Très chère FR,
J'ai livré le même combat que toi pendant des années car mon papa était seul. Il a perdu ses deux épouses,  tout d'abord ma maman  alors qu'il n'avait que 40 ans ( et moi 10), et ensuite 20 ans plus tard sa seconde épouse. Il a souffert terriblement de solitude même si il est venu s'installer près de moi ( nous n'avions que la cour à traverser). Il m'a élevé seul et nous étions très fusionnels. Depuis la perte de maman, j'ai tenté de veiller sur lui comme j'ai pu. J'y tenais plus qu'à la prunelle de mes yeux. C'est donc tout à fait normalement que lorsqu'il est tombé malade j'ai cessé de travailler pour m'occuper de lui. Son sursis n'a malheureusement été que de courte durée puisqu'il est décédé trois mois plus tard.
Lorsqu'il est parti, j'ai ressenti un vide immense d'autant plus immense que les trois derniers je m'étais installée chez lui et que j'ai tout fait pour le garder.
Il m'a dit lui-même: "tu auras vraiment tout fait pour prolonger ton vieux père!" et une autre fois il m'a dit: "je n'aurai jamais été aussi gâté grâce à toi!".
Donc en plus de l'immense chagrin, je ne savais plus que faire pour combler mes journées. Je tournais en rond abasourdie de ne plus l'avoir près de moi.  Il y a un an qu'il est décédé, le chagrin est toujours intact et les souvenirs aussi. Il m'arrive même de penser :"tiens j'aurais dû acheter ça ou faire ça pour faciliter la vie à papa..."
Donc oui, moi aussi je suis toujours dans ce même combat...
J'arrive à meubler mes journées. Mais comme (même avant sa maladie) je n'aimais pas être loin de lui ou le savoir seul chez lui, je ne m'absentais que rarement et jamais pour longtemps. Et donc je n'arrive toujours pas à sortir très souvent de chez moi, ou à partir en we. Je suis restée casanière.
Voilà mon expérience.
Je t'envoie plein de courage
Bulle

Bonsoir FR,

Moi je suis encore plus dingue ...

Je suis encore inquiète pour mon Pierre alors qu'il est mort depuis le 17 Aout. Je me suis occupé de lui pendant 1 an et encore maintenant je suis inquiète. Est il bien ? Ne souffre-t-il plus ? Je sais c'est complètement débile mais je ne peux pas m'empécher de penser à ça. Mon psy me dit que j'ai trop été dans le soin et que je n'arrive pas à me désengager. Ca viendra petit à petit. Je rêve de lui. Je rêve que petit à petit il recouvre la santé. Il marche, il sourit, il parle....ça me fait du bien ces rêves...J'ai l'impression que j'aborde "plus  sereinement" mon deuil. C'est vrai que je vis claquemurée chez moi. Je vis dans une grande solitude et ça me va bien. Je compense par le téléphone. Je me force à sortir au moins 1/2 h par jour

Franchement des fois je me demande si tout ça ne m'a pas un peu chamboulé le cerveau

Bonne soirée

Malika

Françoise,

Moi aussi depuis ce  matin j'ai peur qu'il ai froid...et je me dis que c'est débile, que c'est pas comme ça que j'avancerai.....mais en même temps si mon deuil doit prendre de tels détours, que faire sinon accepter.
Je me fais peine, j'ai toujours été si forte, et je me dis OK, réagir ainsi est peut être idiot mais au moins je n'ai aucune culpabilité quant à mon accompagnement. J'ai vraiment donné le meilleur de moi même jusqu'au bout. Lorsque j'aurai dépassé ce souci de son bien être je suis sure que j'avancerai plus sereine.... Très honnetement je ne pouvais pas faire plus pour mon Pierre

Je ne pourrai aller le voir aujourd'hui, j'ai allumé une bougie

Non, avec  toute la raison qui me reste, je suis sure qu'ils n'ont pas froid, qu'ils savent tout ce que nous avons fait pour eux et qu'ils nous aiment.
Cette peur idiote n'est que le fruit de nos fantasmes. Nous sommes en roue libre mais nous finirons par reprendre le controle

De tout coeur avec toi

Malika

Je n'etais pas connectee pendant presque deux jours d'ou mon retard a reagir.
Nous somes comme un signal qui continue d'emettre alors que le fil a ete interrompu. Avec les jours ce manque evolue. C'est tout ce que je peux dire. Nous sommes effectivment tres deboussoles... Francoise