Auteur Sujet: le silence d'un deuil  (Lu 11808 fois)

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kevin78

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le silence d'un deuil
« le: 12 septembre 2016 à 23:03:37 »
Bonsoir à tous,

ça risque d'être un peu long... je n'envisage pas vraiment d'être lu, pas du moins jusqu'au bout, mais je crois que comme tout ceux qui sont passé par ce forum, j'ai besoin de poser "ça" quelque part.

Vers la fin du mois d'Avril (j'ai tout fait pour ne pas mémoriser la date exacte...) j'ai perdu mon meilleur ami, un frère. C'est souvent ce qu'on dit de son meilleur ami, qu'il est comme un frère. Mais je crois sincèrement que notre relation était privilégié. J'ai toujours voulu avoir un frère. (Je vais contextualisé : j'aurais bientôt 23 ans, et je suis étudiant en première année de Master MEEF EPS (en gros je passe le concours pour être enseignant d'EPS cette année).)
Je disais donc, j'ai toujours voulu avoir un frère, et vers l'âge de 10 ans, peut-être avant, mais mes premiers souvenirs remonte majoritairement à cet âge là, je l'ai trouvé. Nous venions de la même école où nous jouions régulièrement ensemble avec les autres camarades. Mais c'est en 6° qu'on a commencé à être très proche, déjà parce que ça faisais 2 ou 3 ans que nous faisions l'école d'athlétisme ensemble, puis parce que nos parents ont commencé à partir en vacance ensemble (et donc nous partions ensemble également en vacance) car elles courraient différentes courses ensemble, principalement sur les vacances de Pacques. Une grande amitié se formait, à l'école, au sport, et en vacance, nous étions ensemble. Même l'été ! Surtout l'été... peut-être... en tout cas c'est là qu'on aimait faire nos "pires" bétises, vous savez ? les 400 coups... On a fait croire à des enfants de 12 ans (quand on avait nous même 12 ans) qu'on était des agents secrets, c'était facile, on était une génération "Spy Kids", de là ont découlé beaucoup de fou rire et d'histoire. Il y en a tellement après tout.... De nos 10 ans, nous sommes partis en vacance ensemble jusqu'à l'âge de 20 ans, avec nos copines respective, la mienne est devenu ma fiancé, la sienne le pleurs avec moi.

Voilà pour le contexte, enfin c'est nettement résumé, mais je crois que ça suffit à situer.

Aujourd'hui, je vis, je suis entraîneur d'Athlétisme et de Badminton et assume toujours ces fonctions, je suis parvenu a obtenir ma licence malgré le fait que son décès soit arrivé fin Avril pour des partiels fin Mai/début Juin et être accepter dans le Master de mon choix. Je suis assez fier d'avoir était fort jusque là. Enfin, c'était avant de comprendre ce qui m'arrivait. "Le choc", oui c'est assez vrai, je n'avais pas réalisé ce que "mort" signifiait vraiment, en tout cas je n'y croyais pas vraiment. Bien sur je pleurais mais c'était encore différent que la sensation de vide qu'on peut ressentir, lorsqu'on comprends....

