Chère Emma,
Le titre de ton message me fait réagir. Faire son deuil est une expression employée à tord et à travers et devient une injonction imposée aux personnes endeuillées. Et çà m'énerve.
Les pires sont les journalistes, écrivaillons paresseux : Les corps de la catastrophe aérienne ayant été rapatriés, les familles vont pouvoir commencer à faire leur deuil. Et maintenant notre page Sports. Circulez, y a rien à voir, comme disait notre ami Coluche. J'ai envie de dire à ces perroquets de l'écriture, si vous n'avez que çà à dire aux familles, alors taisez-vous...
Du coup, on a l'impression de ne pas y arriver lorsque l'on continue à souffrir au delà d'un certain délai. Faut-il ajouter au chagrin, cette culpabilité de ne pas y arriver ? Comme si un professeur nous rendait un devoir avec cette appréciation : N'arrive pas à faire son deuil malgré des efforts 10/20
Qui a fixé un délai de deuil, au delà duquel il est raisonnable de ne plus pleurer ? de ne plus souffrir ? Personne.
J'ai lu quelque part sur ce forum qu'une personne (Alberte, je crois ? pardonnez moi, je lis tellement de témoignages... je vous embrasse) pleure toujours aujourd'hui son mari disparu il y a 33 ans.
Alors deux ans...c'est une minute face à la mort, face à l'éternité de la mort.
Il me semble que votre interrogation porte sur la façon de supporter votre chagrin, de lui donner un sens, de trouver de l'apaisement, de libérer vos émotions...
Pour vivre avec votre deuil, par pour le faire
Chère Emma, nous sommes dans la peine ensemble et c'est déjà bien assez difficile comme çà pour ne pas - en plus - nous imposer ce travail, avec ses étapes, comme s'il s'agissait d'un voyage...
Tout au plus, s'agit-il de repères (le déni, la colère, la révolte, la culpabilité, la tristesse, etc...). Oui nous les connaissons bien, ces affreux compagnons de nos jours.
Pardonnez vous de ne pas y arriver. Et cherchez un peu d'apaisement. Parmi nous, ici, avec des camarades de douleurs merveilleux de bienveillance. Et ailleurs, là où vous vous sentez le moins mal, et un jour sûrement, vous vous sentirez bien (ou presque bien).
Je vous embrasse et je pleure avec vous.
Milou