aingoru enkitoo : rechercher le bon ordre

Être dans la justesse – dans ses mots, dans ses actions –, cela signifie pour les Massaïs être reliés à Enk’Aï. Une posture qu’exprime l’expression « avoir le regard clair et la démarche alerte ». La clarté du regard signifiant que la cohérence intérieure se voit de l’extérieur, et la démarche alerte témoignant d’un sentiment de légèreté et de sécurité dû à la certitude de marcher sur son bon chemin. Troubles, conflits, agitation sont, en revanche, les signes que l’on s’est décentré et que l’on s’est éloigné de sa « mission ». Car, pour les Massaïs, être en quête du bon ordre, c’est aussi chercher ce que l’on est venu faire sur terre.

LA PRATIQUE
Écoutez les messages de votre corps lorsque vous avez fait un choix, pris une décision. S’ils sont justes, sous les émotions superficielles (appréhension, excitation), vous devez ressentir une vague de calme, une sensation de paix intérieure, qui peut se traduire en mots par « ce n’est pas facile, mais c’est juste ». En revanche, interrogez-vous si vous ressentez des tiraillements, de l’inconfort, de l’agitation mentale et physique, et que ces sensations durent ou se manifestent chaque fois que vous pensez à votre choix ou à votre décision.
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3085 le: 16 janvier 2019 à 01:06:01 »

Leçon de sagesse navajo : apprendre à ne pas prendre

Aux yeux des peuples racines, vouloir prendre est une caractéristique des Blancs, dans leur relation aux autres comme à la nature.

Sommaire
Chez les Navajos
Et chez nous ?
Le grand réveil


Chez les Navajos
 « Regarde-moi dans les yeux quand tu me parles ! » Voici une injonction impensable chez les Navajos. Chez les Diné, « le peuple » comme ils se nomment eux-mêmes, la politesse veut le contraire : « Pour eux, regarder l’autre dans les yeux pendant l’échange, c’est vouloir lui prendre quelque chose », explique Lorenza Garcia, artiste plasticienne et chanteuse, passeuse en France de la culture navajo.

Aux yeux des peuples racines, c’est d’ailleurs une caractéristique des Blancs, dans leur relation aux autres comme à la nature : vouloir prendre. Pour les Navajos, regarder l’interlocuteur dans les yeux est symptomatique de cela. À travers cette fenêtre de l’âme, celui qui écoute devient un peu voyeur. Et celui qui parle, cherchant à plaire, se perd un peu lui-même.

Or pour eux, la qualité de cet espace intérieur depuis lequel nous prenons la parole est essentielle à préserver, pour pouvoir y entretenir hozho. Ce dernier terme recouvre neuf qualités : beauté, joie, compassion, prospérité, amour, conscience, santé, harmonie, humour. Préserver hozho en soi et autour de soi, même et surtout face à l’adversité, est, dans leur vision, la fonction même de l’être humain : devenir le point de passage harmonieux entre ciel et terre.

Et chez nous ?
L’échange, par un simple jeu de regard, peut se transformer en prise ou perte de pouvoir, consciente ou pas. Fuir le regard en parlant est chez nous plutôt malvenu. Néanmoins, l’esprit de cette façon de faire des Diné est intéressant à cultiver. Malgré ce lien visuel, on peut tenter de rester, dans une conversation, au cœur de soi. Ressentir ses émotions sans entrer en réaction, ralentir son débit de parole, s’offrir le temps d’une respiration.

Et, pourquoi pas, détourner les yeux pour observer le monde, tout en considérant la couleur de cette relation qui se tisse au cœur du paysage...

Le grand réveil
Les Navajos vivent sur la plus grande réserve des États-Unis entre Arizona, Nouveau-Mexique, Utah et Colorado. En 1868, seuls neuf mille survivent à la marche forcée à laquelle est soumis ce peuple à l’issue des guerres de conquête. Aujourd’hui, ils sont environ trois cent mille et réveillent leur langue et leur culture.
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3086 le: 16 janvier 2019 à 01:23:41 »

La voie lakota : 5 leçons de sagesse sioux

La souplesse de l’arc, la grâce de la flèche, la patience de l’archer… Ce sont ces qualités, essentielles à une vie puissante et digne, que nous propose de cultiver l’auteur lakota Joseph Marshall III dans son livre La Voie lakota de la force et du courage.

