Auteur Sujet: Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !  (Lu 960263 fois)

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  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2761 le: 18 octobre 2018 à 21:27:49 »
C'est à genoux ... c'est à genoux... C'est à genoux...
que je t'aurais demander de rester !

C'est à genoux ... avec mon Coeur...
que je t'aurais supplier de rester !

C'est à genoux ... avec mon sang...
que je t'aurais écrit de rester !

J'aurai voulu que tu vois nos Coeurs plein d'Amour
pour toi !

J'aurai voulu que tu vois mon Coeur
pour toi !

J'aurai voulu que tu vois celui de ta mère 
pour toi !

J'aurai voulu que tu vois celui de ton frère
pour toi !

Tu n'as RIEN voulu voir,
Tu n'as RIEN voulu savoir
Tu n'as RIEN dit !

Tu as tout caché

Tu es parti

Tu t'es suicidé !

Tu es aimé...

Je t'aime Raphaël, mon fils, mon chéri, mon Amour.
Papa
« Modifié: 20 octobre 2018 à 23:34:18 par Federico »
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2762 le: 18 octobre 2018 à 22:34:56 »

"Depuis"...

J'ai mis 25 mois avant de pouvoir m'inscrire et m'exprimer sur un forum !
J'ai repris mon travail 3 semaines après
Refus de médicaments
Rejet des psys... médiums... guérisseurs
3 ans plus tard... séparation imposée après 25 ans de vie commune ! Elle m'a quitté... deuil impartageable !
J'ai été obligé de vendre ma maison, mon jardin, mes fleurs, mes arbres
J'ai perdu presque tous nos amis
J'ai quitté mon village, j'ai déménagé
Résilience... résilience... résilience...
Avec mes chers disparus ( mon grand père, ma mère, mon fils aîné !)
Avec mes présents (mon père, mon frère, mon jeune fils, quelques amis fidèles !)
Le devoir de survivre malgré mon désespoir, ma douleur, ma souffrance
Je sais, je comprends
L'espoir qui revient
Mon corps, mes sens
L' Amitié, l'Amour
Le sourire et le rire...
L'envie... la rage  de vivre !

Pour MOI, pour Raphaël, pour ceux que j'aime, pour ceux qui m'aime... pour la vie... contre le suicide !

Humblement, humainement.
Federico
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2763 le: 19 octobre 2018 à 00:56:27 »
« Modifié: 19 octobre 2018 à 01:04:47 par Federico »
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2764 le: 19 octobre 2018 à 21:54:24 »

Arriver à séparer douleur et mémoire
 J’ai pensé à mon fils,

[...]

Je lui ai parlé intérieurement.
Nous nous sommes au moins quittés sans colère
- Lui ai-je dit-
Et sans rancœur.
Tu nous as aimés, et tu étais aimé.
Et tu savais
Que tu l’étais.

Je lui ai dit : Puis-je te demander une faveur ?
Je veux apprendre à séparer
La mémoire
De la douleur.
Du moins en partie,
Autant que possible, afin que tout le passé
Ne soit pas à ce point imprégné de douleur.
De la sorte, je pourrai aussi me souvenir de toi
Davantage,
Tu comprends : je n’aurai plus à craindre chaque fois
La brûlure du souvenir.

David Grossman
« Tombé hors du temps »
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2765 le: 19 octobre 2018 à 22:00:02 »

Les Yeux

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.


René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2766 le: 19 octobre 2018 à 22:42:52 »
C'est à genoux ... c'est à genoux... C'est à genoux...
que je t'aurais demander de rester !

C'est à genoux ... avec mon Coeur...
que je t'aurais supplier de rester !

C'est à genoux ... avec mon sang...
que je t'aurais écrit de rester !

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pour toi !

J'aurai voulu que tu vois mon Coeur
pour toi !

J'aurai voulu que tu vois celui de ta mère 
pour toi !

J'aurai voulu que tu vois celui de ton frère
pour toi !

Tu n'as RIEN voulu voir,
Tu n'as RIEN voulu savoir
Tu n'as RIEN dit !

Tu as tout caché

Tu es parti

Tu t'es suicidé !

Tu es aimé...

