Je ressens la même chose que vous Mamita, à part que très seule aujourd"hui, le chagrin ne me rattrape pas, il ne m'a
pas quittée pas depuis ce dix juillet !
Je ne cesse de me dire, pour ne pas m'apitoyer sur mon sort :" c'est ta fille qui a souffert.... c'est sa souffrance qui est injuste
et intolérable" !  Je dois me cacher et m'isoler  pour ne pas afficher mon incommensurable peine, mes larmes, tant j'ai honte
de si peu de force moi qui en avais pour deux lorsque je tentais de l'aider à remonter la pente après de multiples ruptures !
Je n'ai pas réussi, ça ne dépendait pas que de moi...
Ce matin je recherchais un nom dans le cahier de condoléances et pour la première fois j'ai été surprise de constater que nous
les mères, les parents, excepté sur les faire-part,  sommes souvent occultés....
Ce qui prouve que depuis qu'ils sont allés vers leur vie, ils évoluaient dans un monde qui n'était plus tout à fait le nôtre !
Ainsi , même si ma fille était divorcée depuis quelques mois, tout ce que j'ai lu s'adresse soit à l'ex-conjoint,  soit à lui
et aux deux enfants  des mots affectueux pour elle d' amis, proches, voisins,  :  "Au revoir Cath, courage à vous trois, son amour vous portera toujours"....
Et moi qui ai organisé les obsèques et me trouvais de ce fait au premier rang avec les deux enfants à mes côtés, à part quelques membres de la famille.... quelques ami(e)s.... rien que le mot "famille" j'ai dû le lire une fois !
J'ai aimé ces paroles  qui prouvent  qu'elle était la joie de vivre : "je garderai le souvenir de nos fous-rires et de nos longues
conversations devant le portail de la maison".... et d'une amie datant de la fac : "à nos années heureuses pleines d'espoir" !
Il m'arrive -  même si c'est douloureux mais j'en ai besoin -  de retourner là où elle travaillait, où elle habitait, pour y croiser des
gens qu'elle connaissait, pour avoir la douce illusion de peut-être la croiser au coin d'une petite rue du village de son pas alerte
et enjoué et toujours pressé !
Cela dit, je referme le cahier et le range.... trop dure réalité.... cette vie vide de sens depuis qu'elle n'est plus...
Elle  qui avait besoin qu'on lui dise et lui manifeste notre amour, nous n'avons pas compris sa détresse !
Tout est fait maintenant pour que ses deux enfants n'aient pas besoin de moi, pour qu'ils m'oublient, je ne pense pas que ce
soit le fruit de mon imaginaire !
Sérénité et douceur à Toutes et Tous.

Mamita, mammj,
Je comprends ce que vous évoquez, cette impression d'etre en arrière plan en tant que parents du défunt adulte. Je l'ai ressenti aussi par rapport à mes beaux parents et cela m'a parfois mise mal à l'aise. Il est vrai que j 'ai bien vu que j'étais toujours mise en avant dans les condoléances, les décisions à prendre, les droits. J'ai aussi ressenti de la part de ma belle mère notamment, que quand son fils est parti, il representait de nouveau a ses yeux son bébé, son enfant alors qu'il était depuis belle lurette un grand gaillard, un adulte indépendant. Mais je le comprends car nos enfants sont la chair de notre chair et que dans ces cas, nous nous les réapproprions.
Je vous embrasse toutes les deux.
Karine

Bonjour,

bizarrement moi j'ai parfois eu l'impression que les gens accordaient plus d'attention aux parents de yoann qu'à moi. j'en ai ressenti à un moment donné une certaine frustation. Nous n'etions pas mariés et de la part de l'administration, je pouvais encore le concevoir mais de la part de certains proches de la famille, cela m'a parfois blessée. je prenais un peu le role de la mère du fils de Yoann, la mère du petit orphelin.

j'adore mes beaux parents et ils me le rendent bien. Je suis convaincue que ma belle mère vit exactement ce que vous ecrivez...sauf qu'elle ne parle pas beaucoup. Nous sommes eloignées geographiquement et c'est dur pour tout le monde. je ne saurai dire laquelle de nous 2 est la plus a plaindre! Y a t il une quantification de notre douleur?
Yoann s'etait construit sa vie avec moi, nous vivions ensemble depuis 5 ans et nous n'avions jamais eté separés plus de 48 h. Je souffre de son absence, je souffre de ma nouvelle solitude, je souffre de n'avoir eu que 5 années de souvenirs avec lui.
Mes beaux parents, ils sont 2 pour se soutenir, ils ont 30 ans de souvenir avec Yoann...mais je sais aussi qu'ils pleurent le depart de leur fils chéri, la chair de leur chair, leur bébé a tout jamais...ils me disent qu'ils ont perdus leur raison de vivre et je le comprends, je suis mère egalement...


