Ela, c'est avec ta permission que je "copie-colle" dans Mon Petit Monastère... l'intégralité de ton texte... tellement émouvant, touchant... qui m'a littéralement secoué, bouleversé !
Il y a quelque temps, Ela, tu m' as vivement reproché avec raison d'écrire des textes forts, durs, sombres, pessimistes...
Aujourd'hui, ce sont les tiens qui me font pleurer... parce que malgré ton incommensurable douleur et ton indicible souffrance... tu as presque toujours une petite note d'espoir et j'espère très sincèrement que c'est cette espérance en la vie qui va te "sauver"...
Tu oses écrire et décrire ta peine... tu pleures ainsi mais tu es lucide... tu va apprendre à "apprivoiser" toute cette souffrance...
Une chose importante : refuse catégoriquement le surplus de douleur ! Ta souffrance a une limite que tu dois essayer de contrôler ... il y a une limite que tu ne dois pas dépasser... une ligne rouge ! Tu dois dire STOP à l'inacceptable ! l'intolérable ! l'insupportable ! l'insurmontable !
Tu dois t'accorder des couleurs... des petits plaisirs... des petits sourires...
Tu es TOI... Tu es en capacité de décider, de croire que Tu vas t'en sortir... avec l'aide des autres... oui d'accord... mais surtout parce que tu es vraiment formidable... une fille fantastique qui finira par faire basculer la vie du bon côté !
Je suis tellement désolé de t'avoir à un moment découragé avec mes textes...
Puisse celui ci t'encourager à poursuivre ton chemin ... tu es une belle guerrière, forte, sensible et aimante !
Ela... Tu vas t'en sortir..... OUI, tu vas t'en sortir !
Bien Amicalement.
Bien Solidairement.
Federico
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Vivre le deuil de son conjoint / Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Dernier message par Ela le Hier à 19:38:40 »
Encore une fois: merci de tout cœur Ephémère... Tu m'as vraiment soutenue, et tes paroles continuent à le faire. sur ce terrible chemin. Je te lis et tes mots me touchent... Ils ravivent en moi une force, que j'ai en moi, que nous avons tous en nous, mais que je n'arrive plus toujours à trouver au milieu des décombres...
En ce moment, je le sais bien: je lutte pour ne pas devenir folle. Je sais bien que c'est ça. Je suis déjà passée par là et c'est bien de ça qu'il est question. Je sens quelque chose de cassé, de malsain, d'irrationnel... s'infiltrer, grossir en moi. Et le plus étrange c'est d'être capable de le voir, d'être lucide sur ce qui se passe en moi. Etre lucide et se sentir devenir folle. C'est tellement paradoxal, tellement étrange... Et ça prend de la place. Trop de place.
C'est dur de me souvenir qu'il m'a aimé ainsi, avec mes cassures, mes fêlures... mais aussi, quand j'arrive à me l'accorder: avec les armes que j'ai développées pour faire face. C'est dur d'accepter d'avancer avec ce que l'on est, d'admettre qu'il est vain de rêver à la page blanche, vierge de toute rature. C'est dur de ne pas tenter de fuir la réalité. D'accepter que ça ne résout rien. C'est dur de rester droit dans ses pompes et d'assumer. De ne pas fuir celui ou celle que l'on est et ce que l'on a vécu.
En ce moment, je l'avoue, j'ai tellement envie de me fuir, tellement peur parfois de ce qui se passe dans ma tête, tellement envie d'abandonner le gouvernail, de supplier quelqu'un d'autre de prendre les commandes de ma vie, de me dire quoi faire, comment faire... de le faire à ma place. J'aimerais abandonner ma vie parce que je ne me sens pas capable de la vivre, de guérir, d'aller mieux, d'aimer encore, de faire du temps qui m'est imparti quelque chose dont il pourrait être fier. J'aimerais abandonner ma vie parce que j'ai beau avancer au milieu des ronces en cherchant à faire de mon mieux, j'ai parfois l'impression qu'il n'y a rien à attendre, à espérer. J'aimerais abandonner ma vie parce que j'ai la sensation qu'il y a trop de ratures pour sauver le tableau. J'aimerais abandonner ma vie par peur de la gâcher... J'aimerais abandonner ma vie par excès de souffrance, de fatigue... par manque d'envies si ce n'est la tentation de la résignation...
Les mots sont forts, je sais, mais conformes à la dureté de ce que je ressens par moment... Car c'est bien tout ça qui me traverse, qui me ronge, que je traîne.
Mais j'ai aussi conscience que ces vieilles peurs archaïques ne me définissent pas. Je crois même qu'elles ne m'appartiennent pas. Elles sont comme des hologrammes menaçants qu'il me faut apprendre à apprivoiser pour réaliser à quels point ils sont factices...
Et pourtant: savoir ou supposer savoir est une chose, l'intégrer en est une autre.