Je t'aime Raphaël, mon fils, mon chéri, mon Amour.
Papa

« Modifié: 19 octobre 2018 à 22:46:50 par Federico »
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
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Re : Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2767 le: 20 octobre 2018 à 00:57:11 »

Tu n'as RIEN voulu voir,
Tu n'as RIEN voulu savoir
Tu n'as RIEN dit !

Tu as tout caché

Tu es parti

Tu t'es suicidé !


Partir comme ça ... ça fait si mal, c'est trop, trop dur !

Les 3 derniers poèmes sont des petits flocons pour apaiser un tout petit peu la brûlure intense de la douleur...

"J'aurai voulu que tu vois nos Coeurs plein d'Amour
pour toi !"

"Tu nous as aimés, et tu étais aimé.
Et tu savais
Que tu l’étais."

Oui,Raphaël avait votre amour, et ça la mort, le suicide, ne peuvent le voler ....

"Je veux apprendre à séparer
La mémoire
De la douleur.
Du moins en partie,
Autant que possible, afin que tout le passé
Ne soit pas à ce point imprégné de douleur.
De la sorte, je pourrai aussi me souvenir de toi
Davantage"

apprendre à séparer la mémoire de la douleur pour ne pas réduire ce qu'ils sont à leur dernier acte, pour arriver à se souvenir d'eux pleinement, entiers,

"Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore."

essayer de préserver leur présence ...

"Vous pouvez faire ce qu'il aurait voulu :
Sourire, ouvrir les yeux, aimer et continuer".

continuer notre chemin, pour nous, pour eux, pour ceux qui restent ....

En lisant les derniers poèmes, je pense à toi, je pense à ton fils Raphaël,
je pense aussi à Mircea, je pense à vous tous et toutes ici enchagriné-e-s ,

Catherine

 

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2768 le: 20 octobre 2018 à 12:56:25 »

"Vous pouvez faire ce qu'il aurait voulu :
Sourire, ouvrir les yeux, aimer et continuer".

continuer notre chemin, pour nous, pour eux, pour ceux qui restent ....

Merci Catherine  :-*... Papa de Raphaël

*********************************************************************************************************************************

"J'ai l'impression d'être moche, gros et inintéressant !"

Franchement, lire les autres ça fait parfois du bien !
Pourquoi ?
Parce que MOI, j'ai l'impression d'être beau, mince et intéressant !

Si, si ,si ... ne rigolez pas ! et je reste modeste !!!

En réalité... objectivement et honnêtement...  je suis  "muy guapo", "very handsome", " scandaleusement beau" !
ET... vraiment athlétique et super sportif !
ET... très intéressant d'un point de vue de ma culture voire du culturisme et de l'intellec-actualité de la mondialisation !!!

Là, suis sérieux !!! ça fait plus de 3 ans que je n'arrête pas de me dévaloriser sur ce forum alors là... stop !
suis même encore plus beau que James Dean et Alain Delon !
suis même encore plus intelligent que Frankenstein...
euh attendez ... j'voulais plutôt dire  ... que Einstein !
D'ailleurs, il n'y a que lui qui puisse véritablement me comprendre ... grosso modo !

Non mais !... il faut savoir se ... valoriser un peu ! quand même ! y'en a marre ... de l'auto-destruction  !

Vive le scoubidou boum boum !
Pouêt-pouêt !

Humour et dérision...

Douceur & Tendresse !

FEDERICO
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2769 le: 21 octobre 2018 à 07:15:16 »

Le Nom de son Enfant
Prononcer le nom de son enfant.


Bien que nous ne soyons pas faciles à vivre, nous aimerions rencontrer de la compréhension dans notre entourage . Nous avons besoin de soutien.

Nous aimerions que vous n'ayez pas de réserve à prononcer le nom de notre enfant mort, à nous parler de lui. Il a vécu, il est important encore pour nous ; nous avons besoin d'entendre son nom et de parler de lui. Alors, ne détournez pas la conversation. Cela nous serait doux, cela nous ferait sentir sa mystérieuse présence.

Si nous sommes émus, que les larmes nous inondent le visage quand vous évoquez son souvenir, soyez sûr que ce n'est pas parce que vous nous avez blessé. C'est sa mort qui nous fait pleurer, il nous manque ! Merci à vous de nous avoir permis de pleurer, car, chaque fois, notre cœur guérit un peu plus.

