Auteur Sujet: lâcher prise  (Lu 5447 fois)

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lâcher prise
« le: 11 novembre 2016 à 11:59:18 »
Bonjour..

je m'étais inscrite puis j'ai abandonné mon profil. on reproche parfois à son entourage d'être mal à l'aise car ne sachant que dire, que faire, comment se comporter face à la douleur. mais l'endeuillé lui même peut ne pas savoir quoi dire, quoi se dire, quoi penser. en tout cas depuis la mort de ma petite soeur c'est mon cas. je regarde mon souvenir, les souvenirs l'enterrement mais bien que cela fasse un an, la plupart du temps je reste stoique. un puissant sentiment d'irréel. oui voilà tout me semble irréel. et je ne peux rien dire ou exprimer. sauf justement un blanc ou un vide. 
et puis je me suis connectée à nouveau. comme je chercherais un point d'accroche. ah alors c'est donc ça la condition humaine. je ne suis pas donc seule à souffrir. elle n'a pas donc été seule à partir si jeune. pourquoi ça m'appelle de venir lire d'autres témoignages; je ne sais pas. enfin si j'imagine qu'être moins seule redonne un petit souffle. ou alors le fait d'écrire évacue. sors un peu de soi toute cette misère. un peu comme une pelote de fils s'amenuise au fur et à mesure qu'on déroule ses méandres.
comment fait on pour lacher prise. accepter ce qui est juste dingue. trop dingue pour être avalé. non pas accepté, mais se rendre compte même ! je savais je sais qu'on meurt. mais jamais ou grand jamais je n'ai pensé qu'un cancer, à 25 ans pouvait se pointer sans s'annoncer, sans être invité; et tout dévoré; un rapace contre lequel on ne peut rien; souvent on dit de moi "oui elle va bien". parce que rien ne sort. est ce le déni qui me laisse dans cet état apparent de normalité. est ce que c'est mon éducation où on extériorise pas; je ne me comprends pas moi même.

Hors ligne souci

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Re : lâcher prise
« Réponse #1 le: 11 novembre 2016 à 14:25:21 »

   "contente" de te retrouver, sensible kgibran ...

   Je pige toujours rien non plus, à part que ça fait plaisir de voir des gens bien, au milieu de tout ça. A+, M.

Hors ligne kgibran

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Re : lâcher prise
« Réponse #2 le: 12 novembre 2016 à 23:34:20 »
Attentive Souci

Hors ligne zabou

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Re : lâcher prise
« Réponse #3 le: 13 novembre 2016 à 00:44:39 »

Lâcher prise ?? oui comment faire , comment accepter le non sens....

Très difficile surtout, quand , dans son caractère une bonne dose de ténacité , ne le permet pas ....

Pensées.

zabou
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

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Re : lâcher prise
« Réponse #4 le: 13 novembre 2016 à 11:12:28 »
Bonjour,
Le temps passe, et moi non plus, je ne comprends toujours pas.
Ce qui nous est arrivé, à nous qui étions si bien ensemble,
comment j'ai pu survivre hier, à son dernier souffle,
comment je puis vivre aujourd'hui sans lui,
comment je tiens debout,
comment je parviens à continuer la route sans ma main dans la sienne,
comment la terre ne s'est pas arrêtée de tourner ce jour-là,
pourquoi elle ne s'est pas ouverte sous mes pieds pour m'engloutir avec lui,
et puis, aussi : où il est...
Zabou, tu évoques la ténacité, et ce mot fait écho en moi ; oui, je suis vraiment tenace. En toutes circonstances. Alors sans doute dans le deuil comme dans le quotidien.
Et je me retrouve dans tes lignes kgibran, lorsque tu évoques une  apparente normalité, celle-là même  qui a fait dire à une collègue peu de temps après le départ de mon adoré "ben ça se voit pas, que tu as perdu ton mari"...
Allons, je vous embrasse, et vous souhaite une journée douce et sereine.


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Hors ligne kgibran

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Re : lâcher prise
« Réponse #5 le: 13 novembre 2016 à 12:43:05 »
Tenace oui c'est sans doute de ça. Une question de caractère alors. ou alors un souffle de vie en soi qui nous fait continuer à vivre, sans même qu'on sache qu'il était là. On se savait "forte", comme tu le dis Ephémère, au quotidien. mais face à la mort, face à celle contre laquelle il ne suffit pas  de se motiver, de se prendre en main, d'où vient cette vie qui continue. pour moi c'est un autre mystère.  un strict instinct de survie ? une envie de vie malgré TOUT, vraiment tout ? est-ce qu'on s'habitue à souffrir ? pourtant le manque, la douleur, l'envie de vomir sont là. et coexistent. la tentation de la folie effleure mais n'éclate pas.
je me souviens quelques temps après le départ de ma petite soeur, une de mes belles soeurs a publié sur son mur facebook un post "je ne pourrai pas vivre sans vous mes frères et soeurs chéris". Ce message en apparence si mignon, m'a transpercée.
Parce que cette phrase qu'on dit parfois pour signifier son amour. on ne se rend pas compte qu'un jour ça peut être vrai. ta soeur ou ton frère n'est plus là, et pourtant si tu peux vivre et tu vis.  c'est dingue comme les mots qui ici peuvent peut être soulager, peuvent aussi être pauvres. être à côté de la plaque.

