Bonsoir Mamita

"On dit que nos morts nous accompagnent ... je pense que c'est vrai et chaque jour, je parle de mon fils ... je parle à mon fils dans le secret de mon coeur de maman."

Ce que tu écris là, je le vérifie aussi. Mon unique enfant m'a quittée il y a 4 mois seulement et, comme toi, je lui parle dans le secret de mon coeur. Cela fait du bien , c'est vrai ! Quelque part, il m'aide ; je le sais.

Je  te souhaite plein de courage. De tout coeur avec toi.

Yuna

Bonjour Mamita

Tu écris :
"je refuse de croire à ces répétitions .... mais parfois je me dis pourquoi le sort s'acharne-t-il sur nous ?"

Tu as raison de ne pas croire en ces répétitions ; je n'y croirais pas non plus ... ça fait du mal.
Dans mon cas, je n'ai pas constaté cela . Le sort non plus ne "s'acharne" pas sur nous ! J'ai vécu des épisodes merveilleux au cours de ma vie et les épreuves subies même si elles sont cruelles, terribles ne les effacent pas pour autant.

Il reste le souvenir, la pensée ... chaque fois que je pense à mon enfant, par exemple, c'est comme s'il était là ; oui, je le rends présent par la pensée et j'engage un éch'"ange", avec lui  un dialogue. Parfois je le rabroue un peu quand je sens les larmes arriver... et je laisse alors ces dernières couler. Il est là en silence et je m'apaise ... Qu'est-ce que ça fait du bien !

Chacun, chacune , nous toutes et tous qui sommes en deuil d'un être cher, nous pouvons, je crois, parvenir à  trouver le moyen d'accepter l'"inacceptable", si nous osons creuser tout au fond de nous ... à la Souce ... et surtout si nous persévérons. Enfouie très très loin, tout au fond de nous, jaillit une petite lueur,oh très faible parfois, mais à la longue, cette lumière nous éclaire et alors nous nous accordons la paix de l'âme.

C'est ce que je te souhaite Mamita, à toi et à tous ceux qui nous lisent et  qui souffrent comme nous.

