Auteur Sujet: Mon fils s'est suicidé il y a neuf mois, et pour moi c'est si c'était hier...  (Lu 4817 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Hors ligne stellarose

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 542
  • Petit coeur, funambule entre 2 rives....
Comment peut-on continuer à vivre? Bien sûr, il y a les autres enfants, mais celui qui faisait le lien entre nous tous s'en est allé. Comment n'ai-je pas compris son mal être, pourquoi ce jour là n'ai-je pas trouvé les mots justes pour l'apaiser et éviter ce geste? Il m'a fait le plus beau des cadeaux avant de partir, il a partagé notre repas avec son peit frère, sa nièce, son fils adoré et moi-même. Qaund je pense à ces derniers instants passés avec nous, je n'arrive toujours pas à réaliser qu'il ne reviendra plus, même si certains matins, j'attends son arrivée vers 7h pour boire un petit café avec moi.
Comment n'ai-je rien vu venir ? Il est parti se dégourdir les jambes car il avait mal dormi, trop de questions, trop de problèmes dans sa tëte, et moi qui lui dit : il y a toujours des solutions aux problèmes.....tu parles d'un conseil!!!! deux jours plus tard, alors que nous l'avons cherché en vain,  on vient m'annoncer à 7h30 qu'il s'est jeté sous un train.
Non, non ce n'est pas possible. La vie est violente parfois et ça fait mal, très mal.
Comment survivre à ce séisme, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Il y a des jours où j'ai bien envie de le rejoindre, mais les autres ? ai-je le droit de leur infliger cela ?
C'est vraiment dur, et plus les jours passent. Et j'ai un sentiment contradictoire, la plaie est béante, le vide est là, et en même temps je me dis que je me rapproche de lui, de sa lumière, de mon ange, de mon enfant.
J'ai lu vos témoignages avec beaucoup d'attention et je suis certaine que quelqu'un me lira et m'aidera. merci à tous et à toutes.

Hors ligne magalilou

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 558
  • ma fille, mon amour
Bonsoir Stellarose,
J'ai bien du mal à te répondre tellement je ressents ta douleur. Le chemin sera long. Un jour quelqu'un m'a écrit ces mots que je te redonne, UN JOUR APRES L'AUTRE. Je pense sincerement que c'est vrai il faut essayer de continuer doucement, sans se faire violence. Je sais c'est plus facile à dire qu'à faire. Je suis certaine que d'autres personnes vont répondre à ton appel. Ici tu peux exprimer ta peine, ta souffrance, tes colères.
Je vous envoies plein de tendres pensées à toi, à ta famille et pour ton fils ce soir j'allumerai une bougie.
Affectueusement.
Martine, maman de Madeleine
Ce n’est pas parce que vous ne voyez pas de larmes que je ne pleure pas.
 Ce n’est pas parce qu’à nouveau je souris que j’oublie.
 Ce n’est pas parce que j’ai l’air heureuse que je vais mieux.
 Je peux vous offrir le visage qui vous fait plaisir,
 Mais il n’empêche qu’à l’intérieur, je meurs.

