Auteur Sujet: les "taiseux"  (Lu 12339 fois)

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Hors ligne malex

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les "taiseux"
« le: 09 janvier 2016 à 10:30:25 »
Bonjour ,
Aujourd'hui je me décide à écrire car je ne sais pas avec qui partager ma peine.
Mon mari est parti le 21 décembre : "le crabe" comme il l'appelait l'a emporté en quelques mois.
Chacun de notre côté nous savions ce qui allait arriver. Nous nous sommes protégés mutuellement.
Aujourd'hui je regrette que nous n'ayons pas mis de mots sur notre souffrance. Je regrette que nous n'ayons pas partagé ces derniers moments. Je lui ai tendu "des perches" qu'il n'a pas saisies. Il y a des mots que j'aurais aimés  entendre. Il le savait.  Rien n'est venu.  J'ai cherché après son départ s'il ne m 'avait pas laissé quelques mots écrits ...rien. 
 
Aujourd'hui ce regret devient remords . Je m'en veux. Je n'ai pas su libérer sa parole .
Aujourd'hui je me sens encore plus seule . J'ai la certitude que ces mots tant espérés m'auraient aidée à accepter cette séparation.

Hors ligne milou

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Re : les "taiseux"
« Réponse #1 le: 09 janvier 2016 à 11:13:38 »
Bonjour ,

Je comprends tout à fait la question sur tu te poses car je vis exactement le même questionnement.

 Je me fais beaucoup le reproche de ne pas avoir su parler avec mon mari.

Cependant, il me semble que s'il avait voulu parler, il l'aurait fait. D'ailleurs il aimait dire qu'il était un taiseux. Manière sans doute de me faire  comprendre son souhait de silence. Peut être aussi de pudeur.

Pour lui, évoquer sa mort était inutile. Cela ne lui aurait pas permis de l'éviter ou de mieux l'affronter. Il voulait être vivant jusqu'à la dernière seconde.

La solitude est grande. Pas sûr qu'elle le serait moins, si j'avais insister pour parler avec lui de sa mort, alors qu'il ne le souhaitait pas vraiment. Finalement, je pense avoir respecter son souhait de silence en ne lui imposant  pas mon souhait de paroles.

Je te fais partager mon expérience et mon chemin de réflexion. Il ne s'agit pas d'une certitude, mais d'une intime conviction. Après  33 années de mariage, il y a des moments qui se vivent sans paroles, uniquement dans une connivence silencieuse. C'était notre manière de vivre avant la maladie et elle n'a pas changé notre couple de ce point de vue.

Je t'embrasse.
Milou

Hors ligne malex

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Re : les "taiseux"
« Réponse #2 le: 09 janvier 2016 à 12:38:31 »
Merci Milou,
Si tu savais comme ton message me fait du bien. 
Là où je  vivais de la colère contre moi contre lui , là où je vivais du remords .....   tu y mets du respect , de la pudeur.
Je sens que je vais souvent revenir à ton message  parce que je me retrouve dans ton expérience  de vie commune avec un taiseux  et parce que je voudrais parvenir à partager ton intime conviction.
Merci.
Je t'embrasse aussi si tu le permets.
Malex

Hors ligne Nora

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Re : les "taiseux"
« Réponse #3 le: 09 janvier 2016 à 12:39:15 »
Bonjour Malex,

Ton message me touche particulièrement, car comme Milou et toi j'ai traversé, et traverse encore les mêmes sentiments.

Pris par l'urgence, " l'hébétude " d'un cancer très agressif, nous n'avons pas pu, ou su, communiquer sur la mort.

Cela vient beaucoup de moi, tellement angoissée devant le trou béant de la vie qui s'annonçait sans lui. Je ne savait que lui dire que je voulais partir avec lui.

De son côté , il  disait, criait toujours qu'il ne voulait pas mourir, même alors que la fin était proche.

Dialogue, apaisement impossible. Mais on a fait comme on a pu ...

Puis vient l'absence, le manque, la souffrance du partage qui n'existe plus, et les remords ... Je connais bien tout cela, et 11 mois après cette douleur est toujours présente.

Tu vois, tu n'es pas seule dans ces questionnements.

Pourtant, comme le dit Milou, il s'agit probablement d'un mode de fonctionnement qui vous était propre pendant toutes les années passées ensemble. Lui, ou toi, ou les deux ensemble " taiseux ", cela ne vous a pas empêché de vivre l'un auprès de l'autre, de vous comprendre, de vous aimer, même si cela a pu engendrer un peu de frustration.

Frustration maintenant bien présente, puisqu'il n'est plus là.

Tu peux lui écrire, lui expliquer tes sentiments, et tenter d'imaginer ce qu'il te répondrait, ce qu'il t'aurait répondu. Le fait de " verbaliser " même par écrit ton ressenti va te permettre de le comprendre , de l'évacuer petit à petit.

