Il y a environ trois semaines, j'ètais à la terrasse d'un café, et un homme en est sortis-un homme qui s'ètait permis de me faire des avances au tout début de mon deuil-ce qu'il savait parfaitement. Il m'avait beaucoup choquée par ses propos, surtout en de telles circonstances. Pour résumer:
En me sortant ses horreurs, il se penchait sur moi, son visage tout près du mien avec un sourire obscène. Il n'en avait strictement rien à faire de mes souffrances, il ne voyait que son profit immèdiat possible, ça se voyait. Et j'avais beau essayé de lui expliqué, il m'écoutait à peine. Par exemple il me déshabillait des yeux et disait: "Ah, vous avez tout ce qu'il faut!" Je l'aurais gifflé. Il avait un air lubrique qui contrastait avec les explications que je tentais de lui donner concernant mon deuil.
Alors que j'ètais plongée dans mes merveilleux souvenirs vis-à-vis de Pierre, je sais que j'ai eu un sourire triste, et l'individu m'a dit-toujours de son ton de dragueur obscène: "Oh, votre sourire! Quand vous souriez, on est sous le charme!" Je lui ai répondu dignement que je souriais parce-que je souffrais. Il a répliqué, d'un ton interloqué-et toujours sans tenir aucun compte de la souffrance que je venais d'exprimer pourtant clairement: "Vous souriez quand vous souffrez? Hé ben, vous êtes pas pareille alors!" C'est si difficile à comprendre que ça qu'une personne puisse sourire en cas de grande souffrance afin de se protèger des autres et garder, malgrès tout, la tête hors de l'eau? La plupart des gens sont vraiment stupides à ce point, pour se fier à un sourire sans essayer de voire plus loin, de voire les traits marqués par la souffrance, sans parler du regard, le miroir de l'âme?...Certainement, ils sont comme ça. Seuls mes amis proches et des personnes douées dune vraie empathie-elles sont plutôt rares-voient au-delà des apparences. Les autres se disent: "Elle sourit, c'est qu'elle vas bien", voire même "C'est qu'elle est insouciante, heureuse..." Quand aux réflexions du genre: "Tu souris, donc tu ne vas pas si mal que ça", ce sont peut-être les pires, les plus blessantes.
Evidemment, cet homme ne voyait pas ma détresse, il voyait autre chose, c'est ignoble.
Et voilà qu'il se permettait de m'adresser joyeusement la parole, des mois après. Soit il pensait que j'avais oublié, soit-et c'est le plus probable-il ne voit pas ce qu'il a fait de mal, selon lui c'est moi qui doit être "coincée" ou quelque chose comme ça. Il m'a rappelé qu'on s'ètait déjà parlé. Je lui ai répondu que ça s'ètait mal passé. "Mais non, mais non!" a-t-il répondu d'un ton jovial. Ca doit être ça: il n'a pas conscience du mal qu'il fait. Comme il commençait à me demander si ça allait-évidemment j'ètais sensé dire "oui"-j'ai répondu franchement que je souffrais. Plusieurs personnes m'avaient encore tellement blessées, principalement par leur indifférence et/ou méchanceté gratuite vis-à-vis de mon deuil.
Hé bien, le type s'est permis de me dire, du même ton jovial, mais avec les mêmes intonnations, la même expression du visage que s'il s'adressait à un enfant ou à une abrutie: "Tout le monde a ses problèmes, on a bien assez à faire avec les siens, hein?" Autrement dit: "Je n'en ai rien à faire si vous souffrez, chacun ses problèmes". Il me regardait en attendant mon approbation-pour être bien sûr que j'avais compris son ignoble message-et j'ai pris mon temps pour lui répondre: "Je ne vous souhaite pas d'être à ma place. Vous avez de la chance de ne pas vivre ma vie." Avant de s'éloigner, il a commenté d'un ton dégagé, comme joyeux et moqueur: "C'est possible, ça. Oui, c'est possible." Pourquoi ferait-il mine de s'interresser à ma vie puisqu'il a compris que ça ne lui apporterait strictement rien?...
C'est lui l'abruti, il suffit d'observer ses mimiques, les expressions de son visage, ses propos pour s'en rendre compte.
Ecrire cette triste anecdote vient tout juste de me rappeler que je ne dois pas laisser gagner tous ces minables. J'avais beau le savoir déjà, je n'ai pas pus m'empêcher de pleurer en écrivant. Là, ça vas mieux. Ils ne méritent que mon mépris.