1 / 2 
Sommaire
La transformation
La simplicité
L’objectif
La force
La résilience


Les histoires et légendes contées par ses grands-parents lakotas ont bercé l’enfance de l’écrivain et historien Joseph Marshall III. « Elles sont notre don au monde. Ce ne sont pas des secrets, mais des repères sur le chemin de la vie – les réponses qui s’élèvent au-dessus des grandes plaines de nos vies portées par le vent de la sagesse pour nous aider », écrivait-il dans Le Cercle de la vie (Albin Michel), paru il y a un peu plus de dix ans. Son dernier livre, La Voie lakota de la force et du courage, poursuit son entreprise d’initiation aux traditions amérindiennes au travers d’histoires et d’expériences personnelles. L’auteur, qui est aussi fabricant d’arcs et archer, a sélectionné cinq enseignements : les plus importants, selon lui, parmi tous ceux qu’il a reçus.

La transformation
La leçon. Pour les Lakotas, la vie est avant tout une succession de transformations. « Certaines sont lentes, comme ce que subit la tige pour devenir un arc. D’autres sont rapides, comme la tige verte que mon grand-père a taillée, assainie et fait durcir au-dessus du feu. » L’important, nous dit Joseph Marshall III, est d’en être conscient afin de ne pas les subir. « Comme les facteurs d’arcs, qui abordent leur tâche avec respect, douceur, attention, de façon à fabriquer le meilleur arc possible. »

La pratique. Il s’agit de renforcer et favoriser les transformations positives. Une fois par semaine, prenez le temps de vous repasser le film des derniers jours en les revivant : visualisez les moments, ressentez les émotions qui leur sont associées. Puis essayez de repérer d’une part ce qui, dans vos relations, vos tâches, votre organisation, vous procure du plaisir et un sentiment d’équilibre et, d’autre part, ce qui vous agace, vous inquiète, vous agresse ou vous épuise. Une fois ces deux pôles identifiés, réfléchissez à ce qui pourrait menacer votre pôle positif et à la façon dont vous pourriez trouver un nouvel équilibre satisfaisant ; puis à ce qui pourrait améliorer votre pôle négatif. Planifiez une série d’actions concrètes à réaliser au jour le jour, avec patience et ténacité.

La simplicité
La leçon. « Chaque aspect de la construction d’un arc et d’une flèche était réduit à sa forme la plus simple possible. Cette conception rendait la construction facile. Préserver les choses simples était bien plus qu’une philosophie. Cela avait une application pratique au jour le jour. Mes grands-parents avaient choisi un style de vie simple afin de pouvoir exploiter au mieux les ressources disponibles », écrit Joseph Marshall III, en précisant que leur vie ne l’était pas toujours, tant s’en faut, mais que la solution qu’ils choisissaient pour atteindre un objectif était celle qui était la plus aisée, la moins dispendieuse, celle qui respectait une forme d’équilibre et d’harmonie naturels. Pour l’auteur, ralentir, trouver des endroits calmes, en soi et à l’extérieur, faire la différence entre le suffisant et le trop sont les seuls moyens de nous faire apprécier la saveur de la vie et de ne pas dilapider l’énergie, la nôtre et celle de notre environnement.

La pratique. Prendre conscience que tout est énergie (les pensées, les mots, l’argent, la matière…) et que, en tant qu’êtres vivants dans un monde fini, nous ne disposons pas d’un capital énergétique illimité. Tout ce que nous produisons et consommons à un coût. Mieux nous gérons notre énergie – physique, psychique et spirituelle – mieux nous vivons. Dans cette perspective, la simplicité devrait être notre boussole, celle qui guide notre façon de communiquer (authenticité, discrétion) ou de consommer (responsabilité, sobriété). Entraînez-vous chaque jour à qualifier vos actes (propos, achats, décisions…) de « justes » ou de « trop ». Trop compliqué ou excessif. Faites confiance à votre petite voix intérieure, qui sait mieux que votre mental ce qui nourrit la simplicité ou l’excès. Identifiez ceux qui, dans les « trop », vous ont procuré du plaisir ou du bien-être, puis réfléchissez à la façon dont vous pourriez obtenir ces mêmes bénéfices sans en passer par l’excès.

