Bonsoir,
Sans doute ne sommes-nous pas égaux face à cet impensable.
Je ne sais comment je n'ai pas perdu la raison, malgré cette tentation de la folie que j'ai dû affronter moi aussi.
Qu'est ce qui fait que certains de nous restent debout, à marcher, parler, se lever chaque matin ?
Pour ma part, je ne l'ai pas décidé, cela s'est fait ; je ne l'ai pas choisi. Je n'y ai aucun mérite ; ce n'est pas de ma volonté.
C'est ainsi.
Je crois que l'humain est fort, très fort. Dans son corps, dans sa psyché.
Nous résistons à des douleurs inouïes, physiques ou morales.
Comment est-ce possible ?
Nous n'en sortons pas indemnes, mais cabossés dedans, dehors. Cela se voit plus ou moins.
Pour ma part, je ne supporte plus du tout l'injustice, les jérémiades pour des riens, les capricieux qui se plaignent d'être trop heureux. Si, si, je vous jure, j'en connais !
Je suis moins patiente, et cela m'effraie. J'ai peur de devenir acariâtre.
Mon adoré était un être fabuleux, et il m'admirait. Moi, ce petit vermisseau de rien du tout qui n'ai pas le dixième de ses qualités, il m'admirait !
Et la personne que j'étais dans ses yeux n'est plus.
Bien sûr la maladie, celle qui est si violente et si moche qu'elle parvient à emporter nos aimés, est une horreur absolue. Et ce qu'ils ont subi est une abomination sans égal.
Mais nous avons bien le droit de pleurer, de crier, de gémir, de tomber à genoux, et d'espérer une oreille amicale où déposer quelques souvenirs et dire un peu de notre chagrin.
Notre peine est à la hauteur de notre amour pour ceux qui ne sont plus et ce n'est pas manquer de respect pour tout ce qu'ils ont subi que de reconnaître notre souffrance.
Puissions nous être doux avec nous mêmes...
Je vous souhaite une nuit sereine.