Aujourd'hui, je me sens impuissant, à plusieurs niveaux. Premièrement, sa mère, qui est devenu en grandissant une bonne amie, vient régulièrement à la maison comme elle en avait l'habitude. Seulement à présent elle vient effondré, et elle est inconsolable. Lorsqu'elle est là, je parviens a cacher ma propre peine, elle en a conscience, elle même considérait que Rémi et moi étions comme des frères. J'ai d'ailleurs été profondément touché lorsque j'ai appris que les premiers mots qu'on m'ait dit d'elle après la mort de Rémi était qu'elle prenait de mes nouvelles. Alors oui, j'arrive a cacher ma peine, parce que je me sens animer par un autre sentiment, celui de colère, et d'impuissance, je veux l'aider. Plus que tout ! Je veux l'aider ! j'ai le sentiment de le devoir à Rémi, que c'est la meilleur chose que je puisse faire pour le remercier pour toutes années d'amitiés, pour ces souvenirs fabuleux, pour avoir été le frère que j'ai longuement réclamé. Mais je ne peux pas... Pas vraiment en tout cas... Parfois j'ose lui dire que si Rémi était comme mon frère, elle est comme une seconde mère pour moi, mais je ne suis pas son fils... Pourtant ça la touche, je le vois bien, mais ça suffit pas, rien ne suffira...
L'impuissance... Mais pas uniquement la mienne, face à la peine des autres, mais également face à ma propre douleur ! J'ai le sentiment de ne pouvoir en parler à personne, pour deux raisons, la première, quand j'ose en parler, soit mes interlocuteurs sont trop mal à l'aise pour poursuivre et me font comprendre que ce n'est pas "le moment" ou alors ils sont eux mêmes trop fragilisés par la perte de notre ami qu'ils évitent le sujet. Pour être honnête, ça m'outre. Je comprends, bien sur je comprends que c'est délicat, et que c'est aussi pour me préserver... mais parfois  ça semble aussi être leur manière d'appeler à l'aide, de dire "tu vois, je peux pas en parler, j'ai trop mal...", d'accord mais moi je fais quoi ? je peux pas t'aider parce que tu veux pas en parler et moi j'ai besoin de le faire, mais ceux qui pourraient éventuellement m'écouter n'ose pas le faire parce  qu'ils savent pas quoi me répondre.... Et je les comprends trop bien... Qu'est qu'ils pourraient me répondre ? qu'est ce que vous, qui me lisez, pourrez me répondre ? "Désolé".... Alors je n'en veux à personne bien sur.

Bref, je suis frappé par l'impuissance. La seule personne à m'écouter à chaque fois que j'ose m'y aventurer c'est ma fiancé. Mais je ne veux pas l'accabler, elle est adorable, fait de son mieux pour m'aider, mais de la même manière que je suis impuissant pour la mère de Rémi, elle est impuissante avec moi...

Je crois que tout est dit, ou peut-être que rien n'est dit.
Je pose ça là, parce que je crois que c'est là pour ça, et que, vous avez raisons, écrire, et partager, ça soulage.
Kevin

PS : je ne prends pas le temps de me relire, ces mots et les fautes d'orthographe qui vont avec ont été écris avec le coeur, et c'est enfaite un exercice suffisamment douloureux pour recommencer aussitôt terminer ^^"
« Modifié: 12 septembre 2016 à 23:08:35 par kevin78 »

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #1 le: 12 septembre 2016 à 23:44:51 »
Vous avez vécu une très belle amitié qui t’aura marqué pour la vie.

Dans notre société, la mort est taboue et on ne sait plus accompagner des personnes en deuil. Voici un site où tu peux trouver pleines d’informations : http://deuil.comemo.org/category/comprendre-le-processus-de-deuil. Tu pourrais aussi lire http://www.christophefaure.com/vivre-le-deuil-au-jour-le-jour/

Malheureusement, la seule façon de soutenir une personne en deuil, c’est de l’écouter et d’être à ses côtés pour qu’elle puisse « user » son deuil. Tu vois bien que tu as besoin de parler de ton ami/frère comme sa mère doit en avoir besoin. Vous pouvez partager votre peine. Elle doit être contente de savoir que tu ne l’oublies pas.
Beaucoup de personnes pensent qu’il ne faut pas parler du disparu pour ne pas le « rappeler » à la personne en deuil. Comme si on pouvait oublier !

Malgré ça, chacun doit faire son cheminement et sa transformation seul.

Tu peux parler à la mère de ton ami de ce forum où d’autres parents pleurent leurs enfants. Elle se sentira comprise et soutenue.

Continue à venir parler ici de ton ami, comme tu l’as écrit, cela soulage. Lis aussi d’autres messages.

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #2 le: 12 septembre 2016 à 23:58:30 »
    Bonsoir Kevin et bienvenue ici.
    Le deuil et ses silences, ses tabous, ses mots qui ne disent pas tout ...
    Les choses qu'on voudrait dire, celles qu'on ne peut entendre, et tellement d'émotions vives ...
    L'entourage égaré, chacun perdu dans sa solitude ...
    Je t'ai lue et j'ai senti ton attachement à ton frère et ton immense peine.
     Et ce sentiment d'impuissance qui te dévaste est très dur à vivre, et tous ceux qui perdent un être essentiel le ressentent, surtout la terrible "première année" ...
    A toi qui es sportif, je comparerais le deuil à une discipline d'endurance sur le très long terme ... qui dit "impuissance" dit "puissance", or il vaut mieux user de souplesse et régularité ... épreuve intraitable, impitoyable que le deuil d'un essentiel ! Aucune stratégie possible ! Aucun avantage permis ! L' Adversaire, la mort, a gagné d'avance ! Match truqué ! Seule possibilité, se comporter en brave sur le terrain, digne, avec grâce ... avec feu ...