Intégrer un groupe de paroles, avec des personnes à l'écoute et dans la même situation que toi te serait sans doute également bénéfique.

Et puis il y a le forum, ou tu trouveras toujours une histoire qui fera écho à la tienne, une personne qui ressent les mêmes sentiments que toi.

Je te souhaite donc tristement la bienvenue sur ce forum. J'interviens peu en ce moment, mais je lis toujours.

Nous avons beaucoup de choses à nous dire, je suivrai avec attention ton fil.

Je t'embrasse

Nora


Rom44

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Re : les "taiseux"
« Réponse #4 le: 09 janvier 2016 à 13:32:16 »
Bonjour Malex.

Je comprends ta situation. A un jour près, mon père a connu la même histoire, s'étant éteint le 20 décembre d'un cancer extrêmement agressif, qui ne lui aura laissé que trop peu de temps.
Il a été pris si jeune, et surtout, si brutalement... On a l'impression de ne pas avoir put lui dire tout ce qu'on voulait. C'est dur, et ma mère en souffre parfaitement.

Je pense qu'il faut cependant ne pas se concentrer sur ce qui n'a pas été dit, mais ce qui a été dit. Ton mari a été proche de toi pendant des mois, des années peut-être. Il a été proche de toi, et vous aurez parler. Peut-être pas assez, mais je pense que ton mari, comme mon père, a dit ce qu'il voulait nous dire, et qu'il a été heureux, bien plus heureux qu'on ne le pense souvent.

On se sent seul, mais il faut se rappeler que l'on ne l'est pas. Tant sont avec nous, et lui, étant partit, est quand même quelque peu avec nous.
Sourions pour eux.

Avec toute mon amitié.

Romain.

Hors ligne piera

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Re : les "taiseux"
« Réponse #5 le: 09 janvier 2016 à 15:51:17 »
Chère Malex,
Ton titre m'a interpellée, taiseux Pierre l'était, pudique aussi, un mot était un mot, jamais de conversations vaines. Il était ainsi et c'est comme ça que je l'aimais.
Comme le dit si justement Milou,  « il y a des moments qui se vivent sans paroles, uniquement dans une connivence silencieuse », et j'ajoute, il y a des moments qui se passent de mots parce que les mots sont en-deçà de la violence de la maladie et de la mort. L'essentiel reste le lien d'amour, sa présence à l'autre, ce don de soi mutuel.

Nora, « Pris par l'urgence, " l'hébétude " d'un cancer très agressif, nous n'avons pas pu, ou su, communiquer sur la mort.
Cela vient beaucoup de moi, tellement angoissée devant le trou béant de la vie qui s'annonçait sans lui. Je ne savait que lui dire que je voulais partir avec lui. »
Je sens une telle tristesse chez toi, Nora , j'aimerai trouver des mots pour t'apaiser un peu.
A l'annonce de la maladie, j'étais dévastée, j'ai pleuré pendant 15 jours sans discontinuer, je voyais déjà mon homme mort. Notre épreuve a duré 3 ans ; 3 ans où j'ai appris, où nous avons appris à côtoyer l'impossible. Contrairement à vous, la maladie nous a « donnés » du temps pour apprivoiser l'horreur. A sa mort, je me suis repassé le film du début, et j'ai commencé, juste, amorcer des reproches sur mon impudeur, je me suis même traitée d'obscène d'avoir lâché comme ça mon désarroi face à sa pudeur à lui, à l'annonce de sa maladie. Mais s'il y a une chose que j'ai retenue de cette épreuve, c'est l'indulgence, la bienveillance. Je me suis pardonnée ma faiblesse, pourquoi ? Parce que j'ai fait comme j'ai pu avec les moyens qui étaient les miens à l'époque et je ne pouvais pas faire autrement, à ce moment-là.
Les remords interviennent toujours après mais à tort , parce qu'on a fait du chemin entre temps, on a compris bien des choses et nous nous jugeons rétrospectivement avec l'éclairage de ce que nous sommes maintenant, mais voilà c'est injuste et  destructeur. Essaie juste de te replonger vraiment dans ton état du moment, je suis sûre que comme moi tu te diras je ne pouvais pas faire autrement et c'est comme ça!
Face à la mort, on a une colère sans destinataire, on nous a arraché l'être auquel on tenait le plus au monde, quelle meilleure personne que soi-même pour servir de puching-ball ?
Nora, tu le dis si bien, vous n'avez pas eu le temps, trop vite, trop agressif ce cancer !
Sois douce avec toi, essaie de retenir l'essentiel, votre amour, ton lien à ton homme. Ne t'en veux pas de ta détresse et de ton désarroi à ce moment-là, tu es tellement humaine tout simplement !
Je vous embrasse tendrement.

