Ca fait un peu bizarre d'écrire, en sachant qu'on va être lu cette fois. Mon père est décédé il y a trois mois. Cancer. Ca a été foudroyant, en rémission au mois de juillet, le médecin nous a dit qu'il était condamné en septembre.. Alors je me permets de poser le contexte : j'ai 26 ans, fille unique de ma mère, mon père a un fils, j'ai donc un frère, que je connais peu. Mon père est entré à l'hôpital pour la première fois il n'y a pas deux ans. Ma mère a fait une mauvaise chute qui l'a rendue temporairement handicapée. Et puis bah ils étaient HS tous les deux, alors j'ai tout plaqué pour rentrer m'occuper d'eux. Je crois que ce que je cherche ici ce sont des gens qui vont trouver un écho dans mes mots, Parce que j'ai beau être entourée je le suis mal je crois, étant la première de mon entourage proche à qui cela arrive. Quand mon père était malade, j'étais chaque jour auprès de lui. J'ai toujours été très proche de mes parents, y'avait comme un lien sacré parent/enfant. Et quand mon père est tombé malade, il savait qu'il pouvait compter sur moi. Et vous savez, pas une seule fois mon sacré père ne s'est plaint. Ni de sa douleur, ni de la chimio, ni de son ablation du rein, ni de son ablation de la vessie, et quand on a dû lui retirer la prostate il a dit à ma mère avec humour, sa douce de 68 ans, " je suis navrée si tu voulais un autre enfant" . Quand je sortais fumer une cigarette à l'hôpital, je me forçais à penser à mon père avant, grand, costaud, barbu et sacré marcheur. Sauf que depuis qu'il n'est plus là, tout ce à quoi je pense, c'est son aspect rachitique, ses muscles fondus, moi devant porter mon papa parce qu'il s'est senti mal dans le couloir, ou l'entendre m'appeler au secours parce qu'il est tombé dans la douche et que ma mère est à la clinique. Je pense au fait que pendant ses derniers jours ils ne pouvait ni boire, ni manger les bons plats de ma mère, et encore moins parler. Je pense au fait qu'il demandait tous les jours quand on le ramenerai à la maison, et que je réalisai alors que jamais plus je ne regarderai la télé sur notre canapé à la maison.Je sais ça parâit stupide comme souhait, mais on adorait vraiment regarder des dessins animés ensemble, même si j'avais 26 ans et lui 59. S'il y a quelque chose de terrible à cette saloperie de cancer, c'est que quand il frappe, non seulement il foudroie, mais on se retrouve avec un secret terrible : je savais que mon père allait mourir, pire encore il souffrait tellement qu'une part de moi lui souhaitais. Je me doute bien que mon discours est un peu dur à suivre, et drôlement brouillon, mais j'ai tout ça en moi, et je n'arrive pas à l'exprimer autrement. Je me sens terriblement seule. Je ne pense pas chercher d'autre aide ici qu'une façon pour moi de partager mon véçu, même si je n'ai qu'une envie c'est qu'on me réponde pour me dire que je ne suis pas la seule à avoir connu ça. Et puis, je me sens comme victime débile d'une putain d'injustice. Parce qu'autour de moi, tout le monde a ce qu'il désire, personne ne connaît le deuil comme moi ( j'ai perdu tellement d'êtres chers ces dix dernière années que je n'ai plus de larmes en stock) mais mon père, ça a chamboulé mon quotidien d'une façon que je n'arrive pas à gérer. Bref je suis paumée sans être la seule, et je viens chercher ici je pense des gens à qui parler, mais qui pour une fois, comprendront.