    Ton histoire m'a émue ... Martine.
   
   

kevin78

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #3 le: 13 septembre 2016 à 00:20:24 »
Bonsoir à vous deux,

Merci beaucoup. D'ailleurs, je me rend compte que je ne remercie personne à la fin de mon premier message, pourtant je suis reconnaissant de toutes ces personnes qui prennent le temps de me répondre, ces personnes qui ont créer de tels espaces pour qu'on puisse s'exprimer, et celles qui ne disent rien, mais éprouve une compassion bienveillante.

Je suis allé voir ces deux sites que vous me conseillez, dont un livre, c'est adorable, je pense pouvoir trouver dans le premier quelques réponses à mes maux. Concernant le livre, le concours que je prépare nécessite de ma part de lire énormément, et pourtant ce n'est plus vraiment mon fort, notamment à cause de ce décès d'ailleurs, avez-vous remarqué comment la lecture peut parfois, souvent même, nous intérioriser, nous sonder, et nous questionner ? j'entends par là qu'en ce qui me concerne, elle me confronte à moi même, et c'est parfois terrible, car dans cet état de "questionnement intérieur" la première idée qui surgit c'est Rémi. Je ne trouve pas vraiment les bons mots pour m'exprimer mais l'idée globale est là ^^

Martine, votre comparaison entre le deuil, et le sport me plait beaucoup. je pense que je vais essayé de m'y rattacher dans les moments sombres. Merci pour votre soutien. A toutes les deux !

Il est bon de voir que de drames tel que la perte d'un proche, peut en ressortir la bienveillance de personne même inconnu, tels que vous, qui prenez le temps d'aider autrui et nous permet ainsi de se rappeler qu'il y a de la bonté sur terre.

Grand merci à vous,
respectueusement,
Kevin

Hors ligne kompong speu

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #4 le: 14 septembre 2016 à 08:49:02 »
Bonjour Kevin
En te lisant j'ai pensé au partage du chagrin sa maman cherche une épaule pour pleurer elle ne cherche pas qqn de fort , pleure avec elle use r tous les deux le chagrin qui vous terrasse parler de lui jusqu'à plus en dire rien, je te dis ça parce que j'ai perdu mon fils de 19ans et j'aimerai avoir un ami de mon fils pour partager le chagrin
Courage a toi

Hors ligne Bulle 777

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #5 le: 17 septembre 2016 à 00:46:47 »
 Kevin,

le deuil est une expérience de solitude extrême
c'est bizarre nous nous plaignons de ne pas être compris
mais c'est normal car les liens qui nous attachaient à la personne disparue sont uniques
et ce chemin pour accepter cette séparation est solitaire et dur

tu peux parler sincèrement à sa mère de ce que tu ressens
pour qu'elle aussi elle te console

le deuil ne doit pas te faire oublier la chance de l'avoir connu
ces souvenirs heureux vont te porter
un jour
pensées
-Bulle
Maman, tu es partie trop brutalement !
Maman, Requiescat In Pace.

Tu as pris de l'avance au pays de la Vie.

clodie2

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #6 le: 05 octobre 2016 à 18:25:35 »
Bonjour,

Oui le deuil est tabou, comme si accepter la perte était impossible !

J'ai perdu mon père il y a 38 ans, j'avais 11.5 ans , rien ne m'a été dit ...
Les drames se sont superposés à19 ans et demi j'ai abandonné mon fils  car non soutenue et pour le protéger mais les services sociaux m'ont laissé pour compte...
l accident cérébral de ma mère en juin 2015 à tout réveillé car tant que la plaie n'est pas guérie elle suinte....

