Cali, l’auteur-compositeur-interprète que l’on connaît bien, devient écrivain avec son premier roman "Seuls les enfants savent aimer", paru aux éditions du Cherche Midi. Un livre qui nous raconte notamment que le bonheur n'est jamais que le chagrin qui se repose.
« Seuls les enfants savent aimer », puisqu'à chaque seconde, le cœur d’un enfant explose. Celui de Bruno Calicuri n’était pas programmé pour subir une telle déflagration. Bruno a six ans, sa maman vient de mourir d’un cancer. En 1975, la maladie est taboue. À hauteur d’enfant, Bruno vit la douleur, le silence de la honte, la peur de désigner le mal, mais surtout la brûlure du manque, la détresse de l’après. Après la mort, la vie n’existe plus, ou bien, lorsque l’on a six ans, la vie devient la vie dans la mort, de la tristesse en couches sédimentées dans un corps d’enfant qui n’a pas l’âge de raison, du chagrin en strates qui cherche à croire que la mort n’existe pas. Cali écrit sans fard toute la cruauté de l’enfant qui n’a pas les armes pour survivre :
Tu me manques maman. Jusqu’à quand vas-tu mourir ?
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Le chanteur Cali sort son premier roman, un hymne à la mère aussi bouleversant que réussi.
« tu me manques à crever, maman. Jusqu'à quand vas-tu mourir ? » Les grandes douleurs sont muettes. Et lorsqu'on veut les mettre en mots, des années plus tard, elles vous reviennent d'un bloc, à l'état brut, rudimentaire, comme une masse de granit en attente d'être sculptée. C'est ce qui frappe dans le récit autobiographique du chanteur Cali, qui raconte ici la mort de sa mère, survenue alors qu'il n'avait que 6 ans, et le deuil impossible : ce côté originel, primitif des scènes, comme « dans leur jus ». Les mots, les sensations, les sentiments, naïfs et complexes à la fois, sont fidèles à ceux d'un garçon de 6 ans, les souvenirs et les visages sont précis et nets comme sur une photographie en noir et blanc figée dans le temps. Adressé à cette maman institutrice, disparue des suites d'un cancer à l'âge de 34 ans, le roman touche par cette capacité à nous faire entrer de plain-pied, sans pathos ni grandes envolées littéraires, dans cette tragédie enfantine. Il y a le père, dont « le regard glisse vers des contrées vides, un néant que nous ne voyons pas ». Les frères et soeurs qui réagissent, chacun à leur manière, au drame. La vie quotidienne et banale d'un petit village du sud-ouest de la France, nourri de culture catalane. Et puis le combat du petit Bruno, partagé entre son amour inaccessible pour une certaine Carol Bobé et la douleur de la perte maternelle, pour revenir enfin à la vie.
« Seuls les enfants savent aimer », de Cali (Cherche Midi)