Nous aimerions que vous n'essayiez pas d'oublier notre enfant, d'en effacer le souvenir chez vous en éliminant sa photo, ses dessins et autres cadeaux qu'il vous a faits. Pour nous ce serait le faire mourir une seconde fois.

Être parent en deuil n'est pas contagieux ; ne vous éloignez pas de nous.

Nous aimerions que vous sachiez que la perte d'un enfant est différente de toutes les autres pertes : c'est la pire des tragédies. Ne la comparez pas à la perte d'un parent, d'un conjoint ou d'un animal.

Ne comptez pas que dans un an nous serons guéris ; nous ne serons jamais, ni ex-mère, ni ex-père de notre enfant décédé, ni “guéri”. Nous apprendrons à survivre à sa mort et à revivre malgré ou avec son absence.

Nous aurons des hauts et des bas. Ne croyez pas trop vite que notre deuil est fini ou au contraire que nous avons besoin de soins psychiatriques. Ne nous proposez ni médicaments ni alcool ; ce ne sont que des béquilles temporaires. Le seul moyen de traverser un deuil, c'est de le vivre. Il faut accepter de souffrir avant de guérir.

Nous espérons que vous admettrez nos réactions physiques dans le deuil. Peut-être allons-nous prendre ou perdre un peu de poids, dormir comme une marmotte ou devenir insomniaques. Le deuil rend vulnérable, sujet aux maladies et aux accidents.

Sachez, aussi, que tout ce que nous faisons et que vous trouvez un peu fou est tout à fait normal pendant un deuil ; la dépression, la colère, la culpabilité, la frustration, le désespoir et la remise en question des croyances et des valeurs fondamentales sont des étapes du deuil d'un enfant. Essayez de nous accepter dans l'état où nous sommes momentanément sans vous froisser.

Il est normal que la mort d'un enfant remette en question nos valeurs et nos croyances. Laissez-nous remettre notre religion en question et retrouver une nouvelle harmonie avec celle-ci sans nous culpabiliser.

Nous aimerions que vous compreniez que le deuil transforme une personne. Nous ne serons plus celle ou celui que nous étions avant la mort de notre enfant et nous ne le serons plus jamais. Si vous attendez que nous revenions comme avant vous serez toujours frustré. Nous devenons des personnes nouvelles avec de nouvelles valeurs, de nouveaux rêves, de nouvelles aspirations et de nouvelles croyances. Nous vous en prions, efforcez-vous de refaire connaissance avec nous. Peut-être nous apprécierez-vous de nouveau ?

Le jour anniversaire de la naissance notre enfant et celui de son décès sont très difficiles à vivre pour nous, de même que les autres fêtes et les vacances. Nous aimerions qu'en ces occasions vous puissiez nous dire que vous pensez aussi à notre enfant.

Quand nous sommes tranquilles et réservés, sachez que souvent nous pensons à lui : alors, ne vous efforcez pas de nous divertir.

 la lettre des Amis Compatissants du Québec
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2770 le: 21 octobre 2018 à 07:22:59 »