Hors ligne Méduse

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 781
Chère Stellarose,
Tu as bien fait de venir écrire ici. Ainsi, tu te sentiras moins seule. Mais écris plutôt dans la rubrique de ceux qui ont perdu quelqu’un par suicide.
Tu as raison, tu ne peux pas suivre ton fils. Il faut que tu tiennes pour les autres. Ton fils souhaiterait aussi que tu puisses retrouver ta paix pour être là pour son fils et son frère. Je pense même, que nos enfants ne trouveront la paix que si nous pouvons nous apaiser.
Contrairement à toi, je savais à quel point ma fille allait mal. La veille, elle m’avait même annoncé qu’elle se suiciderait si elle aurait le courage, tout en parlant de son avenir tout de suite après pour faire diversion. Et moi qui ne répondais rien par rapport au suicide. Mais elle n’était pas seule et j’étais à 800 km d’elle et puis cela faisait si mal. J’avais peur aussi de parler de suicide avec elle alors que c’est ce qu’il aurait fallu faire à ce moment-là. Au moins pendant trois ans, c’était une bataille en permanence pour qu’elle reste parmi nous. A la fin, je n’avais plus d’arguments et même je n’y croyais plus, tellement ces pensées étaient noires en permanence et même de plus en plus et sa vie un véritable calvaire. Comme me dit ma seconde fille, il y a d’autres moments où j’ai peut-être réussi à la retenir. Aujourd’hui, deux ans plus tard, j’aurais d’autres arguments. Je suis convaincue aujourd’hui, que la mort n’est qu’un passage vers une autre existence. Cela veut donc dire aussi, qu’on ne peut pas se tuer et aussi, par bonheur, que nous nous retrouverons.
Ma fille m’avait envoyé plein de signes. J’ai lu en plus en boucle de nombreux livres sur les NDEs. Cela m’a aidé à m’apaiser. La vie n’a plus la même saveur. Intérieurement, je suis toujours très triste, mais je suis de nouveau debout.
As-tu vu les modules-vidéo ou lu le livre du Dr Fauré qui s’adresse à ceux ayant perdu un proche par suicide ? 
Pour s’apaiser un peu, il faut être patient. Rien de pire aurait pu nous arriver. Accroche-toi à tout ce que tu peux et surmonte un jour après l’autre.
Viens nous parler autant que tu as besoin et sois douce avec toi. Nous sommes à tes côtés.
Méduse

Hors ligne stellarose

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 542
  • Petit coeur, funambule entre 2 rives....
Un grand merci à vous, Magalilou et Méduse pour vos messages.
 Je sais que je ne suis pas seule, ma famille aussi est là, mais ça fait du bien de parler à d'autres personnes, car pour le moment il est difficile d'en parler en famille, la douleur est trop vive et les larmes arrivent tout de suite nous empêchant de parler.
Merci pour le conseil Méduse, mais je ne savais pas bien dans quelle rubrique écrire, alors j'ai lancé la discussion un peu au hasard.
Le petit poème de Magalilou, c'est exactement ce que je ressens. En effet, j'ai l'impression de vivre, mais c'est une façade, je montre le visage que l'on veut voir, mon vrai visage est caché au plus profond de moi.
Je remercie tous ceux qui ont pris quelques instants pour me lire et je vous dis à bientôt.

Hors ligne angelik

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 458
Bonjour Stellarose
c'est vrai que nous vivons un séisme, un tsunami qui balaie tout sur son passage et nous laisse un champ de ruines et toutes les questions qui ne trouveront jamais de réponses et il faut beaucoup de temps pour que cela s'apaise dans notre coeur et notre tête.

Pour tenir, bien sur, il faut penser à nos enfants présents mais dans les premiers temps, même ça c'est difficile. On ne voit plus rien. On entend plus rien. Neuf mois, ce n'est pas beaucoup et il est normal de ne pas pouvoir reprendre une vie "normale". Comme le dit Martine, le mieux c'est de prendre un jour après l'autre, d'être indulgent avec soi-même et d'accepter d'être mal. Comme pourrait-il en être autrement... et peu à peu, on arrive à apprécier de petites choses toutes simples qui font chaud au coeur. Patience et tolérance sont des mots qui prennent toute leur valeur dans le deuil.

Les vidéos de ce site aident à comprendre ce que l'on vit au fil du temps et une conférence de Christophe Fauré rassure sur le temps qu'il faut pour pouvoir relever la tête.
http://www.inrees.com/Conferences/dimensions-du-deuil-Comment-vivre-le-deuil/

Voilà, dans un premier temps les petites choses qui pourront t'aider à comprendre, pour ne pas sombrer. Et puis, viens nous parler de ton fils, cela fait beaucoup de bien de pouvoir raconter et libérer un peu son coeur. Et c'est vrai aussi que parler de ses émotions avec son entourage au début n'est pas toujours facile, chacun se protège comme il peut et la douleur est trop vive mais avec le temps, on arrive à se raconter les jolis souvenirs...

Avec toute mon affection
Corinne
chaque fois que tu sentiras le vent sur ton visage, c'est moi qui vient t'embrasser...