L’objectif
La leçon. « Peu d’objets tels que l’arc et la flèche symbolisent à la fois le but et la fonction. Combinés, ils trouvent leur fonction mutuelle : atteindre un but », affirme l’auteur. Il précise que, même si nous avons le sentiment de ne pas avoir de buts particuliers, nous pouvons, si nous le décidons, les trouver, ou leur permettre de nous trouver en les laissant jaillir de nous. L’objectif de Joseph Marshall III était de continuer la transmission des récits de ses ancêtres. Dans la sagesse lakota, celui que tous devraient tenter d’atteindre est d’aider les autres avant de penser à soi. « Crazy Horse1 nous a appris que s’occuper des autres et être dans le don était la chose la plus juste à faire. » Chacun à sa manière, avec ses moyens. « L’important est d’avoir le sentiment de prendre un engagement pour soi, et non de faire quelque chose par obligation ou par devoir. »

1. Crazy Horse, chef lakota sioux (1840-1877) qui a lutté, comme Sitting Bull, contre les colons militaires américains.

La pratique. Apporter sa pierre, même minuscule, au mieux-être du monde ne peut se faire si l’on ignore laquelle nous convient à manier et à transporter. De même que l’archer, l’arc et la flèche ne font qu’un, il faut savoir choisir la forme de don qui nous ressemble le plus, celle qui émane de notre être profond. Certains sont doués pour écouter, d’autres pour conseiller, d’autres encore pour apporter de la gaieté ou de la beauté, pour dénoncer ou pour construire. Ce sont les autres, vos proches, qui connaissent souvent mieux que vous votre talent altruiste particulier. Ils l’expriment avec leur gratitude lorsqu’ils vous remercient parce que vous les faites rire, apaisez leurs inquiétudes, dénouez une situation compliquée ou que vous les écoutez avec bienveillance. C’est simplement cette qualité qui est à cultiver, à dispenser généreusement, chaque fois que vous le pouvez.

La force
La leçon. « Soyons comme l’arc en bois vert que mon grand-père faisait sécher au-dessus du feu. La chaleur l’a rendu plus fort. Sans cela, la tige ne serait jamais devenue un arc. N’importe quel facteur d’arc sait que la chaleur est le meilleur catalyseur. » L’expression « l’épreuve du feu » n’a jamais été aussi éloquente que sous la plume de Joseph Marshall III, qui nous rappelle que nous avons volontiers l’impression qu’il n’y a pas de solution à nos problèmes, « et souvent, nous oublions que ces situations sont des opportunités d’acquérir de la résistance émotionnelle et mentale ». Peu importe que nous parvenions ou pas à surmonter l’épreuve. La vraie force réside dans le fait d’affronter le problème, et de manifester résistance et combativité. Faire face à l’obstacle révèle des ressources que les « temps de paix » laissent en sommeil.

La pratique. Laissez venir à votre mémoire les différentes épreuves que vous avez eues à affronter dans votre vie. Ne vous focalisez pas sur l’issue, heureuse ou malheureuse, mais portez votre attention sur les ressources que vous avez eues à déployer. Qu’avez-vous appris sur vous ? Vous êtes-vous déçu ou agréablement étonné ? Qu’avez-vous fait de ces expériences ? À la lumière de ce que vous avez appris de vous et de la vie, comment les affronteriez-vous aujourd’hui ? Une fois ce travail accompli, prenez un moment pour honorer votre force intérieure. Félicitez-vous, allumez une bougie, faites-vous un cadeau… Gardez à l’esprit que la vraie force est d’essayer de faire au mieux de ce que l’on peut, sans se mentir.

La résilience
La leçon. « Une caractéristique incroyable de l’arc primitif lakota est sa capacité de résilience. Il y a trois raisons à cela : le bois que le facteur a choisi, le design simple et efficace de l’arc, l’habileté de l’artisan. » Le bois pour les qualités intrinsèques de l’être humain, le design pour l’orientation de ses actions et de ses choix, et l’habileté pour sa manière de les conduire. Pour continuer malgré l’épreuve, Joseph Marshall III nous incite à nous reposer « sur les qualités et les aspects de notre tempérament, qui sont, par nature, aussi puissants que ce qui nous a mis face à cette difficulté ». Et si nous ne pensons pas avoir les ressources requises pour surmonter l’obstacle, il nous invite, comme le veut la tradition lakota, à nous appuyer sur notre entourage, à nous inspirer de la manière dont d’autres, avant nous, ont pu se redresser et poursuivre leur chemin.

A DÉCOUVRIR
La Voie lakota de la force et du courage de Joseph Marshall III. Fort de l’enseignement de son grand-père, l’auteur transmet les leçons de sagesse des Lakotas (Vega, 218 p., 18 €).