La perte d'un enfant

Tout est terrible dans la perte d'un enfant. Il n'y a pas un âge ou une manière. Revendiquer le pire même si je le comprends aurait-il un sens ? L'essentiel est de respecter l'horreur et le traumatisme. Nous avons en commun d'avoir vu mourir notre enfant, d'avoir vécu ce qu'aucun parent ne devrait avoir à vivre.
Certains souffrent de ne pas avoir vu le corps mais même en ayant vu, on ne réalise pas et on continue à croire en apercevant une silhouette. Le rationnel n'a plus sa place.
Je n'ai pas pu lui dire au revoir... Il est mort seul... Il n'a pas souffert... Il a été assassiné, au mauvais endroit au mauvais moment, un accident une erreur, une disparition... C'est de ma faute, comment a-t-il, que s'est-il passé... ? Procès, attente, papiers indélicats...
Il n'y a pas de mot pour décrire ce que l'on subit à la découverte du corps de celui qu'on aime et de tout le questionnement et le choc que provoque un suicide. A ce propos, alors que les familles réclament que le tabou soit levé, ce qui est essentiel notamment au niveau de la prévention, le mot est rarement employé. Lorsque nous présentons celui que nous aimons, ce n'est pas suicide, on accole généralement au prénom "a choisi de partir", ce qui personnellement me trouble. Je ne parlerais pas de choix sauf peut-être en de rares occasions. Ils ne souhaitent pas mourir mais arrêter de souffrir. Savoir qu'ils en sont arrivés là n'est pas une consolation mais me paraît plus correspondre à leurs secrets, ceux qu’il faut respecter et auxquels nous n'aurons pas accès. Cela permet aussi d'avancer sur le chemin de reconstruction qui nous parait impossible après un tel drame et entendre que notre amour n'aurait pas pu sauver. Personne ne sauve personne. Il faut aussi savoir que ce n'est jamais une seule cause mais un ensemble d'éléments qui conduisent une personne à commettre l'irréparable avec en fond, une sensibilité très souvent, une vulnérabilité. C'est généralement plus complexe qu'il n'y parait et croire que l'on aurait pu l'éviter n'est pas évident. Ceux qui ont accompagné une personne qui a sombré le savent bien, ni les médicaments ni l'hospitalisation ni l'amour ne peuvent redonner goût à la vie sans un déclic. J'ai réussi à force de remises en question à mettre toute ma culpabilité et mes interrogations de côté sauf ce déclic, que je n'ai toujours pas accepté. Pourquoi certains ont-ils les armes pour supporter pire et pas d'autres ? Je devrai faire avec, tout comme la frustration de ne pas lui avoir transmis mon énergie, ma force vitale et ces souvenirs que j'aimerais tant effacer et qui brûlent ma chair.
Mais les images sont tout autant cruelles lorsqu'il s'agit d'accompagner son enfant vers une mort plus ou moins annoncée. Chaque étape de la maladie est autant d'espoirs déçus auxquels on se raccroche, de souffrances insupportables. On voit son enfant dépérir, s'éteindre et on assiste impuissant là encore à sa descente, guettant le moindre signe sur le visage du docteur qui nous laisserait croire à un miracle alors que notre enfant est plus léger que la plume. Où trouver l'énergie de lui sourire encore à travers la vitre, de lui tenir cette main si pâle, si faible ? Puis de lâcher...
Est-ce pour autant plus facile de n'avoir eu son petit que quelques heures ou rien, avec un trou béant au creux de ses reins et la frustration abyssale de ne pas l'avoir connu, de nos câlins, de notre avenir manqué. Un petit cercueil blanc, un berceau vide, une famille qui n'a pas eu le temps de le voir, la réa, les perfusions, bercer son petit corps.
Et ce père de quatre-vingt ans qui n'a plus la force de marcher ni aucun projet, le temps qui passe au compte-goutte pour repasser en boucle les moments du passé avec son fils qu'il vient de perdre.
C'est un deuil encore mal reconnu dans une société qui refuse la vieillesse et la mort. Le temps n'est plus le même. Chaque parent se dit que cela aurait dû être son tour, qu'il aurait donné sa vie pour. Chacun sait que sa famille, sa vie vont exploser et est terrifié à l'idée de ce qui l'attend. Certains d'entre nous y parviendront, d'autres moins. Nous n'avons pas le même vécu et l'histoire est différente. Difficile pour les frères et sœurs de trouver leur place, pour notre entourage de s'adapter. Certains s'éloigneront, pas seulement à cause du deuil, révélateur malheureux de la qualité de notre relation d'avant et du vrai visage de ceux que l'on croyait proches. Dans l'idéal, j'aurais à la fois aimé que l'on en tienne compte et que cela ne change rien.
Il faut passer par là pour comprendre. Mais pas pour tendre la main
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2771 le: 21 octobre 2018 à 07:46:18 »