Tu n'es pas seule ; je t'embrasse

Yuna

Bonjour Mamita, Yuna, Yohann et vous Tous....
Moi j'ai perdu mon ange de 46 ans, il y a six mois,  suite à une dépression majeure révélée après son suicide... ! Aucune consigne
n'a été donnée à l'entourage qui a agi à contre courant avec elle... Quelle culpabilité, je ne cesse de lui demander pardon !
Je me surprends chaque jour à attendre un SMS ou un coup de fil de ma fille, je ne maîtrise rien et je me demande comment je vais tenir le choc....
Certaines options , de façon inconsciente ou  irrationnelle, se répètent.... Ainsi alors qu'elle avait dix ans, son père et moi avons divorcé et elle a été  très affectée par cette séparation, d'un côté elle aimait son père et celui-ci lui a manqué d'autant que nous avons dû rentrer toutes les deux de l'étranger et qu' il la voyait peu...  et d'un autre côté parce qu'elle a été  témoin des grandes  difficultés qu'il nous avait créées !
Lorsqu'elle s'est mariée avec un jeune connu à la fac,  allant dans la même direction qu'elle, elle était quasiment sûre que leur parcours serait sans les embûches que j'ai connues ! En fait, après 22 ans de vie commune, son conjoint  est monté en grade, son travail a commencé à l'éloigner du foyer, il s'offrait quelques escapades et ma fille ne l'a pas supporté... quelquechose de déjà connu
se répétait !
Alors, séparation, garde alternée des deux enfants, elle pensait s'en sortir mais trop de bouleversements l'ont affaiblie, elle a sombré dans la dépression, puis  signé un acte liquidatif de biens défavorable et déloyal (presque un abus de faiblesse de la part du père de ses enfants). Son projet professionnel était compromis, donc plus d'emploi ! Tout cela  s'est terminé à l'hôpital où elle s'est trouvée coupée de la réalité et de ses enfants  dont elle  est sortie encore plus vulnérable....
Un mois plus tard, craignant de perdre l'estime et l'amour de ses enfants, un soir dans son ex-maison familiale, elle a mis un terme à ses souffrances alors que je l'attendais le lendemain matin pour terminer l'aménagement de  sa petite maison pour elle et ses deux enfants
Aujourd'hui, le père pratique une attitude d'évitement, il sait que je sais (ma fille ayant laissé des documents chez moi)  les deux enfants semblent faire de même. Ils n'ont plus que leur père.... qui semble s'occuper d'eux correctement, à temps complet
maintenant !
Hier, je suis allée au petit jardin (le cimetière) pour me rappeler  que ma fille, mon unique enfant,  est dans un ailleurs puis comme une"presque" voleuse je suis allée à la sortie de l'école espérant voir ma petite fille que sa nounou attendait !
Un petit goûter à la boulangerie, je l'ai raccompagnée jusqu'à la porte de la petite maison de ma fille qu'ils occupent tous, et après
un "bisou, ciaio mamie"   j'ai regagné ma tanière à trente kilomètres de là.....
Brève rencontre -- toutefois j'ai pu dire à ma fille que j'ai vu sa petite chérie--  mais non sans entendre, pour la énième fois de la
part de cette nounou qui connaissait ma fille "ah ! que voulez-vous, après tout elle a fait son choix".... Elle qui a fait le tri des affaires
de ma fille.... sans même me demander si je voulais participer vu que ma fille était divorcée depuis quelques mois ! Je me dis
qu'elle l'a fait au nom des deux enfants mineurs....
Quelle douleur...
Quand finirais-je par me moquer de ce qui se dit comme c......ries  --car je suis aussi confrontée à ces méchancetés-- alors que ma fille bienaimée voulait guérir et adorait ses enfants ?
Quand finirais-je par trouver un apaisement ?
Je lis à travers vos lignes à toutes et tous que nos espoirs se rejoignent : " communiquer avec nos Anges d'une autre manière"...
Pour ma part j'ai beaucoup de chemin à parcourir et je suis tellement lasse de devoir encore faire tant d'efforts après tout ce
que nous avons déjà  traversé  ma fille et moi.... où trouver la force ?
Très chaleureusement à tous.

Merci de tout coeur Mamita,
Votre réponse prouve que l'on peut aussi se réunir autour d'un grand malheur pour  se soutenir et alléger nos souffrances et ce dans le but de veiller aux âmes qui succèdent à ceux, très chers,  qui pour une raison ou une autre,  nous ont quittés !
Il m'appartiendra certainement de faire la part des choses, quoique je ne sois pas certaine que ce soit un bien... pour faire en sorte
de mettre de côté les bâtons dans les roues que mon ex-gendre  a mis à ma fille,  la maman de ses enfants !
Ce sera difficile avec lui...
Toutefois les paroles réconfortantes que je reçois sur ce forum m'aident à ne pas baisser les bras, à espérer une amélioration !
Il faut que je tienne encore quelque temps...
Pour le reste, je ne sais ce qu'il en est pour vous, moi je ne cesse de pleurer mon unique enfant !
Mes chaleureuses pensées à Toutes et Tous sur ce forum.  Mammj

Je comprends Mamita votre déchirement... "Ce corps devenu prison" que vous évoquez pour votre fils,  l'était aussi pour ma fille
 mais "psychiquement" ! Aujourd'hui, le plus dur après sa disparition  c'est encore le fait qu'autour de moi on n'ose parler de ma fille... alors que moi je voudrais parler d'elle !
On m'appelle pour savoir comment je vais !!!De ma Cath on ne parle plus ! Et pourtant c'est bien elle qui manque à son entourage.....
Une douce soirée Mamita ainsi qu'à vous Tous amis du forum. Mammj