Ainsi je me retrouve avec une étiquette de "mauvaise femme et mère"....
Lourd à porter alors j'ai cherché ce que signifiaient tous ces drames, j' y ai consacré ma vie

Ma grand  mère paternelle  n'a jamais fait le deuil de son 1er amoureux mort au front en 1915 et mon grand père paternel l'a remplacé .... silencieusement
Ma grand mère maternelle est la sœur de remplacement de son frère aîné mort début juin 1901, elle est née fin mai 1902...
Tout cela  dans le plus grand des silences ....

Donc le travail de deuil se transmet en cachette en attendant une bonne âme !

A ce jour ma vie est toujours bloquée la patience le courage sont de mises
  je suis celle qui porte les symptômes , épouse et de mère incapable d'accepter les séparations brutales
 pour guérir j' ai accepté progressivement de les revivre de les affronter.
oui très peu de personnes vous comprennent , la solitude s 'impose et deviens une richesse insoupçonnable

Ainsi  cela  m'enlève une sacré culpabilité de comprendre, savoir, faire des liens
 accepter que  ma vie est le miroir de la vie de mes deux grand mères endeuillées car elles mêmes enfants  de parents endeuillés.......
Donc telle est ma mission, faire ce qu'elles ne sont pas arrivées à faire
 je suis fière de suivre ma voix (e) malgré la rudesse du parcours
 il me faudra encore du temps pour avoir ma place
j ai dessiné ce parcours afin de le faire partager
courage à tous et toutes

kevin78

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #7 le: 05 octobre 2016 à 21:30:57 »
Bonsoir Clodie,

Je vous ai lue, c'est une bien triste histoire. J'ose espérer que dans tout ce malheur vous parvenez à trouver un peu de lumière. J'aime croire et me rappeler que "Il faut connaître l'amer pour goûter le doux".  Une façon de garder l'espoir qu'après la tempête, aussi longue soit-elle, viendra le beau temps.

Votre message semble transparaître une once de manque de confiance en vous, je crois que c'est la base, peut-être devez-vous croire un peu plus en vous pour trouver le beau temps ?

Mais qui suis-je du haut de mes 22 ans pour vous dire ce que vous avez à faire  ;D Ce n'est que la sensation que j'ai à la lecture de votre si triste récit.

Quoi qu'il en soit, je vous souhaites beaucoup de courage, et de volonté, pour porter ce fardeau que vos grands-parents vous ont laissé, je crois comprendre que ce forum apporte bon nombre de bras pour nous soulager, un peu... j'espère que cela marchera pour vous,

chaleureusement,
Kévin

Hnina

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #8 le: 07 octobre 2016 à 01:36:59 »
Bonjour Kevin
J'ai trouvé votre histoire émouvante d'autant que j'ai perdu aussi un être cher, ma maman il y a presque 1mois elle avait 59 ans.
Mais j'aurai voulu en savoir plus sur votre frère ami , son caractère ,les circonstances de son décès ? Ce n'est pas une excès de curiosité mais je sais je sais que ça fait du bien de parler de lui ou de elle ....

kevin78

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #9 le: 07 octobre 2016 à 19:55:49 »
Bien sûr Hnina, mais j'ai peur de ne savoir quoi dire, ou ne pas dire... =)

En vérité, maintenant que Rémi est parti, il n'y a pas de façon de dire qui il était, mais qu'il a été à différentes périodes. En effet, je l'ai vu grandir et réciproquement, ainsi, mon plus grand conflit avec lui a été lorsqu'il me paraissait trop fainéant pour venir m'aider à faire la vaisselle au  camping, ou encore lorsqu'il passait son temps à joueur aux jeux vidéos, dont nous sommes tout deux passionnés, mais lui peut-être trop.

Cependant, ces deux dernières années, Rémi avait quelqu'un dans sa vie. Après avoir eu son bac S de justesse, échoué en médecine, et renoncé l'année suivante en biologie, Rémi s'était enfin trouvé, il était en deuxième année d'école d'infirmier, et il était le meilleur à ce qu'en disent ses amis de là-bas. Je n'en doutes absolument pas et je crois que sa copine y était pour quelque chose. Elle calmait Rémi de son addiction et lui permettait d'être épanoui.