Contemplations

Hélas ! Laissez les pleurs couler de ma paupière,
Puisque vous avez fait les hommes pour cela !
Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre
Et dire à mon enfant : Sens-tu que je suis là ?
Laissez-moi lui parler, incliné sur ses restes,
Le soir quand tout se tait,
Comme si, dans sa nuit rouvrant ses yeux célestes,
Cet ange m’écoutait !
Hélas ! Vers le passé tournant un œil d’envie,
Sans que rien ici-bas ne puisse m’en consoler,
Je regarde toujours ce moment de ma vie
Où je l’ai vue ouvrir son aile et s’envoler.
Je verrai cet instant jusqu’à ce que je meure,
L’instant, pleurs superflus !
Où je criai : L’enfant que j’avais tout à l’heure,
Quoi donc ! Je ne l’ai plus !
Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nécessaires,
Seigneur. Quand on a vu dans sa vie, un matin,
Au milieu des ennuis, des peines, des misères,
Et de l’ombre que fait sur nous notre destin,
Apparaître un enfant, tête chère et sacrée,
Petit être joyeux,
Si beau, qu’on a cru voir s’ouvrir à son entée
Une porte des cieux.
Lorsqu’on a reconnu que cet enfant qu’on aime
Fait le jour dans notre âme et dans notre maison,
Que c’est la seule joie ici-bas qui persiste
De tout ce qu’on rêva,
Considérez que c’est une chose bien triste
De le voir qui s’en va !

Victor Hugo
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2772 le: 21 octobre 2018 à 10:28:48 »
Ton message " La perte d'un enfant " m'a fait pleurer, il reflète tellement la réalité des différentes situations, mais il  reste en effet que la perte d'un enfant est totalement illogique, si anormale, quels que soient leur age et celui de leurs parents,  c'est imaginable, comment en tant que parents peut on leur survivre.
Le regard des autres, les amis qui se détournent, l'incompréhension devant notre profond chagrin, notre immense désespoir ne nous aident pas. Il faut passer par là pour comprendre , mais  il faut espérer pour eux qu'ils n'aient pas cette épreuve
Aujourd'hui, cela fait 5 ans que ma fille ainée a subi une tentative de strangulation,deux mois pus tard, je perdais ma fille cadette, boulimique de connaissances culturelles, elle était douée dans tout ce qu'elle touchait, photo infographie, peinture, cuisine, chant, informatique. Et pourtant, par amour pour moi, pour ne pas m 'inquiéter, parce qu'elle savait que j'étais dans le même cas, elle a gardé pour elle son mal être, par réaction,  son corps s'est rongé  de l 'intérieur. j'ai passé les 4 derniers mois de sa vie dans les sentiments que tu décris si bien, entre espoir et peur...
« Modifié: 21 octobre 2018 à 10:32:48 par vol du papillon »

En ligne Eva Luna

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2773 le: 21 octobre 2018 à 14:31:25 »
Il est de qui ce texte sur la perte d'un enfant?

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #2774 le: 21 octobre 2018 à 16:34:08 »
Il est de qui ce texte sur la perte d'un enfant?

Je ne sais pas ma chère Eva Luna !
Ceux qui me connaisse un peu savent que je suis très attaché à toujours citer l'auteur(e) ou la référence du texte ... par respect et honnêteté intellectuelle !
Donc, désolé, je ne sais pas qui a écrit ce texte sur la perte d'un enfant ni dans quel site ou livre je l'ai lu (texte que j'ai pris soin de mettre en "italique")...

Federico

**********************************************************************************************************************************
Après recherche et avec plaisir... voici ta réponse Eva Luna !