La pratique. Notre monde moderne dispose heureusement de ressources comme la thérapie pour nous permettre de nous relever des épreuves, de panser et d’apaiser nos blessures. Mais si le choc n’est pas trop fort, si nous sentons que nous avons besoin d’un simple coup de main pour nous redresser, nous pouvons essayer d’être pour nous-mêmes cette main secourable. Pourquoi ne pas tenter de vous prodiguer les soins et les conseils que vous fourniriez à un être qui vous est cher ? Et si vous ne parvenez pas à vous relever tout seul, pourquoi ne pas solliciter des proches, qui pourront se relayer et vous apporter de l’aide et du soutien afin de favoriser votre convalescence ?
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3087 le: 16 janvier 2019 à 01:35:19 »

Les 5 leçons de sagesse de Thérèse d'Ávila

Ouvrir son cœur et son esprit, c'est l'invitation que nous fait la grande mystique espagnole. Cinq cents ans après sa naissance, la puissance de son message est intacte et inspirante, nous explique le psychanalyste Henri Mialocq. Que l'on soit croyant ou non, partons à la découverte de ses leçons de sagesse.

 1 / 2 
Sommaire
1. Émotions
2. Ouverture d'esprit
3. Vivre ensemble
4. Ouverture du cœur
5. Conscience de soi


A DÉCOUVRIR
Ramenée à la spiritualité, l'expérience du sacré est, comme l'évoquait Carl Gustav Jung, ce qui, venant d'ailleurs, nous saisit et nous donne le sentiment d'être. Pour en savoir plus, découvrez notre article Faire place au sacré

En mars 2015, à l’occasion du cinquième centenaire de la naissance de Thérèse d’Ávila (1515- 1582), le pape François a désigné la grande mystique espagnole comme « une guide sûre » et a insisté sur la modernité de celle qui, « face aux graves problèmes de son temps [...], avait décidé de ne pas se perdre, disait-elle, “dans les choses de peu d’importance” alors que “le monde est en flammes” ». Depuis quelques années, les ouvrages sur cette « femme sans frontières », comme la nomme la psychanalyste féministe Julia Kristeva, auteure de Thérèse mon amour (Fayard, 2008), se multiplient. « Sa voix, ses conseils résonnent de manière particulière aujourd’hui parce qu’ils sont ceux d’un engagement radical, et que cette radicalité du désir détonne dans notre culture de l’éphémère, de l’individualisme et de la consommation », indique Henri Mialocq. Le psychanalyste et psychologue précise que ce qui fait la modernité et l’intérêt de son message sont les trois outils qu’elle ne se lasse pas de promouvoir : la mémoire, l’entendement et la volonté. « Ils aident à la connaissance de soi et à la rencontre vraie avec l’autre, détaille-t-il. C’est cette rencontre qui réveille notre désir et le maintient vivant. Et c’est parce qu’aller vers l’autre ne va pas de soi que Thérèse parle de “mémoire” (il s’agit de se souvenir de son passé), d’“entendement” (c’est la conscience de ce que l’on est et de ce que l’on cherche) et enfin de “volonté” (celle d’aller plus loin que nos impulsions pour tenir dans la durée d’un engagement). » C’est dans cet esprit que nous avons proposé à Henri Mialocq de commenter cinq conseils tirés des « Avis de la mère Thérèse de Jésus à ses religieuses ».

1. Émotions
“N’être excessif en rien, mais dire avec modération ce que l’on sent” (avis 13)

« Toute rencontre avec l’autre, Dieu ou ceux qui nous entourent, procède de notre réalité charnelle, tout autant que de notre ressenti et de notre esprit, commente Henri Mialocq. Nous sommes faits d’affects et d’émotions, il s’agit de les éprouver, puis de les exprimer de manière juste pour en faire une passerelle entre nous et l’autre. Ainsi seulement l’échange et le partage peuvent exister. Par “modération”, Thérèse d’Ávila entend “distance” : c’est ce qui rend possible la relation. Ni trop près, c’est-à-dire collés à nos émotions brutes ou envahissantes, ni trop loin d’elles. Il s’agit de jouer avec intelligence de cette notion d’écart qui nous permet de rester nous-mêmes et de nous enrichir de la différence. L’autre notion clé est contenue dans le mot "dire". Cela signifie mettre de la conscience dans nos mots, engager notre responsabilité de sujet. C’est le langage qui rend la circulation du désir possible, qui fait le lien entre nous et l’autre. »