peut etre que je m'en remettrai plus rapidement qu'eux car je suis jeune...ou peut etre pas, je ne sais!

quel gachis, toute cette souffrance. je me pose souvent cette question: Yoann, a t'il conscience du desarroi que son deces à provoqué chez chacun d'entre nous? je n'espere pas car il en serait tres malheureux. il voulait mon bonheur, et avait un profond respect de ses parents, c'etait un fils aimant et dévoué aux siens.

QUELLE INJUSTICE

je vous embrasse tres affectueusement

sofi

Mamita, Mammj,

Vous êtes de très belle personne. Moi mon Johan est parti le 19 janvier dernier, nous n'étions pas marié, n'avions pas d'enfant, cela faisait plus de quatre ans que nous partagions notre vie et pour sa famille, je ne suis rien que la compagne, la presque rien. Comme j'aurais aimé avoir une belle-famille plus conciliante de ma peine. Au lieu de ca, sa maman me rappelle qu'elle elle a perdu son fils comme si moi je n'avais perdu personne. Une blessure de plus, celle de ne pas être reconnue et pourtant tout un avenir détruit.
Loin de moi de remettre en cause le chagrin de la maman de Johan, mais moi chaque soir, chaque matin, chaque midi j'attends qu'il rentre, qu'il m appelle, qu'il me sert dans ces bras au réveil. Nos enfants ne seront pas, il n'y aura pas de mariage, pas de retraite ensemble main dans la main...

Je vous embrasse affectueusement "petites mamans",
Elodie

Merci Mamita pour votre chaleureux message. Je suis entourée heureusement de nombreux amis et de ma famille qui est bienveillante à mon égard mais il est vrai que je ressent de la frustration et de la colére vis à vis de ma presque belle-famille. Johan n'aurait pas aimé qu'il me traite ainsi mais de toute façon il faut l'accepter car ce sont des personnes qui ne changeront pas même si cela laissera des traces à l'intérieur de moi.

J'embrasse toutes les "belles" mamans qui écrivent sur ce site et je vous salue car vous faites honneur à vos enfants par vos actes et vos paroles.
Elodie

Bonjour Karine,

Moi je suis la maman de Cyril ( 37 ans ) décédé le 6 décembre 2011, je le pleure tous les jours et comme j'aimerai pouvoir parler de lui avec sa compagne.
Malheureusement depuis sa maladie , elle est devenue plus agressive avec moi .Bien sûr comme vous l'évoquez plus haut dans les messages, on se réapproprie son enfant ,j'étais a ses côtés le plus possible tout au long de sa maladie, je veillais à son bien être, sans ménager ma peine car je devais faire de longs aller retours .
J'ai toujours épaulé ma belle fille mais les derniers temps elle m'a pratiquement rejetée  et ce devant mon fils , par des propos choquants.J'ai eu très mal et je pense que mon fils a eu mal aussi.
Alors , il s'est installé entre nous un malaise , ma fille ainée fait le médiateur parfois.
Je l'ai invité pour ce week end , on verra bien.
Je pense à une forme de jalousie peut-être?
Cordialement.
Lydie

Bonsoir Karine,
Vous avez le même prénom que ma fille ainée, soeur de Cyril , qui m'a beaucoup soutenue , nous ressentons toujours ensemble les mêmes choses.
Mon fils n'avait pas d'enfant, car en fait , déjà à l'âge de deux ans il eu un cancer rare, et ce qui l'a emporté c'est un cancer secondaire suite à la radiothérapie subie à ce moment.
De part ce fait, l'enfant aurait eu 50% de chance de le contracter, aussi il a toujours freiné.
Je n'ai qu'un petit fils , l'enfant de ma fille Karine.
Je vous souhaite aussi du courage , car c'est trop dur.
Moi aussi je vous embrasse, croyez moi , vous m'avez touchée en me répondant.
Lydie