JPV 29.22 Sans toi mon enfant
23 septembre, 18:04
La perte d'un enfant

Tout est terrible dans la perte d'un enfant. Il n'y a pas un âge ou une manière. Revendiquer le pire même si je le comprends aurait-il un sens ? L'essentiel est de respecter l'horreur et le traumatisme. Nous avons en commun d'avoir vu mourir notre enfant, d'avoir vécu ce qu'aucun parent ne devrait avoir à vivre.
Certains souffrent de ne pas avoir vu le corps mais même en ayant vu, on ne réalise pas et on continue à croire en apercevant une silhouette. Le rationnel n'a plus sa place.
Je n'ai pas pu lui dire au revoir... Il est mort seul... Il n'a pas souffert... Il a été assassiné, au mauvais endroit au mauvais moment, un accident une erreur, une disparition... C'est de ma faute, comment a-t-il, que s'est-il passé... ? Procès, attente, papiers indélicats...
Il n'y a pas de mot pour décrire ce que l'on subit à la découverte du corps de celui qu'on aime et de tout le questionnement et le choc que provoque un suicide. A ce propos, alors que les familles réclament que le tabou soit levé, ce qui est essentiel notamment au niveau de la prévention, le mot est rarement employé. Lorsque nous présentons celui que nous aimons, ce n'est pas suicide, on accole généralement au prénom "a choisi de partir", ce qui personnellement me trouble. Je ne parlerais pas de choix sauf peut-être en de rares occasions. Ils ne souhaitent pas mourir mais arrêter de souffrir. Savoir qu'ils en sont arrivés là n'est pas une consolation mais me paraît plus correspondre à leurs secrets, ceux qu’il faut respecter et auxquels nous n'aurons pas accès. Cela permet aussi d'avancer sur le chemin de reconstruction qui nous parait impossible après un tel drame et entendre que notre amour n'aurait pas pu sauver. Personne ne sauve personne. Il faut aussi savoir que ce n'est jamais une seule cause mais un ensemble d'éléments qui conduisent une personne à commettre l'irréparable avec en fond, une sensibilité très souvent, une vulnérabilité. C'est généralement plus complexe qu'il n'y parait et croire que l'on aurait pu l'éviter n'est pas évident. Ceux qui ont accompagné une personne qui a sombré le savent bien, ni les médicaments ni l'hospitalisation ni l'amour ne peuvent redonner goût à la vie sans un déclic. J'ai réussi à force de remises en question à mettre toute ma culpabilité et mes interrogations de côté sauf ce déclic, que je n'ai toujours pas accepté. Pourquoi certains ont-ils les armes pour supporter pire et pas d'autres ? Je devrai faire avec, tout comme la frustration de ne pas lui avoir transmis mon énergie, ma force vitale et ces souvenirs que j'aimerais tant effacer et qui brûlent ma chair.
Mais les images sont tout autant cruelles lorsqu'il s'agit d'accompagner son enfant vers une mort plus ou moins annoncée. Chaque étape de la maladie est autant d'espoirs déçus auxquels on se raccroche, de souffrances insupportables. On voit son enfant dépérir, s'éteindre et on assiste impuissant là encore à sa descente, guettant le moindre signe sur le visage du docteur qui nous laisserait croire à un miracle alors que notre enfant est plus léger que la plume. Où trouver l'énergie de lui sourire encore à travers la vitre, de lui tenir cette main si pâle, si faible ? Puis de lâcher...
Est-ce pour autant plus facile de n'avoir eu son petit que quelques heures ou rien, avec un trou béant au creux de ses reins et la frustration abyssale de ne pas l'avoir connu, de nos câlins, de notre avenir manqué. Un petit cercueil blanc, un berceau vide, une famille qui n'a pas eu le temps de le voir, la réa, les perfusions, bercer son petit corps.
Et ce père de quatre-vingt ans qui n'a plus la force de marcher ni aucun projet, le temps qui passe au compte-goutte pour repasser en boucle les moments du passé avec son fils qu'il vient de perdre.
C'est un deuil encore mal reconnu dans une société qui refuse la vieillesse et la mort. Le temps n'est plus le même. Chaque parent se dit que cela aurait dû être son tour, qu'il aurait donné sa vie pour. Chacun sait que sa famille, sa vie vont exploser et est terrifié à l'idée de ce qui l'attend. Certains d'entre nous y parviendront, d'autres moins. Nous n'avons pas le même vécu et l'histoire est différente. Difficile pour les frères et sœurs de trouver leur place, pour notre entourage de s'adapter. Certains s'éloigneront, pas seulement à cause du deuil, révélateur malheureux de la qualité de notre relation d'avant et du vrai visage de ceux que l'on croyait proches. Dans l'idéal, j'aurais à la fois aimé que l'on en tienne compte et que cela ne change rien.
Il faut passer par là pour comprendre. Mais pas pour tendre la main

STME

Sans Toi Mon Enfant - JPV -
« Modifié: 21 octobre 2018 à 18:40:13 par Federico »
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !