JPV 29.22 Sans toi mon enfant
Je vous souhaite... de ne pas recevoir de vœux qui font mal !
Il y a des mots qui apaisent, des mots qui consolent et des mots d'amour. Certains mots sont de véritables armes, des coups de poignard portés dans le cœur parfois sans intention de blesser. Parmi ceux-là sont les premiers vœux que l'on reçoit, ceux de la première année et des autres qui suivront... Cela dépendra de chacun car pour nous le temps n'est plus le même. A ma protestation, tu répondras peut-être croyant bien faire que la vie continue, sans imaginer que la nôtre s'est arrêtée avec celle de notre enfant. Je ne ne peux pas t'en vouloir, il faut passer par là pour comprendre, moi-même je ne l'aurais pas cru. Cette année, j'ai porté ce que j'avais de plus précieux en terre, j'ai dispersé ses cendres sur la mer ou j'ai déposé une pierre gravée à son nom à l'endroit où il a eu cet accident de montagne. Tu me souhaites la santé quand j'aurais tout donné pour que mon petit ne soit pas malade. Cela fait un an, deux ou dix, peu importe. Cette année à venir où il ne sera pas me terrifie tout comme chacun de mes anniversaires, tout ce qui me rappelle que c'est lui qui aurait dû grandir, vieillir à ma place, je ne comprends pas pourquoi lui et pas moi, pourquoi je vais connaître cet avenir privée de lui, condamnée à lui survivre encore, à affronter une nouvelle année de plus. Pour moi, c'était hier, c'est en moi, dans mon corps, dans chacune de mes cellules. Si je peux malgré tout aujourd'hui avec les années me joindre à vous et dépasser en apparence du moins ce décalage, c'est que j'ai appris à faire avec, que je n'ai pas eu le choix. Mais ne vous y trompez pas, derrière ce sourire, ce masque pour le social, c'est souvent avec lui que je suis. Il est à jamais dans mon cœur et si je reçois votre message d'amitié, c'est parce que je sais que vous y pensez aussi. Alors pour cette nouvelle année à venir, par pitié pour ceux qui sont endeuillés, qui souffrent, qui sont seuls, qui galèrent et dont vous ne connaissez rien de leur quotidien, évitez les bons vœux anonymes, de bonne année et de bonnes fêtes avec des cotillons, envois groupés qui font si mal et rappelez-nous simplement que vous n'avez pas oublié en nous témoignant votre affection et que vous êtes là pour nous.
Marie STME