Lorsque nous étions tout jeune, j'ai appris avec lui qu'on ne pouvait pas être le plus fort partout. Au début, c'était un peu la course pour être le plus fort entre lui et moi. En course à pied, au javelot, à l'école, aux jeux... Mais on s'est rapidement rendu compte qu'on était bien différent, chacun nos forces, et nos faiblesses. d'ailleurs au collège, nous nous sentions invincible ensemble ! Lorsque l'on était dans la même équipe, je croyais sincèrement que rien n'était impossible.

Le collège a été une période difficile pour nous. Quand j'étais en 6° j'étais vraiment physiquement très en retard sur beaucoup d'autres personnes, cela faisait de moi le chouchou des filles, mais aussi le souffre douleur des plus grands. Et puis j'ai grandit, certes je ne suis pas devenu une armoire à glace, mais suffisamment fort pour de défendre. Rémi et moi avions décidé qu'on ne laisserait personne nous regarder de haut sans autre motif que le jeu d'intimidation omniscient au collège. Rémi ne m'a jamais abandonné, il avait énormément de courage. Peut-être était ce même de la témérité... Un jour la cour entière m'a fondu dessus parce que je cherchais à obtenir des excuses d'un plus petit que moi qui m'avait insulté gratuitement (j'étais loin d'être méchant, je voulais seulement être respecté). Le gamin en question avait raconté à son grand frère populaire que c'est moi qui l'avait insulté et qui cherchait les embrouilles (évidemment nous n'avions pas conscience de se qui se passait vraiment). A la vue de cette horde qui s'est abattu sur moi, un de mes amis (encore actuel) m'a dit "je te laisse..." et est partit, mais Rémi était là. De toute la horde, un seul m'a approché, et il n'a pas eu le temps de me faire de mal que Rémi l'avait déjà attrapé, et à moi d'attraper celui qui voulait le toucher.

On a vécut bon nombre de bagarre comme cela, et chacune est un souvenir merveilleux de deux amis qui n'ont jamais abandonné l'autre. Sincèrement, on en parlait longtemps de ces bagarres, l'une d'entre elle mérite vraiment d'être compté d'ailleurs ! Un jour que je m'approchais pour récupérer mon sac que j'avais laissé prêt d'un muret dans la cour, un gars crache sur mon sac sans me voir arriver alors que j'étais tout juste dans son dos. Je l'interpelle, outré, et il a cherché les ennuis... alors ni une, ni deux, je pousse contre le muret et le fait tombé dans la haie. Voilà que ses copains qui était avec lui m'arrive dessus, l'un d'entre eux a été stoppé net dans sa course par Rémi qui l'a attrapé par la capuche plaqué au sol. la situation s'est rapidement calmé, mais c'était pour Rémi et moi un vrai moment de camaraderie que de veiller l'un sur l'autre. Je l'ai déjà entendu dire à 3 caïd qui s'en prenait à moi parce que je refusais de me laisser faire qu'il était hors de question qu'il reste sans rien faire. 3 contre 2 semblait moins intéressant pour eux que 3 contre 1 alors ils m'ont immédiatement laissé tranquille.

J'insiste beaucoup sur cet aspect bagarreur parce que ce n'était en rien de la méchanceté, il avait le coeur sur la main. il m'avait vu, impuissant me faire marché dessus en 6°, alors on avait décidé tout deux que c'était terminé, qu'on se défendrait.

Rémi jouait du piano. Et il était doué. J'adorais l'écouter jouer, pas trop longtemps parce qu'on préférais la console, mais tout de même, c'était admirable. un de ses morceau est toujours enregistré sur mon piano d'ailleurs...

Pour les circonstances de son décès, sa copine a rompu avec lui 2 semaines avant cela. Ca n'a absolument rien à voir avec son décès, mais, Rémi devait partir au ski avec ses amis infirmiers, il était terriblement malheureux et se confiait beaucoup à moi, cette semaine au ski devait lui faire beaucoup de bien et à se qu'en disent ses camarades c'était le cas. Mais comme je vous l'ai dit, il était téméraire, il allait vite, et n'a pas vu une corde de sécurité caché par les reflets d'un glacier,  il l'a pris en pleine gorge.
J'ai appris la nouvelle au téléphone dans la journée par ma petite amie qui le savait par mes parents qui s'inquiétait pour moi et ne souhaitait pas m'appeler et m'apprendre la nouvelle avant d'être avec moi (ce dont ma copine n'était pas au courant...). Rémi était dans le coma, le plus profond qui soit, il y avait peu d'espoir et il appartenait à sa famille de décider.... Ca n'a pris qu'une nuit. Nous savions tous qu'il n'y avait aucun espoir. Alors le lendemain matin, j'ai eu un message de ma mère "c'est fini"...  La suite, je crois que chaque personne passant sur ce forum la connait... il ne nous reste que les souvenirs... et les larmes....