Oui Isabelle, on pense toujours qu'ils vont arriver ... c'est cela qui est difficile de se dire que nous ne reverrons plus "notre enfant", jamais ! Pas de retour possible, il faut intégrer ce départ à notre vie ... Parfois je m'amuse à penser qu'Antoine est chez lui dans sa maison avec sa femme et ses enfants ... ou à son travail, je l'imagine voulant oublier "sa mort", Mais ce n'est pas sage, je ne dois pas vivre dans le rêve !
Je ne sais pas à quel moment c'est le plus dur pour vous, mais moi le soir je n'arrive pas à m'endormir, dans ma tête se bousculent plein d'images d'Antoine en forme, courant, bougeant, riant et d'Antoine malade et souffrant, l'Antoine de ces trois dernières années ... c'est terrible ... j'aimerais pouvoir oublier sa souffrance, ce sont des souvenirs atroces, puis quand je me réveille, je dois sauter du lit sinon tout recommence !
Dans la journée, comme je suis maintenant sans activités professionnelles, je pense sans cesse à lui, je lui parle, je le vois rire ... parfois ça tourne à l'obsession, je voudrais être très occupée, je pense que ce serait moins difficile ! Quand je rencontre des amis, je trouve toujours le moyen de parler de lui, pas une seul journée sans que j'en parle ... ça me fait du bien. Et la chance que j'ai c'est que je peux en parler avec ma belle-fille autant que je veux quand je lui rend visite ou qu'elle vient avec les petits à la maison.
J'écris beaucoup, je lui écris, je raconte dans un cahier en écrivant au stylo, car c'est différent de l'ordinateur ... j'ai aussi entrepris de retracer toute sa vie, avec textes et photos pour que ses enfants sachent tout de lui, de ses 37 années de vie.

Et ce forum est très réconfortant, mais mon regret c'est de ne pas avoir trouvé un groupe de paroles dans mon secteur (Angers) ? si certains ont connaissance d'associations dans ce secteur, qu'ils me donnent l'info. Merci

De tout coeur avec vous tous et toutes

Mamita

Bonjour Lydie,

OUI, même parcours nos fils, hélas ... même si les maladies sont différentes ils ont eu la force et le courage de se préparer à ce grand passage, de vivre une fin de vie dans une grande sérénité, ils nous ont fait réfléchir à notre propre mort.

Tu dis : "je le voyais mais pour moi c'était irréel", oui j'ai ressenti cela exactement ! on ne veut pas y croire, on dépense une énergie incroyable à "vouloir soigner", comme si jusqu'au bout nous allions pouvoir les "sauver" ...

En te lisant je constate que c'est une chance de pouvoir communiquer avec ma belle-fille, avec mon autre fils, de deux ans aîné d'Antoine sa femme qui ont une grand maturité et ma fille, même si la distance et son caractère ne facilite pas la communication. Chacun réagit avec sa personnalité et on doit le respecter. Mon mari, quant à lui, même s'il souffre de l'absence, a beaucoup mieux accepté sa mort ... voir souffrir notre fils lui était insupportable et il a vécu son dernier souffle comme un soulagement ... il ne cessait de répéter :"il ne souffre plus ...." et il en était apaisé. La méditation l'aide beaucoup, je pense ...La douleur que nous ressentons, nous les mères ne peut être comprise que par d'autres mères ayant vécu le même drame, et c'est tout l'intérêt de ce forum.

Ce qui est sûr "par" la mort d'Antoine, nous voyons la vie autrement ... les relations avec nos "vrais amis",  avec notre famille, avec vous tous du forum, en sont approfondies ... l'esprit bienveillant d'Antoine nous éclaire j'en suis certaine.

Pour m'aider, je rencontre une psychiatre qui pratique l'EMDR, méthode bien décrite dans le livre de Servan Scheiber "Guérir", cela m'aide à évacuer de ma tête justement toutes ces images ... oh ce n'est pas la panacée ! il faut pratiquer plusieurs fois ...
Nous n'avons pas d'autre choix que de vivre le deuil jusqu'au bout, pleurer pour évacuer la douleur ...

De tout coeur avec vous, avec toi Lydie dont je me sens si proche dans la douleur.

Mamita