Hors ligne malex

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Re : les "taiseux"
« Réponse #6 le: 09 janvier 2016 à 17:18:58 »
Merci Milou Merci Nora,  merci Romain , merci Piera

Je me sens moins seule de vous avoir sur mon chemin. 

Malex


Hors ligne milou

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Re : les "taiseux"
« Réponse #7 le: 09 janvier 2016 à 19:42:53 »
Chère Malex,

Ce qui est difficile, c'est de continuer seule ce chemin que nous aurions tant voulu poursuivre à deux.
C'est d'accepter la fin de notre conversation avec l'homme de notre vie. Conversation du cœur, conversation de l'esprit, conversation de nos corps.
C'est d'acepeter que tout notre amour n'a pas pu le protéger de la mort.
C'est d'accepter que cet amour a pu être maladroit face à une maladie implacable.

C'est de consentir à être seule alors que nous étions deux qui ne faisaient qu'un.

Ce forum est un lieu de survie pour partager ces émotions épuisantes.

Et merci pour les taiseux. Nous parlons d'eux en silence. Ça leur correspond bien cette parole silencieuse.

Milou

« Modifié: 09 janvier 2016 à 19:49:02 par milou »

Daba samia

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Re : les "taiseux"
« Réponse #8 le: 10 janvier 2016 à 14:34:30 »
Je. Suis nouvelle.devastee par la mort brutale de ma soeur plus jeune q moi.apres le choc et les pleurs  place à la tristesse et al place qu elle occupait.on s entendait a merveille on riait pour un oui pour un non.ma grande hantise est la solitude .j ai une autre soeur mais ce n est pas pareil.

Hors ligne souci

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Re : les "taiseux"
« Réponse #9 le: 04 janvier 2018 à 12:55:57 »

    Chère Malex,

    J'aime quand tout se dit dans un regard ...

    C'est plus lisible ...

    Me croiras-tu si je t'entends, toi la douce présence auprès des tiens, les accompagnant jusqu'au bout ?

    Mille mercis à toi de laisser de temps à autre la trace de tes sentiments ici ...

    Prends bien soin de toi ... de ton cœur habité par tant d'intelligence Amoureuse ...

    Respectueusement, un doux sourire, Martine.

Hors ligne Federico

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Re : les "taiseux"
« Réponse #10 le: 04 janvier 2018 à 16:17:06 »

https://www.youtube.com/watch?v=LdfB8pM-qLw... Les mots bleus... Christophe


Les Mots bleus
Christophe

Il est six heures au clocher de l'église
Dans le square les fleurs poétisent
Une fille va sortir de la mairie
Comme chaque soir je l'attends
Elle me sourit
Il faudrait que je lui parle
A tout prix

Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre

Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je l'appellerai sans la nommer
Je suis peut-être démodé
Le vent d'hiver souffle en avril
J'aime le silence immobile
D'une rencontre
D'une rencontre

Il n'y a plus d'horloge, plus de clocher
Dans le square les arbres sont couchés
Je reviens par le train de nuit
Sur le quai je la vois
Qui me sourit
Il faudra bien qu'elle comprenne
A tout prix

Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Toutes les excuses que l'on donne
Sont comme les baisers que l'on vole
Il reste une rancœur subtile
Qui gâcherait l'instant fragile
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles

Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Une histoire d'amour sans paroles
N'a plus besoin du protocole
Et tous les longs discours futiles
Terniraient quelque peu le style
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles

Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Je lui dirai tous les mots bleus
Tous ceux qui rendent les gens heureux
Tous les mots bleus
Tous les mots bleus


- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne ajihem

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Re : les "taiseux"
« Réponse #11 le: 14 janvier 2018 à 15:20:22 »
Les personnes en fin de vie ne sont plus dans le même état d'esprit que nous. Et nous attendons d'eux qu'ils se comportent comme s'ils allaient continuer à vivre ici.
Non, ils ont besoin de silence, de paix et que l'entourage acceptent qu'ils partent. Ca les aide à partir en toute sérénité. C'est le plus beau cadeau qu'on peut leur faire... être là, présent, sans rien dire, sans rien demander, juste être à l'écoute... Accompagner un être en fin de vie est un moment sacré...