En pratique : interroger nos émotions lorsqu’elles s’expriment de manière excessive (que disent-elles et que masquent-elles de mon désir, de mes peurs ? Qu’est-ce qui dans l’autre me dérange et résonne, en moi comme dans mon histoire ?). Mais aussi quand elles ne s’expriment pas du tout (qu’est-ce que je ressens profondément ? Comment pourrais-je dire ou me dire ce que je ressens ?). Une fois au clair avec nos émotions, reste à penser la manière de les dire : toucher sans envahir, expliquer sans reprocher ni donner de leçons, questionner sans agresser... Ce que nous renvoie l’autre est le baromètre de notre justesse. Ou de nos excès.

2. Ouverture d'esprit
“Si quelqu’un parle de questions de spiritualité, écoutez-le en disciple, avec humilité, et faites votre profit de ce qui sera dit de bon” (avis 17)

« L’humilité est au cœur du message de tous les grands mystiques, précise Henri Mialocq. Réduire l’ego en se dépouillant de tout ce qui fait obstacle à la rencontre avec Dieu est le premier pas vers Lui. Il en est de même dans nos interactions humaines. Quelle relation puis-je avoir si je vais vers l’autre convaincu de ma supériorité et de ma vérité ? Thérèse fait de cette règle d’humilité un absolu. Son message ne s’adresse pas qu’aux croyants catholiques : elle écrit “spiritualité”, pas “religion catholique”. Elle n’écrit pas non plus “faites votre profit de ce qui sera dit de vrai”, mais “de ce qui sera dit bon”. C’est-à-dire ce que le cœur reconnaît comme juste. Impossible d’être fanatique ni enfermé dans ses certitudes si l’on applique ce conseil. »

En pratique : avant de critiquer, de réfuter ou d’essayer de convaincre, adopter une position d’écoute vraie, sans a priori ni jugement. Cela permet d’ouvrir son esprit à d’autres façons de penser, de s’enrichir de nouveaux savoirs, et de créer un climat favorable aux échanges sereins et profonds.

3. Vivre ensemble
“Accomplir toutes choses comme si Sa Majesté [Dieu] était réellement visible ; par cette voie, l’âme gagne beaucoup” (avis 21)

« Pour Thérèse, Dieu, c’est l’Autre. Le radicalement différent, décode Henri Mialocq. Pour nous, cet autre est un lieu où nous rencontrons l’être humain, en face de nous, à côté de nous. Celui que nous croyons connaître, mais qui reste inappropriable, inconnaissable et seulement accessible dans l’échange que nous pouvons avoir avec lui. À condition de reconnaître et d’accepter son “étrangèreté”. Tout accomplir “comme si [l’Autre] était réellement visible” signifie concevoir l’altérité comme intelligente (je te reconnais comme autre) et nourrissante (tu m’apportes quelque chose). Cette position est le prix de notre maturité affective et intellectuelle, et les bases d’un vivre-ensemble respectueux et fécond. Dans les relations privées comme dans les relations sociales. »

En pratique : accepter d’être dérangés, déstabilisés dans nos certitudes et nos croyances. Interroger ce malaise et accepter de l’autre ce qui peut enrichir notre connaissance de nous-mêmes, ainsi que notre savoir. Ne pas s’installer dans l’illusion confortable mais dangereuse (surtout dans les relations affectives) de « tout connaître de l’autre » ; au contraire, aimer et respecter l’écart entre nous qui, en famille, avec nos amis ou nos collègues, rend la relation vivante, et, en amour, le désir vivace.

4. Ouverture du cœur
“Prenez l’habitude de faire de nombreux actes d’amour, ils enflamment et attendrissent l’âme” (avis 52)

« Le message thérésien est clair : nous ne devons pas attendre d’avoir envie de “faire des actes d’amour” pour aimer, décrypte Henri Mialocq. Pourquoi ? Parce que si nous nous laissons porter par notre seule spontanéité, l’amour risque d’être le grand négligé de nos vies et de nos cœurs. En revanche, en faisant acte de volonté, nous l’inscrivons dans notre quotidien, nous en faisons notre ordinaire. Et cela change tout. L’âme s’attendrit et s’enflamme, cela signifie que le cœur s’ouvre, et que ce qui constitue l’essence de l’être (l’âme) reprend vie et vigueur. L’autre message contenu dans ce conseil est le don gratuit : donner avant de recevoir est le propre du cœur aimant. »

En pratique : par « actes d’amour », Thérèse d’Ávila, qui s’adressait à ses sœurs, entendait l’attention à l’autre, les petites gentillesses, le soutien, le réconfort, l’écoute aimante... Il s’agit d’en faire autant avec ceux qui nous entourent. Autant de petits actes d’amour volontairement habituels qui entraînent le cœur à s’ouvrir, à mieux aimer, mais aussi à mieux recevoir.