c'est peut être choquant d'écrire ça, mais ce que je n'assume pas aussi c'est l'expression de ma peine. qui pour une raison obscure s'apparente avec l'ego; du moins je la ressens comme telle au plus profond de moi. j'ai vu ma petite soeur souffrir le martyre. être torturée par sa maladie. alors je suis bien mal à l'aise avec ma douleur qui n'est que psychique. et je me trouve bien égoiste lorsque j'essaye de manifester que j'aimerais parler ou pleurer autrement que seule. et donc je ne le fais pas. l'irruption du "je" me bloque. ça aussi c'est sans doute une question de caractère. et d'histoire personnelle.
je me souviens d'un appel, un proche. qui me demande rapidement comme je vais. j'ai dû me contenter de répondre que c'était "difficile". et elle d'enchaîner "oh tu sais, moi aussi  j'ai de la peine j'ai perdu ma mère d'un AVC à près de 80 ans alors qu'elle était en pleine forme etcetc". alors je l'ai écoutée. j'ai compati.et j'ai vite refermée la brèche de confidences.

pour moi la voie qui s'est présentée a été de plonger dans l'intériorité. plus riche moins abimée par les jugements, les mots maladroits; les approximatifs qui ne touchent que du doigt. tu n'es plus là mais on peut continuer ensemble au dedans; on a tant de souvenirs, de présence dans cette absence. à chaque geste, moment de la journée.  tant que tu étais là je ne savais pas que je t'aimais autant, que c'était si riche. comme un cliché j'avais "oublié" que la mort on a pas de le temps de la voir venir, mais l'illusion d'immortalité m'a dupée moi aussi.  on ne s'est jamais autant dit je t'aime que pendant ta maladie; avant ça je crois qu'on ne se l'était jamais dit.
finalement lâcher prise, exprimer, ou extérioriser, si souvent conseillé. ne s'impose pas de soi.

merci de m'avoir lue.. pensées en retour.

F.


Hors ligne *Ephémère*

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Re : lâcher prise
« Réponse #6 le: 13 novembre 2016 à 20:13:40 »
Bonsoir,
Sans doute ne sommes-nous pas égaux face à cet impensable.
Je ne sais comment je n'ai pas perdu la raison, malgré cette tentation de la folie que j'ai dû affronter moi aussi.
Qu'est ce qui fait que certains de nous restent debout, à marcher, parler, se lever chaque matin ?
Pour ma part, je ne l'ai pas décidé, cela s'est fait ; je ne l'ai pas choisi. Je n'y ai aucun mérite ; ce n'est pas de ma volonté.
C'est ainsi.
Je crois que l'humain est fort, très fort. Dans son corps, dans sa psyché.
Nous résistons à des douleurs inouïes, physiques ou morales.
Comment est-ce possible ?
Nous n'en sortons pas indemnes, mais cabossés dedans, dehors. Cela se voit plus ou moins.
Pour ma part, je ne supporte plus du tout l'injustice, les jérémiades pour des riens,  les capricieux qui se plaignent d'être trop heureux. Si, si, je vous jure, j'en connais !
Je suis moins patiente, et cela m'effraie. J'ai peur de devenir acariâtre.
Mon adoré était un être fabuleux, et il m'admirait.  Moi,  ce petit vermisseau de rien du tout qui n'ai pas le dixième de ses qualités, il m'admirait !
Et la personne que j'étais dans ses yeux n'est plus.

Bien sûr la maladie, celle qui est si violente et si moche qu'elle parvient à emporter nos aimés, est une horreur absolue. Et ce qu'ils ont subi est une abomination sans égal.
Mais nous avons bien le droit de pleurer, de crier, de gémir, de tomber à genoux,  et d'espérer une oreille amicale où déposer quelques souvenirs et dire un peu de notre chagrin.
Notre peine est à la hauteur de notre amour pour ceux qui ne sont plus et ce n'est pas manquer de respect pour tout ce qu'ils ont subi que de reconnaître notre souffrance.
Puissions nous être doux avec nous mêmes...
Je vous souhaite une nuit sereine.
« Modifié: 13 novembre 2016 à 20:27:26 par *Ephémère* »
*Ephémère*

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