Hors ligne SELINA

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Re : les "taiseux"
« Réponse #12 le: 28 janvier 2018 à 00:49:33 »
J ai perdu mon frère il y a 2 mois et demi d un cancer du poumon. Il a lutté et rechute . La  mort l a emporté 20 mois apres.
La maladie nous a rapproché, résidant à 750 km de chez lui j essayais d être le plus présente possible .
Il nous a epargne par pudeur sans doute. N a pas parlé de sa rechute....un jour a son chevet à l hôpital alors qu il était en fin de vie, il m a entendu pleurer . Je pensais qu il dormait il a ouvert les yeux et m a dit « rentrés à la maison... «  je lui ai dit que je préférais être là auprès de lui.  j ai compris  qu il ne  voulait pas nous voir triste....
Parfois je me forçais à me maquiller et  je me suis  acheter des vetements gais colorés pour aller le voir .
Sur les conseils’d un copain psychiatre je lui ai demandé.S’il souhaitait me parler , me laisser des consignes... il m a dit non....
Alors qu avec ma fille qui est infirmière il lui a dit plusieurs c est la fin je vais mourir...
Moi je l ai entendu seulement le jour où il décédé...
je regrette comme vous de ne pas’avoir pu parler de la mort  avec lui mais comment faire trop difficile.....
Vos propos m ont rassurée. Il faut respecter la pudeur de l’autre, du malade qui est anvoisse....
Bon courage à tous

Hors ligne malex

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Re : les "taiseux"
« Réponse #13 le: 30 janvier 2018 à 13:39:13 »
Désolée , Ajihem, tu me donnes envie d'hurler!
Le plus beau cadeau qu'on peut leur faire?????
Partir en toute sérénité ?????
 
Oui, je veux bien te suivre quand il s'agit d'une vraie fin de vie....  quand le corps et la tête  ont vécu  tant  et tant 
d'  années qu'ils n'aspirent plus qu'à un doux repos . Je viens de le vivre avec ma  maman.

Mais le départ de mon compagnon , non , non et  non!!!! Je peux t'assurer qu'il n'avait pas envie de partir. Tout en lui ne demandait qu'à vivre . L'accompagner n'a pas été un moment sacré,  juste ......  sacrément douloureux. 
Malex
 

Hors ligne Stana

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Re : les "taiseux"
« Réponse #14 le: 30 janvier 2018 à 18:37:16 »
Bonjour ,
Aujourd'hui je me décide à écrire car je ne sais pas avec qui partager ma peine.
Mon mari est parti le 21 décembre : "le crabe" comme il l'appelait l'a emporté en quelques mois.
Chacun de notre côté nous savions ce qui allait arriver. Nous nous sommes protégés mutuellement.
Aujourd'hui je regrette que nous n'ayons pas mis de mots sur notre souffrance. Je regrette que nous n'ayons pas partagé ces derniers moments. Je lui ai tendu "des perches" qu'il n'a pas saisies. Il y a des mots que j'aurais aimés  entendre. Il le savait.  Rien n'est venu.  J'ai cherché après son départ s'il ne m 'avait pas laissé quelques mots écrits ...rien. 
 
Aujourd'hui ce regret devient remords . Je m'en veux. Je n'ai pas su libérer sa parole .
Aujourd'hui je me sens encore plus seule . J'ai la certitude que ces mots tant espérés m'auraient aidée à accepter cette séparation.
Que vous ayez souhaité vous protèger mutuellement est tout-à-fait compréhensible Malex: il ne voulait pas de scènes déchirantes entre vous deux pour une chose pour laquelle vous ne pouviez absolument rien je pense, c'était sa volonté, il devait penser que ce serait un tout petit peu moins dur pour toi si vous viviez le peu de temps à partager ensemble sans parler de mort inéluctable, d'adieux etc et tu devais bien sentir que c'était ce qu'il voulait, pour vous protèger tous les deux, et certainement toi en particulier. Même si tu lui tendait des perches, il ne voulait pas les saisir sans doute parce-qu'il estimait que même si tu pensais le contraire, cet état de fait était "mieux" pour toi. Et pour toi, ça devait être très difficile aussi d'aborder le sujet, même si tu n'était pas dans le déni; ç'aurait été trop pénible, sur le moment, d'en parler, vous vouliez passer ces derniers instants sans partage de souffrances, de pensées insupportables, même si vous les èprouviez au fond de vous. Sur le moment, ça vous a paru être la chose à faire, peut-être d'ailleurs était-ce le cas. C'est délicat, qui peux dire ce que l'on "doit" faire ou non en des circonstances aussi tragiques?...Peut-être que personne n'a la réponse. Je comprends qu'après coup, tu aurais voulu qu'il en soit autrement, nous voudrions tous revenir en arrière pour telles ou telles choses, vivre les choses différemment, mais c'est impossible. Vous avez fait de votre mieux tous les deux. Il savait qu'il allait partir avant toi, et que sa perte serait terrible pour toi, il ne voulait pas "en rajouter" j'imagine. Vous avez, malgrès tout, pus partager encore un peu de temps ensemble, tu l'as accompagné de ton mieux, même sans le dire en ces termes. Derrière ces non-dits, il était entouré de tout ton amour et savait que vous vous disiez adieu à votre manière. Il n'ètait pas seul. Parfois il n'y a pas besoin de mot pour se comprendre, pour savoir l'intensité de ce qu'èprouve l'autre, de ce qui est partagé, le meilleur comme le pire.
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)