5. Conscience de soi
“Apportez un grand soin à l’examen de chaque soir” (avis 57)

« L’examen de conscience est un “classique” de la religion catholique, rappelle Henri Mialocq. Le but de cette plongée en soi est d’essayer de saisir, ou au moins d’approcher, ce qui fait obstacle à l’ouverture du cœur et de l’âme. Quelles peurs, quels doutes, quels refus nous empêchent d’avoir confiance, d’aller à la rencontre de notre désir ou de le soutenir. Il ne s’agit pas tant de faire le tri entre le “bien” et le  “mal” qu’entre le juste et l’erroné, entre ce qui renforce notre ego et ce qui agrandit notre être. Cet examen de conscience est aussi une invitation à écouter l’inconscient en nous – le douloureux, le pénible, le honteux – pour ne rien occulter de ce qui nous gêne ou nous blesse. »

En pratique : pourquoi fais-je ou ai-je fait cela ? Vers où vais-je ? Ces deux questions font accéder à une conscience de soi plus profonde et questionnent la finalité de nos actes. Faire une relecture de ses journées par ce prisme permet d’éviter de tomber dans le gouffre de la culpabilité ou dans le faux confort de l’autocomplaisance.
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3088 le: 16 janvier 2019 à 01:54:47 »

Les leçons de vie du tao

Le tao. Un petit mot mystérieux en forme de sésame pour une vie plus équilibrée, nous assurent ses adeptes. Née en Chine, cette voie spirituelle séduit de plus en plus en Occident, sans doute parce qu’elle répond avec simplicité et modernité à nos aspirations existentielles.

Sommaire
Une conscience des rythmes du vivant
Dompter ses dragons intérieurs
« La voie du tao a rendu mon coeur plus accueillant »


Un tirage de Yi-king, une référence au yin et au yang, des mouvements de tai-chi-chuan ou de qi gong, une séance d’acupuncture, une maxime du Tao-tö-king (de Lao-tseu (Gallimard, “Folio”, 2002)). Le fil rouge qui relie ces éléments disparates ? La Chine, évidemment, et le tao plus précisément. Une voie spirituelle remontant au Ve siècle avant notre ère et qui, depuis plusieurs mois, connaît un regain d’intérêt fasciné. Témoin, le succès populaire de la superbe exposition « La voie du tao, un autre chemin de l’être », qui s’est tenue cette année de mars à juillet au Grand Palais, à Paris, ainsi que le nombre croissant de publications consacrées au taoïsme. Si ce courant spirituel, à la fois philosophie et art de vivre, séduit tant les Occidentaux, c’est qu’il entre en résonance avec nos aspirations existentielles, même si nous n’en avons pas toujours conscience. Vivre plus en phase avec sa nature profonde et la nature elle-même, savoir équilibrer ses désirs et ses besoins, faire la paix en soi et autour de soi… Tel est le but du tao, basé sur la recherche de l’équilibre et de l’action juste. Dans le Taotö-king, pièce maîtresse de la philosophie taoïste, on trouve quatre-vingt-un préceptes enseignant autant l’art de gouverner que celui de se nourrir ou de gagner en sagesse. Tous sont traversés par une affirmation forte et paradoxale : il faut s’installer dans le non-agir pour vivre pleinement sa vie.

Mais gare aux interprétations erronées. « On prend trop souvent l’expression taoïste “agir par le non-agir” pour une incitation au laxisme, prévient Cyrille J.-D. Javary, auteur des Trois Sagesses chinoises, taoïsme, confucianisme, bouddhisme (Albin Michel, 2010). Il s’agit en vérité d’être dans l’action juste, celle qui se fait sans forcer, mais non sans effort. » Comme en témoignent les lents mouvements du tai-chi-chuan ou du qi gong, basés sur une gestion centrée de l’énergie vitale.