Mon état d'esprit est tellement sombre, effrayant, glauque par moment... Je le sens et le sais bien. J'ai peur de le confier, de le montrer pour ne pas contaminer, inquiéter les autres, mes proches.... Et parce que je crains qu'ils ne soient pas assez forts pour me démontrer que j'ai tort, mais qu'au contraire, ils alimentent mon mal être en me renvoyant leur propre inquiétude et leur apitoiement.
Mais surtout, aussi bizarre que ça puisse paraître, j'aimerais tant que malgré tout, malgré tout ça... Les gens, mes proches, et surtout mon amour, de là où il est, se rendent compte qu'en profondeur, au delà de tout ça... il y a une part de moi, une part qui peut sembler minuscule mais bien coriace qui continue à espérer, qui ne demande qu'à espérer. A aimer la vie, à nourrir des choses positives.
Et ça ne change rien au fait qu'en ce moment tout me semble noir et que je ressens un énorme besoin de décrire, de parler de toutes ces souffrances, de tous ces trucs moches que j'affronte, que je vis, qui me hantent... simplement pour les désamorcer, pour me sentir moins seule. J'ai besoin de racler le fond du gouffre, de faire remonter tout ça, de l'exposer en pleine lumière. Mais j'ai tellement peur qu'à cause de cette attitude, on m'identifie comme étant pessimiste, démoralisante, voir flippante. Pas parce que je crains les critiques: pour le coup: en dehors de l'opinion de mon amour, je me fiche de ce que les autres peuvent penser. Mais parce qu'à force de lire en miroir dans les yeux des gens cette gêne, cette peur que la souffrance inspire, je me demande si je ne finirai pas par m'auto-convaincre qu'effectivement, je suis bel et bien cassée. Pour de bon.
J'ai tant besoin d'encouragements, de consolation, d'inspiration.... J'en trouve ici et j'en suis tellement reconnaissante, mais je ressens véritablement cette soif, insatiable. Je ne sais plus qui disait que "notre besoin de consolation est impossible à rassasier... Peut être... Sans doutes... J'ai toujours essayé de me sortir seule, autant que possible, des galères, des coups durs... pour ne pas vampiriser les autres en étanchant, malgré moi, ma soif à travers eux.
Mon chéri et moi, sans être rattachés à un dogme, nous croyions... Notamment en la possibilité de se relier à quelque chose, à une source, une énergie bienveillante dans laquelle on peut puiser. Se ressourcer. J'ai déjà pu ressentir ça, trouver la paix, l'apaisement... dans la "prière", la méditation... Ces instants, cette sensation... peu importe le nom qu'on leur donne, me donne également la sensation d'être plus proche de mon amour. Et c'est bien tout ce à quoi j'aspire en ce moment... Et c'est bien ça, que je recherche de tout mon être, et qui m'échappe à force de trop essayer, de trop vouloir...
En cette fin d'année, je crois que j'arrive à un point où j'ai besoin d'une aide concrète. D'un tuteur. De quelqu'un, quelque chose pour m'aider à reprendre pied, me guider. Quelqu'un qui ne se laissera pas entamer, vampiriser par mes angoisses et mes manques... et qui ne cherchera pas non plus à abuser de mes faiblesses.
Je sais bien que le Père Noël n'existe pas. Mais si vous connaissez des outils, des choses qui vous ont aidées à ne pas perdre pied... Si vous connaissez un psychiatre ou psychothérapeute compétent (c'est à dire, selon moi: qui ne se contente pas de droguer ses patients) dans la région de Strasbourg ou ailleurs dans le Bas-Rhin: si vous avez entendu parler d'un cercle de parole, pour les personnes en deuil, pour les grands anxieux... J'ai tellement de casseroles que je n'ai que l'embarras du choix! ^^
J'ai déjà lu certains témoignages dans d'autres rubriques et reçu des messages, sur ce fil ou en privé qui m'ont beaucoup aidée. Une fois encore, je ne pourrai jamais assez remercier les personnes de ce forum...
Si je ne viens pas, écrire davantage, chez les uns et les autres... ne m'en tenez pas rigueur. J'espère un jour, en retrouver l'envie et le courage... Rester centrée sur soi ne résout rien, je le sais bien... C'est juste que parfois, on a tellement l'impression qu'on ne peut rien apporter, que ce n'est pas le moment... voir même qu'il vaut mieux qu'on ne dise rien parce qu'on n'est pas capable d'aider... qu'on va juste ajouter de la peine à la peine... ou sonner faux... être à côté, en décalage.... Et alors on s'autorise, de temps en temps, à ne pas faire le petit effort supplémentaire pour envoyer un gros coup de pied dans ses excuses, un peu égoïstes parfois...
Aujourd'hui, c'est comme ça. Demain sera un autre jour.
Quelque part entre le rire et les larmes, l'absurde et l'envie d'y croire, la rage et l'abattement, l'ici et l'ailleurs, les figues et les raisins... je vous embrasse."... Ela
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