Il y a évidemment tant d'autres choses à dire sur Rémi, mais je crois que ça éclair encore un peu qui était mon ami, mon frère...
Merci Hnina, j'admet que ça fais du bien, de lui permettre d'exister encore quelque part....

je joint à ce message, un montage vidéo que j'ai confectionner peu de temps après le décès de Rémi, ça devait rester personnel, mais je suis très content de le partager avec la communauté de forum en deuil.
https://youtu.be/L6tgaItb-F4
« Modifié: 07 octobre 2016 à 20:43:16 par kevin78 »

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #10 le: 07 octobre 2016 à 22:11:07 »

   Ces instants captés sur le vif sont très émouvants, on voit que vous étiez super complices, Kévin et Rémi ...
   
   
   

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #11 le: 08 octobre 2016 à 06:14:50 »
Quel bel hommage vidéo et quelle complicité

kevin78

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #12 le: 14 octobre 2016 à 23:19:56 »
Merci pour vos réponses. C'est très touchant et à défaut de ne pas vouloir partager ma vidéo avec mes proches, je suis heureux de la partager avec vous.

Ce soir ça va pas fort. Y a des soirs comme ça, où soudainement je trouves pas le sommeil, où le monde me semble vraiment dépeuplé. Faut dire que domir du Dimanche au Samedi matin seul dans une chambre étudiant ça n'aide pas vraiment...

A 22 ans, on est la génération réseau sociaux. Mais je ne supporte pas toutes ces personnes qui écrivent à propos de leurs défunts, une fois de temps en temps, je comprends, et compatis, puis je perds foi, j'ai rapidement la sensation que ce que les gens cherchent sur ces réseaux c'est l'attention des autres plus que la réel expression de leurs douleurs. Pas très positif comme point de vue je sais... Alors évidemment je ne publie rien, je ne lui ai pas même souhaité son anniversaire sur Facebook alors qu'il était déjà partie. C'était pas faute de penser fort à lui ce jour là, d'ailleurs là, où tout le monde profitait de ce jour pour écrire un message, poster une photo, moi j'invitais ses parents à manger à la maison pour qu'ils ne soient pas seul.  C'est la conviction qu'aider les autres à faire leurs "deuils" plutôt que d'étaler ma propre peine est la meilleure manière que j'ai d'honorer l'amour que j'ai pour mon frère.

Alors finalement, à défaut de ne pas m'étaler sur Facebook, au près de mes amis ou autres personnes endeuillé par le départ de Rémi, c'est auprès de vous que je trouves le réconfort, vous qui êtes vous mêmes endeuillé, et excepté ce lien, finalement très fort qui nous unies, m'êtes parfaitement inconnus.... Alors merci pour ça, et surtout sachez toute l'affection que j'ai pour vous, qui même blessés, meurtris, mais sur pieds, aidez autrui à se relever.

Kevin

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #13 le: 15 octobre 2016 à 05:49:26 »
Quand le sommeil fuit et que les angoisses prennent toute la place je dois dire que je n'ai rien trouve de miraculeux
Les montagnes russes du deuil, les jours sans , les jours de souvenirs dont on ne sait que faire lorsque qu'on est encore trop mal pour qu'ils soient devenu une douce nostalgie
Pensées pour toi

Hors ligne loulou15

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Re : le silence d'un deuil
« Réponse #14 le: 15 octobre 2016 à 07:45:36 »
que votre amitié est belle ! je suis touchée par tes mots que tu as pour décrire ton ami ... c'est beau
soutient sa maman, je pense qu'elle a besoin de toi ... les amis de mon fils sont trop jeunes pour comprendre ça ... mais j'aimerai qu'ils soient plus à nos côtés, même si je sais qu'ils doivent penser à nous, à mon loulou ...
je t'embrasse