Une conscience des rythmes du vivant
Patrice Levallois, l’un des créateurs du Jeu du tao de la santé et du mieux-être avec Patrice Van Eersel, Sylvain Michelet et Daniel Boublil (Albin Michel- Taovillage, 2009). (Voir aussi le site taovillage.com), trouve dans l’esprit de ce courant deux principes qui l’accompagnent et éclairent sa route depuis des années : « Le premier est qu’en vivant simplement ici et maintenant, comme nous y invite la voie du tao, je prends conscience que la joie et l’amour sont à l’intérieur de moi et que je n’ai pas d’effort à faire pour accéder à eux. Second enseignement : la vie, comme notre nature, est foncièrement duelle, elle est faite de yin comme de yang. À nous de ne pas transformer l’opposition qui enrichit en affrontement qui détruit. »

Même interprétation chez Diane Dreher, chercheuse au Spirituality and Health Institute de Californie, aux États-Unis : « Il nous ramène en douceur à la sagesse de la nature et de ses rythmes, et nous aide à découvrir la richesse de notre propre nature, l’alternance des marées, les phases de la lune, la succession des saisons de notre vie », écrit-elle dans Dix Leçons pour être forte et sereine, le tao de la femme de Diane Dreher (Payot, 2010). Se laisser porter par le courant de la vie, s’ouvrir et sourire à sa beauté… Ce n’est pas un hasard si les adeptes du tao résument souvent son enseignement en deux mots : sérénité et simplicité.

Dompter ses dragons intérieurs
Pour trouver la paix et l’harmonie en soi et autour de soi, mieux vaut, selon le tao, être à la fois souple, mesuré et déterminé.
Didier Gonin, auteur de Réussir sa vie avec le tao (Albin Michel, 2007), nous propose quatre expériences à tenter pour un quotidien plus serein.

Agir dans l'eau

« L’homme du bien suprême est comme l’eau » Tao-tö-king, chapitre 8.
L’eau est, dans le tao, le symbole de la « bonté agissante », la parfaite illustration de la passivité active. Symbolisée par le yin, elle nous enseigne que, dans les situations de conflit ou d’impasse, les passages en force, les affrontements brutaux sont souvent aussi vains que grands consommateurs d’énergie vitale. Ils affaiblissent l’être tout en lui donnant l’illusion du contrôle et de la puissance. Agir comme l’eau signifie faire le calme en soi et analyser le problème sous toutes ses facettes de manière à contourner l’obstacle. Cela peut être suspendre momentanément l’action, avoir recours à des outils et à des cheminements inhabituels, ou encore faire marche arrière et s’interroger sur le bien-fondé de son objectif ou de sa stratégie. C’est ainsi que l’eau, calme et entêtée, se fraye son chemin et atteint son but sans efforts superflus.

Etre un exemple

« Le sage embrasse l’Un, devenant un modèle, il ne s’exhibe point et du coup resplendit » Tao-tö-king, chapitre 22.
« Embrasser l’Un » veut dire cesser de vivre dans la division et réunir, en soi et en conscience, les oppositions naturelles : yin et yang, agir et non-agir, ombre et lumière… Une fois unifié, dans l’acceptation mais non dans la complaisance de sa dualité, il ne s’égare plus et ne juge plus. Ainsi, les autres, apaisés par sa paix, confiants dans ses paroles (il fait ce qu’il dit) et réconfortés par sa bienveillance (il n’accuse pas les autres des faiblesses qu’il sait être aussi les siennes), non seulement ne l’agressent pas, mais recherchent sa compagnie et donnent le meilleur d’eux-mêmes. Pour le tao, le sage n’est pas le surhumain, mais l’humain pleinement conscient de sa nature, de ses forces et de ses faiblesses, et qui essaie de faire cohabiter en équilibre ses deux polarités.

Entretenir le feu sacré

« Réduire son moi et brider ses désirs » Tao-tö-king, chapitre 9
Le feu sacré est une métaphore du vivant, du qi, c’est-à-dire de l’énergie vitale. Toute la pratique taoïste – méditation, respiration, nutrition… – considère que l’équilibre est à la fois la fin et les moyens pour vivre une vie juste et noble. L’homme se perd dans les excès, il se consume et éteint ainsi le feu sacré dont il est le dépositaire. Repérer ses excès, matériels, relationnels et émotionnels, puis les ramener à un niveau qui ne consomme pas plus d’énergie que nécessaire est le préalable indispensable pour tous ceux qui désirent vivre longtemps et sereinement. Réduire le moi, c’est le ramener à sa juste proportion dans la chaîne du vivant, ne pas faire passer son ego devant tout et tous, et prendre en considération le moi d’autrui comme on prend soin du sien, avec mesure, respect et bienveillance.

Désapprendre

« Suivre la voie, c’est de jour en jour décroître » Tao-tö-king, chapitre 48.
Nettoyer son esprit, c’est le débarrasser des idées reçues, des certitudes, en les passant régulièrement au tamis du questionnement sans complaisance. L’encombrement de l’esprit est semblable à l’encombrement des maisons : quelles croyances nous sont vraiment utiles, lesquelles pourrions-nous jeter ? Quelles vérités imposons-nous aux autres ? Quels changements refusons-nous ? Ne pas rester figé, s’exposer au changement, s’inscrire dans la dynamique cyclique de la nature nous permet de nous débarrasser de nos peurs et d’expérimenter notre potentiel de vie sans restriction ni discrimination. Désapprendre l’ancien pour s’ouvrir au nouveau, tel est le sens de cette invitation paradoxale.

« La voie du tao a rendu mon coeur plus accueillant »
Questions à Gérard Guasch, médecin psychosomaticien et analyste reichien
Passionné par les thérapies énergétiques, Gérard Guasch s’est initié très jeune à la médecine chinoise (acupuncture) et au taoïsme. Disciple de maître Tian Chen Yang, il appartient à la vingt-cinquième génération du courant taoïste « La porte du dragon » (Long Men). Il est engagé depuis plus de trente ans dans cette voie, qu’il enseigne dans le cadre de cercles taoïstes baptisés « Le tao du coeur ». Et l'auteur de Vivre l’énergie du tao, traditions et pratiques (Presses du Châtelet, 2010) et, avec Anne-Marie Filliozat, d’Aide-toi, ton corps t’aidera (Albin Michel, 2006).

Psychologies : Qu’est-ce que le tao a changé dans votre vie ?
G.G. : Sans doute moins de jugements, sur moi et sur les autres, et plus de bienveillance et de simplicité. Le tao m’a aussi incité à prendre davantage soin de mon équilibre et de mon harmonie intérieurs, à jouir pleinement de ce qui « est » au lieu d’en vouloir toujours plus, à ralentir au lieu de courir. S’abandonner au tao, c’est pour moi apprendre à faire le vide dans son coeur pour qu’il soit toujours accueillant. J’ai le sentiment d’avoir retrouvé, au fil du temps, mon regard d’enfant, confiant et émerveillé.

Comment intégrez-vous le tao à votre pratique ?
G.G. : Essentiellement dans ma façon d’être, par la présence et l’écoute, par l’intérêt constant que je porte aux manifestations énergétiques chez l’autre, mais également par l’usage de pratiques que je transmets à mes patients pour qu’ils deviennent acteurs de leur bien-être, des méthodes de respiration ou des techniques de contrôle de l’éjaculation, par exemple. J’utilise aussi l’acupuncture et d’autres approches traditionnelles pour équilibrer les énergies qui alimentent le corps et l’esprit. Car, dans le tao, une bonne santé, c’est une circulation harmonieuse du qi, l’énergie vitale.

Le taoïsme est aussi une spiritualité, comment la vivez-vous ?
G.G. : Pour le tao, nous sommes les filles et fils de la terre et du ciel, et nous devons maintenir en nous l’équilibre énergétique de ces deux pôles, le yin (non-agir) et le yang (agir). Pour cela, je médite deux fois par jour, je pratique le qi gong et, dans la journée, je me mets autant que possible en « attitude méditative ». Chaque mois, nous méditons entre amis, les séminaires que j’anime sont une occasion de méditer en groupe. Je célèbre aussi des rituels d’offrande à l’occasion d’un changement de saison, d’une naissance ou d’un événement spécial, ce sont des moments propices pour honorer la vie et la source de vie qu’est le tao. Enfin, je lis et relis les textes classiques qui m’aident à ne pas perdre de vue mon objectif : cultiver le tao, c’est-à-dire l’amour de la vie, et le manifester dans mon quotidien.
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Federico

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3078
  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #3089 le: 16 janvier 2019 à 13:43:21 »


Je suis Federico sur ce forum... Papa de Raphaël... mais s'il existe un au-delà... mon prénom sera Hozho !
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !